En 2025, ce groupe est encore plus réduit. Selon les données du FMI, en 1990, le PIB polonais ne correspondait qu’à 6 690 dollars courants. En 2024, cette valeur a été multiplié par presque 8, pour atteindre 51 630 dollars. Tout cela en trois décennies seulement, soit une génération. Et la tendance continue. Conformément à la prévision de la Commission européenne, dans les années 2024–2025 l’économie polonaise sera la grande économie en plus forte croissance de toute l’Union européenne.
Comment cela a pu être possible ? Outre le travail acharné de nos citoyens, deux facteurs majeurs, ou plus précisément deux institutions, ont contribué à cette réussite économique : l’OTAN et l’Union européenne.
La première, dont la Pologne était devenue membre en 1999, lui a fourni des garanties de sécurité et a contribué à surmonter une division vieille de plusieurs décennies entre l’Europe de l’Est, d’une part, et l’Europe de l’Ouest, d’autre part. La seconde, à laquelle nous avons adhéré cinq ans plus tard, nous a permis de faire avancer davantage le processus d’atténuation des disparités de longue date. Ainsi, les nouveaux États membres ont-ils pu accéder aux fonds de cohésion, et surtout au marché commun européen.
Comment cela a pu être possible ? Outre le travail acharné de nos citoyens, deux facteurs majeurs, ou plus précisément deux institutions, ont contribué à cette réussite économique : l’OTAN et l’Union européenne.
La première, dont la Pologne était devenue membre en 1999, lui a fourni des garanties de sécurité et a contribué à surmonter une division vieille de plusieurs décennies entre l’Europe de l’Est, d’une part, et l’Europe de l’Ouest, d’autre part. La seconde, à laquelle nous avons adhéré cinq ans plus tard, nous a permis de faire avancer davantage le processus d’atténuation des disparités de longue date. Ainsi, les nouveaux États membres ont-ils pu accéder aux fonds de cohésion, et surtout au marché commun européen.
Les sources du succès
Après la chute du communisme en Pologne, en 1989, et le retour d’une politique démocratique en désordre, une chose était sûre malgré les chamailles politiques quotidiennes, peu importe le gouvernement : la détermination de la Pologne d’adhérer aux deux organisations susmentionnées. Pourquoi ?
Nous sommes à la fois une grande nation et un pays de taille moyenne. Nous chérissons notre longue histoire – cette année marquant le millénaire du couronnement de notre premier roi – mais notre population est bien inférieure à celles de Pékin et de Shanghai réunies. Pour pouvoir renforcer son potentiel sur l’échiquier international, la Pologne a besoin d’alliés.
Ce qui a fonctionné en Pologne – qui en 1990 était un pays pauvre sortant de quatre décennies de domination et de mauvaise gouvernance économique russes – pourrait aussi bien fonctionner pour nombre des « puissances moyennes » en Asie, en Afrique ou en Amérique du Sud, qui sont maintenant à la recherche de perspectives de croissance.
Ces pays ont souvent besoin de ce dont la Pologne avait désespérément besoin il y a 35 ans et dont elle bénéficie encore aujourd’hui : une bonne gouvernance, des investissements étrangers sans conditions et, avant toute chose, la stabilité politique, l’État de droit, un environnement international prévisible, et des voisins qui au lieu de faire la guerre sont désireux de collaborer dans leur intérêt mutuel. Au fait, ces facteurs peuvent profiter à chaque pays, peu importe son niveau du PIB.
À présent, c’est l’ordre international qui est remis en question sur plusieurs fronts. D’ailleurs, parfois pour de bonnes raisons. Des institutions bien établies, dont l’ONU et son Conseil de sécurité, sont non représentatives de la communauté mondiale et incapables de relever les défis auxquels nous sommes confrontés. Pourtant, au lieu de les écarter dans leur intégralité, il faut les réformer en profondeur.
Les illusions impérialistes
Pour ceux avides de changement, la force peut sembler une option séduisante. Ce serait une erreur. En abandonnant les enceintes de dialogue international et en recourant à la violence, nous n’allons pas avancer.
Prenons le cas de l’agression non provoquée de la Russie contre l’Ukraine. En réalité, il s’agit d’une guerre coloniale contemporaine contre le peuple ukrainien qui, comme nous, les Polonais, il y a 30 ans, est à la recherche d’une vie meilleure et se rend compte qu’il ne pourra jamais y parvenir en retournant à son assujettissement à la Russie. L’agression du Kremlin est une lutte désespérée d’un empire défaillant pour restaurer sa sphère d’influence.
La victoire de la Russie – qu’elle n’arrive jamais ! – ne conduirait pas à la création d’un ordre mondial plus juste. Elle ne profiterait pas aux pays qui ne sont pas satisfaits de l’état des choses actuel.
La guerre n’est presque jamais un raccourci vers la prospérité. Au cours du dernier millénaire, la Pologne a eu sa part d’invasions et de soulèvements contre les forces d’occupation. Enfin, ce qui nous a apporté de la prospérité, ce sont trois décennies de paix, de prévisibilité, de coopération internationale et de stabilité politique.
C’est pourquoi en assumant la présidence du Conseil de l’Union européenne la Pologne a clairement défini sa priorité : la sécurité dans ses nombreuses dimensions, allant du militaire à l’économie, en passant par le numérique. Une Europe sans danger, prospère et ouverte à l’entrepreneuriat peut profiter non seulement aux Européens, mais également à la communauté globale au sens large. Exactement comme elle a profité à la Pologne il y a trois décennies.
Bien que cela puisse sembler ennuyeux, cela a bien marché. Il suffit de regarder les chiffres.
Radosław Sikorski,
Ministre polonais des Affaires étrangères
Ministre polonais des Affaires étrangères