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Le Maroc peut-il s’inspirer du projet IA annoncé au Sommet de l’IA à Paris ?


Rédigé par Dr. Az-Eddine Bennani, informaticien, économiste et manager* le Mardi 11 Février 2025



Capacité d’investissement : une échelle très différente

La France investit 109 milliards d’euros, tandis que le Maroc prévoit 920 millions d’euros pour Maroc Digital 2030.

Un plan IA marocain doit être plus ciblé et pragmatique, misant sur des partenariats stratégiques avec des pays du Golfe ou l’Europe. Il est essentiel de prioriser des investissements à fort impact plutôt que de viser une transformation totale immédiate.


Développement des infrastructures IA

La France prévoit la construction de 35 nouveaux data centers et des supercalculateurs. Le Maroc possède déjà des data centers modernes, tels que Medasys, N+ONE et Inwi Data Center, mais leur nombre est limité.

Pour être réaliste, le Maroc pourrait développer quelques data centers régionaux, en s’appuyant sur les énergies renouvelables comme le solaire et l’éolien. Il serait aussi judicieux de créer des accords avec des géants du cloud comme AWS, Azure ou Google pour limiter les coûts. Enfin, encourager les startups marocaines spécialisées dans le cloud et l’IA permettrait de stimuler l’innovation locale.

Éducation et formation en IA

En France, une formation à l’IA sera obligatoire dès la 4e et la Seconde, avec un objectif de 100 000 professionnels formés par an.

Le Maroc Digital 2030 prévoit déjà la formation de 100 000 jeunes par an aux métiers du numérique, mais cela inclut tous les domaines du digital, et non uniquement l’IA.

Une adaptation pour le Maroc pourrait inclure l’intégration de l’IA dans les formations professionnelles et les écoles d’ingénieurs, plutôt que dans l’enseignement général dès le collège. Un objectif réaliste serait de former un noyau de 5 000 à 10 000 experts en IA par an, en partenariat avec des universités et entreprises étrangères. Le développement de bootcamps et de certifications en IA serait aussi un levier efficace.

IA et services publics

La France prévoit un assistant IA pour 5,7 millions d’agents publics et des solutions IA pour la santé et la justice.

Le Maroc a déjà entamé sa transformation numérique avec des initiatives comme l’e-gov et le chatbot fiscal, mais l’adoption des technologies reste lente.

Une approche pragmatique consisterait à créer des IA adaptées aux besoins locaux, notamment dans les secteurs de la santé, de la justice et de l’agriculture. La mise en place de chatbots en Darija et en Amazigh faciliterait l’accès aux services administratifs. Il serait également pertinent d’accélérer la digitalisation des services publics en développant des solutions IA locales.

Souveraineté numérique et IA

La France cherche à réduire sa dépendance aux Big Tech américaines et chinoises en développant des solutions souveraines.

Le Maroc, quant à lui, dépend fortement des technologies étrangères.

Une stratégie nationale marocaine centrée sur les besoins locaux permettrait de limiter cette dépendance. Encourager les startups marocaines spécialisées en IA et collaborer avec des acteurs africains et européens serait une approche plus réaliste.
Conclusion : un modèle marocain doit être pragmatique
Un projet aussi ambitieux que celui de la France est hors de portée pour le Maroc, mais une adaptation réaliste et ciblée est envisageable.

Un plan IA marocain pourrait se concentrer sur les éléments suivants :

- S’appuyer sur les 100 000 formations annuelles prévues par Maroc Digital 2030.
- Créer un écosystème IA pour les startups et les TPE/PME.
- Développer des data centers écoresponsables alimentés par les énergies renouvelables.
- Lancer des solutions IA adaptées aux services publics et aux entreprises marocaines.
- Favoriser l’adoption de l’IA dans des secteurs stratégiques comme l’agriculture, la finance, l’industrie et l’artisanat.

Plutôt que d’imiter le modèle français, le Maroc doit concevoir sa propre feuille de route IA, adaptée à ses réalités économiques et technologiques, en s’appuyant sur Maroc Digital 2030.

* Dr. Az-Eddine Bennani est ingénieur en informatique, titulaire d’un MBA de Chicago, docteur en sciences économiques de la Sorbonne, et expert en management stratégique, gouvernance digitale et intelligence artificielle. Avec plus de 40 ans d’expérience en France, au Maroc et à l’international, il a été ingénieur système, consultant et manager chez Hewlett-Packard en France, en Europe et au MEA, a été professeur-chercheur à La Sorbonne Universités/UTC et à NEOMA Business School, et est actuellement professeur associé à l’Université Al Akhawayn.
 
 







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