Le Maroc, qui est membre de cette instance onusienne, est appelé à voter, lors de la 63ème session ordinaire de la Commission des Stupéfiants des Nations Unies (ONU), prévue à Vienne du 02 au 06 mars, les recommandations de l’OMS afférentes au cannabis et substances liées.
Cette réunion, tenue sous la présidence du ministre de la Santé, Khalid Aït Taleb, vise à évaluer l’impact de ces substances, si légalisées, sur la politique anti-drogue menée par le Maroc dans le cadre de la Stratégie nationale de lutte anti-drogue.»
C’est la première fois depuis l’adoption de la Convention unique de 1961 sur les stupéfiants, que l’Organisation Mondiale de la Santé commence à changer de position sur le cannabis et les substances apparentées en appelant son Comité d’Experts sur la dépendance à procéder à un examen critique de la classification dont font objet actuellement le cannabis et les substances liées», déclare le ministre de la Santé.
Un projet qui peine à voir le jour
Le Maroc à son tour semble changer de position après la polémique que suscite le sujet. En effet, le gouvernement avait accepté d’examiner deux projets de loi déposés par le Parti Authenticité et Modernité (PAM) à la Chambre des Représentants, concernant la légalisation de la culture du cannabis et l’amnistie générale pour les cultivateurs poursuivis.
Dans ce sens, une réunion était prévue, le 8 janvier, en présence du chef du gouvernement, El Othmani, du ministre de la Justice, Mohamed Ben Abdelkader, et des hauts cadres du Tracteur. Pourtant, sans aucune raison, la réunion a été reportée quelques heures avant sa présentation devant la commission justice et législation de la Chambre des conseillers.
Rappelons que ce n’est pas la première fois que le débat est ouvert en matière de cannabis. Déjà en 2016, un colloque international
avait eu lieu à Tanger sur initiative du Conseil de la région pour forcer le débat sur cette plante et sa légalisation.
Mais, bien que le PAM s’est toujours déclaré initiateur de ce genre d’actions et de projets de loi « polémiques », force est de rappeler que les élus du Parti de l’Istiqlal ont été les premiers à demander, dans une proposition de loi soumise, en décembre 2013, à la Chambre des Représentants, la dépénalisation de la culture du cannabis pour des fins médicinales et thérapeutiques dans cinq régions. Il s’agit de la région d’El Hoceima, Chefchaouen, Ouezzan, Tétouan et Taounate.
Plusieurs raisons pour légaliser
Selon une étude récemment publiée par l’institut Prohibition Partners, le Maroc pourrait drainer 100 milliards de DH de revenus de la culture du cannabis en cas de légalisation et de régulation du secteur.
Ce n’est pas tout. A l’horizon 2023, le potentiel en termes de chiffre d’affaires pour le seul continent africain est évalué à 7,1 milliards de dollars, un peu plus de 70 milliards de DH. C’est le cas de plusieurs pays africains intéressés par la filière du cannabis et de sa légalisation dont l’Afrique du Sud, Lesotho, Nigeria, Malawi, Ghana et Zambie.
Le rapport, qui s’est basé sur des données révélées par l’Office des Nations Unies contre la Drogue et le Crime, indique que 80% de la production du cannabis au Maroc était destinée à l’export en 2017, tandis que les 20% restants sont réservés à la consommation locale, et ce, malgré qu’elle soit interdite par la loi.
Et de préciser qu’entre 90.000 et 140.000 familles vivent de la culture et de la commercialisation du cannabis dans le Nord du Maroc.
Le secteur emploierait environ 800.000 personnes, notant que la valeur d’un kilogramme de cannabis brut est estimée à 8 euros, et entre 3.000 et 17.000 euros une fois transformée en résine sur le continent européen.
Ces données supposent que le Maroc a toutes les raisons de pencher vers une éventuelle légalisation.
En effet, le Royaume a des chercheurs dans le cannabis qui sont de qualité. Il a aussi des spécialistes des politiques publiques capables de concevoir un modèle de légalisation qui restreint l’accès au cannabis, contrairement à la situation actuelle dans laquelle l’accès au cannabis illégal est très facile, malgré la répression policière. En plus de cela, le trafic illégal du cannabis produit au Maroc nourrit un trafic international important, mobilisant des ressources humaines et financières importantes contre les groupes criminels et le blanchiment d’argent, sans que les saisies et les arrestations ne réduisent ce trafic. Le Maroc semble donc perdre au profit des grands groupes de cannabis nord-américains et européens.
Maintenant que le débat est ouvert et que les autorités viennent de saisir une quantité importante de cannabis (plus de 7 tonnes), on se demande si cette quantité sera délaissée ou si l’Etat s’en servira, pour des fins thérapeutiques.
Cette réunion, tenue sous la présidence du ministre de la Santé, Khalid Aït Taleb, vise à évaluer l’impact de ces substances, si légalisées, sur la politique anti-drogue menée par le Maroc dans le cadre de la Stratégie nationale de lutte anti-drogue.»
C’est la première fois depuis l’adoption de la Convention unique de 1961 sur les stupéfiants, que l’Organisation Mondiale de la Santé commence à changer de position sur le cannabis et les substances apparentées en appelant son Comité d’Experts sur la dépendance à procéder à un examen critique de la classification dont font objet actuellement le cannabis et les substances liées», déclare le ministre de la Santé.
Un projet qui peine à voir le jour
Le Maroc à son tour semble changer de position après la polémique que suscite le sujet. En effet, le gouvernement avait accepté d’examiner deux projets de loi déposés par le Parti Authenticité et Modernité (PAM) à la Chambre des Représentants, concernant la légalisation de la culture du cannabis et l’amnistie générale pour les cultivateurs poursuivis.
Dans ce sens, une réunion était prévue, le 8 janvier, en présence du chef du gouvernement, El Othmani, du ministre de la Justice, Mohamed Ben Abdelkader, et des hauts cadres du Tracteur. Pourtant, sans aucune raison, la réunion a été reportée quelques heures avant sa présentation devant la commission justice et législation de la Chambre des conseillers.
Rappelons que ce n’est pas la première fois que le débat est ouvert en matière de cannabis. Déjà en 2016, un colloque international
avait eu lieu à Tanger sur initiative du Conseil de la région pour forcer le débat sur cette plante et sa légalisation.
Mais, bien que le PAM s’est toujours déclaré initiateur de ce genre d’actions et de projets de loi « polémiques », force est de rappeler que les élus du Parti de l’Istiqlal ont été les premiers à demander, dans une proposition de loi soumise, en décembre 2013, à la Chambre des Représentants, la dépénalisation de la culture du cannabis pour des fins médicinales et thérapeutiques dans cinq régions. Il s’agit de la région d’El Hoceima, Chefchaouen, Ouezzan, Tétouan et Taounate.
Plusieurs raisons pour légaliser
Selon une étude récemment publiée par l’institut Prohibition Partners, le Maroc pourrait drainer 100 milliards de DH de revenus de la culture du cannabis en cas de légalisation et de régulation du secteur.
Ce n’est pas tout. A l’horizon 2023, le potentiel en termes de chiffre d’affaires pour le seul continent africain est évalué à 7,1 milliards de dollars, un peu plus de 70 milliards de DH. C’est le cas de plusieurs pays africains intéressés par la filière du cannabis et de sa légalisation dont l’Afrique du Sud, Lesotho, Nigeria, Malawi, Ghana et Zambie.
Le rapport, qui s’est basé sur des données révélées par l’Office des Nations Unies contre la Drogue et le Crime, indique que 80% de la production du cannabis au Maroc était destinée à l’export en 2017, tandis que les 20% restants sont réservés à la consommation locale, et ce, malgré qu’elle soit interdite par la loi.
Et de préciser qu’entre 90.000 et 140.000 familles vivent de la culture et de la commercialisation du cannabis dans le Nord du Maroc.
Le secteur emploierait environ 800.000 personnes, notant que la valeur d’un kilogramme de cannabis brut est estimée à 8 euros, et entre 3.000 et 17.000 euros une fois transformée en résine sur le continent européen.
Ces données supposent que le Maroc a toutes les raisons de pencher vers une éventuelle légalisation.
En effet, le Royaume a des chercheurs dans le cannabis qui sont de qualité. Il a aussi des spécialistes des politiques publiques capables de concevoir un modèle de légalisation qui restreint l’accès au cannabis, contrairement à la situation actuelle dans laquelle l’accès au cannabis illégal est très facile, malgré la répression policière. En plus de cela, le trafic illégal du cannabis produit au Maroc nourrit un trafic international important, mobilisant des ressources humaines et financières importantes contre les groupes criminels et le blanchiment d’argent, sans que les saisies et les arrestations ne réduisent ce trafic. Le Maroc semble donc perdre au profit des grands groupes de cannabis nord-américains et européens.
Maintenant que le débat est ouvert et que les autorités viennent de saisir une quantité importante de cannabis (plus de 7 tonnes), on se demande si cette quantité sera délaissée ou si l’Etat s’en servira, pour des fins thérapeutiques.
Hajar LEBABI
3 questions à M. Aït Ahmed Karim, président de l’Alliance des Pharmaciens Istiqlaliens
La légalisation de l’usage thérapeutique du cannabis est prometteuse
Qu’est-ce qui empêche le Maroc de franchir l’étape de la légalisation de l’usage thérapeutique du cannabis ?
Certes, le cannabis est avant tout une drogue, mais nous ne pouvons pas nier ses vertus thérapeutiques. La morphyne ou le phénobarbital sont également des drogues, mais sont utilisées à des fins médicinales, partout dans le monde.
Ce qui empêche le gouvernement de franchir ce pas est la volonté politique. C’est aussi l’occasion de revoir le Dahir de 1922 portant sur l’importation, le commerce, la détention et l’usage des substances vénéneuses, qui n’est plus valable en 2020.
Quel serait l’apport de ce business pour notre pays ?
Aujourd’hui, le cannabis produit au Maroc est de très haute et bonne qualité. Il y a une grande demande de notre cannabis de la part des pays développés, vu qu’ils en sont en manque et qu’aujourd’hui, la tendance est le traitement thérapeutique à base du cannabis.
La légalisation de son usage thérapeutique permettra plus de transactions commerciales et d’exportation. Les conditions de travail des agriculteurs du cannabis seront améliorées également.
Quelles sont les mesures à prévoir en cas de légalisation ?
Il faut d’abord légaliser ce business en instaurant un arsenal juridique. Ensuite, l’Etat doit prêter plus d’attention aux agriculteurs qui sèment et collectent le cannabis dans leurs champs, ainsi que monter des unités de transformation du cannabis en matière première, qui peut être vendue à l’international. Et c’est l’Etat qui doit s’occuper de sa commercialisation au niveau mondial. Mais avant tout, il faut que l’idée soit d’abord validée par tout le monde.
Propos recueillis par S. KSAANI
Qu’est-ce qui empêche le Maroc de franchir l’étape de la légalisation de l’usage thérapeutique du cannabis ?
Certes, le cannabis est avant tout une drogue, mais nous ne pouvons pas nier ses vertus thérapeutiques. La morphyne ou le phénobarbital sont également des drogues, mais sont utilisées à des fins médicinales, partout dans le monde.
Ce qui empêche le gouvernement de franchir ce pas est la volonté politique. C’est aussi l’occasion de revoir le Dahir de 1922 portant sur l’importation, le commerce, la détention et l’usage des substances vénéneuses, qui n’est plus valable en 2020.
Quel serait l’apport de ce business pour notre pays ?
Aujourd’hui, le cannabis produit au Maroc est de très haute et bonne qualité. Il y a une grande demande de notre cannabis de la part des pays développés, vu qu’ils en sont en manque et qu’aujourd’hui, la tendance est le traitement thérapeutique à base du cannabis.
La légalisation de son usage thérapeutique permettra plus de transactions commerciales et d’exportation. Les conditions de travail des agriculteurs du cannabis seront améliorées également.
Quelles sont les mesures à prévoir en cas de légalisation ?
Il faut d’abord légaliser ce business en instaurant un arsenal juridique. Ensuite, l’Etat doit prêter plus d’attention aux agriculteurs qui sèment et collectent le cannabis dans leurs champs, ainsi que monter des unités de transformation du cannabis en matière première, qui peut être vendue à l’international. Et c’est l’Etat qui doit s’occuper de sa commercialisation au niveau mondial. Mais avant tout, il faut que l’idée soit d’abord validée par tout le monde.
Propos recueillis par S. KSAANI