Lahcen Haddad, ex-ministre et député actuel du Parti de L’Istiqlal.
L'article de Hal Brands «La politique étrangère américaine à la croisée des chemins au Sahara» publié par Bloomberg Opinion le 29 décembre est non seulement historiquement inexact, mais ignore délibérément les bases juridiques et historiques de la libération du Sahara occidental par le Maroc du colonialisme espagnol. Le Maroc n’a pas récupéré Le Sahara occidental par la «force», comme le prétend l’auteur, mais l’a libéré du colonialisme de manière pacifique, via une marche menée par des civils, appelée « la Marche Verte », au cours de laquelle 350 000 civils non armés, portant des branches d’olivier et des Corans, se sont déplacés pacifiquement en novembre 1975 de partout le Maroc pour aller rencontrer leurs concitoyens sahraouis dans le Sahara occidental alors contrôlé par l'Espagne. La marche a porté ses fruits car elle a débouché sur des négociations entre l'Espagne et le Maroc et la signature des Accords de Madrid le 14 novembre 1975 , par le biais duquel le Sahara occidental a été rétrocédé au Maroc par la puissance coloniale, l'Espagne.
Non seulement Hal Brands a ignoré tout cela, mais il n’a pas fait référence aux bases historiques et juridiques de la revendication du Maroc sur le Sahara occidental. Pour mémoire, à la demande du Maroc, l'Assemblée générale des Nations Unies a adressé le 13 décembre 1974, deux questions à la Cour Internationale de Justice (CIJ), demandant son avis, sur la question de savoir si le Sahara occidental au moment de la colonisation par l'Espagne était un territoire n'appartenant à personne (terra nullius) (qui était la raison avancée par l'Espagne pour continuer à coloniser le territoire) et s'il existait des liens juridiques entre ce territoire et le Royaume du Maroc (base juridique du Maroc pour sa revendication de souveraineté sur le territoire). La CIJ a rendu son avis le 16 octobre 1975 disant que le territoire n'était pas terra nullius, au moment de sa colonisation par l’Espagne, et qu'il y avait des liens juridiques d'allégeance entre les sultans du Maroc et les tribus vivant sur le territoire du Sahara occidental. La CIJ a conseillé au Maroc de consulter la population locale sur la revendication de souveraineté, ce que le dernier a fait en demandant et en obtenant l'avis positif de la Jemaa, un organisme collectif qui représentait les populations autochtones à l'époque du colonialisme espagnol.
Tout ce contexte, M. Hal Brands l’a balayé de manière cavalière pour prouver sa théorie des relations étrangères des États-Unis, faisant des comparaisons injustifiées avec l’annexion illégale par Israël du plateau du Golan et de Jérusalem. S'il avait fait ses recherches, il aurait découvert que le Maroc entretenait des relations de souveraineté avec le territoire qui remontent à des siècles, comme le prouvent les traités qu'il avait conclus aux XVIIIe et XIXe siècles avec des puissances étrangères cherchant à naviguer au large du Sahara occidental.
Après l’indépendance du Maroc en 1956, il a continué à «lutter» pacifiquement pour l’indépendance du Sahara occidental. L'Espagne a accepté de rétrocéder la ville saharienne de Terfaya en 1958, puis Sidi Ifni en 1969. C'est le Maroc qui a enregistré le Sahara occidental auprès du Comité Politique Spécial et de Décolonisation de l'ONU, appelé la Quatrième Commission, en tant que territoire non décolonisé en 1964. Même le Polisario était, à ses tout débuts, un mouvement étudiant qui s'est formé à Rabat pour lutter pour la libération du territoire et sa réunification avec le Maroc.
Les bases juridiques et historiques de la théorie de M. Brands sont donc précaires, voire erronées. Il est malheureux que des chercheurs écrivent sur une question complexe comme celle-ci en faisant des déclarations politiques avec de larges ramifications sans vérification de leurs propos. Par ailleurs, un exercice académique pur comme celui-ci non seulement ignore les réalités sur le terrain, mais efface complètement la souffrance de milliers de sahraouis entreposés contre leur gré par le Polisario en Algérie, en attente de l'occasion de retrouver leurs familles au Maroc. Des universitaires comme M. Brands ne devraient jamais ignorer le côté humain des tragédies politiques lorsqu'ils dissertent (pompeusement) sur des théories des relations internationales.
Lahcen Haddad
Non seulement Hal Brands a ignoré tout cela, mais il n’a pas fait référence aux bases historiques et juridiques de la revendication du Maroc sur le Sahara occidental. Pour mémoire, à la demande du Maroc, l'Assemblée générale des Nations Unies a adressé le 13 décembre 1974, deux questions à la Cour Internationale de Justice (CIJ), demandant son avis, sur la question de savoir si le Sahara occidental au moment de la colonisation par l'Espagne était un territoire n'appartenant à personne (terra nullius) (qui était la raison avancée par l'Espagne pour continuer à coloniser le territoire) et s'il existait des liens juridiques entre ce territoire et le Royaume du Maroc (base juridique du Maroc pour sa revendication de souveraineté sur le territoire). La CIJ a rendu son avis le 16 octobre 1975 disant que le territoire n'était pas terra nullius, au moment de sa colonisation par l’Espagne, et qu'il y avait des liens juridiques d'allégeance entre les sultans du Maroc et les tribus vivant sur le territoire du Sahara occidental. La CIJ a conseillé au Maroc de consulter la population locale sur la revendication de souveraineté, ce que le dernier a fait en demandant et en obtenant l'avis positif de la Jemaa, un organisme collectif qui représentait les populations autochtones à l'époque du colonialisme espagnol.
Tout ce contexte, M. Hal Brands l’a balayé de manière cavalière pour prouver sa théorie des relations étrangères des États-Unis, faisant des comparaisons injustifiées avec l’annexion illégale par Israël du plateau du Golan et de Jérusalem. S'il avait fait ses recherches, il aurait découvert que le Maroc entretenait des relations de souveraineté avec le territoire qui remontent à des siècles, comme le prouvent les traités qu'il avait conclus aux XVIIIe et XIXe siècles avec des puissances étrangères cherchant à naviguer au large du Sahara occidental.
Après l’indépendance du Maroc en 1956, il a continué à «lutter» pacifiquement pour l’indépendance du Sahara occidental. L'Espagne a accepté de rétrocéder la ville saharienne de Terfaya en 1958, puis Sidi Ifni en 1969. C'est le Maroc qui a enregistré le Sahara occidental auprès du Comité Politique Spécial et de Décolonisation de l'ONU, appelé la Quatrième Commission, en tant que territoire non décolonisé en 1964. Même le Polisario était, à ses tout débuts, un mouvement étudiant qui s'est formé à Rabat pour lutter pour la libération du territoire et sa réunification avec le Maroc.
Les bases juridiques et historiques de la théorie de M. Brands sont donc précaires, voire erronées. Il est malheureux que des chercheurs écrivent sur une question complexe comme celle-ci en faisant des déclarations politiques avec de larges ramifications sans vérification de leurs propos. Par ailleurs, un exercice académique pur comme celui-ci non seulement ignore les réalités sur le terrain, mais efface complètement la souffrance de milliers de sahraouis entreposés contre leur gré par le Polisario en Algérie, en attente de l'occasion de retrouver leurs familles au Maroc. Des universitaires comme M. Brands ne devraient jamais ignorer le côté humain des tragédies politiques lorsqu'ils dissertent (pompeusement) sur des théories des relations internationales.
Lahcen Haddad