L'Opinion Maroc - Actuali
Consulter
GRATUITEMENT
notre journal
facebook
twitter
youtube
linkedin
instagram
search


Culture

MAGAZINE : Yahya Chraïbi, l’envol à l’arraché


Rédigé par Anis HAJJAM le Dimanche 24 Décembre 2023

Fassi d’essence, né il y a 30 ans à Casablanca, il se fait artiste plasticien sans aucune étude en conséquence. Un pur autodidacte qui croise l’art en tutoyant la bande dessinée et les mangas déployés depuis le Japon. Depuis, il se fait mal en éjectant du bien. Et quand il se croise, il s’exprime chez Shart, la galerie casablancaise qui le met « aux prises » avec Monia Abdelali et Leila Pazooki. Jusqu’à janvier 2024.



The Radiant Child, technique mixte sur papier, 65-50 cm, 2023.
The Radiant Child, technique mixte sur papier, 65-50 cm, 2023.
Concentrons-nous sur un nouveau venu, un venu bien venu. Ce garçon est une arrière-pensée, un fort en thème, un douteux besogneux, un troublant créateur. Il aime se déclarer, sans pour autant se déclarer. Il croit que le monde ne l’interpelle pas, et c’est toute sa force. A trente ans, Yahya n’est ni Chraïbi ni Dakhama. Il est lui-même. Ce qu’il dévale est un fracas d’œuvres à l’inspiration dite et assumée. Un OVNI pictural à la noyade belle comme l’insubmersible définitive reconnaissance. Yahya fait et défait. Lorsqu’on observe ses œuvres, il est recommandé de bien les scruter : des conflits multiples jonchent ces tas de réalisations. Bien des voix s’élèvent créant un brouhaha indéfinissable et bienvenu. Seulement, l’art n’a besoin de personne lorsqu’il a envie de tout le monde.
 
Le passé maître du futur

Cette série, dite « The Radiant Child », renvoie en référence au documentaire de Tamra Davis consacré à Basquiat que Yahya revendique en appelant sa série du même nom. La galerie qui le loge, Shart pour la nommer dans le sens du poil, le délie ainsi : « Dès son enfance, il se plonge dans la lecture de bandes dessinées et la découverte dès l’adolescence de la culture japonaise des mangas lui donne le gout du dessin et surtout l’appartenance à un style. Original dans son approche narrative où les rôles s’inversent, le mal dominant exclusivement les compositions et faisant deviner l’existence du bien, les recherches de Yahya portent aussi sur la notion de paradoxe, matérialisée ici par une contradiction entre la luminosité de la palette et le machiavélisme des personnages. » Cet artiste se trouble en cognant le mur qui lui livre son inspiration première. Il n’a peut-être besoin de personne et envie de tout le monde. Mais c’est le passé qui lui dicte son futur.

Il est d’une incroyable minutie, conjuguée à une approche bouleversante comme la vie. Il s’en va croyant s’installer, il retourne en décidant de s’en aller. Yahya est une claque, une belle gifle qu’il peut s’administrer à outrance. A lui-même, si cela ne lui rappelle que de belles caresses. La galerie Shart continue : « Peinture, encre, pastel, feutre, tous les moyens sont bons pour assouvir cette frénésie d’esquisses, cette liberté de gribouiller, de se plaire dans les coins et les recoins du support entre expressionisme abstrait et expressionisme figuratif. » A l’endroit de ce jeune et prometteur artiste, une grosse envie d’y croire s’impose. Qu’il quitte Basquiat en le gardant comme frère du club des 27, qu’il l’oublie pour aller de l’avant, son avenir est bien devant lui. Et la galerie Shart qui tonne : « Yahya Chraïbi Dakhama est un artiste libre qui veut partager sa propre histoire de l’art.

Polyglotte et mélomane, souvent extravagant, il propose une œuvre en phase avec son vécu, toujours entre doute et convictions, définitivement en rupture avec les lignes établies, une expression artistique chaotique et soignée. » Yahya n’est pas seul au monde. Il se conjugue en s’imposant le pluriel. Ses toiles crient pour lui, se taisent lorsqu’il se surpasse devant. Son travail, absolument inédit, fait de lui un futur ancien grand créateur. Il peint en bâtonnant, colorie en giclant, gribouille en dessinant. Un artiste en format évolutif, un garçon à surveiller comme le lait sur le feu.  
 
Anis HAJJAM
            



Dans la même rubrique :
< >

Dimanche 22 Décembre 2024 - 10:56 ​Exposition : Yamou paysagiste de l’essentiel

Dimanche 22 Décembre 2024 - 10:53 ​Musique : Les notes jazz de l’arganier