Les trois artistes, à l’image de leurs oeuvres, s’agitent bruyamment dans les deux espaces de la Villa dédiés à l’exposition, vernissage tenant. Pas de crêpage de chignon, plutôt un tissage de belles réflexions, de menus télescopages par endroits, des couleurs et encore des couleurs. Mais c’est lorsque le regard perce les créations que le palabre explose par intermittence.
Le trio Tamghart s’exprime farouchement, s’inclinant devant ses inspirations qu’il triture en lui infligeant de sérieux éclats de rire. On quitte l’exposition avec un arôme où se mêlent plusieurs parfums, ceux se scindant en trois effluves : le corporel, l’ambiant et le cosmétique. Les mélanger cela risque d’altérer l’odorat, privilégier l’exhalaison malvenue. Nous y renonçons fatalement. Trois femmes pour nous tenir en haleine, nous le sentons bien.
Allégorie, forêt-noire, sarcasme
Sans obligatoirement attribuer les différents effluves aux créatrices, épousons ce qui se passe actuellement à la Villa des arts de Rabat. Il y a dévotion, espoir et projection. Il y a aussi désaccord, revendication et déconstruction.
En revanche, aucune renonciation. Une exposition tonique qui ne sépare pas le blanc de la couleur ni le noir de toutes les couleurs. Un foisonnement déconcertant, puisque les oeuvres se côtoient sans décliner leur appartenance, sans avouer ouvertement leur origine. Compartimenter les oeuvres, cela aurait jeté un froid sur la conception de «Tamghart».
Faciliter leur identification aurait mieux assis la scénographie, parce qu’il y a télescopages par endroits. Rim Laâbi se dégaget- elle de ces «supposées» similitudes ? Elle est dans l’allégorie, dans le questionnement perpétuel de la matière cérébrale qui la conditionne pour mieux enlacer les matériaux qui parsèment ses créations. Sa peinture fait rivaliser teintes, tissus, matières végétales…
Cela chatoie et interpelle, entre l’apaisement forcé et de troubles remises en question chaotiques. Mohammed Abouelouakar s’en délecte depuis des décennies. Farah Chaoui, elle, se jette dans une espèce de forêt-noire où la cerise fait défaut. On décèle dans son travail une part de violence goûteuse, une douceur contrariée toutes deux trempées dans l’univers underground d’un Jean-Michel Basquiat, ce qui n’est pas forcément une torture. Elle dessine dans son ailleurs, fait appel à l’encre de chine. Elle sculpte aussi, en artiste du dimanche.
En somme, dessiner et peindre c’est ce qui ne risque pas de la défaire devant un succès grandissant. La troisième Tamghart de l’exposition, Monia Abdelali, est une cérébrale râleuse, créatrice boulimique, sculpteure de l’immédiateté.
Elle façonne ses personnages comme elle en parle. Elle les accompagne d’écrits et de cris comme pour appuyer sur leurs cicatrices pour que le son de leur douleur s’offre aux plus sourdes des oreilles. Après nous avoir habitués à des pièces qu’on pouvait prendre dans nos bras, elle choisit de nous soumettre à l’inverse. Des sculptures élancées, sur pieds ou tête logée dans le socle de l’incertitude, jambes en l’air. En fait, sortir de son propre corps pour se réinventer. Monia est là avec son habituel sarcasme.
Derrière la flagrante joyeuseté de ses nouvelles sculptures, le pop’art est fluctuant. Au sein de cette association inventée, il y a une absence de rides apparentes qui renvoient aux rides profondes. Laâbi, Chaoui, Abdelali, ce sont des poings sur les «i», si on réfère à la chute phonétique de leurs noms. Un point c’est tout.
Le trio Tamghart s’exprime farouchement, s’inclinant devant ses inspirations qu’il triture en lui infligeant de sérieux éclats de rire. On quitte l’exposition avec un arôme où se mêlent plusieurs parfums, ceux se scindant en trois effluves : le corporel, l’ambiant et le cosmétique. Les mélanger cela risque d’altérer l’odorat, privilégier l’exhalaison malvenue. Nous y renonçons fatalement. Trois femmes pour nous tenir en haleine, nous le sentons bien.
Allégorie, forêt-noire, sarcasme
Sans obligatoirement attribuer les différents effluves aux créatrices, épousons ce qui se passe actuellement à la Villa des arts de Rabat. Il y a dévotion, espoir et projection. Il y a aussi désaccord, revendication et déconstruction.
En revanche, aucune renonciation. Une exposition tonique qui ne sépare pas le blanc de la couleur ni le noir de toutes les couleurs. Un foisonnement déconcertant, puisque les oeuvres se côtoient sans décliner leur appartenance, sans avouer ouvertement leur origine. Compartimenter les oeuvres, cela aurait jeté un froid sur la conception de «Tamghart».
Faciliter leur identification aurait mieux assis la scénographie, parce qu’il y a télescopages par endroits. Rim Laâbi se dégaget- elle de ces «supposées» similitudes ? Elle est dans l’allégorie, dans le questionnement perpétuel de la matière cérébrale qui la conditionne pour mieux enlacer les matériaux qui parsèment ses créations. Sa peinture fait rivaliser teintes, tissus, matières végétales…
Cela chatoie et interpelle, entre l’apaisement forcé et de troubles remises en question chaotiques. Mohammed Abouelouakar s’en délecte depuis des décennies. Farah Chaoui, elle, se jette dans une espèce de forêt-noire où la cerise fait défaut. On décèle dans son travail une part de violence goûteuse, une douceur contrariée toutes deux trempées dans l’univers underground d’un Jean-Michel Basquiat, ce qui n’est pas forcément une torture. Elle dessine dans son ailleurs, fait appel à l’encre de chine. Elle sculpte aussi, en artiste du dimanche.
En somme, dessiner et peindre c’est ce qui ne risque pas de la défaire devant un succès grandissant. La troisième Tamghart de l’exposition, Monia Abdelali, est une cérébrale râleuse, créatrice boulimique, sculpteure de l’immédiateté.
Elle façonne ses personnages comme elle en parle. Elle les accompagne d’écrits et de cris comme pour appuyer sur leurs cicatrices pour que le son de leur douleur s’offre aux plus sourdes des oreilles. Après nous avoir habitués à des pièces qu’on pouvait prendre dans nos bras, elle choisit de nous soumettre à l’inverse. Des sculptures élancées, sur pieds ou tête logée dans le socle de l’incertitude, jambes en l’air. En fait, sortir de son propre corps pour se réinventer. Monia est là avec son habituel sarcasme.
Derrière la flagrante joyeuseté de ses nouvelles sculptures, le pop’art est fluctuant. Au sein de cette association inventée, il y a une absence de rides apparentes qui renvoient aux rides profondes. Laâbi, Chaoui, Abdelali, ce sont des poings sur les «i», si on réfère à la chute phonétique de leurs noms. Un point c’est tout.
Anis HAJJAM