Lorsqu’il arrive courant 1989 sur le site de 2M International pas encore fini mais déjà opérationnel, Alain Maneval est pris du trac des grands. Renée Flament, la «maman» française des Marocains fraîchement débarqués de Paris pour donner vie à cette nouvelle chaîne de télévision -voulue par Hassan II et réalisée par son gendre de l’époque et homme de grand coeur Fouad Filali- annonce l’arrivée providentielle d’un professionnel prêt à s’occuper du segment musical de ce nouveau média un brin révolutionnaire, largement ouvert sur le renouveau. Alain est beau, jeune, ambitieux et douloureusement habité par l’accomplissement de l’inédit, tâche qu’il accomplit déjà en France. Avant même qu’il ne s’occupe de musique à Aïn Sebaâ, on le bombarde Directeur des Programmes.
Ceux qui ne croient pas en cette nomination sont vite secoués par les décisions du Roumi Francaoui, ses choix lumineux, son recours systématique à la perfection subjective. Maneval devient, dans la foulée, une curiosité pour une certaine presse marocaine qu’il ignore avec soin. Alain attaque le «paquet» avec le flegme d’un ancien inconsolable punk. Il est le Français directeur des programmes, loin des turpitudes de l’entité de l’Information qui compte, pourtant, quelques agitateurs.
Bouchra Alami (Cinéstars) «confrontée» aux soirées du festival de Cannes qu’elle couvre avec élégance, Lamama Alaoui pour Chahin et Yousra au Caire, moi-même (Hit, Megamix, Larsen, Saga, Sport & Musique avec Karim Dronet…) au plus près de noms sismiques du jazz au festival de Montreux, Les P’tits Loups de Sanae Kadmiri, 2M Est A Vous… à côté d’opérations ponctuelles telle celle avec l’Allemande Nina Hagen et la Maroco-scandinave Leïla K à Marrakech.
L’ordre dans le désordre
Alain Maneval est le doux chasseur des coeurs qui battent à leur guise, qui se débattent pour que la frappe soit plus proche de la belle récupération que de l’incompréhensible désintégration. Il claque la bise à ses «antis» sans les embrasser. Il n’est pas l’incompris, il est l’incompréhension. Il n’en fait pas étal et continue à agiter, à braver la rigidité. Alain est le dieu de l’ordre dans le désordre. Lorsqu’il décide de m’envoyer en Suisse ou au Brésil, il me demande de faire mon métier en n’oubliant surtout pas de «m’éclater». Je rentre de mes missions et il regarde les «produits» en même temps que le téléspectateur. Après quoi, il me propose de me calmer, me dit que je ne suis pas le meilleur, que ma carrière est encore dans ses «beaux» débuts. Je ne suis pas d’accord, pourtant je finis par abdiquer. Alain a raison.
Le bluff de la soirée SIDA
Dans ce rêve éveillé, Hakima Himmich vient NOUS voir pour promouvoir son association ALCS, entité de sensibilisation et de lutte contre la prolifération du virus du SIDA. Elle propose un accompagnement, Maneval suggère un évènement, grandiose. La salle couverte du complexe sportif Mohammed V de Casablanca est alors submergée d’un public venu plus pour la fête que pour la cause.
Alain fait appel à ses amis artistes français qu’il accompagne sur scène et moi draguant des performeurs marocains dont Houcine Beniaz dit Baz, leur participation étant gracieuse. La soirée, avec ses multiples messages, est un succès inespéré d’autant que le Maroc est le premier pays arabe à traiter publiquement de ce mal sexuellement transmissible. A l’arrivée, le résultat est bluffant : le connaisseur débat, le lambda veut être davantage au courant. Pari gagné.
«Thema» testée au Maroc
Alain Maneval, amoureux d’un Maroc qu’il connaît avant sa nomination à 2M International, est un trublion dans l’espace médiatique français. Il quitte sa Saint-Etienne natale à 17 ans pour s’évanouir dans le Paris de tous les devenirs, de toutes les aspirations. Dans les années 70-80, il participe à plusieurs aventures de radios libres dont Cité Future, Carbone 14 et Gilda. Une période où les hauts et les bas se télescopent. Dans l’absolu, Maneval est le collectionneur des coups, ceux qu’il reçoit et ceux qu’il réussit.
A Casablanca/2M International, Alain teste le concept d’une émission qui devient «Thema» lorsqu’il investit en patron la direction des programmes de la vénérable chaîne franco-allemande ARTE en 1992. Mais avant ces réussites, il est le congédié animateur d’Europe 1 (Pogo où il participe à l’émergence de talents venus d’ailleurs et dont la musique est joliment appelée «sono mondiale» par le mensuel Actuel de Jean-François Bizot), le délicat présentateur de Studio 3 et Megahertz sur TF1, le présentateur de Tam-Tam sur TV6 qu’il refuse d’accompagner quand elle devient M6. Un professionnel qui impose ses choix. En 2009, il anime «Bon esprit» sur France Inter.
Entre 2014 et 2015, il reprend du service sur la même station, produisant et animant l’émission «L’album de minuit». Il retourne sporadiquement à la télévision où il écrit et réalise des documentaires pour Arte et Télévision Loire 7 entre autres. Alain Maneval est également l’auteur en 1989 du single arabisant «Souviens-toi du futur», titre qu’il utilise en 2011 pour les besoins d’un film tourné autour de la biennale du design de Saint-Etienne. Alain est tout cela à la fois. Pluriel tu étais, unique tu es devenu, classieux tu resteras.
Ceux qui ne croient pas en cette nomination sont vite secoués par les décisions du Roumi Francaoui, ses choix lumineux, son recours systématique à la perfection subjective. Maneval devient, dans la foulée, une curiosité pour une certaine presse marocaine qu’il ignore avec soin. Alain attaque le «paquet» avec le flegme d’un ancien inconsolable punk. Il est le Français directeur des programmes, loin des turpitudes de l’entité de l’Information qui compte, pourtant, quelques agitateurs.
Bouchra Alami (Cinéstars) «confrontée» aux soirées du festival de Cannes qu’elle couvre avec élégance, Lamama Alaoui pour Chahin et Yousra au Caire, moi-même (Hit, Megamix, Larsen, Saga, Sport & Musique avec Karim Dronet…) au plus près de noms sismiques du jazz au festival de Montreux, Les P’tits Loups de Sanae Kadmiri, 2M Est A Vous… à côté d’opérations ponctuelles telle celle avec l’Allemande Nina Hagen et la Maroco-scandinave Leïla K à Marrakech.
L’ordre dans le désordre
Alain Maneval est le doux chasseur des coeurs qui battent à leur guise, qui se débattent pour que la frappe soit plus proche de la belle récupération que de l’incompréhensible désintégration. Il claque la bise à ses «antis» sans les embrasser. Il n’est pas l’incompris, il est l’incompréhension. Il n’en fait pas étal et continue à agiter, à braver la rigidité. Alain est le dieu de l’ordre dans le désordre. Lorsqu’il décide de m’envoyer en Suisse ou au Brésil, il me demande de faire mon métier en n’oubliant surtout pas de «m’éclater». Je rentre de mes missions et il regarde les «produits» en même temps que le téléspectateur. Après quoi, il me propose de me calmer, me dit que je ne suis pas le meilleur, que ma carrière est encore dans ses «beaux» débuts. Je ne suis pas d’accord, pourtant je finis par abdiquer. Alain a raison.
Le bluff de la soirée SIDA
Dans ce rêve éveillé, Hakima Himmich vient NOUS voir pour promouvoir son association ALCS, entité de sensibilisation et de lutte contre la prolifération du virus du SIDA. Elle propose un accompagnement, Maneval suggère un évènement, grandiose. La salle couverte du complexe sportif Mohammed V de Casablanca est alors submergée d’un public venu plus pour la fête que pour la cause.
Alain fait appel à ses amis artistes français qu’il accompagne sur scène et moi draguant des performeurs marocains dont Houcine Beniaz dit Baz, leur participation étant gracieuse. La soirée, avec ses multiples messages, est un succès inespéré d’autant que le Maroc est le premier pays arabe à traiter publiquement de ce mal sexuellement transmissible. A l’arrivée, le résultat est bluffant : le connaisseur débat, le lambda veut être davantage au courant. Pari gagné.
«Thema» testée au Maroc
Alain Maneval, amoureux d’un Maroc qu’il connaît avant sa nomination à 2M International, est un trublion dans l’espace médiatique français. Il quitte sa Saint-Etienne natale à 17 ans pour s’évanouir dans le Paris de tous les devenirs, de toutes les aspirations. Dans les années 70-80, il participe à plusieurs aventures de radios libres dont Cité Future, Carbone 14 et Gilda. Une période où les hauts et les bas se télescopent. Dans l’absolu, Maneval est le collectionneur des coups, ceux qu’il reçoit et ceux qu’il réussit.
A Casablanca/2M International, Alain teste le concept d’une émission qui devient «Thema» lorsqu’il investit en patron la direction des programmes de la vénérable chaîne franco-allemande ARTE en 1992. Mais avant ces réussites, il est le congédié animateur d’Europe 1 (Pogo où il participe à l’émergence de talents venus d’ailleurs et dont la musique est joliment appelée «sono mondiale» par le mensuel Actuel de Jean-François Bizot), le délicat présentateur de Studio 3 et Megahertz sur TF1, le présentateur de Tam-Tam sur TV6 qu’il refuse d’accompagner quand elle devient M6. Un professionnel qui impose ses choix. En 2009, il anime «Bon esprit» sur France Inter.
Entre 2014 et 2015, il reprend du service sur la même station, produisant et animant l’émission «L’album de minuit». Il retourne sporadiquement à la télévision où il écrit et réalise des documentaires pour Arte et Télévision Loire 7 entre autres. Alain Maneval est également l’auteur en 1989 du single arabisant «Souviens-toi du futur», titre qu’il utilise en 2011 pour les besoins d’un film tourné autour de la biennale du design de Saint-Etienne. Alain est tout cela à la fois. Pluriel tu étais, unique tu es devenu, classieux tu resteras.
Anis HAJJAM