On a envie de tout arrêter. Aller voir ce qui se passe là-haut, au-delà de toute croyance. Ils sont nombreux à nous avoir légués aux souvenirs, prenant le chemin de la hauteur, celui de l’élévation où Dieu dicte sa vaste générosité entre absents et présents. Ils partent ces faiseurs, ces créateurs qui nous font vibrer aux rythmes de l’excellence, parfois avec sérieux, souvent avec émoi, généralement avec conviction.
A croire que les détenteurs du maintien de ces trois compartiments de l’esprit cauchemardent lorsqu’on se vautre dans l’expectative. Aziz El Fadili, défunt physique et éternel trublion de l’artistique incontrôlé, rappelle que la vie est une aventure trouble, génératrice de lendemains inconnus.
Son long parcours le prouve avec la largesse qui lui sied. En fait, c’est sa fragilité qui le bâtit, son amour de l’art qui le forge, son sens du partage qui le construit pour ensuite le consumer jusqu’à brûler le feu.
Son enfance, il la revit et la façonne avec ses siens d’enfants qui prennent le chemin du papa hors intervention du patriarche, humant l’air qu’il leur insuffle. Aziz El Fadili répond aujourd’hui à un ensevelissement, pas à un enterrement. Il part, le coeur sur la main.
Sa vie, enviable à mort, est faite de fierté et d’humilité. Il est l’ami et le conseiller, le père et le complice. Il est le léger et le grave dans ses rôles, l’indomptable et le rigoureux dans ses choix. Une créature affable à doses dépassant le prescrit, un esprit convoquant l’apaisement. Un intraitable «weld ennass». Il traverse son métier à coeur battant, il s’en détache l’âme meurtrie. Il y retourne avec de beaux fracas, en accompagnant sa progéniture, cette fratrie faite pour défrayer, amoureuse de l’inédit et de l’inhabituel. Aziz y plonge, draguant la palpable discrétion, flirtant avec le polichinelle.
A l’existence, il déclare : «Je ne te fais pas défaut. Jusqu’à ce que ma désobéissance s’ensuive.» Finalement, Aziz El Fadili se joue de la vie, triturant la mort qui finit par lui ouvrir les bras. En fait, qu’attendons-nous d’un homme qui rencontre sa future femme dans un bus pour que le train de la vie des Deux se fasse TGV avant l’heure et que les arrêts se traduisent en quatre stations équitables, deux filles et deux garçons ? Du respect pardi ! Aziz et Fatéma la gestionnaire, un duo à explorer, une dramaturgie amoureuse à dévoiler. La maman gère l’étonnante humoriste Hanane et Adil fait tourner l’intrépide papa Aziz. Le label El Fadili créatif est à consommer sans modération, ni retenue.
Appareil Saddiki, «Ca bouge à la télé»…
Dans sa jeunesse, Aziz pose l’oeil sur l’art en sacralisant l’enfance qu’il nourrit avec une rare gourmandise. Il est LE marionnettiste qui fait rêver une certaine génération. Son concept devenu culte, «Sandok Lafraja», berce tout un pan de la société dont une large frange oublieuse. Mais l’artiste a une ribambelle de projets dans les coutures de ses costumes. Il défait graduellement les ourlets qui les maintiennent droits et laisse amoureusement se déverser leur contenu.
El Fadili fait forcément et fatalement partie du bel appareil Tayeb Saddiki qu’il respecte sous le dôme de l’amitié. Ils foulent ensemble les planches à plusieurs reprises signant, au passage, de mémorables allers retours. Des pièces et des pièces, des rencontres et des confidences, des projets et des fours…
Au milieu des années 1980, Hassan II décide de brutaliser le profond sommeil de la RTM (Radiodiffusion télévision marocaine). Il fait alors appel à Tayeb Saddiki (oui, le même) et l’entrepreneur français attitré du souverain, André Packard. Le but est de donner un nouveau souffle à la vieille dame. Cela se traduit par une opération éphémère placée sous la bannière «Ca bouge à la télé, Attalfaza tataharrak» menée par une équipe de la télévision française TF1 et que Driss Basri récupère trois mois plus tard en coiffant les ministères de l’Intérieur et de l’Information ! Et c’est bien évidemment la mort subite pour des rêveurs comme Aziz El Fadili.
Mais le sérieux farceur trouve le temps pendant cet inoubliable trimestre de camper le rôle burlesque d’un monsieur météo à la fibre blagueuse, qu’il neige, qu’il vente ou qu’il pleuve de bon soleil. Diffusé en plein journal télévisé, ce mini rendez-vous essentiel pour la RTM/TVM provoque de légendaires fous-rires chez le duo de présentateurs Jalil Noury-Touria Souaf.
Le père n’est pas mort
Aziz El Fadili est le marionnettiste, l’homme de télévision et de cinéma. Il est à l’affiche de plusieurs films, au générique de nombre de productions. Avec «le fiston» Adil comme il aime l’appeler, il officie dans plusieurs fictions dont le prochain et douloureux long métrage en intitulé «Mon père n’est pas mort».
En artiste partageux et assoiffé de transmission, Aziz offre son lourd poids d’acteur à des productions qui lui parlent, à la télévision comme au cinéma : «Baiss Diss» dans le feuilleton «Souar 3a2iliya», «Chib w shbab», «2abwab allayl assab3a», «Bila mawtine», «La Brigade», «Lbaraka frassek», «Nissa2 al janah J»… Et le flux se traduit en flot. Finalement, pour cerner tout ce qu’a fait et défait Aziz El Fadili, on n’aura pas le ton. Que son âme ait, en revanche, le temps de border indéfiniment les siens, que son étrange absence continue à les rassurer de sa présence spirituelle. Qu’il repose en se rappelant de nous. Qu’il repose, la paix étant ce qu’il choisit comme mode de vie. Nous manquer, cela ne se tempère définitivement pas.
A croire que les détenteurs du maintien de ces trois compartiments de l’esprit cauchemardent lorsqu’on se vautre dans l’expectative. Aziz El Fadili, défunt physique et éternel trublion de l’artistique incontrôlé, rappelle que la vie est une aventure trouble, génératrice de lendemains inconnus.
Son long parcours le prouve avec la largesse qui lui sied. En fait, c’est sa fragilité qui le bâtit, son amour de l’art qui le forge, son sens du partage qui le construit pour ensuite le consumer jusqu’à brûler le feu.
Son enfance, il la revit et la façonne avec ses siens d’enfants qui prennent le chemin du papa hors intervention du patriarche, humant l’air qu’il leur insuffle. Aziz El Fadili répond aujourd’hui à un ensevelissement, pas à un enterrement. Il part, le coeur sur la main.
Sa vie, enviable à mort, est faite de fierté et d’humilité. Il est l’ami et le conseiller, le père et le complice. Il est le léger et le grave dans ses rôles, l’indomptable et le rigoureux dans ses choix. Une créature affable à doses dépassant le prescrit, un esprit convoquant l’apaisement. Un intraitable «weld ennass». Il traverse son métier à coeur battant, il s’en détache l’âme meurtrie. Il y retourne avec de beaux fracas, en accompagnant sa progéniture, cette fratrie faite pour défrayer, amoureuse de l’inédit et de l’inhabituel. Aziz y plonge, draguant la palpable discrétion, flirtant avec le polichinelle.
A l’existence, il déclare : «Je ne te fais pas défaut. Jusqu’à ce que ma désobéissance s’ensuive.» Finalement, Aziz El Fadili se joue de la vie, triturant la mort qui finit par lui ouvrir les bras. En fait, qu’attendons-nous d’un homme qui rencontre sa future femme dans un bus pour que le train de la vie des Deux se fasse TGV avant l’heure et que les arrêts se traduisent en quatre stations équitables, deux filles et deux garçons ? Du respect pardi ! Aziz et Fatéma la gestionnaire, un duo à explorer, une dramaturgie amoureuse à dévoiler. La maman gère l’étonnante humoriste Hanane et Adil fait tourner l’intrépide papa Aziz. Le label El Fadili créatif est à consommer sans modération, ni retenue.
Appareil Saddiki, «Ca bouge à la télé»…
Dans sa jeunesse, Aziz pose l’oeil sur l’art en sacralisant l’enfance qu’il nourrit avec une rare gourmandise. Il est LE marionnettiste qui fait rêver une certaine génération. Son concept devenu culte, «Sandok Lafraja», berce tout un pan de la société dont une large frange oublieuse. Mais l’artiste a une ribambelle de projets dans les coutures de ses costumes. Il défait graduellement les ourlets qui les maintiennent droits et laisse amoureusement se déverser leur contenu.
El Fadili fait forcément et fatalement partie du bel appareil Tayeb Saddiki qu’il respecte sous le dôme de l’amitié. Ils foulent ensemble les planches à plusieurs reprises signant, au passage, de mémorables allers retours. Des pièces et des pièces, des rencontres et des confidences, des projets et des fours…
Au milieu des années 1980, Hassan II décide de brutaliser le profond sommeil de la RTM (Radiodiffusion télévision marocaine). Il fait alors appel à Tayeb Saddiki (oui, le même) et l’entrepreneur français attitré du souverain, André Packard. Le but est de donner un nouveau souffle à la vieille dame. Cela se traduit par une opération éphémère placée sous la bannière «Ca bouge à la télé, Attalfaza tataharrak» menée par une équipe de la télévision française TF1 et que Driss Basri récupère trois mois plus tard en coiffant les ministères de l’Intérieur et de l’Information ! Et c’est bien évidemment la mort subite pour des rêveurs comme Aziz El Fadili.
Mais le sérieux farceur trouve le temps pendant cet inoubliable trimestre de camper le rôle burlesque d’un monsieur météo à la fibre blagueuse, qu’il neige, qu’il vente ou qu’il pleuve de bon soleil. Diffusé en plein journal télévisé, ce mini rendez-vous essentiel pour la RTM/TVM provoque de légendaires fous-rires chez le duo de présentateurs Jalil Noury-Touria Souaf.
Le père n’est pas mort
Aziz El Fadili est le marionnettiste, l’homme de télévision et de cinéma. Il est à l’affiche de plusieurs films, au générique de nombre de productions. Avec «le fiston» Adil comme il aime l’appeler, il officie dans plusieurs fictions dont le prochain et douloureux long métrage en intitulé «Mon père n’est pas mort».
En artiste partageux et assoiffé de transmission, Aziz offre son lourd poids d’acteur à des productions qui lui parlent, à la télévision comme au cinéma : «Baiss Diss» dans le feuilleton «Souar 3a2iliya», «Chib w shbab», «2abwab allayl assab3a», «Bila mawtine», «La Brigade», «Lbaraka frassek», «Nissa2 al janah J»… Et le flux se traduit en flot. Finalement, pour cerner tout ce qu’a fait et défait Aziz El Fadili, on n’aura pas le ton. Que son âme ait, en revanche, le temps de border indéfiniment les siens, que son étrange absence continue à les rassurer de sa présence spirituelle. Qu’il repose en se rappelant de nous. Qu’il repose, la paix étant ce qu’il choisit comme mode de vie. Nous manquer, cela ne se tempère définitivement pas.
Anis HAJJAM