Voici un festival à taille humaine qui s’exprime sans fanfare. Un nouveau-né dans la fratrie de l’Association Essaouira Mogador qui pousse les murs pour pouvoir installer un nouvel espace où le cri est joie, où la joie est juvénile. Normal pour une créature qui ouvre à peine les yeux, ne sachant si l’aveuglement est fruit d’une lancinante lumière ou jet d’improbables répliques qui finissent par régénérer l’ouïe par des accents au truchement chantonnant, à l’esprit libre.
Le cinéma italien est une maladie sans remède, un beau concert qui gangrène les plus fermes mamelles de la création depuis que le cinéma est septième art. Le grave, l’émotionnel, l’amour, le désarroi, l’incompréhension, l’humour, l’introspection, le questionnement, l’improbable, le subjectif… la vie ! Tout y est, dans un contexte où les repères et les valeurs se déchiquettent à vue d’yeux, à battements de coeurs aimants. Et la cité des vents célèbre ces beaux méfaits de l’existence avec émotion et hospitalité, par amour et reconnaissance. Dans le lot de la rencontre « La Dolce Vita à Mogador », les chefs-d’oeuvre s’enchaînent, manquent de s’enlacer, s’acheminent vers un rire sarcastique, celui de leur passé où Hollywood filtre et jette, évalue et incrimine. D’autres cinéastes italiens reprennent le flambeau dans un nouveau navire, celui-ci battant pavillon américain. Mais on s’éloigne de la jetée souirie.
Déroutante assurance
Cette première édition fait appel à Sergio Gobbi comme directeur artistique, cinéaste à la filmographie débordante et à l’appréciation aussi confidentielle que criante. Cet Italien francophone salue l’honneur qui lui est accordé par Essaouira à la lumière d’une sorte de carte blanche, lui qui a tourné dans le royaume en engageant l’actrice marocaine Asmae Khamlichi présente dans ce fairplay pas toujours respecté : un débat, un brin sans thème précis, mettant en scène le cinéaste-vedette de la rencontre entouré d’intervenants à l’approche variablement pesée.
La table ronde s’ouvre sur des affirmations qui survolent le superflu. A commencer par ce cher Gobbi qui évoque le cinéma marocain avec une déroutante assurance sur les chiffres, le nombre de films produits par an et leur programmation « inexistante » à l’étranger. Pourtant, le cinéma marocain a une production de films soutenue depuis des années et leur programmation à l’international -hors festivals- est de plus en plus fréquente. Gobbi propose ensuite que le Maroc organise des semaines de projections privées de films marocains en y invitant des distributeurs européens qui seraient prêts ou pas à les acheter… Dans son sillage, des échanges, des argumentations et des témoignages intéressants mais hachés par une modération sourde, encline à un curieux tempo temporaire.
Le producteur marocain Abdou Achouba se voit ravaler le propos lorsqu’il étale sa nombreuse expérience avec des cinéastes italiens de renom (Bernardo Bertolucci, Ermano Olmi, Giuseppe Tornatore, Francesco Nuti, Ettore Scola, Marco Ferreri…) et sa participation à la série « La Bible » tournée au Maroc. Achouba a certes cette habitude d’essayer de rappeler son existence d’un garçon aujourd’hui âgé de 71 ans dans un univers cinématographique à l’international, au Maroc, par le Maroc, pour le Maroc. Et si c’était lui qui avait raison ?
Temps et action
Ce festival qui s’achemine vers une assise prometteuse, gagne en audace, celle d’une première édition perfectible. Ses organisateurs le savent bien, puisqu’ils ne sont pas à leur premier essai.
Ce que Mogador inspire, Essaouira le perpétue à travers le temps et l’action. La ville, privée de salles de cinéma depuis près d’un quart de siècle et qui compte en ouvrir deux prochainement, entend retrouver l’ambiance magique que procure cet art suprême : « Une magie qui n’est pas étrangère à l’histoire cinématographique de Mogador-Essaouira. Dans le temps tout d’abord avec de nombreux tournages dans la ville dès la naissance du cinématographe, avec aussi la création de plusieurs salles de cinéma à l’aune du 20e Siècle. Mais pour Essaouira, la grande histoire commence à la fin des années 40 quand Orson Welles s’y installe pour tourner ‘’Othello’’, un lm d’anthologie qui obtiendra la Palme d’Or du festival de Cannes en 1952, une Palme d’Or à laquelle Orson Welles imposera d’associer Mogador et le Maroc malgré les contraintes du protectorat français encore en place à l’époque », explique André Azoulay, président-fondateur de l’Association Essaouira Mogador. Espérons que le cinéma italien à Mogador tente sa grande marche, prenant rapidement langue avec ce présent qui nage dans le passé, qui barbote dans le futur.
Le cinéma italien est une maladie sans remède, un beau concert qui gangrène les plus fermes mamelles de la création depuis que le cinéma est septième art. Le grave, l’émotionnel, l’amour, le désarroi, l’incompréhension, l’humour, l’introspection, le questionnement, l’improbable, le subjectif… la vie ! Tout y est, dans un contexte où les repères et les valeurs se déchiquettent à vue d’yeux, à battements de coeurs aimants. Et la cité des vents célèbre ces beaux méfaits de l’existence avec émotion et hospitalité, par amour et reconnaissance. Dans le lot de la rencontre « La Dolce Vita à Mogador », les chefs-d’oeuvre s’enchaînent, manquent de s’enlacer, s’acheminent vers un rire sarcastique, celui de leur passé où Hollywood filtre et jette, évalue et incrimine. D’autres cinéastes italiens reprennent le flambeau dans un nouveau navire, celui-ci battant pavillon américain. Mais on s’éloigne de la jetée souirie.
Déroutante assurance
Cette première édition fait appel à Sergio Gobbi comme directeur artistique, cinéaste à la filmographie débordante et à l’appréciation aussi confidentielle que criante. Cet Italien francophone salue l’honneur qui lui est accordé par Essaouira à la lumière d’une sorte de carte blanche, lui qui a tourné dans le royaume en engageant l’actrice marocaine Asmae Khamlichi présente dans ce fairplay pas toujours respecté : un débat, un brin sans thème précis, mettant en scène le cinéaste-vedette de la rencontre entouré d’intervenants à l’approche variablement pesée.
La table ronde s’ouvre sur des affirmations qui survolent le superflu. A commencer par ce cher Gobbi qui évoque le cinéma marocain avec une déroutante assurance sur les chiffres, le nombre de films produits par an et leur programmation « inexistante » à l’étranger. Pourtant, le cinéma marocain a une production de films soutenue depuis des années et leur programmation à l’international -hors festivals- est de plus en plus fréquente. Gobbi propose ensuite que le Maroc organise des semaines de projections privées de films marocains en y invitant des distributeurs européens qui seraient prêts ou pas à les acheter… Dans son sillage, des échanges, des argumentations et des témoignages intéressants mais hachés par une modération sourde, encline à un curieux tempo temporaire.
Le producteur marocain Abdou Achouba se voit ravaler le propos lorsqu’il étale sa nombreuse expérience avec des cinéastes italiens de renom (Bernardo Bertolucci, Ermano Olmi, Giuseppe Tornatore, Francesco Nuti, Ettore Scola, Marco Ferreri…) et sa participation à la série « La Bible » tournée au Maroc. Achouba a certes cette habitude d’essayer de rappeler son existence d’un garçon aujourd’hui âgé de 71 ans dans un univers cinématographique à l’international, au Maroc, par le Maroc, pour le Maroc. Et si c’était lui qui avait raison ?
Temps et action
Ce festival qui s’achemine vers une assise prometteuse, gagne en audace, celle d’une première édition perfectible. Ses organisateurs le savent bien, puisqu’ils ne sont pas à leur premier essai.
Ce que Mogador inspire, Essaouira le perpétue à travers le temps et l’action. La ville, privée de salles de cinéma depuis près d’un quart de siècle et qui compte en ouvrir deux prochainement, entend retrouver l’ambiance magique que procure cet art suprême : « Une magie qui n’est pas étrangère à l’histoire cinématographique de Mogador-Essaouira. Dans le temps tout d’abord avec de nombreux tournages dans la ville dès la naissance du cinématographe, avec aussi la création de plusieurs salles de cinéma à l’aune du 20e Siècle. Mais pour Essaouira, la grande histoire commence à la fin des années 40 quand Orson Welles s’y installe pour tourner ‘’Othello’’, un lm d’anthologie qui obtiendra la Palme d’Or du festival de Cannes en 1952, une Palme d’Or à laquelle Orson Welles imposera d’associer Mogador et le Maroc malgré les contraintes du protectorat français encore en place à l’époque », explique André Azoulay, président-fondateur de l’Association Essaouira Mogador. Espérons que le cinéma italien à Mogador tente sa grande marche, prenant rapidement langue avec ce présent qui nage dans le passé, qui barbote dans le futur.
Anis HAJJAM