L’artiste quitte la Terre pour la scruter en plongée. Il frictionne sa tête d’étoiles et envoie de curieuses ondes à la planète qui le contient depuis près de quatre décennies. Il se rue sur Google Earth pour s’ouvrir un boulevard aérien sur le monde. Des vues qu’il transforme en caresses administrées avec la délicatesse d’une femme désappointée. Il redessine et peint ce que la nature laisse comme espace pour la création.
En intitulant cet agrégat d’oeuvres «Les constellations de la Terre», Saïd Afifi renvoie à la science sa copie, lui signifiant que cette Terre constelle bel et bien lorsqu’on sait la lire… S’armant des avancées technologiques, il remet les pendules à leurre. Tel un pays qui déclassifie des dossiers sensibles restés longtemps secrets, Afifi s’engage à démystifier des prises de vues livrées comme réalités réelles en les triturant sans retenue, avec art. Et puis, nous ne savons pas trop ce qui nous emballe ou intrigue dans la particularité de cette approche. C’est, profondément, tout son intérêt.
Signaux subliminaux
Saïd Afifi est l’un des rares contemporains marocains à honorer le dessin. Il peint aussi, dépeint surtout. A le voir évoluer, on comprend vite qu’en son for intérieur c’est d’une révolution esthétique qu’il est l’esclave. D’où il vient et vers où il s’achemine, ce ne sont pas les préoccupations de son être. Il vit, laisse vivre et récupère les pendants du vécu de chacun, avec ferme discrétion.
De là, il se retire et oublie tout ce qui peut l’influencer, récupère ce qui en découle et laisse dialoguer entre-elles les plus insensées des jubilations. Afifi est un créateur de l’imprévu. Le connaître est une avancée, le fréquenter est un mystère sans cesse renouvelé. Lorsqu’il se gratte l’âme, c’est pour que l’esprit se fraie un chemin vers des signaux quasi subliminaux. En s’y accommodant, il poursuit ses élucubrations, l’oreille attentive, l’oeil à l’écoute.
Grosse incompréhension
Afifi vit longtemps dans sa tête. Ses bases acquises à L’Ecole des Beaux-arts de Tétouan puis son séjour au Studio national des arts contemporains de Tourcoing en France ne font que le libérer des touches académiques, étant persuadé que le futur est un sujet du présent et que le passé est vigoureusement composé. Il y excelle en taisant ses ardeurs, en croyant à la vie pleine. Cet artiste est une grosse incompréhension. Pour lui-même d’abord et pour nous, nombreux autres. Ce qu’il crée par à-coups fait de lui un éternel grand rêveur. Ce qui le met en compétition avec lui-même, comprenant qu’il est son propre adversaire. A la vie à la mort avec une tumultueuse existence entre les deux.
Explorateur de l’immédiat
Ce nouveau travail est une belle exploration de ce qu’on ne voit que par extrême attention. Généralement, lorsqu’on y adhère c’est pour ne plus s’en extraire. Là, on choisit de s’y immiscer, de croire en sa générosité. Ceci n’a de sens que lorsque l’artiste se cogne la création contre l’inspiration. Le multidisciplinaire qui s’offre à nous s’attend-t-il à tel engouement autour de son oeuvre ? Une simple lecture peut-elle induire la certitude ? Il se démultiplie, rejette ressemblance et imitation. Saïd Afifi est définitivement un explorateur de l’immédiat. Il avance, se voyant marcher devant lui. Cet immédiat, il le grave dans le lendemain qu’il façonne à rebonds, se détachant avec ironie de l’avenir. Afifi invente un nouveau langage, s’éloignant de l’humain pour mieux apprivoiser son alentour. Grâce au numérique qu’il tutoie volontiers, l’artiste essaie de pénétrer un univers de plus en plus complexe depuis que la technologie le met à nu.
Il fixe une image, la parcourt d’un oeil tantôt amusé tantôt perplexe et en tire une vision inédite, celle qu’il aurait choisi pour se façonner un coin dans le globe. Un globe certes imaginaire mais tellement réel dans l’approche de l’artiste. Dans les yeux de Afifi, la Terre n’a pas fini de changer d’aspect ni de livrer ses secrets. Encore moins d’arrêter de trembler.
En intitulant cet agrégat d’oeuvres «Les constellations de la Terre», Saïd Afifi renvoie à la science sa copie, lui signifiant que cette Terre constelle bel et bien lorsqu’on sait la lire… S’armant des avancées technologiques, il remet les pendules à leurre. Tel un pays qui déclassifie des dossiers sensibles restés longtemps secrets, Afifi s’engage à démystifier des prises de vues livrées comme réalités réelles en les triturant sans retenue, avec art. Et puis, nous ne savons pas trop ce qui nous emballe ou intrigue dans la particularité de cette approche. C’est, profondément, tout son intérêt.
Signaux subliminaux
Saïd Afifi est l’un des rares contemporains marocains à honorer le dessin. Il peint aussi, dépeint surtout. A le voir évoluer, on comprend vite qu’en son for intérieur c’est d’une révolution esthétique qu’il est l’esclave. D’où il vient et vers où il s’achemine, ce ne sont pas les préoccupations de son être. Il vit, laisse vivre et récupère les pendants du vécu de chacun, avec ferme discrétion.
De là, il se retire et oublie tout ce qui peut l’influencer, récupère ce qui en découle et laisse dialoguer entre-elles les plus insensées des jubilations. Afifi est un créateur de l’imprévu. Le connaître est une avancée, le fréquenter est un mystère sans cesse renouvelé. Lorsqu’il se gratte l’âme, c’est pour que l’esprit se fraie un chemin vers des signaux quasi subliminaux. En s’y accommodant, il poursuit ses élucubrations, l’oreille attentive, l’oeil à l’écoute.
Grosse incompréhension
Afifi vit longtemps dans sa tête. Ses bases acquises à L’Ecole des Beaux-arts de Tétouan puis son séjour au Studio national des arts contemporains de Tourcoing en France ne font que le libérer des touches académiques, étant persuadé que le futur est un sujet du présent et que le passé est vigoureusement composé. Il y excelle en taisant ses ardeurs, en croyant à la vie pleine. Cet artiste est une grosse incompréhension. Pour lui-même d’abord et pour nous, nombreux autres. Ce qu’il crée par à-coups fait de lui un éternel grand rêveur. Ce qui le met en compétition avec lui-même, comprenant qu’il est son propre adversaire. A la vie à la mort avec une tumultueuse existence entre les deux.
Explorateur de l’immédiat
Ce nouveau travail est une belle exploration de ce qu’on ne voit que par extrême attention. Généralement, lorsqu’on y adhère c’est pour ne plus s’en extraire. Là, on choisit de s’y immiscer, de croire en sa générosité. Ceci n’a de sens que lorsque l’artiste se cogne la création contre l’inspiration. Le multidisciplinaire qui s’offre à nous s’attend-t-il à tel engouement autour de son oeuvre ? Une simple lecture peut-elle induire la certitude ? Il se démultiplie, rejette ressemblance et imitation. Saïd Afifi est définitivement un explorateur de l’immédiat. Il avance, se voyant marcher devant lui. Cet immédiat, il le grave dans le lendemain qu’il façonne à rebonds, se détachant avec ironie de l’avenir. Afifi invente un nouveau langage, s’éloignant de l’humain pour mieux apprivoiser son alentour. Grâce au numérique qu’il tutoie volontiers, l’artiste essaie de pénétrer un univers de plus en plus complexe depuis que la technologie le met à nu.
Il fixe une image, la parcourt d’un oeil tantôt amusé tantôt perplexe et en tire une vision inédite, celle qu’il aurait choisi pour se façonner un coin dans le globe. Un globe certes imaginaire mais tellement réel dans l’approche de l’artiste. Dans les yeux de Afifi, la Terre n’a pas fini de changer d’aspect ni de livrer ses secrets. Encore moins d’arrêter de trembler.
Anis HAJJAM