Quelque chose de profond et en même temps de sensuel se dégage de l’oeuvre de Yacout Hamdouch. Énigme. Pourtant, une étrange fluidité accompagne formes et discours, une plastique généreuse et déroutante où la mémoire fait le pied de grue. Un travail aérien laissant s’échapper des éléments d’un tout comme pour mieux le souligner. Un expressionnisme abstrait revu et jamais corrigé, plutôt réapproprié.
Méthodique jusqu’à l’asphyxie, elle est tôt happée par l’univers de l’artiste américain Jackson Pollock : « J’ai été bouleversée par sa maîtrise absolue du chaos, et c’est ce genre de vérité que l’art permet de transmettre, et c’est exactement cela que j’aimerais faire à travers mes oeuvres : transmettre ma vérité », dit-elle. Paradoxalement, elle cite Pollock et fait du Yacout, évoque Nicola Salvatore (son maître) et fait du Yacout, met sur un piédestal la fragilité de l’âme et psalmodie du Yacout.
Force et délicatesse
La vérité que met en avant l’artiste est celle d’un vécu enfoui, celle de souvenirs fragmentés. L’un dans l’autre, elle finit par interpeller le vis-à-vis pour pouvoir plonger dans ses propres entrailles. Elle est force et délicatesse, craintes et amusements. Elle décompose en composant avec poigne. Elle nous prend par la main, nous caresse dans le sens du poil, puis nous abandonne à nos illusions, à nos questionnements, à nos hésitations. C’est que la grâce est là, présente, vivante, virevoltante. A nous de la traverser avec l’ardeur suggérée.
Dans ses réalisations, Yacout Hamdouch déconstruit comme elle se laisse respirer. Le vertical et l’horizontal manquent de s’entrechoquer, choisissent de dialoguer dans un brouhaha muet, dans un élan d’incompréhensions constructives. Est-ce cela qui imprègne sur nos visages un sourire proche de la béatitude ? Compliqué de l’affirmer ou de l’infirmer, nous sommes largement séduits par une approche qui coule d’une source non identifiée, autant dire un nectar. Ici, l’assouvi est maître de cérémonie.
Métaphore médiumnique
Nous avons l’impression que cette jeune femme a vécu avant de naître. Étonnant ? Bien plus que cela. Dans le catalogue de la présentation de l’exposition, nous pouvons lire : « ‘’Bien émouvants sont les souvenirs des souvenirs’’ disait Stanislaw Jerzy Lec. Cette formule du poète polonais évoque avec justesse le travail oxymorique emprunt de modernité nostalgique de l’artiste Yacout Hamdouch. La survivance dans la mémoire, d’une sensation, d’une impression, d’une idée ou d’un événement, c’est tout l’objet des oeuvres de cette artiste. La faculté de se rappeler, de puiser au plus profond de son âme pour tenter de dessiner psychiquement avec minutie les contours de moments passés demande un effort cérébral incontestable. » Bien plus que cela disons-nous.
Yacout est dans la suggestion qui enveloppe même ses récits érotiques. Voilà ce que dit soigneusement la critique Syham Weigant de l’artiste : « Pour évoquer le travail qu’elle vous présente aujourd’hui, Yacout mobilise comme métaphore médiumnique celui de la cartographie. Soit une représentation graphique là-encore spatio-temporelle donnant à voir la situation historique et géographique d’un objet factuel ou contextuel à un instant donné. Pour ma part, je préfère assimiler son univers à ce recueil plus vaste que forme l’Atlas qui comprend une pluralité de ces documents finalement épars et autonomes que sont les tentatives cartographiques. Puisque à cette dualité partielle et partiale induite par les relativismes de l’histoire et de la géographie et que les cartographies tendent à évacuer en prétendant une certaine scientificité, l’Atlas ajoute une troisième dimension qui assume pleinement et revendique sa subjectivité, et elle est politique ou plus précisément et après agrégation aux facteurs spatio-temporels : elle est plus exactement géopolitique! Ce qui induit, non une volonté de duplication ou réplication du monde, ou de son monde, par le seul effort de la représentation mais bien d’avantage, elle nécessite de l’artiste une implication notamment analytique qui croise différentes échelles perceptives ainsi que différents point de vue ou angles de lecture du général au particulier voire aux particularismes. Soit une étude plus approfondie à partir de cette collection cartographiant un même univers et qui en considère diachronie et synchronie, et peut-être même horogenèse. » Une première exposition individuelle qui émane de réminiscences longtemps couvées avec la rigueur subconsciente d’un orfèvre.
Méthodique jusqu’à l’asphyxie, elle est tôt happée par l’univers de l’artiste américain Jackson Pollock : « J’ai été bouleversée par sa maîtrise absolue du chaos, et c’est ce genre de vérité que l’art permet de transmettre, et c’est exactement cela que j’aimerais faire à travers mes oeuvres : transmettre ma vérité », dit-elle. Paradoxalement, elle cite Pollock et fait du Yacout, évoque Nicola Salvatore (son maître) et fait du Yacout, met sur un piédestal la fragilité de l’âme et psalmodie du Yacout.
Force et délicatesse
La vérité que met en avant l’artiste est celle d’un vécu enfoui, celle de souvenirs fragmentés. L’un dans l’autre, elle finit par interpeller le vis-à-vis pour pouvoir plonger dans ses propres entrailles. Elle est force et délicatesse, craintes et amusements. Elle décompose en composant avec poigne. Elle nous prend par la main, nous caresse dans le sens du poil, puis nous abandonne à nos illusions, à nos questionnements, à nos hésitations. C’est que la grâce est là, présente, vivante, virevoltante. A nous de la traverser avec l’ardeur suggérée.
Dans ses réalisations, Yacout Hamdouch déconstruit comme elle se laisse respirer. Le vertical et l’horizontal manquent de s’entrechoquer, choisissent de dialoguer dans un brouhaha muet, dans un élan d’incompréhensions constructives. Est-ce cela qui imprègne sur nos visages un sourire proche de la béatitude ? Compliqué de l’affirmer ou de l’infirmer, nous sommes largement séduits par une approche qui coule d’une source non identifiée, autant dire un nectar. Ici, l’assouvi est maître de cérémonie.
Métaphore médiumnique
Nous avons l’impression que cette jeune femme a vécu avant de naître. Étonnant ? Bien plus que cela. Dans le catalogue de la présentation de l’exposition, nous pouvons lire : « ‘’Bien émouvants sont les souvenirs des souvenirs’’ disait Stanislaw Jerzy Lec. Cette formule du poète polonais évoque avec justesse le travail oxymorique emprunt de modernité nostalgique de l’artiste Yacout Hamdouch. La survivance dans la mémoire, d’une sensation, d’une impression, d’une idée ou d’un événement, c’est tout l’objet des oeuvres de cette artiste. La faculté de se rappeler, de puiser au plus profond de son âme pour tenter de dessiner psychiquement avec minutie les contours de moments passés demande un effort cérébral incontestable. » Bien plus que cela disons-nous.
Yacout est dans la suggestion qui enveloppe même ses récits érotiques. Voilà ce que dit soigneusement la critique Syham Weigant de l’artiste : « Pour évoquer le travail qu’elle vous présente aujourd’hui, Yacout mobilise comme métaphore médiumnique celui de la cartographie. Soit une représentation graphique là-encore spatio-temporelle donnant à voir la situation historique et géographique d’un objet factuel ou contextuel à un instant donné. Pour ma part, je préfère assimiler son univers à ce recueil plus vaste que forme l’Atlas qui comprend une pluralité de ces documents finalement épars et autonomes que sont les tentatives cartographiques. Puisque à cette dualité partielle et partiale induite par les relativismes de l’histoire et de la géographie et que les cartographies tendent à évacuer en prétendant une certaine scientificité, l’Atlas ajoute une troisième dimension qui assume pleinement et revendique sa subjectivité, et elle est politique ou plus précisément et après agrégation aux facteurs spatio-temporels : elle est plus exactement géopolitique! Ce qui induit, non une volonté de duplication ou réplication du monde, ou de son monde, par le seul effort de la représentation mais bien d’avantage, elle nécessite de l’artiste une implication notamment analytique qui croise différentes échelles perceptives ainsi que différents point de vue ou angles de lecture du général au particulier voire aux particularismes. Soit une étude plus approfondie à partir de cette collection cartographiant un même univers et qui en considère diachronie et synchronie, et peut-être même horogenèse. » Une première exposition individuelle qui émane de réminiscences longtemps couvées avec la rigueur subconsciente d’un orfèvre.
Anis HAJJAM