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Maroc-Belgique : Une relation qui aspire à plus d’affinité


Rédigé par Anass MACHLOUKH Lundi 21 Novembre 2022

Rabat et Bruxelles veulent traduite l’excellence des relations politiques par une coopération multidimensionnelle plus avancée. Sollicités par « L’Opinion », des responsables gouvernementaux belges nous exposent les perspectives. Détails.



Maroc-Belgique : Une relation qui aspire à plus d’affinité
Ils sont près de 600.000 Marocains à vivre en Belgique, selon les estimations. Les personnes d’origine marocaine, qu’elles soient porteuses de la nationalité belge ou d’une carte de séjour, constituent 4% de la population belge. C’est dire à quel point les relations entre Rabat et Bruxelles sont étroites et multiformes. « Les relations sont d’autant plus profondes qu’il y a une grande communauté marocaine qui vit en Belgique et qui y est parfaitement intégrée », se félicite le ministre d’Etat belge, André Flahaut, qui s’est confié au micro de « L’Opinion ». Selon le ministre et ex-président de la Chambre des Représentants, Rabat et Bruxelles sont plus que jamais déterminés à passer à la vitesse supérieure dans la perspective d’un partenariat plus solide.

Certes, ils sont adversaires dans la Coupe du Monde qui se tient au Qatar, mais ils sont loin d’avoir une relation pareille en politique, a-t-il dit, sur un ton amusé. Le Maroc et la Belgique entretiennent de bonnes relations actuellement sur fond d’une convergence de vues sur le plan politique et également d’intérêts au niveau économique.

La dernière visite de la ministre des Affaires étrangères d’origine marocaine, Hadja Lahbib, au Maroc a été porteuse d’une bonne nouvelle en affirmant pour la première fois le soutien clair de la Belgique au plan d’autonomie. Un soutien renouvelé quelques semaines plus tard par le président de la Wallonie, Elio De Rupo, qui s’est rendu au Maroc le 9 novembre où il a rencontré le Chef du Gouvernement, Aziz Akhannouch, et plusieurs responsables marocains.

Cette position a beaucoup de signification et d’importance aux yeux du Royaume, selon l’ambassadeur du Maroc en Belgique, Mohammed Ameur. Bruxelles emboîte ainsi le pas aux pays européens ayant fait de même et qui sont de plus en plus nombreux à reconnaître la pertinence de la position marocaine.

Bruxelles veut aller plus loin

Derrière ce soutien à la cause nationale se profile une volonté de rapprochement avec le Maroc, partenaire traditionnel et privilégié de l’Union Européenne. Les deux pays se projettent sur une coopération plus approfondie et plus large, une mission qui incombe désormais à la Haute commission maroco-belge qui se tiendra en 2023. Selon des sources que nous avons consultées, la date précise n’a pas encore été fixée.

Les travaux de la commission devraient, en principe, déboucher sur un nouveau partenariat qui s’étend sur cinq ans. Cette coopération concerne également les gouvernements régionaux. Rabat et la Wallonie, par exemple, sont liés par un partenariat depuis 1999.

En effet, la Haute commission devrait capitaliser sur les acquis de la Mission économique présidée par la Princesse Astrid qui a eu lieu en novembre 2018. La Princesse belge, rappelons-le, y est venue accompagnée de 450 entrepreneurs représentant 30 secteurs et hommes politiques avec l’objectif de booster le business et surtout faire rencontrer les opérateurs économiques des deux pays. Une mission jugée fructueuse puisqu’elle a abouti à la signature d’une vingtaine d’accords sur le commerce et la promotion des IDE belges au Maroc.

Commerce, IDE…le maillon faible

Pour y parvenir, il y a encore du chemin à parcourir. Les échanges commerciaux sont très faibles par rapports aux ambitions affichées. Selon les statistiques les plus récentes du gouvernement belge, le Maroc n’est que le 42ème client de la Belgique avec un volume d’importation qui ne dépasse pas 395,54 millions d’euros, soit 0,25% des exportations belges à l’étranger.

En termes d’exportations, le Maroc est loin d’être un fournisseur de premier plan pour la Belgique, le Royaume est classé à la 51ème place à l’échelle des exportateurs. Les importations belges en provenance du Maroc s’élèvent pour le premier semestre 2021 à 194,49 millions d’€. La balance commerciale en 2021 a penché en faveur de la Belgique pour un montant de 201,04 millions d’€.

Les deux pays semblent, à voir les multiples échanges de délégations d’hommes d’affaires, conscients de la nécessité de faire tourner la machine du négoce. Un objectif assez important pour le gouvernement qui a dépêché le ministre fédéral de l’Économie et du Travail Pierre-Yves Dermagne au Maroc, le 17 mai dernier. Le développement des investissements et la coopération entre les entreprises via les joint-ventures a été au coeur d’une rencontre avec le patron de la CGEM, Chakib Alj.

Les résultats n’ont pas manqué de se faire sentir peu de temps après au sein même de la CGEM. Un investissement de 2 milliards d’euros au Maroc a été annoncé par le groupe de Marocains entrepreneurs du Monde (MeM) de la région flamande en Belgique. Cet investissement, rappelons-le, sera réalisé au cours des 6 à 12 prochains mois.



Anass MACHLOUKH
 

Trois questions à Jean Van Wetter


« L’aide au développement aura tendance à augmenter »
 
Jean Van Wetter, Directeur général de l’Agence belge de développement « Enabel », a répondu à nos questions.


- Peut-on avoir une idée sur le montant de l’aide au développement versée au Maroc par votre agence ?


- Actuellement, nous sommes à 15 millions d’euros d’aide au développement. Cette aide ne se limite pas à cela. La Belgique contribue de manière plus large via d’autres intermédiaires comme les associations et les ONG qui sont financées par des fonds belges. Nous avons un partenariat solide avec le Maroc que nous allons renouveler pour une durée de cinq ans. Nous avons plusieurs champs d’action tels que la paix et la sécurité, le changement climatique, la migration, la réduction des inégalités et la mobilité durable. Mais, nous travaillons toujours sur les priorités des pays partenaires.


- Quels sont vos projets en cours au Maroc ?

- Nous travaillons sur l’agriculture et notamment le développement des cultures traditionnelles qui ont besoin d’améliorer la qualité de production. J’en cite, à titre d’exemple, les dattes dont nous encourageons l’exportation vers le marché belge via des distributeurs agroalimentaires. Nous orientons également notre action vers la gestion des flux migratoires, en accompagnant les cliniques juridiques engagées dans l’accueil des migrants en provenance du Sahel.

Cette démarche s’inscrit dans le cadre du soutien à la stratégie du Maroc pour se positionner en tant que pays d’accueil. Prochainement, nous voulons faire de la transition écologique et du développement de l’énergie solaire un des domaines prioritaires de notre stratégie au Maroc. Le nouveau programme quinquennal de coopération est en cours d’élaboration.


- On parle également de partenariat triangulaire, pouvez-vous nous en dire plus ?

- Il s’agit de mettre en place, en collaboration avec nos partenaires marocains, des projets de développement en Afrique. C’est un partenariat en cours de préparation. Il s’agit, en fait, de tirer profit de l’expérience et de l’expertise marocaines dans les projets de développement en Afrique subsaharienne en y associant des institutions marocaines. Je parle ici de transition industrielle dans certains secteurs comme l’agroalimentaire. Des domaines où l’expérience du Maroc peut être utile pour ses voisins.


Recueillis par A. M.

 








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