Alors que l’exercice « African Lion » touchait à sa fin au son des détonations d’armes de l’artillerie et de l’aviation des forces armées marocaines et américaines dans la région d’Al-Mahbès dans le Sud du Royaume, Madrid était le théâtre d’une réunion des pays de l’Alliance atlantique qui va profondément bouleverser les équilibres géostratégiques du monde dans les années à venir.
Ce Sommet fera date : l’OTAN a signé son retour sur le devant de la scène internationale, revitalisée par la guerre en Ukraine. Et le nouveau «Concept stratégique » adopté par les pays membres lors de cette réunion a clairement identifié les ennemis de l’OTAN : la Russie puis la Chine.
Pour le Maroc, ce nouveau positionnement de l’Alliance est contraignant en vue de sa politique actuelle de neutralité qui lui a permis de maintenir et fructifier son partenariat politique et économique, aussi bien avec les partenaires historiques occidentaux qu’avec la Chine et la Russie.
Le « Concept stratégique » de l’OTAN : prélude à un affrontement inévitable entre les deux blocs ?
Cela dit, une chose est sûre, lors de sa 30ème réunion l’OTAN, qui à la suite de l’éclatement de l’URSS, avait perdu sa boussole, marque son retour en force et retrouve son éclat et sa raison d’être existentielle. Et si les pays membres recherchaient désespérément un motif pour redonner un sens et une unité à l’Alliance, c’est bien Poutine qui a contribué à ressusciter l’OTAN.
D’un coup, en lançant l’attaque contre l’Ukraine, il a dissipé tous les conflits internes et mis fin à toutes les querelles au sein de la famille occidentale. Le président Biden, lui, pointe directement la responsabilité du maître du Kremlin : « Au moment où Poutine fait voler en éclat la paix en Europe, les USA et leurs alliés répondent présents, (…), l’OTAN est plus utile maintenant que jamais pour notre sécurité collective ».
La stratégie de Poutine qui visait à affaiblir l’OTAN et contenir son avancée a finalement eu l’effet inverse : la Suède et la Finlande, deux pays traditionnellement neutres, ont décidé d’intégrer l’Alliance militaire.
Sur le plan stratégique, les USA annoncent vouloir accroître leur présence militaire en Europe et installer une nouvelle base navale en Espagne. Dans une stratégie de montée en puissance, l’OTAN s’apprête aussi à décupler ses forces en passant d’une armée de 40.000 à plus de 300.000 hommes, prêts à être déployés illico presto. Et cette menace est désormais nommément citée : le nouveau « Concept stratégique » de Madrid définit la Russie comme le principal ennemi de l’Alliance. Mais la réponse du Kremlin n’a pas tardé : dénonciation vigoureuse de cet élargissement et menace d’une escalade militaire sur le flanc Nord si des troupes de l’OTAN sont déployées en Finlande et en Suède.
Nonobstant, manifestement, la Russie n’est pas la seule puissance visée par le nouveau concept stratégique de l’OTAN. Pour la première fois, la Chine est pareillement dans la ligne de mire de l’Alliance atlantique (voir Encadré). La montée en puissance de la Chine qui vient de lancer son troisième porte-avions et qui menace d’annexer Taïwan inquiète les pays de l’Alliance. Mais cette nouvelle orientation risque fort de renforcer l’axe Pékin-Moscou et de créer, de fait, un antagonisme entre deux blocs rivaux irréconciliables.
Le Maroc, entre partenariat sécuritaire et neutralité
Dans cet échiquier stratégique mondial, la Russie et la Chine vont probablement essayer d’avancer leurs pions afin de contrer ce nouveau déploiement des forces de l’OTAN qui vise ouvertement à les contenir dans le but de les affaiblir. Tous les signes indiquent qu’une longue bataille stratégique, économique et diplomatique se profile entre les deux blocs nouvellement constitués.
Ainsi, il faut s’attendre à ce que chaque camp sollicite ses alliés et partenaires dans un remake de la guerre froide. C’est probablement dans cette optique que l’Organisation s’est engagée à soutenir davantage ses partenaires du Sud pour renforcer leurs capacités afin de lutter contre la menace terroriste. Même si aucun partenaire n’a été directement cité comme bénéficiaire de cette aide dans la déclaration finale du Sommet de Madrid, la présence du ministre des Affaires étrangères mauritanien comme invité laisse présager que son pays va bénéficier d’un soutien militaire.
Cette coopération, justement militaire, permettra d’endiguer l’expansion du djihadisme dans la région tout en évitant un rapprochement avec la Russie. L’entrée du groupe Wagner dans la zone d’influence française au Mali a permis à Moscou de renforcer sa présence au Sahel, en s’imposant comme le partenaire stratégique principal de la junte militaire malienne.
Pour Ali Lahrichi, Doyen de l’Institut des sciences politiques de l’Université de Mundiapolis, c’est l’influence russe en Afrique qui est visée par l’OTAN : « On peut noter l’allusion directe à la présence du groupe russe Wagner au Mali et en Centrafrique, et aussi aux séparatistes qui sont les alliés des groupes terroristes qui pullulent dans la région depuis une dizaine d’années ».
Pour l’Alliance atlantique, le Maroc est un « partenaire stratégique clé » au niveau du continent africain. Il bénéficie à ce titre d’un programme de coopération visant à contrer les menaces communes (terrorisme, protection des infrastructures énergétiques). Les FAR utilisent, par ailleurs, de l’armement et des équipements militaires fournis en grande partie par des pays de l’OTAN (USA et France). L’OTAN pourrait donc être tentée de demander l’appui du Maroc pour contenir l’influence russe dans la région. D’autant que le voisin et rival du Maroc, l’Algérie, est alignée sur la Russie. Néanmoins, le Maroc qui a fait le choix de diversifier ses partenaires stratégiques, aurait beaucoup à perdre en s’alignant exclusivement sur l’OTAN, au risque de s’aliéner la Russie et la Chine.
Le Maroc a un besoin vital de préserver son partenariat avec l’Occident autant que de développer son partenariat avec la Chine dans son projet de « Route de la soie » et de bénéficier des importations de céréales russes.
Si le Maroc ne remplit pas totalement les conditions pour intégrer l’OTAN (voir Encadré), serait-il avantageux pour le Royaume, en cas de menace majeure pour son intégrité territoriale, de demander son adhésion à l’Alliance ? Il bénéficierait, certes, du parapluie militaire de l’Organisation en cas d’attaque. Mais il perdrait sa souveraineté et sa neutralité qui lui permettent de jouer un rôle de médiateur pour la paix comme lors de la crise du Golfe de 2017. Et d’après les dernières orientations de la diplomatie marocaine, le Maroc continuera certainement à exercer ce rôle de pôle régional de stabilité en Afrique, tout en cherchant à consolider sa coopération sécuritaire dans la région.
Ce Sommet fera date : l’OTAN a signé son retour sur le devant de la scène internationale, revitalisée par la guerre en Ukraine. Et le nouveau «Concept stratégique » adopté par les pays membres lors de cette réunion a clairement identifié les ennemis de l’OTAN : la Russie puis la Chine.
Pour le Maroc, ce nouveau positionnement de l’Alliance est contraignant en vue de sa politique actuelle de neutralité qui lui a permis de maintenir et fructifier son partenariat politique et économique, aussi bien avec les partenaires historiques occidentaux qu’avec la Chine et la Russie.
Le « Concept stratégique » de l’OTAN : prélude à un affrontement inévitable entre les deux blocs ?
Cela dit, une chose est sûre, lors de sa 30ème réunion l’OTAN, qui à la suite de l’éclatement de l’URSS, avait perdu sa boussole, marque son retour en force et retrouve son éclat et sa raison d’être existentielle. Et si les pays membres recherchaient désespérément un motif pour redonner un sens et une unité à l’Alliance, c’est bien Poutine qui a contribué à ressusciter l’OTAN.
D’un coup, en lançant l’attaque contre l’Ukraine, il a dissipé tous les conflits internes et mis fin à toutes les querelles au sein de la famille occidentale. Le président Biden, lui, pointe directement la responsabilité du maître du Kremlin : « Au moment où Poutine fait voler en éclat la paix en Europe, les USA et leurs alliés répondent présents, (…), l’OTAN est plus utile maintenant que jamais pour notre sécurité collective ».
La stratégie de Poutine qui visait à affaiblir l’OTAN et contenir son avancée a finalement eu l’effet inverse : la Suède et la Finlande, deux pays traditionnellement neutres, ont décidé d’intégrer l’Alliance militaire.
Sur le plan stratégique, les USA annoncent vouloir accroître leur présence militaire en Europe et installer une nouvelle base navale en Espagne. Dans une stratégie de montée en puissance, l’OTAN s’apprête aussi à décupler ses forces en passant d’une armée de 40.000 à plus de 300.000 hommes, prêts à être déployés illico presto. Et cette menace est désormais nommément citée : le nouveau « Concept stratégique » de Madrid définit la Russie comme le principal ennemi de l’Alliance. Mais la réponse du Kremlin n’a pas tardé : dénonciation vigoureuse de cet élargissement et menace d’une escalade militaire sur le flanc Nord si des troupes de l’OTAN sont déployées en Finlande et en Suède.
Nonobstant, manifestement, la Russie n’est pas la seule puissance visée par le nouveau concept stratégique de l’OTAN. Pour la première fois, la Chine est pareillement dans la ligne de mire de l’Alliance atlantique (voir Encadré). La montée en puissance de la Chine qui vient de lancer son troisième porte-avions et qui menace d’annexer Taïwan inquiète les pays de l’Alliance. Mais cette nouvelle orientation risque fort de renforcer l’axe Pékin-Moscou et de créer, de fait, un antagonisme entre deux blocs rivaux irréconciliables.
Le Maroc, entre partenariat sécuritaire et neutralité
Dans cet échiquier stratégique mondial, la Russie et la Chine vont probablement essayer d’avancer leurs pions afin de contrer ce nouveau déploiement des forces de l’OTAN qui vise ouvertement à les contenir dans le but de les affaiblir. Tous les signes indiquent qu’une longue bataille stratégique, économique et diplomatique se profile entre les deux blocs nouvellement constitués.
Ainsi, il faut s’attendre à ce que chaque camp sollicite ses alliés et partenaires dans un remake de la guerre froide. C’est probablement dans cette optique que l’Organisation s’est engagée à soutenir davantage ses partenaires du Sud pour renforcer leurs capacités afin de lutter contre la menace terroriste. Même si aucun partenaire n’a été directement cité comme bénéficiaire de cette aide dans la déclaration finale du Sommet de Madrid, la présence du ministre des Affaires étrangères mauritanien comme invité laisse présager que son pays va bénéficier d’un soutien militaire.
Cette coopération, justement militaire, permettra d’endiguer l’expansion du djihadisme dans la région tout en évitant un rapprochement avec la Russie. L’entrée du groupe Wagner dans la zone d’influence française au Mali a permis à Moscou de renforcer sa présence au Sahel, en s’imposant comme le partenaire stratégique principal de la junte militaire malienne.
Pour Ali Lahrichi, Doyen de l’Institut des sciences politiques de l’Université de Mundiapolis, c’est l’influence russe en Afrique qui est visée par l’OTAN : « On peut noter l’allusion directe à la présence du groupe russe Wagner au Mali et en Centrafrique, et aussi aux séparatistes qui sont les alliés des groupes terroristes qui pullulent dans la région depuis une dizaine d’années ».
Pour l’Alliance atlantique, le Maroc est un « partenaire stratégique clé » au niveau du continent africain. Il bénéficie à ce titre d’un programme de coopération visant à contrer les menaces communes (terrorisme, protection des infrastructures énergétiques). Les FAR utilisent, par ailleurs, de l’armement et des équipements militaires fournis en grande partie par des pays de l’OTAN (USA et France). L’OTAN pourrait donc être tentée de demander l’appui du Maroc pour contenir l’influence russe dans la région. D’autant que le voisin et rival du Maroc, l’Algérie, est alignée sur la Russie. Néanmoins, le Maroc qui a fait le choix de diversifier ses partenaires stratégiques, aurait beaucoup à perdre en s’alignant exclusivement sur l’OTAN, au risque de s’aliéner la Russie et la Chine.
Le Maroc a un besoin vital de préserver son partenariat avec l’Occident autant que de développer son partenariat avec la Chine dans son projet de « Route de la soie » et de bénéficier des importations de céréales russes.
Si le Maroc ne remplit pas totalement les conditions pour intégrer l’OTAN (voir Encadré), serait-il avantageux pour le Royaume, en cas de menace majeure pour son intégrité territoriale, de demander son adhésion à l’Alliance ? Il bénéficierait, certes, du parapluie militaire de l’Organisation en cas d’attaque. Mais il perdrait sa souveraineté et sa neutralité qui lui permettent de jouer un rôle de médiateur pour la paix comme lors de la crise du Golfe de 2017. Et d’après les dernières orientations de la diplomatie marocaine, le Maroc continuera certainement à exercer ce rôle de pôle régional de stabilité en Afrique, tout en cherchant à consolider sa coopération sécuritaire dans la région.
Nizar DERDABI
L'info...Graphie
Stratégie
Les USA et la nouvelle croisade contre la Chine
Si la guerre en Ukraine a sorti l’Alliance de sa torpeur, les USA, en chef de file de l’OTAN, ont profité de ce contexte de retour des conflits de haute intensité pour imposer aux pays membres de l’Organisation de les soutenir dans leur rivalité militaire croissante avec la Chine.
Alors que depuis la présidence de Barack Obama, la Chine est considérée comme priorité stratégique des USA, la guerre en Ukraine a provoqué un réengagement militaire américain en Europe.
Cependant, pour Washington, la véritable menace à plus long terme est représentée par la Chine. Les USA sont parvenus à présenter la Chine comme un « défi stratégique » dans la déclaration finale du Sommet de l’OTAN, alors que la Russie est décrite comme « menace stratégique ». Mais il s’agit déjà d’une victoire pour les USA car ils ont réussi à recruter l’Europe dans leur croisade contre la Chine.
Alors que depuis la présidence de Barack Obama, la Chine est considérée comme priorité stratégique des USA, la guerre en Ukraine a provoqué un réengagement militaire américain en Europe.
Cependant, pour Washington, la véritable menace à plus long terme est représentée par la Chine. Les USA sont parvenus à présenter la Chine comme un « défi stratégique » dans la déclaration finale du Sommet de l’OTAN, alors que la Russie est décrite comme « menace stratégique ». Mais il s’agit déjà d’une victoire pour les USA car ils ont réussi à recruter l’Europe dans leur croisade contre la Chine.
Focus
Critères d’adhésion à l’OTAN
Pour intégrer l’Alliance atlantique, selon l’article 10 du Traité de l’Organisation, l’État qui désire adhérer doit être un “État européen susceptible de favoriser le développement des principes du présent Traité et de contribuer à la sécurité de la région de l’Atlantique Nord”. Même si les USA et le Canada ne se trouvent pas sur le continent européen, ils ont fait partie des 12 États fondateurs de l’Organisation et sont donc les seuls à bénéficier de cette exception. En outre, l’État candidat doit satisfaire les critères suivants :
• Avoir un système politique démocratique et reposant sur une économie de marché ;
• Traiter les populations minoritaires de manière équitable ;
• S’engager à régler les confits de manière pacifique ;
• Être désireux d’apporter une contribution militaire aux opérations de l’OTAN ;
• Être attaché au caractère démocratique des relations entre les civils, les militaires et les institutions.
• Avoir un système politique démocratique et reposant sur une économie de marché ;
• Traiter les populations minoritaires de manière équitable ;
• S’engager à régler les confits de manière pacifique ;
• Être désireux d’apporter une contribution militaire aux opérations de l’OTAN ;
• Être attaché au caractère démocratique des relations entre les civils, les militaires et les institutions.
Si ces critères sont remplis, les pays intéressés ne pourront adhérer à l’Organisation que si tous les pays membres acceptent leur candidature. Si un pays impose son veto, comme l’avait fait la Turquie contre l’adhésion de la Suède et la Finlande avant de le retirer, la procédure est refusée.
Les experts s’attendent néanmoins à une modification de la règle sur l’appartenance au continent européen qui permettrait au Japon ou à la Corée du Sud une adhésion à l’OTAN en cas de menace chinoise.
Les experts s’attendent néanmoins à une modification de la règle sur l’appartenance au continent européen qui permettrait au Japon ou à la Corée du Sud une adhésion à l’OTAN en cas de menace chinoise.
3 questions à Ali Lahrichi, Doyen de l’Institut des Sciences politiques, juridiques et sociales à l’Université Mundiapolis
« Le Maroc va garder sa neutralité positive tout en condamnant les actes qui vont à l’encontre du droit international »
- Quel regard portez-vous sur le nouveau Concept stratégique de l’OTAN, convenu lors de la réunion de Madrid, qui présente la Russie comme la menace la plus significative pour ses membres et qui définit la zone d’Afrique subsaharienne comme un espace à risque pour la sécurité régionale ?
- Le nouveau Concept stratégique de l’OTAN 2022 adopté lors du Sommet de Madrid énonce clairement la nouvelle feuille de route de l’Organisation pour les dix années à venir.
Ce document s’inscrit parfaitement dans le principe qui préside à l’Alliance, notamment celui d’assumer les trois missions fondamentales que sont : la dissuasion et la défense, la prévention et la gestion des crises, et la sécurité coopérative. Et ce, au regard de l’évolution de l’environnement stratégique et des défis de sécurité de ce nouveau siècle.
A ce titre, cette feuille de route stratégique met explicitement une nouvelle cartographie du Nouvel Ordre Mondial en plaçant la Russie sous les feux de la rampe et en la qualifiant comme suit : « La Fédération de Russie constitue la menace la plus importante et la plus directe pour la sécurité des Alliés et pour la paix et la stabilité dans la zone euro-atlantique ».
Par ailleurs, l’OTAN considère que cette menace est accentuée par la position de la Chine et le « flou de sa stratégie » qui se décline selon ledit concept à travers plusieurs actions, notamment : « Le resserrement du partenariat stratégique entre la République populaire de Chine et la Fédération de Russie ». Pour ce qui est de la Zone d’Afrique subsaharienne, l’OTAN est consciente des enjeux majeurs qui se jouent aux frontières des territoires de l’Alliance et de leurs portées sur la sécurité régionale et celles de ses membres.
- Pensez-vous que, dans le contexte géopolitique actuel, le Maroc devrait s’aligner sur l’OTAN ou garder sa neutralité ?
- Tout d’abord, il faut préciser que la coopération entre le Maroc et l’OTAN remonte à 1995 à travers le Partenariat Méditerranéen de l’OTAN, et le Royaume est décrit par cette Organisation comme un «partenaire stratégique clé». Toutefois, le Maroc, acteur incontournable dans son environnement régional, continental et aussi international, à qui incombe un rôle déterminant et majeur dans le maintien de la sécurité et la stabilité de la région, va à mon sens garder sa neutralité positive tout en condamnant les actes qui vont à l’encontre du droit international et en consolidant sa politique de lutte contre le terrorisme et la lutte contre l’immigration clandestine.
- Peut-on envisager une adhésion du Maroc à l’OTAN ? Et quelles seraient les conditions pour le Maroc pour adhérer à cette Organisation ?
- Je ne pense pas que le Maroc va adhérer à l’OTAN, toutefois, il va renforcer sa coopération avec l’Organisation transatlantique pour la sécurité collective et le maintien de la paix.
- Le nouveau Concept stratégique de l’OTAN 2022 adopté lors du Sommet de Madrid énonce clairement la nouvelle feuille de route de l’Organisation pour les dix années à venir.
Ce document s’inscrit parfaitement dans le principe qui préside à l’Alliance, notamment celui d’assumer les trois missions fondamentales que sont : la dissuasion et la défense, la prévention et la gestion des crises, et la sécurité coopérative. Et ce, au regard de l’évolution de l’environnement stratégique et des défis de sécurité de ce nouveau siècle.
A ce titre, cette feuille de route stratégique met explicitement une nouvelle cartographie du Nouvel Ordre Mondial en plaçant la Russie sous les feux de la rampe et en la qualifiant comme suit : « La Fédération de Russie constitue la menace la plus importante et la plus directe pour la sécurité des Alliés et pour la paix et la stabilité dans la zone euro-atlantique ».
Par ailleurs, l’OTAN considère que cette menace est accentuée par la position de la Chine et le « flou de sa stratégie » qui se décline selon ledit concept à travers plusieurs actions, notamment : « Le resserrement du partenariat stratégique entre la République populaire de Chine et la Fédération de Russie ». Pour ce qui est de la Zone d’Afrique subsaharienne, l’OTAN est consciente des enjeux majeurs qui se jouent aux frontières des territoires de l’Alliance et de leurs portées sur la sécurité régionale et celles de ses membres.
- Pensez-vous que, dans le contexte géopolitique actuel, le Maroc devrait s’aligner sur l’OTAN ou garder sa neutralité ?
- Tout d’abord, il faut préciser que la coopération entre le Maroc et l’OTAN remonte à 1995 à travers le Partenariat Méditerranéen de l’OTAN, et le Royaume est décrit par cette Organisation comme un «partenaire stratégique clé». Toutefois, le Maroc, acteur incontournable dans son environnement régional, continental et aussi international, à qui incombe un rôle déterminant et majeur dans le maintien de la sécurité et la stabilité de la région, va à mon sens garder sa neutralité positive tout en condamnant les actes qui vont à l’encontre du droit international et en consolidant sa politique de lutte contre le terrorisme et la lutte contre l’immigration clandestine.
- Peut-on envisager une adhésion du Maroc à l’OTAN ? Et quelles seraient les conditions pour le Maroc pour adhérer à cette Organisation ?
- Je ne pense pas que le Maroc va adhérer à l’OTAN, toutefois, il va renforcer sa coopération avec l’Organisation transatlantique pour la sécurité collective et le maintien de la paix.
Recueillis par N. D.