Le soleil s’est levé à Marrakech, Othmane, « hlayqi » de son état (animateur de spectacles) qui, accompagné de son singe dompté, fait chaque jour son show à la Place Jamaâ El Fna, se prépare pour sortir. «Il y a des touristes qui préfèrent se balader très tôt le matin pour prendre de belles photos seuls dans la Place, moi j’en profite pour leur proposer des images avec mon singe», nous confie ce trentenaire selon qui la situation retrouve graduellement son rythme normal. «Après le drame, il y a des touristes qui ont quitté la ville par peur, d’autres sont restés ici, ce qui est tout à fait normal. Mais l’essentiel, c’est que le tourisme en général se porte bien», nous déclare-t-il, le sourire au visage.
En effet, dans la Cité ocre, plusieurs Riads et hôtels ont enregistré des interruptions de séjours ou des annulations de réservations, mais parallèlement le flux des nouveaux bookings continue. Avec plus de 450 vols par semaine, soit plus de 12.000 passagers dont la majorité sont des touristes, certains établissements touristiques s’attendent à faire un comble, malgré la tragédie d’Al-Haouz. «Notre première préoccupation est de rassurer les clients en leur expliquant que la destination a conservé tout son charme. Il n’est donc pas le moment de déserter le Maroc», nous déclare Samuel Roure, Président de l’association des maisons d’hôtes, notant que pour éviter la baisse des réservations, les professionnels ont dû baisser légèrement les prix. «L’espace aérien est ouvert, les trains circulent, les routes sont praticables, les souks sont ouverts, la plupart des musées aussi… Marrakech est opérationnelle», ajoute Roure sur un ton rassurant. La ville tourne effectivement à merveille. Ses ruelles étroites, bordées de boutiques aux échoppes colorées et parfumées des épices de tous genres, sont remplies de clients. A Jamaâ El Fna, la musique n’est, certes, pas au rendez-vous par respect pour les défuntes victimes du séisme, mais les spectacles sont bien là. Dans les Jardins de Majorelle, l’afflux des touristes, surtout étrangers, souhaitant profiter d’un moment de calme et de sérénité, est massif. «Nous sommes tristes pour nos concitoyens décédés, mais nous essayons de dépasser cet événement tragique. Tout est normal à Marrakech, mise à part l’ancienne médina», nous déclare un jeune couple de Casablanca.
En effet, dans la Cité ocre, plusieurs Riads et hôtels ont enregistré des interruptions de séjours ou des annulations de réservations, mais parallèlement le flux des nouveaux bookings continue. Avec plus de 450 vols par semaine, soit plus de 12.000 passagers dont la majorité sont des touristes, certains établissements touristiques s’attendent à faire un comble, malgré la tragédie d’Al-Haouz. «Notre première préoccupation est de rassurer les clients en leur expliquant que la destination a conservé tout son charme. Il n’est donc pas le moment de déserter le Maroc», nous déclare Samuel Roure, Président de l’association des maisons d’hôtes, notant que pour éviter la baisse des réservations, les professionnels ont dû baisser légèrement les prix. «L’espace aérien est ouvert, les trains circulent, les routes sont praticables, les souks sont ouverts, la plupart des musées aussi… Marrakech est opérationnelle», ajoute Roure sur un ton rassurant. La ville tourne effectivement à merveille. Ses ruelles étroites, bordées de boutiques aux échoppes colorées et parfumées des épices de tous genres, sont remplies de clients. A Jamaâ El Fna, la musique n’est, certes, pas au rendez-vous par respect pour les défuntes victimes du séisme, mais les spectacles sont bien là. Dans les Jardins de Majorelle, l’afflux des touristes, surtout étrangers, souhaitant profiter d’un moment de calme et de sérénité, est massif. «Nous sommes tristes pour nos concitoyens décédés, mais nous essayons de dépasser cet événement tragique. Tout est normal à Marrakech, mise à part l’ancienne médina», nous déclare un jeune couple de Casablanca.
Vigilance à tous les niveaux
«Pendant cette période, la plus grande menace ce sont les fake news», déplore Mohamed Benmansour, SG de la Fédération Nationale du Transport Touristique (FNTT). Les images des zones sinistrées et des populations en détresse envahissent les réseaux sociaux et les médias, ce qui risque de coûter cher à l’image de la destination. Dans ce sens, Fatim-Zahra Ammor, ministre du Tourisme, de l’Artisanat et de l’Economie sociale et solidaire, a tenu une réunion avec les principaux représentants du secteur, durant laquelle il a été décidé de lutter contre la propagation de fausses informations concernant le Maroc en adoptant des messages cohérents, « qui reflètent les véritables efforts déployés tout en mettant en avant la confiance exprimée par les partenaires internationaux à l’égard de la destination ». La ministre a appelé les hôteliers à inspecter leurs bâtiments et prendre le cas échéant les mesures requises pour les mettre en conformité aux normes de sécurité. Une initiative dont l’objectif est sécuritaire, mais qui envoie des messages positifs aux touristes. « Au début, nous étions réticents. On ne savait pas s’il fallait maintenir notre séjour, mais on a été rassuré et on a décidé de contribuer un petit peu, à notre niveau, au tourisme de Marrakech en cette période de crise », nous confie une touriste française, qui a même décidé de prolonger son séjour.
«Nous sommes arrivés à Marrakech après le séisme. Nos parents essayaient de nous convaincre de ne pas venir, mais nous sommes venus quand même et nous ne le regrettons pas», nous déclarent deux touristes en provenance de la Suède.
«Nous sommes arrivés à Marrakech après le séisme. Nos parents essayaient de nous convaincre de ne pas venir, mais nous sommes venus quand même et nous ne le regrettons pas», nous déclarent deux touristes en provenance de la Suède.
Espoir dans les Assemblées annuelles BM-FMI
« La plus grande garantie dont nous disposons aujourd’hui, c’est la tenue, en octobre, des Assemblées annuelles de la Banque Mondiale et du Fonds Monétaire International à Marrakech», souligne Mohamed Benmansour, assurant que, pour l’instant, les réservations faites dans ce sens n’ont pas été annulées. «Ceci rassure les opérateurs, notamment le secteur du transport touristique», conclut-il. Sur cette question, Kristalina Georgieva, directrice générale du FMI, a révélé, dans une interview à Reuters, que son institution et la Banque Mondiale décideront lundi de poursuivre ou non leurs Assemblées annuelles en octobre au Maroc, et ce, après avoir achevé un examen approfondi de la capacité du Royaume à accueillir ces réunions. Les professionnels et les responsables du gouvernement sont optimistes à ce sujet, les habitants aussi. A Marrakech, malgré le deuil, la confiance en l’avenir prend place petit à petit.
3 questions à Samuel Roure « Venir ici est la meilleure façon de soutenir le Maroc et l’économie de la Cité ocre »
Samuel Roure, président de l’Association des maisons d’hôtes de Marrakech, Essaouira et Ouarzazate, a bien voulu répondre à nos questions sur la situation touristique après le séisme.
Comment avez-vous vécu le tremblement de terre ?
Comme tout le monde, nous avons eu très peur. Il nous a fallu quelques secondes pour réaliser ce que c’était. Les quatre ou cinq secondes qu’a duré la secousse paraissaient interminables. Mais, heureusement, nous sommes sortis du bâtiment le plus vite possible.
Dans quelle mesure le séisme a impacté les établissements touristiques ?
Pour les 2000 établissements qui font partie du réseau de l’Association des maisons d’hôtes de Marrakech, Essaouira et Ouarzazate, on constate parmi nos adhérents entre 10 et 70% d’annulations. Je dirai que nous sommes en moyenne à 40% d’annulations en septembre. Pour ce qui est du mois suivant (octobre), la courbe des annulations semble relativement plus stable avec environ 20% d’annulations à l'échelon de nos adhérents.
Mais il faut savoir qu’on a déjà commencé à avoir de nouvelles réservations pour novembre, décembre et même pour le début 2024. Le message qu’on veut faire passer est qu’il faut venir dès cette année parce que la vie maintenant à Marrakech est redevenue normale. Tout fonctionne correctement, les aéroports, les gares, les routes, les musées, les souks…etc.
Est-ce qu'il y aura des réductions de tarifs pour attirer les gens et les encourager à vaincre leur réticence ?
Il est clair qu’en cas de baisse de la demande, les prix vont certainement suivre. Ce n’est pas un scénario souhaitable pour nous, puisque nous ne recommandons pas à nos adhérents de casser les prix vu que pour les touristes, la décision de venir à Marrakech n’est pas motivée essentiellement par les prix des nuitées. Les gens, soit ils foncent sans craindre, soit ils ont peur et préfèrent ne pas venir. Mais, en général, il y aura forcément des baisses de tarifs et des remises.
Les gens qui sont encore réticents doivent savoir que venir ici est la meilleure façon de soutenir le Maroc et l’économie de la Cité ocre.
Comme tout le monde, nous avons eu très peur. Il nous a fallu quelques secondes pour réaliser ce que c’était. Les quatre ou cinq secondes qu’a duré la secousse paraissaient interminables. Mais, heureusement, nous sommes sortis du bâtiment le plus vite possible.
Dans quelle mesure le séisme a impacté les établissements touristiques ?
Pour les 2000 établissements qui font partie du réseau de l’Association des maisons d’hôtes de Marrakech, Essaouira et Ouarzazate, on constate parmi nos adhérents entre 10 et 70% d’annulations. Je dirai que nous sommes en moyenne à 40% d’annulations en septembre. Pour ce qui est du mois suivant (octobre), la courbe des annulations semble relativement plus stable avec environ 20% d’annulations à l'échelon de nos adhérents.
Mais il faut savoir qu’on a déjà commencé à avoir de nouvelles réservations pour novembre, décembre et même pour le début 2024. Le message qu’on veut faire passer est qu’il faut venir dès cette année parce que la vie maintenant à Marrakech est redevenue normale. Tout fonctionne correctement, les aéroports, les gares, les routes, les musées, les souks…etc.
Est-ce qu'il y aura des réductions de tarifs pour attirer les gens et les encourager à vaincre leur réticence ?
Il est clair qu’en cas de baisse de la demande, les prix vont certainement suivre. Ce n’est pas un scénario souhaitable pour nous, puisque nous ne recommandons pas à nos adhérents de casser les prix vu que pour les touristes, la décision de venir à Marrakech n’est pas motivée essentiellement par les prix des nuitées. Les gens, soit ils foncent sans craindre, soit ils ont peur et préfèrent ne pas venir. Mais, en général, il y aura forcément des baisses de tarifs et des remises.
Les gens qui sont encore réticents doivent savoir que venir ici est la meilleure façon de soutenir le Maroc et l’économie de la Cité ocre.
Bilan touristique : Une année record pour Marrakech
Cette année, la dynamique touristique de la ville de Marrakech a beaucoup évolué. En termes de nuitées touristiques dans toute la région, elles ont atteint 707.638 au cours du mois de juin 2023, contre 658.715 en juin 2019 (+7%). Le cumul à fin juin est passé de 3.967.857 nuitées en 2019 à 4.388.053 en 2023 (+11%). Parmi ces nuitées, une part de 75% a été réalisée par le tourisme international et 25% par le tourisme national. Les trois premiers marchés dominants sont le marché français (26%), suivi du marché national (25%) et du marché britannique (16%). Les meilleures performances des marchés émetteurs ont été réalisées par le Royaume-Uni, l’Espagne et les États-Unis qui ont connu une hausse de 36% pour les deux premiers, et de 12% pour le marché américain, et ce, comparativement à juin 2019. À fin juin 2023, les arrivées à l’aéroport de Marrakech-Ménara ont atteint 1.651.949, contre 1.487.308 passagers pour la même période de 2019, ce qui représente une évolution de 11,29%.
UNESCO : Principaux sites historiques touchés
Au lendemain du séisme, une mission d’experts de l’UNESCO s’est rendue à Marrakech pour une première constatation des dégâts dans la médina, inscrite depuis 1985 sur la Liste du patrimoine mondial de l’organisation. Les constats de l’organisation onusienne font ressortir que les plus grands dégâts dans la Cité ocre concernent aussi bien l’ancienne médina que ses alentours. Le minaret de la mosquée Kharbouch, sur la Place Jemaa El Fna, a été presque entièrement détruit, tandis que le minaret de la Koutoubia présente des fissures importantes. De nombreuses maisons de l’ancien quartier juif du Mellah se sont effondrées et les remparts de la vieille ville sont eux aussi touchés en de multiples endroits.
Plus loin dans la province de Ouarzazate, le Ksar Aït Ben Haddou, inscrit depuis 1987 sur la Liste du patrimoine mondial, compte plusieurs bâtiments fissurés. Dans la province d’Al-Haouz, épicentre du séisme, la mosquée de Tinmel – située à 100 km au Sud-Est de la ville de Marrakech, sur la route de Taroudant, à une altitude d'environ 1.230 m – a été presque entièrement détruite. L’UNESCO a exprimé, dans ce sens, sa pleine confiance en les professionnels marocains pour pallier à l’urgence et prendre les mesures nécessaires. « Le Maroc dispose en effet d’une solide expertise dans la protection et la réhabilitation du patrimoine », a ajouté l’institution, précisant qu’elle est prête à soutenir les autorités marocaines, si nécessaire.
Plus loin dans la province de Ouarzazate, le Ksar Aït Ben Haddou, inscrit depuis 1987 sur la Liste du patrimoine mondial, compte plusieurs bâtiments fissurés. Dans la province d’Al-Haouz, épicentre du séisme, la mosquée de Tinmel – située à 100 km au Sud-Est de la ville de Marrakech, sur la route de Taroudant, à une altitude d'environ 1.230 m – a été presque entièrement détruite. L’UNESCO a exprimé, dans ce sens, sa pleine confiance en les professionnels marocains pour pallier à l’urgence et prendre les mesures nécessaires. « Le Maroc dispose en effet d’une solide expertise dans la protection et la réhabilitation du patrimoine », a ajouté l’institution, précisant qu’elle est prête à soutenir les autorités marocaines, si nécessaire.