Afin de remédier au déficit abyssal des médecins dans le secteur public, le ministère de l'Enseignement supérieur a décidé de réduire la durée de formation des généralistes à six ans au lieu de sept ans. Une des recommandations du Nouveau Modèle de Développement. Loin d'approuver ou de récuser cette mesure, les experts du domaine demeurent prudents et appellent à faire la part des choses. Tel est le cas de Jaâfar Heikel, professeur de médecine et docteur en économie de la santé. Contacté par nos soins, le Doyen de la Faculté des Sciences de la Santé de l'Université Internationale de Casablanca, estime que cette mesure peut s'avérer utile, mais sous conditions. En ce qui concerne la formation des médecins généralistes, six ans peuvent suffire à condition que les prochains médecins fassent deux ans supplémentaires dans la pratique de la médecine de famille pour obtenir leur doctorat.
Par contre, dans les cas de spécialité, Jaâfar Heikel juge judicieux que la durée de formation varie de trois à cinq ans, selon le cursus choisi. « Le titre de médecin de famille doit correspondre à un bac+8 tandis que les spécialistes doivent correspondre à un BC+9 ou un BAC+12, en fonction des branches », a-t-il expliqué.
La question qui se pose est de savoir si la réduction de la durée de formation n'aurait nul impact sur les compétences des prochains lauréats des facultés de médecine. « Ce qui importe ce n'est pas la durée, mais la qualité de l'enseignement », opine M. Heikel, qui insiste sur le fait que le médecin généraliste ait un BAC+8 en fin de parcours. « Si le parcours des six ans d'études prévoit les modules nécessaires et si le médecin complète sa formation par deux ans supplémentaires dans la médecine de famille, je ne vois pas d'inconvénients à la décision du ministère de tutelle", a-t-il poursuivi.
Ceci dit, il serait insuffisant, selon notre interlocuteur, de réduire la durée des études à six ans sans y ajouter une expérience professionnelle dans la médecine de famille. Une condition indispensable pour obtenir le doctorat.
En effet, le ministre de tutelle Abdellatif Miraoui a justifié sa décision par la nécessité d'augmenter le nombre des médecins afin de faire face à la pénurie dont souffre le système de santé marocain. Force est de constater que l'hôpital public marocain enregistre un déficit de 32522 médecins et de 65.044 infirmiers. Ceci fait qu'on est à 1,7 personnel médical pour 1000 habitants alors que l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) exige une moyenne de 4,45 pour chaque 1000 habitants. Le Maroc doit donc se rattraper pour fournir 2,75 cadres médicaux supplémentaires pour 1000 habitants.
Aux yeux de Jaâfar Heikel, la réduction de la durée de formation ne suffit pas à elle seule pour régler les problèmes dont souffre le système de santé marocain. Le plus important est de promouvoir les capacités de formation des facultés de médecine du Royaume, en augmentant le nombre des lauréats. « L'enjeu principal à mes yeux est d'augmenter l'accessibilité des facultés de médecine », a-t-il plaidé, rappelant que le Maroc reste loin de l'objectif de former 3300 médecins par an. Un objectif que s'est fixé le gouvernement de Driss Jettou en 2007 et qui n'a jamais été atteint depuis lors. Rappelons, à cet égard, que les facultés de médecine du Royaume ne forment que 1900 médecins annuellement. Un chiffre jugé dérisoire.
Le ministère de l'Enseignement supérieur a décidé d'augmenter les places pédagogiques aussi bien pour les facultés de médecine générale que celles de médecine dentaire. C'est ce qu'a fait savoir le département d'Abdellatif Miraoui dans la lettre envoyée à l'ensemble des présidents des universités publiques. Dans cette lettre, le ministre a cité plusieurs objectifs, à savoir l'atteinte des standards de l'OMS en termes de densité de personnel soignant, tel que prôné par le Nouveau Modèle de Développement. En effet, le NMD affiche l'ambition d'atteindre une densité de personnel soignant de 4,5 pour 1 000 habitants en 2035. Cela dépend de la capacité du Maroc à former, en moyenne, 3.600 médecins et 7.100 infirmiers chaque année.
Pour ce faire, le rapport de Chakib Benmoussa préconise de renforcer les capacités d'accueil des facultés de médecine et des CHU de sorte que chaque région du Royaume dispose d'une faculté de renommée et d'un CHU digne de ce nom.
En se préparant à former davantage de médecins dans les années qui viennent, le gouvernement compte améliorer l'attractivité de l'hôpital public afin d'éviter la fuite des cadres. Il suffit de constater que chaque année, plus de 7000 médecins quittent le Maroc pour aller s'installer dans d'autres pays tels que le Canada ou la France. Actuellement, l'Exécutif est en cours de préparation de la nouvelle loi relative à la fonction publique de Santé, un texte censé apporter de nouvelles motivations et incitations à la performance.
Par contre, dans les cas de spécialité, Jaâfar Heikel juge judicieux que la durée de formation varie de trois à cinq ans, selon le cursus choisi. « Le titre de médecin de famille doit correspondre à un bac+8 tandis que les spécialistes doivent correspondre à un BC+9 ou un BAC+12, en fonction des branches », a-t-il expliqué.
La question qui se pose est de savoir si la réduction de la durée de formation n'aurait nul impact sur les compétences des prochains lauréats des facultés de médecine. « Ce qui importe ce n'est pas la durée, mais la qualité de l'enseignement », opine M. Heikel, qui insiste sur le fait que le médecin généraliste ait un BAC+8 en fin de parcours. « Si le parcours des six ans d'études prévoit les modules nécessaires et si le médecin complète sa formation par deux ans supplémentaires dans la médecine de famille, je ne vois pas d'inconvénients à la décision du ministère de tutelle", a-t-il poursuivi.
Ceci dit, il serait insuffisant, selon notre interlocuteur, de réduire la durée des études à six ans sans y ajouter une expérience professionnelle dans la médecine de famille. Une condition indispensable pour obtenir le doctorat.
En effet, le ministre de tutelle Abdellatif Miraoui a justifié sa décision par la nécessité d'augmenter le nombre des médecins afin de faire face à la pénurie dont souffre le système de santé marocain. Force est de constater que l'hôpital public marocain enregistre un déficit de 32522 médecins et de 65.044 infirmiers. Ceci fait qu'on est à 1,7 personnel médical pour 1000 habitants alors que l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) exige une moyenne de 4,45 pour chaque 1000 habitants. Le Maroc doit donc se rattraper pour fournir 2,75 cadres médicaux supplémentaires pour 1000 habitants.
Aux yeux de Jaâfar Heikel, la réduction de la durée de formation ne suffit pas à elle seule pour régler les problèmes dont souffre le système de santé marocain. Le plus important est de promouvoir les capacités de formation des facultés de médecine du Royaume, en augmentant le nombre des lauréats. « L'enjeu principal à mes yeux est d'augmenter l'accessibilité des facultés de médecine », a-t-il plaidé, rappelant que le Maroc reste loin de l'objectif de former 3300 médecins par an. Un objectif que s'est fixé le gouvernement de Driss Jettou en 2007 et qui n'a jamais été atteint depuis lors. Rappelons, à cet égard, que les facultés de médecine du Royaume ne forment que 1900 médecins annuellement. Un chiffre jugé dérisoire.
Le ministère de l'Enseignement supérieur a décidé d'augmenter les places pédagogiques aussi bien pour les facultés de médecine générale que celles de médecine dentaire. C'est ce qu'a fait savoir le département d'Abdellatif Miraoui dans la lettre envoyée à l'ensemble des présidents des universités publiques. Dans cette lettre, le ministre a cité plusieurs objectifs, à savoir l'atteinte des standards de l'OMS en termes de densité de personnel soignant, tel que prôné par le Nouveau Modèle de Développement. En effet, le NMD affiche l'ambition d'atteindre une densité de personnel soignant de 4,5 pour 1 000 habitants en 2035. Cela dépend de la capacité du Maroc à former, en moyenne, 3.600 médecins et 7.100 infirmiers chaque année.
Pour ce faire, le rapport de Chakib Benmoussa préconise de renforcer les capacités d'accueil des facultés de médecine et des CHU de sorte que chaque région du Royaume dispose d'une faculté de renommée et d'un CHU digne de ce nom.
En se préparant à former davantage de médecins dans les années qui viennent, le gouvernement compte améliorer l'attractivité de l'hôpital public afin d'éviter la fuite des cadres. Il suffit de constater que chaque année, plus de 7000 médecins quittent le Maroc pour aller s'installer dans d'autres pays tels que le Canada ou la France. Actuellement, l'Exécutif est en cours de préparation de la nouvelle loi relative à la fonction publique de Santé, un texte censé apporter de nouvelles motivations et incitations à la performance.