Selon les chiffres annoncés par le ministre de la Sante et de la Protection Sociale, Khalid Ait Taleb, le nombre de diplômés en psychiatrie en 2022 ne dépasse pas 7 médecins à travers le Royaume. « Parent faible » du secteur public de la santé malgré son importance, le métier de psychiatre ne semble pas attirer beaucoup de monde, en tout cas comme les autres disciplines de médecine.
« Les préjugés ne manquent pas sur la psychiatrie, tout comme d’autres disciplines, mais là je peux dire que son rôle au sein de notre société est tel qu’il n’est plus permis d’entretenir des préjugés », nous a indiqué Sarah, interne en psychiatrie dans un hôpital public de Rabat.
« Moi-même j’avais des préjugés sur la psychiatrie», nous confie la jeune fille qui a basculé de la médecine générale vers cette discipline. «Le psychiatre est un médecin comme les autres, son travail est de sauver les vies, sauf que son travail n’est pas bien compris».
En effet, la jeune interne en psychiatrie n’est pas la seule à avoir eu une telle vision sur cette discipline. Beaucoup de monde perçoit le psychiatre comme une personne «bizarre» voire «hors norme». Il s’agit, bien évidemment d’une image erronée qui explique le peu d’engouement des étudiants pour la psychiatrie et donc le déficit de psychiatres dont souffre le Maroc.
D’ailleurs, nombreux sont les étudiants qui tentent chaque jour de déconstruire les fausses idées sur la psychiatrie jusqu’au sein de leur famille. «J’ai dû me battre pour convaincre mon entourage de cette spécialité moins rentable pour eux », noua confié, Ismail, jeune étudiant en psychiatrie. Outre cela, plusieurs de nos interlocuteurs ont évoqué, entre autres, le manque persistant en centres psychiatriques au Maroc ainsi que la faible capacité d’accueil de ceux existants. Un constat qui favorise le peu d’enthousiasme des étudiants pour cette spécialité.
« Personne ne veut faire une spécialité en raison de l’absence des infrastructures nécessaires pour exercer ce métier», souligne Mourad, étudiant en médecine, parti en Allemagne pour suivre la spécialité de psychiatre. Cet étudiant évoque également les conditions de travail du psychiatre comme motif de ce rejet.
«Le fait de travailler dans des conditions difficiles et fréquenter toutes sortes de maladie pèse ainsi sur la santé mentale du médecin psychiatre lui-même. Après tout, c’est un humain». Cependant, la montée inquiétante des maladies mentales, surtout en période de Covid-19 semble avoir changé la donne. C’est en tout cas l’opinion de ce jeune selon qui, « rien qu’après la pandémie, les étudiants ont commencé à accorder plus d’intérêt à cette spécialité».
Vers une stratégie de réorientation des spécialités
Perception négative de la psychiatrie, absence d’une véritable culture de la santé mentale, de longues années de formation (11 à 12 ans) et nombre d’autres facteurs sont derrière la pénurie de psychiatres au Maroc. Pour plusieurs spécialistes du domaine, le déficit de kits spécialisés en santé mentale s’aggrave aussi en raison d’une volonté d’orienter les gens vers des spécialités prioritaires.
Pour palier ce déficit, le Professeur de Psychiatrie à la Faculté de Médecine et de Pharmacie de Rabat, Jalal Taoufiq, juge «crucial que le Maroc s’oriente vers une stratégie de priorisation et d’orientation des spécialités». Il y va de « la volonté politique pour pousser les gens à aller vers les spécialités qui connaissent un déficit de ressources humaines, dont la santé mentale», a-t-il insisté.
Afin de faciliter l’accès aux soins de santé en la matière et optimiser le diagnostic des patients, le Pr Jalal Taoufiq souligne l’importance d’impliquer les médecins généralistes dans une stratégie globale. Il s’agit, selon lui, « d’élaborer un curriculum minimal de formation pour les médecins généralistes, très nombreux au Maroc, leur permettant au moins de détecter à temps les maladies mentales et de pouvoir, dans les cas modérés, initier un traitement et suivre les malades à postériori. Les cas sévères peuvent alors être pris en charge par les psychiatres».
En outre, il est important, selon notre spécialiste, d’adopter des mécanismes propres à inciter les étudiants des facultés en médecine à opter pour la psychiatrie. Une manière de lutter contre la stigmatisation de cette spécialité. A cela s’ajoute la mise à niveau des institutions psychiatriques au Maroc.
« Le développement d’institutions selon des normes internationales de modernité va sans doute pousser les étudiants à aller vers la psychiatrie et non pas la fuir», conclut-il. Il convient de noter qu’un plan national stratégique multisectoriel pour la santé mentale est en cours d’élaboration au sein du département de la Santé. Il vise, entre autres, à remédier aux lacunes dont souffre le système de santé publique, notamment le manque important de psychiatres.
« Les préjugés ne manquent pas sur la psychiatrie, tout comme d’autres disciplines, mais là je peux dire que son rôle au sein de notre société est tel qu’il n’est plus permis d’entretenir des préjugés », nous a indiqué Sarah, interne en psychiatrie dans un hôpital public de Rabat.
« Moi-même j’avais des préjugés sur la psychiatrie», nous confie la jeune fille qui a basculé de la médecine générale vers cette discipline. «Le psychiatre est un médecin comme les autres, son travail est de sauver les vies, sauf que son travail n’est pas bien compris».
En effet, la jeune interne en psychiatrie n’est pas la seule à avoir eu une telle vision sur cette discipline. Beaucoup de monde perçoit le psychiatre comme une personne «bizarre» voire «hors norme». Il s’agit, bien évidemment d’une image erronée qui explique le peu d’engouement des étudiants pour la psychiatrie et donc le déficit de psychiatres dont souffre le Maroc.
D’ailleurs, nombreux sont les étudiants qui tentent chaque jour de déconstruire les fausses idées sur la psychiatrie jusqu’au sein de leur famille. «J’ai dû me battre pour convaincre mon entourage de cette spécialité moins rentable pour eux », noua confié, Ismail, jeune étudiant en psychiatrie. Outre cela, plusieurs de nos interlocuteurs ont évoqué, entre autres, le manque persistant en centres psychiatriques au Maroc ainsi que la faible capacité d’accueil de ceux existants. Un constat qui favorise le peu d’enthousiasme des étudiants pour cette spécialité.
« Personne ne veut faire une spécialité en raison de l’absence des infrastructures nécessaires pour exercer ce métier», souligne Mourad, étudiant en médecine, parti en Allemagne pour suivre la spécialité de psychiatre. Cet étudiant évoque également les conditions de travail du psychiatre comme motif de ce rejet.
«Le fait de travailler dans des conditions difficiles et fréquenter toutes sortes de maladie pèse ainsi sur la santé mentale du médecin psychiatre lui-même. Après tout, c’est un humain». Cependant, la montée inquiétante des maladies mentales, surtout en période de Covid-19 semble avoir changé la donne. C’est en tout cas l’opinion de ce jeune selon qui, « rien qu’après la pandémie, les étudiants ont commencé à accorder plus d’intérêt à cette spécialité».
Vers une stratégie de réorientation des spécialités
Perception négative de la psychiatrie, absence d’une véritable culture de la santé mentale, de longues années de formation (11 à 12 ans) et nombre d’autres facteurs sont derrière la pénurie de psychiatres au Maroc. Pour plusieurs spécialistes du domaine, le déficit de kits spécialisés en santé mentale s’aggrave aussi en raison d’une volonté d’orienter les gens vers des spécialités prioritaires.
Pour palier ce déficit, le Professeur de Psychiatrie à la Faculté de Médecine et de Pharmacie de Rabat, Jalal Taoufiq, juge «crucial que le Maroc s’oriente vers une stratégie de priorisation et d’orientation des spécialités». Il y va de « la volonté politique pour pousser les gens à aller vers les spécialités qui connaissent un déficit de ressources humaines, dont la santé mentale», a-t-il insisté.
Afin de faciliter l’accès aux soins de santé en la matière et optimiser le diagnostic des patients, le Pr Jalal Taoufiq souligne l’importance d’impliquer les médecins généralistes dans une stratégie globale. Il s’agit, selon lui, « d’élaborer un curriculum minimal de formation pour les médecins généralistes, très nombreux au Maroc, leur permettant au moins de détecter à temps les maladies mentales et de pouvoir, dans les cas modérés, initier un traitement et suivre les malades à postériori. Les cas sévères peuvent alors être pris en charge par les psychiatres».
En outre, il est important, selon notre spécialiste, d’adopter des mécanismes propres à inciter les étudiants des facultés en médecine à opter pour la psychiatrie. Une manière de lutter contre la stigmatisation de cette spécialité. A cela s’ajoute la mise à niveau des institutions psychiatriques au Maroc.
« Le développement d’institutions selon des normes internationales de modernité va sans doute pousser les étudiants à aller vers la psychiatrie et non pas la fuir», conclut-il. Il convient de noter qu’un plan national stratégique multisectoriel pour la santé mentale est en cours d’élaboration au sein du département de la Santé. Il vise, entre autres, à remédier aux lacunes dont souffre le système de santé publique, notamment le manque important de psychiatres.
Mina ELKHODARI