Le 6 septembre, le ministère de la Santé a mis en place un nouveau protocole de prise en charge des cas infectés à la Covid-19, introduisant une nouvelle définition des cas suspects et des cas probables et portant raccourcissement du traitement pour tous les cas nécessitant une prise en charge thérapeutique.
En effet, ledit protocole établit que les cas asymptomatiques bénéficient d’une durée de traitement de 7 jours, avec 14 jours d’isolement, tandis que les cas symptomatiques sont pris en charge pendant 10 jours, et restent en isolement pour la même durée. Selon les cas, la durée du traitement peut être prolongée de 5 jours.
Pourtant, le problème de l’incapacité du système de santé à prendre en charge tous les cas infectés persiste.
Dans un document non encore officialisé parvenu à L’Opinion, le ministère de la Santé prévoit une solution à cette complication et qui donnerait suite au protocole adopté, il y a environ deux semaines.
Il semblerait que le ministère de la Santé préconise cette fois un raccourcissement de la durée de l’isolement, s’alignant sur les recommandations du CDC (Centres pour le contrôle et la prévention des maladies), principale agence fédérale des États-Unis en matière de protection de la santé publique. Selon le CDC, pour les cas symptomatiques, l’isolement peut généralement être interrompu 10 jours après l’apparition des symptômes, et ce, après la disparition de la fièvre pendant au moins 24 heures, sans antipyrétiques avec une amélioration des autres symptômes. En outre, la durée de l’isolement peut être prolongée au-delà de 10 jours chez un nombre limité de cas Covid-19 sévères, jusqu’à 20 jours après l’apparition des symptômes. Les cas asymptomatiques, quant à eux, nécessitent, au maximum, une durée d’isolement de 10 jours après la date du premier test RT-PCR positif.
Pourtant, à ce jour, l’Organisation Mondiale de la Santé n’a encore émis aucune recommandation à ce sujet, et l’Union Européenne met en garde les gouvernements contre le raccourcissement de la durée d’isolement au delà de 14 jours.
Les arguments scientifiques avancés
Pour appuyer cette éventuelle décision, le ministère de la Santé s’est appuyé sur plusieurs observations médicales sur les patients ayant été contaminés par le virus.
D’après ledit document, les concentrations d’ARN du SRASCoV-2 mesurées dans les échantillons des voies respiratoires supérieures diminuent après l’apparition des symptômes. La probabilité de détecter un SRAS-CoV-2 capable de se répliquer diminue après l’apparition des symptômes. Les données disponibles indiquent que les formes légères à modérées de Covid-19 restent contagieuses au plus tard 10 jours après l’apparition des symptômes, ce qui est en faveur du raccourcissement de la période d’isolement à 10 jours au lieu de 14 jours.
En outre, il a été observé que les contacts familiaux et intra-hospitaliers à haut risque ne développent pas d’infection si l’exposition au cas index commence 6 jours ou plus après le début de la maladie. Ledit document fait également remarquer que pour les patients guéris de la Covid-19 qui ont développé par la suite de nouveaux symptômes et ont été retestés positifs à la RT-PCR, aucun signe de réplication virale n’a été retrouvé.
En effet, ledit protocole établit que les cas asymptomatiques bénéficient d’une durée de traitement de 7 jours, avec 14 jours d’isolement, tandis que les cas symptomatiques sont pris en charge pendant 10 jours, et restent en isolement pour la même durée. Selon les cas, la durée du traitement peut être prolongée de 5 jours.
Pourtant, le problème de l’incapacité du système de santé à prendre en charge tous les cas infectés persiste.
Dans un document non encore officialisé parvenu à L’Opinion, le ministère de la Santé prévoit une solution à cette complication et qui donnerait suite au protocole adopté, il y a environ deux semaines.
Il semblerait que le ministère de la Santé préconise cette fois un raccourcissement de la durée de l’isolement, s’alignant sur les recommandations du CDC (Centres pour le contrôle et la prévention des maladies), principale agence fédérale des États-Unis en matière de protection de la santé publique. Selon le CDC, pour les cas symptomatiques, l’isolement peut généralement être interrompu 10 jours après l’apparition des symptômes, et ce, après la disparition de la fièvre pendant au moins 24 heures, sans antipyrétiques avec une amélioration des autres symptômes. En outre, la durée de l’isolement peut être prolongée au-delà de 10 jours chez un nombre limité de cas Covid-19 sévères, jusqu’à 20 jours après l’apparition des symptômes. Les cas asymptomatiques, quant à eux, nécessitent, au maximum, une durée d’isolement de 10 jours après la date du premier test RT-PCR positif.
Pourtant, à ce jour, l’Organisation Mondiale de la Santé n’a encore émis aucune recommandation à ce sujet, et l’Union Européenne met en garde les gouvernements contre le raccourcissement de la durée d’isolement au delà de 14 jours.
Les arguments scientifiques avancés
Pour appuyer cette éventuelle décision, le ministère de la Santé s’est appuyé sur plusieurs observations médicales sur les patients ayant été contaminés par le virus.
D’après ledit document, les concentrations d’ARN du SRASCoV-2 mesurées dans les échantillons des voies respiratoires supérieures diminuent après l’apparition des symptômes. La probabilité de détecter un SRAS-CoV-2 capable de se répliquer diminue après l’apparition des symptômes. Les données disponibles indiquent que les formes légères à modérées de Covid-19 restent contagieuses au plus tard 10 jours après l’apparition des symptômes, ce qui est en faveur du raccourcissement de la période d’isolement à 10 jours au lieu de 14 jours.
En outre, il a été observé que les contacts familiaux et intra-hospitaliers à haut risque ne développent pas d’infection si l’exposition au cas index commence 6 jours ou plus après le début de la maladie. Ledit document fait également remarquer que pour les patients guéris de la Covid-19 qui ont développé par la suite de nouveaux symptômes et ont été retestés positifs à la RT-PCR, aucun signe de réplication virale n’a été retrouvé.
Nabil LAAROUSSI
3 questions à Jaâfar Heikel
Jaâfar Heikel
« Pour réussir un tel protocole, il faut s’assurer que les porteurs du virus respectent les mesures barrières »
Nous avons contacté Jaâfar Heikel, épidémiologiste spécialiste en maladies infectieuses, économiste de la santé, désigné par l’OMS pour élaborer un rapport sur la santé publique au Maroc, afin de donner son avis sur le raccourcissement de l’isolement des cas Covid-19.
- Quel est votre avis sur le raccourcissement de l’isolement à 10 jours ou moins ?
- Il faut bien comprendre que parler de quatorzaine, c’est parler d’une moyenne.
En général, il faut retenir trois chiffres pour trois cas de figures : 7 jours pour les cas asymptomatiques, 10 jours pour les cas symptomatiques légers, et 14 jours, prolongeables d’une semaine, pour les cas symptomatiques qui restent porteurs du virus.
Donc, pour ma part, je préconise ce raccourcissement de l’isolement, qui est une très bonne chose, pour les patients asymptomatiques, qui, certes, sont porteurs du virus mais ne le transmettent pas de manière importante. Ma recommandation pour les cas symptomatiques légers est de suivre un traitement de 10 jours, plus 4 jours au maximum d’isolement. Mais c’est un protocole qui requiert beaucoup de prudence du 10ème au 14èmè jour.
- Pouvons-nous dupliquer ce protocole adopté dans certains pays européens, sachant que la situation épidémiologique est différente ?
- C’est vrai qu’au Maroc, contrairement à ces pays, nous sommes encore dans la phase ascendante dans l’épidémie. D’autre part, ce qui ne peut pas être comparable entre ces pays et le nôtre, c’est le mode de vie et la discipline des citoyens, leur capacité à respecter les mesures barrières. Il est important de faire un lien entre la situation épidémiologique et le comportement humain. Pour adopter ce raccourcissement de l’isolement, il faut s’assurer que les gens faiblement porteurs du virus respecteront ces mesures.
- Quel est, à votre avis, le but de ce raccourcissement ?
- A mon sens, la finalité de ce protocole est de permettre aux personnes ayant été contaminées de reprendre rapidement leurs activités socio-économiques. Pour conclure, la Covid-19, d’un point de vue épidémiologique, ce n’est pas une situation grave en termes de mortalité et de létalité. C’est plutôt une situation qui est sérieuse en termes de propagation du virus, de risque pour les personnes vulnérables et surtout sur les plans sanitaire, sociale et économique. Ce sont là les vrais défis de la Covid-19.
Nous avons contacté Jaâfar Heikel, épidémiologiste spécialiste en maladies infectieuses, économiste de la santé, désigné par l’OMS pour élaborer un rapport sur la santé publique au Maroc, afin de donner son avis sur le raccourcissement de l’isolement des cas Covid-19.
- Quel est votre avis sur le raccourcissement de l’isolement à 10 jours ou moins ?
- Il faut bien comprendre que parler de quatorzaine, c’est parler d’une moyenne.
En général, il faut retenir trois chiffres pour trois cas de figures : 7 jours pour les cas asymptomatiques, 10 jours pour les cas symptomatiques légers, et 14 jours, prolongeables d’une semaine, pour les cas symptomatiques qui restent porteurs du virus.
Donc, pour ma part, je préconise ce raccourcissement de l’isolement, qui est une très bonne chose, pour les patients asymptomatiques, qui, certes, sont porteurs du virus mais ne le transmettent pas de manière importante. Ma recommandation pour les cas symptomatiques légers est de suivre un traitement de 10 jours, plus 4 jours au maximum d’isolement. Mais c’est un protocole qui requiert beaucoup de prudence du 10ème au 14èmè jour.
- Pouvons-nous dupliquer ce protocole adopté dans certains pays européens, sachant que la situation épidémiologique est différente ?
- C’est vrai qu’au Maroc, contrairement à ces pays, nous sommes encore dans la phase ascendante dans l’épidémie. D’autre part, ce qui ne peut pas être comparable entre ces pays et le nôtre, c’est le mode de vie et la discipline des citoyens, leur capacité à respecter les mesures barrières. Il est important de faire un lien entre la situation épidémiologique et le comportement humain. Pour adopter ce raccourcissement de l’isolement, il faut s’assurer que les gens faiblement porteurs du virus respecteront ces mesures.
- Quel est, à votre avis, le but de ce raccourcissement ?
- A mon sens, la finalité de ce protocole est de permettre aux personnes ayant été contaminées de reprendre rapidement leurs activités socio-économiques. Pour conclure, la Covid-19, d’un point de vue épidémiologique, ce n’est pas une situation grave en termes de mortalité et de létalité. C’est plutôt une situation qui est sérieuse en termes de propagation du virus, de risque pour les personnes vulnérables et surtout sur les plans sanitaire, sociale et économique. Ce sont là les vrais défis de la Covid-19.
Recueillis par N. L.
Repères
Des pays européens pour le raccourcissement de l’isolement
Malgré la réticence de l’UE, plusieurs pays européens commencent à envisager le raccourcissement de la durée d’isolement de 14 jours à 7-10 jours alors que l’épidémie reprend le pic. Aux Pays Bas, la durée d’isolement a été réduite à 10 jours depuis le 18 août 2020. L’Allemagne, quant à elle, envisage de raccourcir la durée d’isolement à 5 jours à partir d’octobre, pour les personnes en provenance de régions à haut risque. En France, le 8 septembre, le Conseil scientifique s’est montré favorable au raccourcissement de la quatorzaine à 7 jours.
Des points inquiétants subsistent
Malgré les arguments scientifiques avancés, quelques points restent inquiétants. A ce propos, il sied de noter que les données actuelles disponibles ne concernent que des patients adultes, et ce, en raison de l’indisponibilité de données équivalentes pour les enfants. D’autre part, un SRAS-CoV-2 capable de se répliquer a été retrouvé chez un cas de Covid-19 bénin, 18 jours après l’apparition de symptômes. In fine, le document cite explicitement que des données supplémentaires concernant l’excrétion et la réplication virales sont nécessaires pour la prise d’une telle décision.