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OCP : Centenaire de la grande machine à nourrir le monde


Rédigé par Oussama ABAOUSS Mardi 15 Décembre 2020

« Nourrir le sol pour nourrir le monde », ainsi est déclamée la mission de l’OCP qui, en 100 ans, s’est érigé
en fleuron industriel et bateau amiral du soft power marocain à l’échelle continentale et internationale.



OCP : Centenaire de la grande machine à nourrir le monde
Dans un contexte mondial marqué par une augmentation démographique exponentielle, le Royaume s’est graduellement imposé - à travers l’Office Chérifien des Phosphates (OCP) - comme pourvoyeur international d’engrais phosphatés quasiment incontournables pour maximiser le rendement de la productivité agricole. Alors que l’année 2020 s’achève, l’OCP boucle ses 100 ans, marquant ainsi une étape symbolique dans l’Histoire et l’évolution d’une industrie marocaine qui a incontestablement contribué à façonner la vie, l’économie et l’influence du Royaume. Depuis le lancement en 1920 de la toute première mine dans la région de Khouribga, le Maroc a franchi plusieurs étapes grâce à ses gisements de phosphates considérés comme les plus importants au niveau international. « L’OCP, c’est également une histoire d’humains, de communautés et de villes qui ont poussé autour de ses activités, aussi bien qu’une histoire de réalisations industrielles, d’expansion commerciale et d’engagement toujours plus fort pour une agriculture prospère et durable », nous confie M. Iliass Elfali, vice-président exécutif des opérations industrielles du groupe. 

Des débuts réussis
La première phase de développement industriel de l’OCP a duré 45 ans environ. « L’OCP s’est consacré aux métiers de l’extraction de phosphates de 1920 à 1965, avec déjà une portée internationale très forte puisque le phosphate marocain était déjà exporté dans des pays aussi lointains que la Nouvelle-Zélande ou le Japon », raconte M. Elfali. Le 5 juin 1965, S.M le Roi Feu Hassan II avait amorcé la deuxième phase en inaugurant le premier complexe chimique d’OCP à Safi : Maroc Chimie, qui produisait de l’acide phosphorique à partir du phosphate extrait à Youssoufia. La stratégie commerciale d’expansion du groupe chérifien n’est cependant réellement actée qu’à partir de 1990. L’OCP avait alors ouvert « son premier bureau de représentation en Inde, suivi par plusieurs autres bureaux et filiales dans les pays où se trouvent nos marchés les plus stratégiques : Brésil, Argentine, USA, Turquie, Chine, EAU, et bien sûr dans la plupart des pays du continent », précise M. Elfali.

2006, le tournant
L’arrivée de Mostapha Terrab au poste de PDG du groupe en 2006 lance le coup d’envoi d’une stratégie de transformation des opérations industrielles et la mise en œuvre d’autres chantiers comme la digitalisation, l’engagement communautaire et le développement durable. « L’un des symboles de notre programme de développement industriel, visant à doubler nos capacités minières et tripler nos capacités de transformation à l’horizon 2025, est indubitablement le Slurry Pipeline, plus long pipeline de transport de phosphate au monde, reliant la mine de Khouribga à la plateforme industrielle de Jorf Lasfar, 187 km plus loin. Il répond à notre défi capacitaire et à notre intérêt prioritaire pour la mise en place d’une industrie qui préserve l’environnement et les ressources, puisqu’il nous a permis de réaliser de très importantes économies en eau, en énergie et en émissions de CO2 », souligne le vice-président exécutif des opérations industrielles de l’OCP.

L’OCP en 2020
Tout au long de la dernière décennie, l’offre de produit d’export du Groupe a évolué, pour passer de produits majoritairement bruts et intermédiaires (roche et acide phosphorique) à une production qui intègre des produits finis (engrais phosphatés) à grand potentiel de croissance. « L’année 2017 marque l’achèvement de la première phase de notre programme de développement industriel. Ainsi, en termes de capacité, nous avons doublé nos capacités de roche et triplé celles de production d’engrais finis qui atteint désormais 12 millions de tonnes par an. Ceci se reflète sur nos parts de marchés sur les engrais phosphatés, qui sont passées de 11% en 2007 à près de 24% en 2019, lorsque celles de la roche et de l’acide phosphorique sont restées stables », précise M. Elfali. « Le Groupe entend garder une présence stratégique sur les 3 segments, ce qui lui confère une dimension unique dans le marché des phosphates et une plus grande flexibilité face aux aléas des marchés. De plus, nous avons considérablement élargi notre portefeuille de produits personnalisés, gagnant une capacité accrue à produire des formules complexes sur-mesure, plus adaptées à certaines cultures et régions », conclut-il.

Oussama ABAOUSS

3 questions à Iliass Elfali, vice-président exécutif des opérations industrielles à l’OCP

Iliass Elfali
Iliass Elfali
« Notre Groupe continue d’adresser les marchés qui connaissent une forte croissance »

Vice-président exécutif des opérations industrielles à l’OCP, Iliass Elfali a répondu à nos questions sur le positionnement international du groupe chérifien.

- Quels sont les divers produits que l’OCP exporte à travers le monde ?
- L’OCP est un acteur intégré sur toute la chaîne de valeur de production des engrais phosphatés où il est leader avec une part de marché de 30% sur les exportations du phosphate dans le monde sous toutes ses formes. Le Groupe OCP exporte ainsi la roche phosphatée, l’acide phosphorique (produit intermédiaire qui sert à la production des engrais phosphatés, entre autres) ainsi qu’une multitude de formules d’engrais phosphatés.

- Comment évoluent les exportations des produits de l’OCP à l’international ?
- Le marché des engrais est en croissance. Selon l’International Fertilizer Association, cette croissance devrait se poursuivre sur le long terme (entre 1 et 2% par an). Cette croissance est d’autant plus perceptible dans les exports de l’OCP, grâce à l’investissement dans les capacités de production d’engrais finis, au développement de nouvelles formules mieux adaptées aux besoins des fermiers et à la stratégie menée sur le continent africain. Les exportations ont plus que doublé entre 2015 et 2019, passant de 4,1 millions à près de 9 millions de tonnes et cette tendance devrait encore se poursuivre en 2020, grâce une certaine résilience des phosphates à la pandémie, conjuguée à une réactivité du Groupe à adapter son outil industriel.

- Qu’en est-il du positionnement des produits de l’OCP au niveau international ?
- Avec une présence globale, notre Groupe continue d’adresser les marchés qui connaissent une forte croissance, notamment le Brésil, l’Inde et le continent africain, tout en maintenant et consolidant ses volumes dans les autres régions qui connaissent une demande mature, comme l’Europe entre autres.

Recueillis par O. A

Encadré

Afrique : 60% des engrais consommés en Afrique ont été produits par l’OCP
En 2020, les engrais produits par l’OCP représentent plus de 60% des engrais consommés en Afrique. Lancée en 2016, OCP Africa qui est une filiale du groupe spécifiquement dédiée à « la transformation de l’agriculture africaine » est actuellement présente dans 16 pays et compte 12 filiales, employant 17 nationalités différentes. « OCP Africa s’efforce d’étendre et de promouvoir des méthodes agricoles modernes et responsables, et de fournir aux agriculteurs toutes les ressources nécessaires à leur succès, qu’il s’agisse de produits et de services personnalisés, de formation aux pratiques agricoles durables à travers des programmes comme AgriBooster, ou de l’accès à des solutions financières comme la connexion des agriculteurs aux banques de microfinance et de développement », souligne M. Iliass Elfali. En Éthiopie, l’OCP développe, en partenariat avec les principaux acteurs locaux, une plateforme d’engrais d’envergure mondiale d’une capacité annuelle de 2,5 millions de tonnes d’engrais.

Cette plateforme « contribuera à rendre l’Éthiopie autosuffisante en engrais et à créer des opportunités d’exportation », souligne la même source. « Notre approche pour l’Afrique, qui constitue un marché considérable pour nous, est une approche de développement global, dans laquelle l’expansion de nos activités industrielles et commerciales va de pair avec la mise en place de projets d’engagement communautaire axés sur le développement économique et social au sens large », précise le vice-président exécutif des opérations industrielles à l’OCP.

Repères

Bras de fer avec les lobbies américains
En fin novembre, le département américain du Commerce avait pris la décision d’appliquer des droits compensateurs préliminaires de 23,46% sur les importations d’engrais phosphatés marocains. Cette décision vient suite à la requête d’une firme américaine qui détient 60% du marché des phosphates aux USA. L’OCP, qui est déterminé à défendre sa position, a affirmé qu’il « n’existe aucun fondement à la décision américaine ». Les possibilités d’une potentille réversibilité de cette décision américaine se clarifieront d’ici mars 2021.
Cartographie des sols au Burkina-Faso
La Fondation OCP, l’Université Mohammed VI Polytechnique (UM6P) et le Bureau National des Sols du Burkina Faso (BUNASOLS) ont organisé le 3 décembre 2020 un webinaire consacré au modèle burkinabé de cartographie des sols. Àce jour, la collaboration entre la Fondation OCP et le ministère burkinabais de l’Agriculture a permis l’élaboration d’une carte de fertilité du sol pour une zone pilote de 140.000 Ha sur 4 régions du pays : Hauts-Bassins (45.500 Ha), Cascades (32.500 Ha), Sud-Ouest (19.500 Ha) et Boucle du Mouhoun (42.500 Ha).








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