Omar Salim, heureux de vivre, malheureux de ne pas tout vivre.
La vie ? Salim croque dedans à pleines gencives, le cœur aimant, parfois saignant. Il est de cette race caressante à l’envi. Pour lui, le juste milieu n’est drapé que d’hypocrisie. Pour lui, la concession est forme de démission. Pour lui, la bêtise est crachat de l’intelligence. Pour lui, la mort est l’insignifiance de l’existence. Pour lui, la voix est une voie vers l’appartenance, un moyen d’asseoir l’aura ou pas, selon l’importance de la discordance. Salim est, finalement, un être dont le poids physique équivaut à son volume d’émotion.
Cette personne vaguement conventionnelle est une grosse leçon d’humilité, flirtant avec l’assise humaine et professionnelle, transmettant un savoir qu’il puise par à-coups dans la naïveté de ses « administrés ». Salim est partageux, heureux de vivre, malheureux de ne pas tout vivre. Artiste à tous les étages, il admire les écorchés vifs dont il fait partie, aime la perfection quitte à ce que son artisan en souffre. Chez lui, le travail est endurance. Chez lui, mieux vaut faire que parler. Pourtant, le fait de palabrer lui va telle une peau de protection. Avec cela, un parcours riche, enviable et fastueux. Salim Benamar n’est pas né sous une belle étoile. C’est une belle étoile, faisant sa ronde habituelle, qui se sent happée par un ventre prêt à se prononcer et file diffuser sa lumière dans un espace enceint de bonheur. Salim débarque et avec lui un troublant avenir/devenir. Nous sommes le 10 août 1954.
Cette personne vaguement conventionnelle est une grosse leçon d’humilité, flirtant avec l’assise humaine et professionnelle, transmettant un savoir qu’il puise par à-coups dans la naïveté de ses « administrés ». Salim est partageux, heureux de vivre, malheureux de ne pas tout vivre. Artiste à tous les étages, il admire les écorchés vifs dont il fait partie, aime la perfection quitte à ce que son artisan en souffre. Chez lui, le travail est endurance. Chez lui, mieux vaut faire que parler. Pourtant, le fait de palabrer lui va telle une peau de protection. Avec cela, un parcours riche, enviable et fastueux. Salim Benamar n’est pas né sous une belle étoile. C’est une belle étoile, faisant sa ronde habituelle, qui se sent happée par un ventre prêt à se prononcer et file diffuser sa lumière dans un espace enceint de bonheur. Salim débarque et avec lui un troublant avenir/devenir. Nous sommes le 10 août 1954.
La genèse d’un pseudonyme
Salim grandit à Casablanca où il pousse son premier cri. A l’issue d’un cursus à l’école Ernest Renan puis au lycée Lyautey où il croise Nadir et Fahd Yata, il s’envole pour Paris dans le but de suivre des études de Lettres à La Sorbonne. L’artiste dans l’âme et dans les veines s’entiche de théâtre et réussit quelques percées dans un univers qui l’émeut et le fait vibrer jusqu’à terrassement. Il est le comédien et le conteur, le rêveur et le bosseur. Seulement, à son retour au Maroc en 1979 et malgré quelques tentatives dans une expression artistique quasi disloquée, il se rend à une évidence qui le meurtrit : changer de fusil d’épaule. Il retrouve ses amis Yata à qui il propose une chronique théâtrale grâcieuse pour Al Bayane. C’est à cette époque qu’il rencontre le journaliste et caricaturiste Belaïd Bouimid. Leur amitié ne prendra pas une ride. Salim Benamar balade ensuite sa plume sur les colonnes de L’Opinion. Et puis, vient un voyage à Tanger. La ville est dotée depuis plusieurs mois de la station radio Médi 1 au slogan accrocheur : « Une voix, deux langues ».
La cité contient en ce temps un vieil ami du tâtonnant futur homme des médias, Charaf Benouataf qui l’y invite. Salim est sur le point de regagner Paris pour soutenir une thèse de doctorat avec la bénédiction du papa enseignant, Ssi Mustapha. Mais son copain d’enfance, devenu transitaire de renom, veut le maintenir au Maroc. Arrivé dans le vaste appartement de Charaf, Benamar se retrouve entouré de collaborateurs -journalistes et pas uniquement- de Pierre Casalta, patron de Médi 1. Parmi eux, le talentueux Jalil Noury. Le lendemain, ce dernier lui présente LE Casalta et les laisse converser. Quelques minutes plus tard, Salim renonce à son voyage et commence son installation à Tanger, la phrase « Je ferai de toi une vedette » que lui lance Casalta emplissant tout l’être de l’aspirant journaliste. Ce patron corse lui signifie un changement de cap patronymique, raconté par Omar Salim en 2006 dans son ouvrage « La Concubine », une autobiographie un tantinet romancée parce que l’homme aime le verbe et ses dérivés : « Il va falloir que vous choisissiez un pseudonyme. Vous avez le même nom que Myriam. Elle s’appelle Amar, vous c’est Ben Amar… Je ne voudrais pas que ma rédaction devienne une succursale du cirque Amar ! » Salim acquiesce et se met à la recherche d’un nom de guerre avec le concours de Jalil Noury. Ce dernier explique, à quelques minutes du baptême micro du novice, que cela se tranche pendant le direct ! Noury, en chef d’édition, lance le sujet confié à Salim en prononçant ce qui s’installe pour accompagner le journaliste et écrivain sa vie créative durant : Omar Salim. Ainsi naît ce nom d’emprunt, Voltaire s’appelait François Marie Arouet. Le journaliste gravit rapidement les échelons et devient rédacteur en chef.
Agitateur d’idées
Vient en 1989 l’aventure 2M International. La chaîne cryptée émet depuis peu. Omar Salim est approché pour prendre en charge sa rédaction… sportive et plus tard son journal télévisé. La chaîne de télévision est sous le giron de l’ONA (Omnium Nord-Africain), holding patronnée par le gendre de Hassan II, le sympathique Fouad Filali, et compte des parts dans Médi 1. Pierre Casalta offre l’opportunité d’un semi prêt à Salim. La nouvelle recrue-star fait la navette entre Tanger et Casablanca avec un succès mêlant radio et télévision. Mais cette rédaction sportive, ignorant les moindres règles du fair-play, cherche des poux à un mi-chauve. Elle finit par avoir sa peau et couler par la même occasion un rendez-vous en plein essor. Salim est invité à retourner à Tanger, sa concubine. Une revanche s’opère plus tard, lorsqu’il est contacté par Larbi Messari ministre de la Communication, suite à la diffusion sur 2M d’une Une de l’hebdomadaire « Le Journal » accusée d’atteinte à l’image du royaume. La direction générale de la chaîne et quelques-uns de ses pendants sont débarqués manu militari. Omar Salim jouit d’un court intérim en attendant la nomination de Nour-Eddine Saïl qui nomme « l’intérimaire » directeur des Programmes. Mais le nouveau DG ne compte pas gouverner avec Mustapha Benali, directeur de l’Antenne et des achats. Il le renvoie et le poursuit en justice pour des histoires de grosses ristournes. Benali gagne le procès et se voit recruté par le nouveau ministre de la Communication Nabil Benabdallah qui lui confie l’élaboration de la charte de l’audiovisuel aux côtés du dramaturge et producteur Mohamed Kaouti.
Le ministre débarque ensuite Saïl et nomme à sa place… Mustapha Benali. Et voilà Omar Salim orphelin, dans l’expectative. Il réussit tout de même à créer une émission hebdomadaire, « Arts et Lettres », qui reçoit des sommités du monde de la culture et de la réflexion, marocains et étrangers. Puis, changement de direction et rebelote les mésaventures. Salim se retrouve payé à ne rien produire. Une humiliation sans précédent pour cet agitateur d’idées, cet amoureux d’un métier qu’il ne cesse de transmettre. Poussé vers la porte, il se met à écrire et à mettre son savoir au service d’institutions comme la MAP ou l’ISADAC. Omar Salim s’occupe ainsi, des bleus à l’âme, le blues enfoui. En bon vivant, il n’affiche que jovialité et bienveillance. Plus nocturne que diurne, cet état largement légitime me pousse un jour à lui glisser : « Lorsqu’il fait nuit, Salim luit. » Et il continue à luire, ne sachant contenir nos pleurs. Le repos est désormais pour toi, pas pour les tiens : ta maman Lalla Sofia, tes sœurs Sanaa et Yasmine, ton frère Réda et tes trois enfants Karim-Adil-Hicham. Quant à moi, je me raccroche à notre belle et longue amitié. Je t’aime tant !
Anis HAJJAM