
Des dizaines d'enfants courent au pied d'immeubles presque vides entre des champs fleuris et un stade: c'est le nouveau terrain de jeu de ces Palestiniens chassés par une "opération antiterroriste" israélienne dans le nord de la Cisjordanie occupée.
Certains ne vont plus à l'école depuis des semaines. Comme leur parents, ils s'ennuient, coincés dans ce quartier universitaire aux allures de bout du monde, si reculé qu'on vient y faire paître des chèvres.
Des centaines de personnes s'y sont échouées après que l'armée israélienne les a sommées de quitter le camp de réfugiés de Jénine, il y a plus de deux mois.
"On a entendu qu'il y avait des forces spéciales (israéliennes) à l'ouest du camp, et tout le monde sait que quand l'armée entre, elle détruit toutes les infrastructures", se souvient Mohammed Chalabi, un père de famille de 53 ans.
Le 21 janvier, Israël a lancé une "opération antiterroriste" dans le nord de la Cisjordanie, mettant sur les routes des dizaines de milliers de Palestiniens.
Mohammed Chalabi a d'abord été hébergé dans des villages proches de Jénine, avant que des autorités locales ne proposent de l'accueillir, lui et d'autres réfugiés, dans les studios vacants du campus de l'Université arabe américaine.
Cette Université, particulièrement réputée pour son cursus en médecine, a été délaissée par les étudiants en raison de la situation sécuritaire.
Le père de Chalabi, âgé de 80 ans, a la santé fragile. "J'évite de discuter avec lui de tout ça", dit son fils, "mais (...) parfois, il pleure parce qu'il a vécu la Nakba, et maintenant ça...".
Héritiers de ce traumatisme collectif, ceux qui maintenant ont dû quitter le camp de Jénine disent vivre un deuxième déracinement.
L'agence des Nations Unies chargée des réfugiés (UNRWA) les accompagne mais une nouvelle législation israélienne l'empêche désormais de communiquer avec l'armée israélienne, ce qui complique son travail.
L'Autorité palestinienne, au bord de la faillite, n'a pas les moyens d'intervenir, et les organisations internationales sont déjà largement mobilisées dans la bande de Gaza où la situation humanitaire est dramatique.
Certains ne vont plus à l'école depuis des semaines. Comme leur parents, ils s'ennuient, coincés dans ce quartier universitaire aux allures de bout du monde, si reculé qu'on vient y faire paître des chèvres.
Des centaines de personnes s'y sont échouées après que l'armée israélienne les a sommées de quitter le camp de réfugiés de Jénine, il y a plus de deux mois.
"On a entendu qu'il y avait des forces spéciales (israéliennes) à l'ouest du camp, et tout le monde sait que quand l'armée entre, elle détruit toutes les infrastructures", se souvient Mohammed Chalabi, un père de famille de 53 ans.
Le 21 janvier, Israël a lancé une "opération antiterroriste" dans le nord de la Cisjordanie, mettant sur les routes des dizaines de milliers de Palestiniens.
Mohammed Chalabi a d'abord été hébergé dans des villages proches de Jénine, avant que des autorités locales ne proposent de l'accueillir, lui et d'autres réfugiés, dans les studios vacants du campus de l'Université arabe américaine.
Cette Université, particulièrement réputée pour son cursus en médecine, a été délaissée par les étudiants en raison de la situation sécuritaire.
Le père de Chalabi, âgé de 80 ans, a la santé fragile. "J'évite de discuter avec lui de tout ça", dit son fils, "mais (...) parfois, il pleure parce qu'il a vécu la Nakba, et maintenant ça...".
Héritiers de ce traumatisme collectif, ceux qui maintenant ont dû quitter le camp de Jénine disent vivre un deuxième déracinement.
L'agence des Nations Unies chargée des réfugiés (UNRWA) les accompagne mais une nouvelle législation israélienne l'empêche désormais de communiquer avec l'armée israélienne, ce qui complique son travail.
L'Autorité palestinienne, au bord de la faillite, n'a pas les moyens d'intervenir, et les organisations internationales sont déjà largement mobilisées dans la bande de Gaza où la situation humanitaire est dramatique.
Pendant ce temps, les bulldozers israéliens ratissent
"Personne ne s'intéresse à ce qui se passe ici", se désole un travailleur social qui passe régulièrement distribuer des couvertures, des casseroles ou quelques shekels pour les courses.
Services publics et commerces sont quasi inexistants.
Les poubelles sont ramassées de façon erratique, le premier supermarché est à vingt minutes de marche, et beaucoup réclament, mais sans réponse, une école d'urgence.
Pendant ce temps, les bulldozers israéliens ratissent le camp à Jénine.
"Ils nous ont dit que nous n'avions plus de maison maintenant, et que nous ne retournerions pas au camp", affirme Oum Majd.
Ceux qui ont tenté de s'y rendre disent avoir été refoulés.
Alors, sur le campus universitaire, c'est un nouveau camp qui s'est en quelque sorte recréé dans un paysage dystopique.
Les immeubles portent des noms fleurant l'exotisme ou le prestige (Casa bella, Concorde, Dubai...) mais certains semblent abandonnés.
Avant la guerre, des étudiants palestiniens détenteurs de la nationalité israélienne venaient d'Israël pour étudier ici et louaient les studios.
Après l'attaque du 7 octobre 2023 et la fermeture des frontières, beaucoup ont laissé tomber, et ces immeubles se sont retrouvés vides.
Des familles s'y entassent désormais avec des réchauds à gaz et des matelas en mousse qu'il faut ranger chaque matin.
"On a 20% de la vie qu'on avait dans le camp", commente Oum Majd, qui vit à quatre dans une chambre pour deux.
A l'extérieur, des champs de fleurs et quelques restaurants bon marché fermés ou encore en travaux, comme c'est courant dans les Territoires palestiniens où la situation économique s'est encore dégradée dans le sillage de la guerre à Gaza.
"On vit au jour le jour, il n'y aucune perspective à cause du manque de travail, de ressources", précise Ahmad Abou Jos, 30 ans.
Son bébé, Mustafa, apprend à marcher dans un espace minuscule où se mêlent les odeurs de détergents et de cuisine.
"On est sorti du camp mais pas de notre plein gré", dit Rama Abou Jos, l'épouse d'Ahmad. "On espère revenir chez nous, personne n'aime la vie ici".
Reportage AFP