Devant le Souverain, la ministre de l'Économie et des Finances, Nadia Fettah Alaoui, a présenté un exposé sur les Orientations stratégiques de la politique actionnariale de l'État. Une initiative prônée par le Nouveau Modèle de Développement, qui insiste sur l’impératif de renforcer les entreprises publiques au vu de leur place structurante dans des secteurs stratégiques pour la compétitivité nationale, ainsi que par leur capacité à animer des écosystèmes sectoriels et territoriaux. La ministre a, ainsi, souligné lors du Conseil des ministres que la réforme du secteur des Etablissements et Entreprises Publics (EEP) vise à reconfigurer le portefeuille public et améliorer sa gestion, et mener les réformes de certains secteurs clés de l’économie nationale, de manière à assurer une offre de service public accessible et de qualité, et accélérer le chantier d’élaboration de la politique actionnariale de l'État.
Une politique qui, selon Nadia Fettah, représente un des piliers de la réforme du secteur des établissements et entreprises publics, dont la mise en œuvre incombe à l’Agence nationale chargée de la gestion stratégique des participations de l’Etat. De même qu’elle traduit les orientations stratégiques et les objectifs globaux de l’actionnariat de l’Etat, son rôle dans la gouvernance des établissements et entreprises publics et la manière dont il met en œuvre cette politique. « Le Maroc a lancé une série de stratégies sensibles, liées à la gestion de l’eau et des énergies, où les établissements publics jouent un rôle pionner. D’où la nécessité de ces orientations qui vont accroître l’efficacité de ces institutions », selon Abdellatif Komat, économiste et doyen de la Faculté des Sciences juridiques, économiques et sociales de Casablanca, qui réagissait sur ce sujet au JT de Medi1 TV.
Pour sa part, Abdelghani Youmni, économiste et spécialiste en politiques publiques, nous indique que « dans l'appareil d'État, le patriotisme économique est devenu nécessaire pour être en phase avec la nouvelle vague de radicalisation économique mondiale, évitant ainsi de se soumettre uniquement aux intérêts des actionnaires anonymes ». Sans une doctrine ni une stratégie de capitalisme d'État, un pays risque de compromettre sa souveraineté économique et de manquer l'opportunité de devenir un leader de la future géoéconomie mondiale, laquelle est pilotée par des millions d'entreprises privées et sociales focalisées sur la maximisation de la valeur, soutient notre interlocuteur.
Une politique qui, selon Nadia Fettah, représente un des piliers de la réforme du secteur des établissements et entreprises publics, dont la mise en œuvre incombe à l’Agence nationale chargée de la gestion stratégique des participations de l’Etat. De même qu’elle traduit les orientations stratégiques et les objectifs globaux de l’actionnariat de l’Etat, son rôle dans la gouvernance des établissements et entreprises publics et la manière dont il met en œuvre cette politique. « Le Maroc a lancé une série de stratégies sensibles, liées à la gestion de l’eau et des énergies, où les établissements publics jouent un rôle pionner. D’où la nécessité de ces orientations qui vont accroître l’efficacité de ces institutions », selon Abdellatif Komat, économiste et doyen de la Faculté des Sciences juridiques, économiques et sociales de Casablanca, qui réagissait sur ce sujet au JT de Medi1 TV.
Pour sa part, Abdelghani Youmni, économiste et spécialiste en politiques publiques, nous indique que « dans l'appareil d'État, le patriotisme économique est devenu nécessaire pour être en phase avec la nouvelle vague de radicalisation économique mondiale, évitant ainsi de se soumettre uniquement aux intérêts des actionnaires anonymes ». Sans une doctrine ni une stratégie de capitalisme d'État, un pays risque de compromettre sa souveraineté économique et de manquer l'opportunité de devenir un leader de la future géoéconomie mondiale, laquelle est pilotée par des millions d'entreprises privées et sociales focalisées sur la maximisation de la valeur, soutient notre interlocuteur.
Changements structurels
Dans ce sens, la ministre des Finances a précisé que la politique actionnariale de l’Etat est articulée autour des sept Orientations stratégiques. Elle cherche, premièrement, à placer le secteur des établissements et entreprises publics comme levier stratégique pour la consolidation de la souveraineté nationale à travers le soutien des efforts de l’Etat dans un ensemble de secteurs vitaux, en particulier l’énergie, la santé, l’eau, la sécurité alimentaire, l’environnement, la connectivité et la mobilité.
Deuxièmement, cette politique veut faire du secteur des EEP un moteur de l’intégration continentale et internationale à même de contribuer à répondre aux enjeux géostratégiques et à garantir les intérêts du Royaume et contribuer au renforcement de la coopération Sud-Sud, en particulier avec les pays africains frères.
Si le grand défi de l’actuel gouvernement est de stimuler les investissements privés, la politique actionnariale de l’Etat cherche à dynamiser le secteur privé « à travers la mise en place de partenariats volontaristes avec le secteur privé dans une logique de complémentarité », a précisé Nadia Fettah. L’Exécutif veut également faire des EEP le catalyseur d’une économie compétitive et un véhicule de partage de la valeur ajoutée et de promotion de l’emploi productif à travers notamment le soutien de modèles économiques viables et agiles en phase avec les exigences de régulation, l’environnement concurrentiel et les opportunités de marchés.
Bonne gouvernance et équité territoriale
La cinquième orientation annoncée par la ministre concerne la promotion du secteur en acteur actif de l’équité territoriale au service de l’inclusion économique et sociale, financière et numérique, et ce, dans le cadre de la régionalisation avancée, tout en assurant une équité des territoires et en garantissant un accès équitable des citoyens à des services publics de qualité. Dans ce même ordre d’idées, les EEP deviendront un gestionnaire responsable des ressources, s’inscrivant ainsi dans les Objectifs de Développement Durable (ODD) à travers le renforcement de leur contribution en faveur de la promotion d’une gestion responsable des ressources naturelles et du raffermissement de la résilience du pays face aux défis du changement climatique.
In fine, le gouvernement veut renforcer le rôle exemplaire des établissements et entreprises publics en matière de gouvernance et de performance en veillant à mettre en place une gestion active de son portefeuille public, de ses participations ou de désengagement, dans l’objectif d’une valorisation optimale du patrimoine matériel et immatériel des EEP et d'une amélioration de leurs performances.
3 questions à Abdelghani Youmni : « Une évaluation continue et une adaptation proactive de cette politique d’Etat s’impose »
Economiste et spécialiste en politiques publiques, Abdelghani Youmni répond à nos questions.
- À quoi sert l'État actionnaire ?
Réformer les entreprises publiques et prendre le contrôle total ou partiel de fleurons industriels est au cœur du nouveau paradigme de souveraineté économique de nombreux pays riches et développés. En Chine et en Corée du Sud, c'est le capitalisme d'État, ailleurs, c'est le protectionnisme vert. Les grandes entreprises où l'État est le principal actionnaire peuvent être performantes et soutenir la croissance économique, ainsi que la création d'emplois, à condition que la gouvernance soit efficace et que des indicateurs financiers, d'innovation, de recherche et développement, de productivité, de management et de responsabilité sociale soient rigoureusement suivis, comme c'est le cas de l'Office Chérifien des Phosphates (OCP). À l'inverse, l'inefficacité des entreprises publiques devient évidente lorsque ces dernières se transforment en sources de dépenses publiques excessives ou en fardeaux coûteux pour les contribuables.
- La politique actionnariale de l’Etat est-elle adéquate aux crises actuelles par lesquelles passent le Maroc et le Monde de manière générale ?
- L'activisme du Maroc au plus haut sommet de l'État est une réponse avant-gardiste aux grandes transitions mondiales et nationales. Les crises géopolitiques, géoéconomiques, sanitaires et environnementales posent des défis majeurs à tous les États, y compris le Maroc. Il est donc légitime de se demander si la politique actionnariale de l'État marocain est adéquate pour y faire face. Le Maroc a pris des mesures ambitieuses pour lutter contre le changement climatique, notamment par des investissements significatifs dans les énergies renouvelables, telles que le solaire, l'éolien et les projets de développement dans l'hydrogène vert. La politique actionnariale soutient ces initiatives en encourageant les partenariats public-privé, notamment avec des porteurs de projets étrangers, et en facilitant l'accès aux financements verts. Toutefois, une évaluation continue et une adaptation proactive, intégrant le financement de la recherche et développement et le développement du capital humain, sont essentielles pour répondre aux défis émergents et assurer une résilience à long terme.
- L’Histoire a montré dans beaucoup de pays que le changement de gouvernements peut chambouler ce genre de politique, voire y mettre fin, et par ricochet l’Etat perd son retour sur investissement. Doit-on craindre un tel scénario ?
En effet, l'Histoire montre que le changement de gouvernements peut souvent perturber les politiques publiques, y compris les politiques actionnariales de l'État, cependant, certains exemples, comme la Chine, illustrent comment la centralité de l'État et une stratégie de capitalisme d'État peuvent transformer un pays pauvre en une puissance économique mondiale. Cette transformation repose sur des investissements massifs dans l'éducation, les compétences sociales et technologiques, et une machine de guerre économique efficace.
Le gouvernement doit soutenir la locomotive de l'État plutôt que l'inverse. Un gouvernement peut être la conséquence d'une convergence idéologique ou d'intérêts privés, sectoriels ou électoraux, tandis que l'État s'inscrit dans le temps long, défendant le bien commun et les intérêts nationaux.
Au Maroc, le paysage politique a montré une certaine stabilité relative avec une continuité des grandes lignes directrices des politiques économiques et de développement. Maintenir une communication transparente avec le public et les investisseurs nationaux et étrangers sur les objectifs et les progrès des projets peut renforcer la résilience face aux changements politiques et bâtir une confiance durable dans les politiques publiques. En mettant en place des cadres législatifs solides, en favorisant le consensus politique et en créant des institutions indépendantes, le Maroc peut atténuer ces risques et assurer une continuité dans ses politiques stratégiques.
Le gouvernement doit soutenir la locomotive de l'État plutôt que l'inverse. Un gouvernement peut être la conséquence d'une convergence idéologique ou d'intérêts privés, sectoriels ou électoraux, tandis que l'État s'inscrit dans le temps long, défendant le bien commun et les intérêts nationaux.
Au Maroc, le paysage politique a montré une certaine stabilité relative avec une continuité des grandes lignes directrices des politiques économiques et de développement. Maintenir une communication transparente avec le public et les investisseurs nationaux et étrangers sur les objectifs et les progrès des projets peut renforcer la résilience face aux changements politiques et bâtir une confiance durable dans les politiques publiques. En mettant en place des cadres législatifs solides, en favorisant le consensus politique et en créant des institutions indépendantes, le Maroc peut atténuer ces risques et assurer une continuité dans ses politiques stratégiques.
Réforme des EEP : Recommandations d’experts
Economiste et spécialiste en politiques publiques, Abdelghani Youmni nous explique que le Maroc possède un portefeuille public de 272 EEP, générant 305 milliards de dirhams de chiffre d'affaires en 2023, soit plus de 23,4% du PIB. La réforme de ces EEP est cruciale pour passer à un modèle de développement tiré par la demande extérieure et atteindre un potentiel de croissance de 6% d'ici 2035. Il liste ainsi une série de recommandations pour réussir le challenge de la réforme :
- Audit complet : Identifier les forces et les faiblesses géographiques, logistiques, humaines, matérielles, financières et de gouvernance des EEP :
- Benchmarking international : Comparer les EEP marocains avec leurs homologues internationaux pour identifier les meilleures pratiques et améliorer leur performance ;
- Publication de rapports annuels : Assurer la transparence et la reddition de comptes en publiant des rapports détaillés sur la performance des EEP ;
- Renforcement de la gouvernance : Mettre en place des Conseils d'administration indépendants et diversifiés, renforcer les contrôles internes et les audits ;
- Rationalisation des ressources en éliminant les redondances : Réallouer les ressources vers des projets stratégiques et envisager des privatisations partielles ou des emprunts obligataires pour attirer des investissements financiers ;
- Transformation numérique et innovation : Intégrer les technologies numériques pour améliorer l'efficacité et encourager l'innovation par la recherche et le développement ;
- Développement des compétences : Mettre en place des programmes de formation continue pour les employés des EEP et favoriser la mobilité internationale des cadres ;
- Suivi et évaluation continus : Définir des indicateurs de performance clés (KPI) et mettre en place un système de suivi et d'évaluation pour ajuster les stratégies en fonction des résultats.
En adoptant cette approche structurée et proactive, le Maroc peut améliorer l'efficacité et la performance de ses EEP, stimulant ainsi la croissance économique et le développement social.
- Audit complet : Identifier les forces et les faiblesses géographiques, logistiques, humaines, matérielles, financières et de gouvernance des EEP :
- Benchmarking international : Comparer les EEP marocains avec leurs homologues internationaux pour identifier les meilleures pratiques et améliorer leur performance ;
- Publication de rapports annuels : Assurer la transparence et la reddition de comptes en publiant des rapports détaillés sur la performance des EEP ;
- Renforcement de la gouvernance : Mettre en place des Conseils d'administration indépendants et diversifiés, renforcer les contrôles internes et les audits ;
- Rationalisation des ressources en éliminant les redondances : Réallouer les ressources vers des projets stratégiques et envisager des privatisations partielles ou des emprunts obligataires pour attirer des investissements financiers ;
- Transformation numérique et innovation : Intégrer les technologies numériques pour améliorer l'efficacité et encourager l'innovation par la recherche et le développement ;
- Développement des compétences : Mettre en place des programmes de formation continue pour les employés des EEP et favoriser la mobilité internationale des cadres ;
- Suivi et évaluation continus : Définir des indicateurs de performance clés (KPI) et mettre en place un système de suivi et d'évaluation pour ajuster les stratégies en fonction des résultats.
En adoptant cette approche structurée et proactive, le Maroc peut améliorer l'efficacité et la performance de ses EEP, stimulant ainsi la croissance économique et le développement social.