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Culture

Politique culturelle : Vers une stratégie culturelle globale et économiquement viable


Rédigé par Abdallah BENSMAÏN le Mercredi 9 Février 2022

Au Parlement, les mots ont leur poids et traduisent une certaine évolution dans l’appréhension des politiques à mettre en place. La question posée à l’actuel chef du gouvernement, Aziz Akhannouch, est ainsi énoncée : «le rayonnement culturel national et le soutien des économies culturelles». Le fait mérite d’être souligné, car le lien entre Culture et Economie ne relevait pas de l’évidence…



La réponse du chef du gouvernement a porté sur l’annonce de l’élaboration d’une stratégie intégrée visant à définir les principales orientations du Maroc en matière culturelle et ce, à partir d’un diagnostic de la situation et de l’élaboration d’une vision stratégique à même de promouvoir ce secteur ainsi qu’un cadre institutionnel et légal destiné à en assurer l’accompagnement.

Le chantier à ouvrir concerne ainsi aussi bien le diagnostic à établir de la situation du secteur de la culture que le cadre institutionnel et légal dans lequel il sera appelé à se développer, en passant, in fine, par l’élaboration d’une stratégie d’accompagnement.

Parmi les annonces « réalistes » qui s’inscrivent dans une dynamique déjà en cours et qui donne des résultats sur le plan culturel et qui ont un important potentiel touristique par M. Akhannouch est la création d’un label «Tamayouz» (Excellence) pour les différentes composantes du patrimoine culturel national, en plus d’un label similaire, intitulé «Musée du Maroc» et octroyé par la Fondation Nationale des Musées (FNM), aux propriétaires des musées privés conformément à un cahier de charges.

Ce label conditionnera les aides financières allouées par l’Etat, les collectivités territoriales et les établissements publics, ainsi qu’un appui scientifique et technique de la FNM, en plus de la possibilité d’inclure le musée labellisé dans les circuits programmés aux touristes.

Parmi les mesures avancées par le chef du gouvernement, Aziz Akhannouch, figurent le renforcement de l’infrastructure culturelle, la réduction des disparités spatiales en couvrant le territoire national à l’appui d’institutions de proximité. Ce chantier ne pose pas de problème, il relève de l’action de l’Etat.

Dans ce train de mesures, « la diversification de l’offre culturelle et le développement des économies culturelles dans les domaines de la création, des arts et du patrimoine, en coordination avec les partenaires nationaux et internationaux » est beaucoup plus complexe.

Dans la réalité, la machine est grippée au niveau du « développement des économies culturelles » qui consomme aides et subventions… sans compter ! Il ne s’agit pas, bien entendu, de mettre fin aux aides publiques mais de faire en sorte qu’elles soient conditionnées par un Business Model qui fait apparaître clairement la faisabilité économique du projet à financer.

Lors de cette intervention, M. Aziz Akhannouch a mis l’accent sur le livre et le cinéma comme vecteur de développement culturel important. Ainsi a-t-il mis en avant que valorisation du capital culturel est tributaire du développement du secteur du livre et représente l’un des principaux piliers pour mettre en exergue le rayonnement culturel du Royaume, comme il a mis en avant le fait qu’on ne peut parler de politique culturelle sans le cinéma et la contribution de celui-ci à forger l’image mentale du patrimoine, de la civilisation et de la richesse de la culture marocaine

Dans un cas comme dans l’autre produire ne suffit pas. La diffusion est un élément qui n’est pas que d’appoint. Il fait la force ou la faiblesse du secteur du livre et du cinéma. Dans les années 80. L’idée avait germé de créer une agence du livre… L’idée est restée sans suite.

Ce qui peut être constatée, c’est l’absence de dynamique en aval qui concerne aussi bien la promotion que la distribution du livre… et des films soutenus par le CCM. Plus qu’une agence du livre, il est peut-être opportun de songer à une « agence de rayonnement culturel », prenant en compte aussi bien l’aspect culturel que diplomatique des oeuvres culturelles, donnant ainsi des outils de renforcement du softpower marocain, dans son environnement immédiat et naturel (monde arabe, Afrique) et dans le monde.

Dans sa déclaration, M. Aziz Akhannouch s’est inscrit dans des perspectives à venir et mis l’accent sur les nouveaux métiers culturels à même de retenir l’attention des jeunes et de favoriser l’emploi dans le secteur, dans les domaines du théâtre, du livre, de l’édition, de la musique, des arts chorégraphiques, des arts plastiques et visuelles, des associations culturelles et des festivals. Le programme est vaste. L’urgence est la mise en place des conditions de sa mise en oeuvre organisée de façon pérenne qui ferait passer la culture de la « politique ministérielle » à une « politique de l’Etat », de la « culture des experts » à celle des acteurs culturels.



Abdallah BENSMAÏN



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