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Pour fabriquer du biodiesel, on recycle les huiles et graisses alimentaires

Entretien avec Othmane Amadine, chercheur au sein du centre VARENA de la Fondation MAScIR


Rédigé par Safaa KSAANI Dimanche 20 Décembre 2020

La production du biodiesel de première et deuxième générations à base de phosphate naturel est parmi les projets innovants menés par la Fondation MAScIR.



Othmane Amadine
Othmane Amadine
- La consommation mondiale d’énergie dépend largement des ressources fossiles, dont le pétrole et le gaz naturel. Cependant, la demande croissante en énergie et le coût instable du pétrole ont rendu les États conscients des menaces que représentent ces facteurs. Est-ce ce constat qui vous a poussé à penser au développement de nouvelles sources d’énergie écologiquement propres et économiquement rentables ?
- Parmi les nouvelles sources d’énergie écologiques, on trouve la transformation de la biomasse en bioénergie. Dans cette optique, notre projet vise l’implémentation de l’utilisation de nouveaux agents énergétiques écologiques en phase avec les objectifs du développement durable de notre pays. C’est possible à travers la collecte et la valorisation des huiles végétales usagées et des graisses animales et leur transformation en produit de haute valeur ajoutée, à savoir le biodiesel. Ce dernier a été obtenu par l’adoption d’une technologie innovante qui repose sur l’utilisation du phosphate naturel du Maroc en tant que catalyseur stable capable de concurrencer les catalyseurs commerciaux, communément utilisés dans la production du biodiesel. Je tiens à préciser que le biodiesel que nous avons obtenu répond à tous les critères imposés par la norme européenne, EN 14.214, ce qui le qualifie pour la commercialisation.

- Quel est le plus grand avantage de votre projet de production du biodiesel de première et deuxième générations avec du phosphate naturel ? 
- En termes d’avantages, notre produit offre des performances similaires au diesel conventionnel, tout en étant moins toxique et facilement biodégradable. Donc, il permet de réduire les émissions de gaz à effet de serre. Le plus grand avantage réside dans le fait qu’il soit utilisable dans les véhicules existants sans avoir recours à la modification des moteurs. D’ailleurs, en Europe, l’importance du biodiesel a été confirmée par l’augmentation du pourcentage d’incorporation de 2% à 10% entre 2005 et 2020.

- Ce projet de biodiesel a-t-il été validé ?
- Nous avons évalué et validé notre concept à l’échelle laboratoire, et à l’échelle semi-pilote dans un réacteur de 50 litres où nous avons réalisé un prototype pour la production du biodiesel à l’échelle semi-pilote. Les travaux, réalisés au cours de la conception de ce projet, ont conduit à la publication dans des journaux de renommée internationale et au dépôt d’un brevet intitulé “Procédé de production du biodiesel à partir des huiles végétales ou animales au moyen de catalyseurs solides phosphatés à structure apatitique sous forme de poudres ou extrudés”. Les travaux de ce projet ont commencé en 2011 et se sont achevés en novembre 2015. 

- Dans un autre registre, le développement d’une méthode analytique pour la détection des résidus des médicaments dans les eaux usées au Maroc est le deuxième projet sur lequel vous avez travaillé. En quoi consiste-t-il ?
- La présence de résidus de médicaments dans les eaux usées est devenue un problème d’actualité. Les données sur leur présence et leur devenir dans les différents milieux aquatiques ont considérablement augmenté au cours des vingt dernières années. Ils constituent une catégorie unique de polluants en raison de leurs caractéristiques spécifiques et leurs comportements différents comparés aux autres contaminants. De plus, la biotransformation des médicaments dans le corps génère des métabolismes pouvant être biologiquement plus actifs que les médicaments initiaux. Certains médicaments, ainsi que leur métabolisme, sont résistants au traitement appliqué pendant le processus de traitement utilisé dans les stations d’épuration des eaux usées. Par conséquent, une variété de produits pharmaceutiques a été détectée dans de nombreux échantillons des eaux usées dans le monde entier. En général, la concentration de ces résidus de médicaments dans les milieux aquatiques est très faible. Cependant, la présence de ces produits a des impacts environnementaux graves. Le projet en question a été développé pour le compte de l’Office National de L’Electricité et de l’Eau potable (ONEE), et consiste à développer une méthode basée sur une extraction en phase solide et la chromatographie liquide couplée à la spectroscopie de masse (LC-MS/ MS) pour l’analyse des résidus de médicaments les plus rencontrés dans les eaux usées urbaines marocaines et les eaux principalement utilisées pour la production de l’eau potable. Ce projet a commencé en 2015 et a duré 18 mois.

Recueillis par Safaa KSAANI

Technologies émergentes

La Fondation MAScIR : un centre de recherche stratégique pour l’innovation
M. Nizar Baraka, Secrétaire Général du Parti de l’Istiqlal, a rendu visite, mardi 15 décembre, à la Fondation MAScIR, qui est “un fleuron de la recherche appliquée de notre pays dotée d’une équipe pleine d’ambition et forte de réalisations à encourager”, a-t-il souligné sur son compte Twitter.

Tout comme le SG du PI, une délégation de haut rang composée des ambassadeurs de la Suisse, du Canada, de l’Égypte, du Japon et du Mexique, de la Coordinatrice résidente des Nations Unies au Maroc, et de représentants de l’ONUDI, de l’ICESCO, du CNRST, du ministère de l’Industrie, du Commerce et de l’Economie Verte et de l’entreprise Green Watech. a été accueilli le 16 décembre dans le même cadre. Ces visites ont été organisées par la Fondation MAScIR, en partenariat avec le Système des Nations Unies pour le Développement (SNUD), le bureau de la coordinatrice résidente de l’ONU au Maroc et l’Ambassade de Suisse.

Parmi les projets présentés à la délégation figurent ceux qui relèvent de l’Intelligence Artificielle, comme le développement de solutions à base de traitement d’images, conçues pour la gestion du trafic routier ou pour l’estimation de la production des parcelles agricoles, ou encore les dispositifs portables tels les analyseurs d’huile d’olive et de sol.

Les visiteurs ont pu également s’informer sur les étapes qui ont permis à MAScIR de développer, dans des délais très courts, des solutions 100% marocaines pour le diagnostic de la Covid-19, notamment un dispositif basé sur la technologie de spectroscopie proche infrarouge ainsi qu’un kit PCR dont la commercialisation est actuellement en cours après sa certification par le ministère de la Santé.
S. K. 

Repères

Innovation, le maître mot
Le caractère innovant dans le premier projet réside dans le procédé de production du biodiesel dans lequel ont été utilisés des catalyseurs hétérogènes à base de phosphate naturel, qui représente la première richesse minière du Maroc, ce qui constitue une nouvelle voie de valorisation du phosphate du Royaume, contrairement aux catalyseurs homogènes utilisés pour la production du biodiesel. “Notre projet propose un procédé novateur pour la production du biodiesel à partir de matières premières n’entrant pas en compétition avec la filière alimentaire telles que les graisses animales et les huiles usagées. D’autre part, notre procédé de production du biodiesel est basé sur une technologie propre et écologique de façon à réduire les coûts d’investissement et d’exploitation par rapport au procédé actuel qui nécessite des installations de lavage et de neutralisation du biodiesel”, se félicite Othmane Amadine.
Des difficultés rencontrées durant les recherches
Le jeune chercheur a rencontré plusieurs difficultés de différents ordres. « D’abord, le processus était long et a nécessité un travail continu de plusieurs années pour obtenir des résultats exploitables et brevetables. Deuxièmement, il y avait un problème de la valorisation des brevets à l’échelle nationale, et, enfin, nous avons remarqué que le domaine de l’industrie n’accorde pas encore la confiance nécessaire aux centres de développement et de recherche marocains », nous confie Othmane Amadine. 








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