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Quand le Maroc change de vitesse, c’est l’Afrique qui s’aligne


Rédigé par Said Temsamani, analyste politique le Jeudi 24 Avril 2025

Il est des jours où les nations tracent plus qu’une ligne sur une carte : elles ouvrent une voie dans l’histoire. Ce 24 avril 2025, à la gare de Rabat-Agdal, le Maroc n’a pas seulement lancé les travaux de la Ligne à Grande Vitesse entre Kénitra et Marrakech. Il a affirmé, sous l’impulsion visionnaire de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, que la vitesse n’est pas une affaire de kilomètres par heure, mais de cap civilisationnel.



Quand le Maroc change de vitesse, c’est l’Afrique qui s’aligne
Car ce projet n’est pas un projet de plus. Il est l’incarnation d’un basculement stratégique, d’une ambition souveraine, et d’un art marocain de bâtir le futur avec précision, patience et panache. Ce que le Royaume pose aujourd’hui sur ses rails, c’est bien plus que des trains : c’est un récit de modernité, de maîtrise technologique, d’indépendance industrielle et d’inclusion sociale. Un récit où le génie national rejoint le souffle continental.
La grande vitesse comme politique d’État
 
Depuis le lancement de la LGV Tanger-Casablanca, le Maroc n’a cessé de démontrer que le rail peut être un levier de transformation systémique, et non un simple mode de transport. Avec la ligne Kénitra-Marrakech, c’est un triangle d’or qui prend forme, connectant la façade atlantique du Nord à la dynamique économique et touristique du Sud, en passant par les deux métropoles administratives et financières du pays.

Mais le génie de ce projet réside dans son architecture globale : 430 kilomètres de rail grande vitesse, des gares intermodales connectées aux aéroports, des services de trains métropolitains intégrés dans trois grandes agglomérations, un lien direct entre Rabat et l’aéroport Mohammed V en 35 minutes. Le tout, orchestré dans une logique de cohérence territoriale, d’inclusivité sociale et d’intelligence logistique.
Une souveraineté industrielle sur les rails
 
Plus qu’un projet d’infrastructure, c’est une politique industrielle ferroviaire souveraine qui émerge. Le Maroc ne se contente pas d’importer de la technologie : il l’ancre, la localise, l’amplifie. Avec 168 nouveaux trains – dont une part significative produite dans le Royaume –, des joint-ventures structurantes, un taux d’intégration locale supérieur à 40 %, et des milliers d’emplois directs et indirects créés, le rail devient industrie, et l’industrie devient pilier de la souveraineté nationale.
 
Cette approche donne tout son sens à la stratégie royale de long terme : ne pas dépendre, mais coopérer intelligemment. S’associer aux meilleurs (Alstom, CAF, Hyundai Rotem), tout en affirmant l’expertise marocaine, les talents marocains, et la capacité marocaine à fabriquer du savoir-faire. C’est le Maroc qui construit le Maroc.
Un choix civilisationnel face à l’urgence climatique et urbaine
 
Alors que le monde s’enlise dans des crises systémiques – climatique, énergétique, logistique –, le Maroc choisit la lucidité offensive. La mobilité n’est plus un luxe, c’est une urgence. La ville n’est plus un simple espace, c’est un système vivant à réorganiser. La croissance ne vaut que si elle est durable, équitable, et maîtrisée. Le rail, par son efficacité énergétique, sa ponctualité et sa capacité à désaturer les routes, devient un outil de résilience urbaine.
 
Avec ses réseaux de transport métropolitains, ses nouveaux services de proximité, ses trains navettes rapides, c’est une mobilité de demain qui s’ébauche : moins polluante, plus accessible, plus digne. Un projet de justice spatiale autant que de performance économique.
L’Afrique observe, l’Europe s’interroge, le Maroc avance
 
Dans ce moment décisif, le Maroc donne à voir ce que peut être un leadership africain éclairé. Il ne suit pas le progrès : il l’anticipe. Il ne s’en remet pas à l’aide extérieure : il crée ses propres chaînes de valeur. Il ne s’enferme pas dans le mimétisme : il forge une identité technologique propre, audacieuse et maîtrisée.
 
Ce projet envoie aussi un message aux partenaires européens : le Maroc n’est pas un client, c’est un allié stratégique, un acteur moteur, un bâtisseur d’avenir. Il attend une coopération d’égal à égal, au service de causes globales partagées : la transition écologique, la cohésion régionale, la stabilité géopolitique.
Conclusion – Quand le rail devient récit national
 
Avec la LGV Kénitra-Marrakech, le Maroc n’accélère pas seulement son réseau. Il accélère son destin. Il trace une voie pour son peuple, pour son économie, pour son continent. Une voie rapide, mais ancrée. Une voie ambitieuse, mais réaliste. Une voie moderne, mais profondément marocaine.
 
Le train est lancé. Et ce qu’il transporte dépasse les passagers : il emporte avec lui un projet de société, une fierté collective et une volonté politique qui ne transige ni avec le temps, ni avec la médiocrité.
 
Ce n’est pas qu’un rail.
C’est une ligne d’horizon.







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