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Au cœur de la capitale du Royaume, les bouquinistes se dressent comme des gardiens taciturnes des mots. À deux pas de Bab el Had, où l'odeur des vieux papiers se mêle à celle des gaz d'échappement, un décor aux airs d'antan attire l'attention des passionnés de lecture. Les étals regorgent de livres aux pages jaunies par le temps, qui renferment des histoires enfouies. Pas de manuels scolaires ici, en ce bout d'an, mais des trésors d'un autre genre. Des romans aux couvertures usées, des essais politiques oubliés et des recueils de poésie à redécouvrir.
La foule se presse à la recherche de la perle rare : un livre qui pourrait changer une vie entière pour une poignée de dirhams. Les mains fouillent, farfouillent, tournent et retournent les pages avec une précaution chirurgicale, comme pour en extraire l'âme des mots. Ici, un étudiant à la recherche d'un classique de la littérature française. Là, un retraité feuilletant un ouvrage de philosophie. Plus loin, un jeune père de famille hésitant entre un recueil de contes pour enfants et un thriller des années 60. Les tarifs sont choisis au pifomètre. Ici, un poncif à la couverture reluisante peut coûter 100 dirhams, mais un pavé riche en conseils mnémotechniques peut valoir la modique somme de 10 dirhams.
Les bouquinistes eux-mêmes, figures souvent énigmatiques, observent d’un œil bienveillant ce va-et-vient. Souvent, ils connaissent chaque livre, chaque auteur, chaque histoire. Il suffit de demander pour que l’un d’eux déniche le roman oublié que l’on croyait introuvable, l’essai qui réveille l’esprit ou le thriller qui fait monter l’adrénaline.
Mais l’âme des bouquinistes ne se limite pas à ce coin hétéroclite de la médina. Dans les quartiers populaires, là où l’agitation de la ville cède la place à une tranquillité presque intemporelle, d’autres étals se dressent. Au quartier Attakaddoum, par exemple, l’effervescence est moins grande, mais l’intérêt est tout aussi palpable. Les prix y sont tout aussi modestes et la magie opère toujours. Les livres, eux, n’ont pas de frontières, et les histoires voyagent de main en main, transcendant les lignes géographiques, les époques et les générations.
À Rabat, les bouquinistes sont les passeurs de savoir, les gardiens d’une mémoire collective qui s’effrite. Leurs étals sont des mondes en miniature, où chaque livre est une porte ouverte sur l’infini. À l’approche de la rentrée des classes, quand la ville s’anime, ils sont les derniers remparts contre l’oubli, offrant à ceux qui osent s’aventurer une chance de plonger dans un autre univers, le tout pour une poignée de dirhams.
Quand la rentrée déclasse…
La rentrée scolaire 2024 s'annonce sous le signe de la continuité en matière d'accessibilité des manuels scolaires. Dans l'ensemble, les prix des livres produits localement restent stables, permettant à de nombreuses familles de respirer un peu plus facilement en cette période souvent stressante.
Cependant, une hausse non-négligeable des prix a été observée pour les manuels importés, principalement ceux destinés à l'enseignement des langues étrangères et certaines matières scientifiques avancées. Cette augmentation reflète les tendances inflationnistes mondiales et les fluctuations des taux de change.
Face à cette situation, de nombreuses questions se posent. Comment les familles aux revenus modestes vont-elles jongler avec ces dépenses supplémentaires ? Les écoles et les associations pourront-elles mettre en place des systèmes d'entraide ou de prêt de manuels ? Les éditeurs locaux seront-ils en mesure de proposer des alternatives abordables pour les matières concernées ?
