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Actu Maroc

Rabat et Alger toujours à fleurets mouchetés

Succès diplomatique de l’un, cinglant revers de l’autre


Rédigé par ​Yasser AYOUBI Mardi 21 Avril 2020

Les visions que se font Rabat et Alger de leurs poids et action diplomatiques respectifs se cristallisent dans des postures dissemblables, qui font le succès de l’un et les déboires de l’autre.



Rabat et Alger toujours à fleurets mouchetés
À quelques jours d’intervalle, la diplomatie marocaine est parvenue à placer le chevronné Omar Hilal co-facilitateur du processus de réforme du système des traités relatifs aux droits de l’homme de l’ONU, alors que celle d’Algérie a échoué à faire nommer son ancien ministre des affaires étrangères et non-moins expérimenté, Ramtane Laamamra, comme chef de la médiation des Nations unies sur la Libye. Un revers qui laisse Alger encore plus acariâtre que jamais.

Détourner l’attention des Algériens

Confronté à la colère de la rue algérienne, la muselière que le coronavirus a fait porter au Hirak ne pouvant être supportée que le temps que dure la pandémie, avide de recouvrer son aura diplomatique d’antan sur la scène internationale, le régime d’Alger frémissait à l’idée de se présenter à nouveau comme un leader africain, en se montrant actif dans la résolution du conflit libyen.

Signe de sa déconnexion de l’actuelle réalité, Alger a promu la candidature de son poulain à un poste d’une grande sensibilité pour moult acteurs régionaux et même les grandes puissances mondiales, qui l’ont jaugé à l’aune de leurs propres intérêts.

Estimant la position algérienne dans le conflit qui déchire la Libye comme penchant en faveur du gouvernement de Tripoli, Egypte et Emirats Arabes Unis voyaient mal Laamamra en médiateur entre factions rivales libyennes.

Cécité géopolitique

L’on peut reprocher à ces intervenants de fait dans le conflit qui déchire ce pays aux confins Est du Maghreb leur radicalisme anti-frères musulmans, mais on ne peut ignorer leur activisme à ce sujet. Ces deux alliés de Washington ont su obtenir son soutien pour réduire à néant les ambitions d’Alger.

La presse du pays voisin y a vu également la main de Rabat, dans une complainte lancinante pour anesthésier le bon sens commun des Algériens. Tout pragmatisme a-t-il donc déserté le mode de pensée des dirigeants du pays voisin ?

Alors que le Maroc a bâti et continue d’entretenir une solide assise diplomatique continentale qui renforce son poids à l’international, se positionnant en porte-parole des attentes des pays africains plutôt qu’en leader, dans le respect de la diversité des opinions, l’Algérie s’est comporté au sein de l’Union africaine, dans le traitement de l’affaire libyenne, comme un éléphant dans un magasin de porcelaine.

L’handicap africain

Quelle place a aménagé Alger, dans sa stratégie libyenne, au président du Congo-Brazzaville, Denis Sassou-Nguesso, nommé par ses pairs africains pour diriger le comité de haut niveau pour la Libye ? La conviction africaine s’exprime par des actes et non par le seul discours, d’ailleurs d’un autre âge.

Ce n’est sûrement pas en auto-nourrissant l’illusion du prolongement du glorieux passé d’une diplomatie algérienne, pourtant depuis longtemps dépassée, en croyant pouvoir tourner la page de longues années d’éclipse sur les scènes continentales et internationales d’un claquement de doigt, qu’Alger saurait se refaire une place au soleil.

L’effondrement des cours du pétrole n’offrent plus les moyens de la diplomatie de la valise et le Hirak hurle sa rage de voir les revenus des hydrocarbures servir autrement qu’à financer le développement de la nation et les attentes socio-économiques de la population.

Charité bien ordonnée commence par soi-même

Que peut bien signifier un éclat diplomatique pour les Algériens, quand les soubassements de la politique interne de leur pays sont viciés, qu’ils ne se privent plus, d’ailleurs, de contester ? Quelle crédibilité peut bien avoir le régime algérien auprès des partenaires africains quand il ne voit en eux que des suiveurs ? Comment prétendre jouer le médiateur de paix lorsqu’est rejetée l’offre de dialogue du pays voisin, avec lequel les frontières demeurent jusqu’à présent fermées ? Charité bien ordonnée commence par soi-même.

Le monde est entré dans une nouvelle ère alors que le régime algérien s’est ossifié dans une posture de temps révolus. À moins de se réformer, le Hirak finira par le briser. Et ce n’est pas un soi-disant prestige international qui pourra le sauver. D’ici là les Algériens vont continuer à entendre la même rengaine : « C’est la faute du Maroc » !

Yasser AYOUBI








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