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Culture

Récit : JFK, Hassan II et André Malraux au Louvre


Rédigé par Anis HAJJAM le Dimanche 2 Février 2025



Hassan II et André Malraux au musée du Louvre en 1963. A gauche sur la photo (portant lunettes noires), le journaliste français Jean-François Kahn.
Hassan II et André Malraux au musée du Louvre en 1963. A gauche sur la photo (portant lunettes noires), le journaliste français Jean-François Kahn.
Auteur de plusieurs best-sellers et essais sur la société française, Jean-François Kahn (JFK) sort, en mai 2021, le premier tome de ses « Mémoires d’outre-vie ». L’éminent journaliste, décédé le 23 janvier dernier, avait 86 ans. Le récit qui suit, nous l’avons publié en son temps, comme nous avons republié le soir de sa disparition l’intégralité de l’interview qu’il nous a accordé dans la foulée de la sortie du premier volet de ses mémoires. Ancien de l’hebdomadaire de Jean-Jacques Servan-Schreiber et Françoise Giroud « L’Express », Jean-François Kahn fonde les magazines « L’Evènement du jeudi » en 1984 et « Marianne » en 1997. Au début des années soixante, il est un temps correspondant de « La Vigie marocaine » depuis Paris.

Dans ses mémoires, il relate une scène cocasse vécue auprès du défunt Hassan II : « Je dois ici en faire l’aveu : au-delà des évènements et des faits -surtout si je les ai vécus- je ne retiens pas les propos, je ne retiens que les sonorités et les images et, en conséquence, les sonorités qui font images. Un discours ne s’ancre pas en moi, même si son contenu me pénètre, alors qu’une musique s’y fixe. J’intègre les raisonnements, mais plus difficilement les rhétoriques qui les portent. Je retiens en revanche un air, donc une mélodie, en intégrant facilement les mots qu’elle véhicule. Tout se résume donc, dans mes souvenirs, à des images et à des sonorités. Un épisode en donnera la mesure. Un concours de circonstances (le remplacement d’un collègue en vacances) avait fait de moi (cela devait se passer en 1963) le très éphémère correspondant d’un journal français marocain intitulé La Vigie marocaine. C’est à ce moment précis que le jeune roi du Maroc, Hassan II, entreprit son premier voyage officiel en France. Il me fallut donc, comme on dit, ‘le couvrir’. Il était prévu, en fin de matinée, une visite du Louvre.

Le musée avait été évacué de ses visiteurs. Nous nous retrouvâmes avec trois journalistes, authentiquement marocains ceux-là, assis sur des fauteuils entourant une manière de trône réservé au souverain. Qu’allait-il donc se passer ? Stupéfaction : on avait placé un certain nombre de tableaux parmi les plus représentatifs des richesses du musée sur des roulettes et on les poussait devant sa majesté, donc devant nous. Nous ne parcourions pas le musée, c’est le musée qui défilait. Et qui commentait ? André Malraux alors ministre de la Culture ! Or, j’ai honte de le confesser, mais des commentaires de l’auteur du ‘Musée imaginaire’ je n’ai strictement rien retenu (ce n’est d’ailleurs pas, quoi qu’il en pensât lui-même, dans son rapport à l’art, que sa sorte de génie se manifesta avec le plus d’éclats). Je n’oublierai jamais, en revanche, jamais, la figure consternée, éberluée, d’Hassan II, quand il prit conscience que Malraux n’avait pas sélectionné La Joconde, seul tableau apparemment qui motivait son attente. »







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