Suite à la succession des années déficitaires en précipitations, le Maroc traverse aujourd'hui une des pires sécheresses de son Histoire récente. Une situation qui, en plus d’affecter fortement les réserves en eau, réduit également les performances de plusieurs secteurs économiques du pays. Dans ce sens, la gestion de cette denrée rare a été érigée en priorité de la régionalisation pour faire en sorte que les Régions interviennent plus dans la gestion du stress hydrique. En témoigne la convention signée, vendredi à Tanger, lors des Assises nationales de la régionalisation avancée, portant sur un partenariat renforcé avec un cadre participatif entre le gouvernement et les régions dans la mise en œuvre des politiques de l’Etat et des programmes nationaux en la matière.
Une convention qui vient capitaliser sur les acquis de la politique nationale qui, selon le directeur général de l'ingénierie hydraulique au ministère de l’Équipement et de l'Eau, Abdelaziz Zerouali, a permis de réaliser plusieurs acquis, grâce à d'importantes infrastructures hydrauliques, notamment les barrages, les ouvrages de dérivation des eaux, les puits et forages pour l'exploitation des eaux souterraines, les stations de dessalement de l'eau de mer et les stations d'épuration des eaux usées.
La nouvelle stratégie de l'eau du ministère, a-t-il rappelé, repose sur six piliers liés à la gestion et au développement de l'offre, à la gestion de la demande en eau et à sa valorisation, à la protection des ressources hydriques et à la préservation de la nature, à la réduction de l'impact des risques liés au changement climatique, à la modernisation de l'administration et à la qualification des ressources humaines.
Anticiper pour mieux agir
Abdelaziz Zerouali a par ailleurs souligné que la stratégie nationale requiert une grande visibilité sur les précipitations futures, notant que le département de tutelle collabore actuellement avec l’Organisation météorologique mondiale sur «une étude d’envergure afin de fournir une projection détaillée de la situation hydrique du Maroc à horizon de 30 ans». Cette data permettra d’établir une feuille de route qui orientera les politiques hydriques, garantissant ainsi une planification plus efficace à long terme, a-t-il ajouté. L’enjeu de l’anticipation est d’envergure, car la demande annuelle en eau est estimée à 16 milliards de m3 et devrait franchir le seuil des 18 milliards de m3 dès 2030, notamment avec la croissance démographique, l'urbanisation et les besoins grandissants en irrigation. Le responsable a, cependant, souligné que la réussite de tous ces projets ne peut avoir lieu sans lutte acharnée contre les contraventions et la surexploitation. «Les pratiques agricoles non durables, notamment l'irrigation intensive et non réglementée, contribuent à l'épuisement rapide des eaux souterraines, ce qui constitue une menace pour la pérennité de nos ressources hydriques nationales», a-t-il déploré.
Entraide inter-régionale
Pierre angulaire du chantier stratégique de renforcement de la sécurité hydrique du Royaume, les projets d'interconnexion des bassins pour remédier à la problématique du déficit en eau potable et d'irrigation dans certaines régions, ont également été au cœur des débats. Les projets de transfert de l’eau se poursuivent après le succès remarquable de la tranche prioritaire qui a permis de raccorder le barrage de garde au niveau du bassin hydraulique du Sebou au barrage Sidi Mohammed Ben Abdellah (SMBA) situé dans le bassin hydraulique du Bouregreg. La première étape permet déjà d’assurer une partie substantielle de l’approvisionnement en eau potable de Rabat et sa région. Le transfert de l’eau sur une distance de 67 kilomètres permet désormais d’acheminer un débit quotidien qui avoisine un million de mètres cubes d'eau vers le barrage SMBA, pour un total qui dépasse les 400 millions de m³ depuis l’entrée en service de cette infrastructure en septembre 2023. L’objectif actuel, selon nos sources au sein du ministère, est d’augmenter le débit de transfert pour passer de 15 m³/s (mètres cubes par seconde) à 45 m³/s.
Ces projets de transfert d’eau, notamment à partir des bassins excédentaires vers les bassins déficitaires, se compléteront avec la mise en place d’autres infrastructures dédiées aux eaux non-conventionnelles. C’est le cas notamment des stations de dessalement d’eau de mer, dont 9 nouvelles sont prévues pour une capacité globale de 202 millions de m³/an au profit de la population de plusieurs villes, en plus du lancement des travaux de 6 stations de dessalement pour une capacité globale de 360 millions de m³/an pour sécuriser principalement l’alimentation en eau au niveau de Casablanca, Settat, Berrechid, entre autres.
Cela dit, et outre les projets déjà mis en place par l’Etat, les participants aux assises sur la régionalisation avancée n’ont pas manqué de souligner la nécessité de prendre quelques décisions difficiles politiquement, telles que la mise en place d'une tarification adéquate à la valeur économique et environnementale de l'eau, qui se fait de plus en plus rare. En plus de la promotion des projets de dessalement, ils ont aussi insisté sur la mise en place d’un mécanisme de financement adéquat pour les projets hydriques locaux, tout en investissant dans la formation des acteurs régionaux pour assurer une gestion optimale des ressources hydriques.
Une convention qui vient capitaliser sur les acquis de la politique nationale qui, selon le directeur général de l'ingénierie hydraulique au ministère de l’Équipement et de l'Eau, Abdelaziz Zerouali, a permis de réaliser plusieurs acquis, grâce à d'importantes infrastructures hydrauliques, notamment les barrages, les ouvrages de dérivation des eaux, les puits et forages pour l'exploitation des eaux souterraines, les stations de dessalement de l'eau de mer et les stations d'épuration des eaux usées.
La nouvelle stratégie de l'eau du ministère, a-t-il rappelé, repose sur six piliers liés à la gestion et au développement de l'offre, à la gestion de la demande en eau et à sa valorisation, à la protection des ressources hydriques et à la préservation de la nature, à la réduction de l'impact des risques liés au changement climatique, à la modernisation de l'administration et à la qualification des ressources humaines.
Anticiper pour mieux agir
Abdelaziz Zerouali a par ailleurs souligné que la stratégie nationale requiert une grande visibilité sur les précipitations futures, notant que le département de tutelle collabore actuellement avec l’Organisation météorologique mondiale sur «une étude d’envergure afin de fournir une projection détaillée de la situation hydrique du Maroc à horizon de 30 ans». Cette data permettra d’établir une feuille de route qui orientera les politiques hydriques, garantissant ainsi une planification plus efficace à long terme, a-t-il ajouté. L’enjeu de l’anticipation est d’envergure, car la demande annuelle en eau est estimée à 16 milliards de m3 et devrait franchir le seuil des 18 milliards de m3 dès 2030, notamment avec la croissance démographique, l'urbanisation et les besoins grandissants en irrigation. Le responsable a, cependant, souligné que la réussite de tous ces projets ne peut avoir lieu sans lutte acharnée contre les contraventions et la surexploitation. «Les pratiques agricoles non durables, notamment l'irrigation intensive et non réglementée, contribuent à l'épuisement rapide des eaux souterraines, ce qui constitue une menace pour la pérennité de nos ressources hydriques nationales», a-t-il déploré.
Entraide inter-régionale
Pierre angulaire du chantier stratégique de renforcement de la sécurité hydrique du Royaume, les projets d'interconnexion des bassins pour remédier à la problématique du déficit en eau potable et d'irrigation dans certaines régions, ont également été au cœur des débats. Les projets de transfert de l’eau se poursuivent après le succès remarquable de la tranche prioritaire qui a permis de raccorder le barrage de garde au niveau du bassin hydraulique du Sebou au barrage Sidi Mohammed Ben Abdellah (SMBA) situé dans le bassin hydraulique du Bouregreg. La première étape permet déjà d’assurer une partie substantielle de l’approvisionnement en eau potable de Rabat et sa région. Le transfert de l’eau sur une distance de 67 kilomètres permet désormais d’acheminer un débit quotidien qui avoisine un million de mètres cubes d'eau vers le barrage SMBA, pour un total qui dépasse les 400 millions de m³ depuis l’entrée en service de cette infrastructure en septembre 2023. L’objectif actuel, selon nos sources au sein du ministère, est d’augmenter le débit de transfert pour passer de 15 m³/s (mètres cubes par seconde) à 45 m³/s.
Ces projets de transfert d’eau, notamment à partir des bassins excédentaires vers les bassins déficitaires, se compléteront avec la mise en place d’autres infrastructures dédiées aux eaux non-conventionnelles. C’est le cas notamment des stations de dessalement d’eau de mer, dont 9 nouvelles sont prévues pour une capacité globale de 202 millions de m³/an au profit de la population de plusieurs villes, en plus du lancement des travaux de 6 stations de dessalement pour une capacité globale de 360 millions de m³/an pour sécuriser principalement l’alimentation en eau au niveau de Casablanca, Settat, Berrechid, entre autres.
Cela dit, et outre les projets déjà mis en place par l’Etat, les participants aux assises sur la régionalisation avancée n’ont pas manqué de souligner la nécessité de prendre quelques décisions difficiles politiquement, telles que la mise en place d'une tarification adéquate à la valeur économique et environnementale de l'eau, qui se fait de plus en plus rare. En plus de la promotion des projets de dessalement, ils ont aussi insisté sur la mise en place d’un mécanisme de financement adéquat pour les projets hydriques locaux, tout en investissant dans la formation des acteurs régionaux pour assurer une gestion optimale des ressources hydriques.
3 questions à Redouane Choukr-Allah : «Renforcer les agences des bassins hydrauliques en leur accordant les pouvoirs et capacités nécessaires pour assurer leur rôle»
Redouane Choukr-Allah, expert en agriculture durable et en ressources hydriques, répond à nos questions.
- La gestion optimale de l’eau a été au cœur de la 2ème édition des Assises nationales de la régionalisation avancée. Comment peut-on garantir une répartition équitable des ressources hydriques à toutes les régions, sachant que certaines souffrent d’un grand déficit ?
- Pour garantir une répartition équitable des ressources hydriques au niveau de chaque région, l’Etat a déjà commencé à développer ce qu’on a appelé les autoroutes de l’eau. La première station permet de connecter Oued Sebou au barrage Sidi Mohammed Ben Abdellah près de Rabat et la deuxième dans la région du Nord permettant d’assurer l’approvisionnement en eau potable de la ville de Tanger. Je crois qu’il faut travailler sur une autoroute d’eau qui amène l’eau du grand barrage Alwahda, pour approvisionner la région du Saiss allant jusqu’à Oum er-Rabia.
- Pensez-vous que la recherche et l’innovation dans le domaine de l’eau sont suffisamment développées et encouragées au Maroc ?
- Au Maroc, nous avons assez d’instituts, que ce soit l’Institut Agronomique et Vétérinaire Hassan-II de Rabat, l’École Hassania des travaux publics ou l’Ecole Mohammadia d'Ingénieurs, ainsi que d’autres Facultés marocaines. Pour moi, ce n’est pas une question de recherches, mais surtout une question institutionnelle.
- Quels sont les leviers pour améliorer encore plus notre politique de l’eau ?
- Pour renforcer le cadre législatif et réglementaire, il faut mettre à jour la loi sur l’eau en activant des lois et réglementations capables de protéger les ressources en eau et de faire face au changement climatique, avec la nécessité de considérer le droit de l’eau, la justice de l’eau et la propriété publique de l’eau comme objectif fondamental dans la politique de l’eau dans le Royaume. Et puis, il est à noter qu’il faut aussi renforcer les agences des bassins hydrauliques en leur accordant les pouvoirs et capacités nécessaires pour assurer leur rôle de protection des ressources en eau à la lumière des évolutions liées à la rareté de l’eau. Actuellement, les agences manquent de moyens, il n’y a pas assez de police de l’eau, ce qui fait qu’aujourd’hui il existe des milliers de puits sans autorisations, ce qui a entraîné aussi la dégradation de la nappe dans plusieurs régions.
Remplissage des barrages : Une situation meilleure que l’année dernière
Le taux de remplissage des barrages du Maroc a atteint 28.65% à ce jour, 23 décembre 2024, avec un volume de retenues de plus de 4824.94 milliards de mètres cubes (m3), selon la situation journalière des barrages au Royaume établie par le ministère de l’Équipement et de l'Eau.
Ce taux reste supérieur à celui établi à la même date de 2023, qui était de 23.3%, avec un volume de retenues de 3.75 milliards de mètres cubes.
Un seul barrage affiche un taux de remplissage supérieur à 50%, à savoir Guir Ziz Rheris (56.29%), tandis que d’importants bassins tels que Loukkos, Tensift ou encore Sebou, affichent respectivement des taux de 46.17%, 45.37% et 38.18%, contre 39.16%, 46.6% et 36.66% l’année dernière.
Pour ce qui est du reste des barrages, Moulouya vient en premier avec 37.84%, suivi de Bouregreg-Chaouia (36.2%), Draa-Oued Noun (33.54%), Souss Massa (16.96%) et finalement Oum Er Rbia (5.05%).
Ce taux reste supérieur à celui établi à la même date de 2023, qui était de 23.3%, avec un volume de retenues de 3.75 milliards de mètres cubes.
Un seul barrage affiche un taux de remplissage supérieur à 50%, à savoir Guir Ziz Rheris (56.29%), tandis que d’importants bassins tels que Loukkos, Tensift ou encore Sebou, affichent respectivement des taux de 46.17%, 45.37% et 38.18%, contre 39.16%, 46.6% et 36.66% l’année dernière.
Pour ce qui est du reste des barrages, Moulouya vient en premier avec 37.84%, suivi de Bouregreg-Chaouia (36.2%), Draa-Oued Noun (33.54%), Souss Massa (16.96%) et finalement Oum Er Rbia (5.05%).
ODD : Le grand dilemme de la pollution
Pour la réussite des projets de transfert de l’eau, la lutte contre la pollution est un défi majeur à relever. Un projet de délocalisation des unités des huileries du Sebou vers Aïn Baida a été lancé en 2022, sous la supervision de la régie d’eau de Fès, afin de limiter les rejets de margines. En attendant son achèvement, des solutions ont été déployées pour réduire la pollution dans les provinces de Taounate, Ouazzane et Fès. Pour sa part, l’Agence du Bassin Hydraulique de l’Oum Er-Rbia (ABHOR) déploie plusieurs activités pour lutter contre la pollution causée par les rejets de margines. L’agence mène chaque année, «en coordination avec divers acteurs, des campagnes de sensibilisation autour des dangers liés aux déchets des huileries et des mesures concrètes pour y remédier. Ces campagnes se déroulent dans les provinces relevant de sa zone d'action», souligne un récent communiqué. Parmi les solutions proposées figure «l’installation de bassins imperméables dans les huileries pour l’évaporation des margines et le traitement des résidus d’olives». En parallèle, l’agence soutient activement les initiatives de gestion des déchets en offrant un accompagnement technique et en participant au financement de certaines stations de traitement, dans le cadre de conventions de partenariat. À noter que les propriétaires d’huileries risquent des sanctions sévères en vertu de la Loi sur l’eau 36-15 s’ils persistent à polluer les ressources en eau avec leurs déchets, avec des amendes comprises entre 10.000 et 500.000 dirhams.