- Que représente pour vous la projection de votre film au Festival international du film de Marrakech ?
- Monia Chokri : Comme mon père est Tunisien, c’est important pour moi, étant la première fois que je vais présenter mon travail dans des salles de cinéma maghrébines, d’être ici. C’est aussi le partage de la parole d’une personne ayant grandi dans un autre pays mais qui garde toujours une vision nord-africaine et qui apporte une manière différente de voir les choses.
- Est-ce que l'expérience acquise lors de la réalisation de vos deux premiers longs métrages vous a aidé à aborder la création de ce film, qui a reçu de nombreuses critiques positives ?
- Monia Chokri : Bien évidemment, les projets que j’ai faits auparavant m’ont permis de perfectionner mon travail de mise en scène. Cela m’a aussi aidé à devenir plus mature dans ma manière de raconter les choses. De plus, j’ai développé une fragilité et l’audace de la montrer dans mes films, me permettant ainsi d’avoir un dialogue plus fluide avec le spectateur.
- Vous abordez l'histoire d'amour dans « Simple comme Sylvain » sans ironie ni sarcasme, ce qui est peu commun de nos jours…. Qu’en dites-vous ?
- Monia Chokri : Je crois qu'il y a quand même un peu de causticité dans le film. Cependant, comme il s’agit d’une histoire d’amour, qui parle d’un sentiment de premier degré, il est normal que le ton devienne plus intense et dramatique. Le film rappelle aussi les sentiments d’adolescence que j’ai voulu révéler.
- Certains spectateurs, après avoir vu le film, ont ressenti un sentiment qui les a inspirés à appeler leur amant et à partir ensemble à un chalet…Qu’en est-il réellement ?
- Monia Chokri : Ce n’était pas l’intention initiale, mais tant mieux. Se retrouver avec son bien-aimé dans un tel endroit intime procure toujours un sentiment magique, quelle que soit la raison !
- Magalie, comment avez-vous trouvé la collaboration avec Monia Chokri dans « Simple comme Sylvain » ?
- Magalie Lépine-Blondeau : Monia est une grande cinéaste et une personne que j’admire énormément. Elle est aussi l'une de mes personnes préférées et ma grande amie. Avoir la chance de m’inscrire dans son cinéma en travaillant sous sa direction m’a offert l’opportunité de l’accompagner intimement dans son processus de création et d'être dirigée par une personne en qui j'ai une confiance totale.
En tant qu'actrice, cela m’a permis de m’abandonner et d’être vulnérable, tout en sachant qu'elle serait là pour me récupérer.
- Quelles étaient vos inspirations pour l'esthétique du film, qui rappelle le cinéma des années 1970 avec ce grain particulier et ces couleurs chaudes ? Et comment cela contribue-t-il à créer cette douceur dans le film ?
- Monia Chokri : J’adore le cinéma des années 70, notamment un cinéma sans cynisme sur les films d’amour, comme « Love Story », un des plus connus de l’époque, à côté des films de Claude Sautet et plusieurs autres films français.
En ce qui concerne les couleurs, j’avais une grande envie d’utiliser cette gamme nuancée parce qu'elle rappelle la nature et donne une uniformité à l’image avec une touche de douceur, d’automne et de mélancolie.
- Qu'est-ce qui vous plaît dans l'utilisation fréquente du zoom ?
- Monia Chokri : C’est une technique que j’adopte dans presque tous mes films. Le zoom a quelque chose de dramatique en me maintenant à distance des personnages et en les laissant évoluer librement dans leur espace. En même temps, mes comédiens ne savent pas à quelle distance on est, car le zoom est quelque chose qui bouge tout le temps, allant très proche ou partant très loin. D’autre part, cela permet au personnage d’engager tout leur corps, sachant que je choisis quelle partie de leur corps est mise en exergue. Puisque c’est souvent moi qui opère derrière la caméra, le zoom me donne la liberté de choisir le moment d’aller au cœur de l’émotion.
- Magalie Lépine-Blondeau : L'une des inspirations de Monia est de donner au film un peu l’effet d’un documentaire animalier, comme si sa caméra épiait des animaux en rut dans la nature.
- Est-il important pour vous de présenter de nouveaux modèles féminins dans les films ?
- Monia Chokri : Le cinéma a été largement écrit par des hommes, donc je crois qu'il est nécessaire d'apporter une nouvelle perspective. Cela ne signifie pas que les femmes peuvent mieux écrire ces modèles, car de nombreux cinéastes hommes peuvent également le faire. Cependant, selon mon avis, le problème réside dans la manière dont les femmes sont présentées. Il faut abandonner cette conception ancienne et donner aux personnages féminins une réflexion sur le monde et une pensée plus large. Les femmes ont été, malheureusement, souvent présentées comme des personnages accessoires ou fantasmés.
- Magalie Lépine-Blondeau : Cela donne également aux hommes accès à notre intériorité, à notre vision du monde et à notre perspective. En tant qu'actrice, je m'intéresse énormément au fait d’incarner des personnages qui sont complexes et multiples plutôt que d’être le faire-valoir du personnage masculin.
- Qu'aimeriez-vous transmettre aux spectateurs qui n'ont pas encore eu l'occasion de voir votre film ?
- Monia Chokri : Allez le voir, c’est drôle !
- Magalie Lépine-Blondeau : Nous vivons à une époque compliquée, avec beaucoup de violence et de tristesse. Je crois que c’est un film qui fait du bien et qui fait réfléchir. Étant un film romantique, il explore comment les prémisses se multiplient lorsqu'il y a plus d’amour.
« Simple comme Sylvain » : Monia Chokri redéfinit l'amour avec tendresse et maturité
L’actrice et réalisatrice québécoise Monia Chokri explore inlassablement le thème de l’amour à travers ses films, offrant une sorte d'autobiographie de sa pensée en évolution constante. Son dernier long-métrage, « Simple comme Sylvain », sélectionné à « Un certain regard » au Festival de Cannes et projeté au festival international du film à Marrakech, révèle un ton plus apaisé et tendre, marquant une évolution notable par rapport à ses œuvres précédentes telles que « La Femme de mon frère » et « Babysitter ». Chokri, en déployant un regard singulier sur le couple, le désir, la sexualité et l'émancipation, parvient à transcender certaines influences passées, marquant ainsi une nouvelle étape dans son exploration cinématographique de l’amour.
Magalie Lépine-Blondeau : Une actrice qui enflamme les écrans avec talent et charisme
Magalie Lépine-Blondeau, née le 24 mai 1978 à Longueuil, est une actrice québécoise dont le charme et le talent ont conquis le public. Son parcours artistique diversifié témoigne de sa versatilité et de son engagement envers son métier.
Magalie a débuté sa carrière dans le domaine des arts de la scène avant de se faire connaître du grand public à la télévision. Sa présence magnétique à l'écran l'a propulsée au rang des actrices les plus appréciées au Québec.
Que ce soit dans des rôles dramatiques ou comiques, Magalie Lépine-Blondeau incarne avec brio des personnages complexes et attachants. Son interprétation dans des productions telles que « Toute la vérité » et « Les Pays d'en haut » a été saluée par la critique, affirmant sa place de choix dans le paysage audiovisuel québécois.
Magalie a débuté sa carrière dans le domaine des arts de la scène avant de se faire connaître du grand public à la télévision. Sa présence magnétique à l'écran l'a propulsée au rang des actrices les plus appréciées au Québec.
Que ce soit dans des rôles dramatiques ou comiques, Magalie Lépine-Blondeau incarne avec brio des personnages complexes et attachants. Son interprétation dans des productions telles que « Toute la vérité » et « Les Pays d'en haut » a été saluée par la critique, affirmant sa place de choix dans le paysage audiovisuel québécois.
Monia Chokri : Une étoile québécoise qui brille devant et derrière la caméra
Monia Chokri, née le 27 juin 1983 à Montréal, incarne l'une des figures les plus talentueuses et polyvalentes de l'industrie cinématographique québécoise. D'abord connue pour son rôle mémorable dans « Les Amours imaginaires » (2010) de Xavier Dolan, Chokri a rapidement captivé le public avec sa présence à l'écran empreinte de charme et d'authenticité.
Sa transition réussie derrière la caméra a été marquée par la réalisation de son premier long métrage « La Femme de mon frère » (2019), qui lui a valu le prestigieux Prix de la mise en scène au Festival de Cannes dans la catégorie « Un certain regard ». Chokri a su démontrer une sensibilité cinématographique unique, explorant les nuances des relations humaines avec une touche artistique distinctive.
Sa transition réussie derrière la caméra a été marquée par la réalisation de son premier long métrage « La Femme de mon frère » (2019), qui lui a valu le prestigieux Prix de la mise en scène au Festival de Cannes dans la catégorie « Un certain regard ». Chokri a su démontrer une sensibilité cinématographique unique, explorant les nuances des relations humaines avec une touche artistique distinctive.