Lorsqu'un Marocain visite Jérusalem, beaucoup d'Israéliens pourraient lui recommander de visiter le quartier de Mousrara, un quartier qui marque, jusqu'à nos jours, le périmètre entre la Jérusalem arabe et la Jérusalem juive. C'est à partir de ce point de repère que les Black Panthers ont fait leurs premières marques et ont tenu leurs premières manifestations pour la justice sociale, le combat contre le communautarisme et la revendication d'un pays uni pour et par les siens : Ashkénazes, Sépharades et Arabes d'Israël.
Le quartier de Mousrara est devenu, ipso facto, l'emblème du militantisme pour les droits des Sépharades, encore minoritaires à la fin des années 60. Mais c'était tout de même une minorité de plusieurs dizaines de milliers de personnes qui méritait bien des égards.
Ainsi, au début des années 70, la fibre des Juifs marocains a pris une toute autre ampleur, lorsqu'un groupe a décidé de créer un mouvement de gauche sous le patronyme de «Black Panthers » (Panthères noires). Parmi ses fondateurs, Charlie Biton, né en 1947 à Casablanca, Saadia Marciano, née en 1950 à Oujda, et Reuven Abergel, né en 1943 à Rabat.
«Les rossignols de la paix sont nés » ou «les Black Panthers terrorisent les discriminateurs », pouvait-on lire dans les titres des tabloïds et autres quotidiens de la presse israélienne en allusion à ces activistes.
Ce même mouvement, fondé en 1971, a été imprégné par une rencontre avec la fondatrice du Parti communiste américain et proche collaboratrice des Black Panthers américains, Angela Davis.
Alors que les Juifs éthiopiens d'Israël ont fait le lien entre leur résistance à la pression et à la domination et le mouvement Black Lives Matter, Abergel et ses amis ont relevé des parallèles entre les aspirations des Afro-Américains à la pleine citoyenneté en Amérique et celles des Juifs d'Afrique du Nord et du Moyen-Orient à l'égalité en Israël.
C'est, donc, dans le quartier de Mousrara que Reuven a fait sa première incursion dans l'activisme politique. C'est également là qu'il a distribué des affiches et des panneaux en soutien aux résidents marocains d'un autre quartier, Wadi Salib à Haïfa, tout aussi marginalisé, en juillet 1959.
À l'instar du quartier de Mousrara, Wadi Salib était un environnement en déshérence : nombre de ses habitants juifs marocains étaient au chômage et la pauvreté y était endémique.
«Les Juifs marocains, qui forment aujourd'hui la deuxième communauté d'Israël après les Juifs d'origine russe, étaient considérés comme des citoyens de seconde zone, tandis que des améliorations étaient apportées aux Juifs ashkénazes, d'origine européenne. C’était dans l’air du temps car les Ashkénazes étaient arrivés avant les Sépharades et avaient fait leurs preuves d’intégration. Là où il faudrait tempérer, c’est que parmi les marginaux, il y en avait qui refusaient, dit-on, de faire des efforts d’intégration et qui « aspiraient à avoir le beurre et l’argent du beurre », suppute un dentiste maroco-israélien qui exerce, aujourd’hui, en Espagne, qui a connu cette mouvance lors de sa tendre jeunesse.
Les coulisses du mouvement…
Sans surprise, c'est dans le quartier Mousrara que le trio Marciano, Abergel et Bitona lancé le groupe des Panthères noires israéliennes. Cela a été acté après que le gouvernement travailliste et sa précédente incarnation sous le nom de MAPAI, s’est refusé à aborder de manière significative les griefs formulés par les Juifs originaires de pays arabes lors de manifestations telle que celle de Haïfa, en 1959.
De même, après sa constitution, le mouvement a demandé l'autorisation de participer à des manifestations pacifiques devant la municipalité de Jérusalem, afin de décrier l'existence d'un fossé social. Cette requête est tout de suite rejetée par Golda Meir, alors Cheffe du gouvernement. Dans la soirée, la police procédera à des arrestations, déclenchant de nouvelles manifestations. Des échauffourées ont lieu dans la plupart des villes où vivent des Juifs d'origine maghrébine, au cours desquelles des slogans sont entonnés, réclamant la chute de la discrimination d’Etat.
Le quartier de Mousrara est devenu, ipso facto, l'emblème du militantisme pour les droits des Sépharades, encore minoritaires à la fin des années 60. Mais c'était tout de même une minorité de plusieurs dizaines de milliers de personnes qui méritait bien des égards.
Ainsi, au début des années 70, la fibre des Juifs marocains a pris une toute autre ampleur, lorsqu'un groupe a décidé de créer un mouvement de gauche sous le patronyme de «Black Panthers » (Panthères noires). Parmi ses fondateurs, Charlie Biton, né en 1947 à Casablanca, Saadia Marciano, née en 1950 à Oujda, et Reuven Abergel, né en 1943 à Rabat.
«Les rossignols de la paix sont nés » ou «les Black Panthers terrorisent les discriminateurs », pouvait-on lire dans les titres des tabloïds et autres quotidiens de la presse israélienne en allusion à ces activistes.
Ce même mouvement, fondé en 1971, a été imprégné par une rencontre avec la fondatrice du Parti communiste américain et proche collaboratrice des Black Panthers américains, Angela Davis.
Alors que les Juifs éthiopiens d'Israël ont fait le lien entre leur résistance à la pression et à la domination et le mouvement Black Lives Matter, Abergel et ses amis ont relevé des parallèles entre les aspirations des Afro-Américains à la pleine citoyenneté en Amérique et celles des Juifs d'Afrique du Nord et du Moyen-Orient à l'égalité en Israël.
C'est, donc, dans le quartier de Mousrara que Reuven a fait sa première incursion dans l'activisme politique. C'est également là qu'il a distribué des affiches et des panneaux en soutien aux résidents marocains d'un autre quartier, Wadi Salib à Haïfa, tout aussi marginalisé, en juillet 1959.
À l'instar du quartier de Mousrara, Wadi Salib était un environnement en déshérence : nombre de ses habitants juifs marocains étaient au chômage et la pauvreté y était endémique.
«Les Juifs marocains, qui forment aujourd'hui la deuxième communauté d'Israël après les Juifs d'origine russe, étaient considérés comme des citoyens de seconde zone, tandis que des améliorations étaient apportées aux Juifs ashkénazes, d'origine européenne. C’était dans l’air du temps car les Ashkénazes étaient arrivés avant les Sépharades et avaient fait leurs preuves d’intégration. Là où il faudrait tempérer, c’est que parmi les marginaux, il y en avait qui refusaient, dit-on, de faire des efforts d’intégration et qui « aspiraient à avoir le beurre et l’argent du beurre », suppute un dentiste maroco-israélien qui exerce, aujourd’hui, en Espagne, qui a connu cette mouvance lors de sa tendre jeunesse.
Les coulisses du mouvement…
Sans surprise, c'est dans le quartier Mousrara que le trio Marciano, Abergel et Bitona lancé le groupe des Panthères noires israéliennes. Cela a été acté après que le gouvernement travailliste et sa précédente incarnation sous le nom de MAPAI, s’est refusé à aborder de manière significative les griefs formulés par les Juifs originaires de pays arabes lors de manifestations telle que celle de Haïfa, en 1959.
De même, après sa constitution, le mouvement a demandé l'autorisation de participer à des manifestations pacifiques devant la municipalité de Jérusalem, afin de décrier l'existence d'un fossé social. Cette requête est tout de suite rejetée par Golda Meir, alors Cheffe du gouvernement. Dans la soirée, la police procédera à des arrestations, déclenchant de nouvelles manifestations. Des échauffourées ont lieu dans la plupart des villes où vivent des Juifs d'origine maghrébine, au cours desquelles des slogans sont entonnés, réclamant la chute de la discrimination d’Etat.
Houda BELABD
3 questions à David Toledano
David Toledano, homme d’affaires, philanthrope et président de la communauté judéo-marocaine de Rabat a répondu à cœur joie à notre interview.
«Les Marocains d’Israël ont réussi grâce à leur travail acharné et leur envie de donner le meilleur d’eux-mêmes»
«Les Marocains d’Israël ont réussi grâce à leur travail acharné et leur envie de donner le meilleur d’eux-mêmes»
Les premières vagues migratoires des Juifs marocains à destination d’Israël n’ont pas réussi, selon les récits historiques, leur intégration en un claquement de doigts. Qu’en pensez-vous ?
Je pense sincèrement qu’il n’y a qu’une seule Terre et n’importe où dans le monde, nous ne sommes couverts que par un même ciel. Ainsi, lorsqu’une personne est compétente ou détentrice de quelque savoir que ce soit, elle va réussir à l’exploiter indépendamment de là où elle se situe, géographiquement parlant. Pour ce qui est de l’exode vers Israël et pour ce qui est de toute migration massive d’une nation ou d’un peuple, il est tout à fait normal de sacrifier la première génération, car avant de trouver ses marques, celle-ci a le droit à l’erreur, voire à l’échec d’intégration. Les centaines de milliers de juifs originaires du Maroc avaient, eux aussi, ces droits. Cependant, dès les années 60 du siècle dernier, bon nombre d’entre eux ont réussi à participer au progrès de la société et de l’économie israélienne au même titre que la majorité ashkénaze. De plus, quelques décennies plus tard, leurs enfants sont parvenus à briller dans tous les domaines, et pas forcément grâce aux revendications des Black Panthers israéliens, mais surtout grâce à leur travail acharné et leur envie de donner le meilleur d’eux-mêmes et de leur culture.
Et pourtant, la révolte des Black Panthers est la réponse de beaucoup de Sépharades dès qu’il est question de mouvement révolutionnaire pour l’intégration des Juifs nord-africains en Israël. Comment l’expliqueriez-vous ?
La vague des Blacks Panthers a certes déferlé sur Israël, mais tempérons ! car l’histoire est faite de faits et d’opinions. Il est indéniable que les Blacks Panthers israéliens ont fait parler d’eux au sein d’Israël et au-delà de ses frontières dans un esprit de melting-pot inspiré de leurs homonymes américains, mais n’oublions pas qu’Israël est, surtout, une mosaïque ethnique qui fait de sa pluralité ethnique sa plus grande force. Aussi, ne devrions-nous pas oublier que les revendications égalitaires de ce groupe social ont été atteintes en long et en large car les Marocains d’Israël ont montré qu’ils sont capables de réussir.
S'agit-il au moins d'une question de fierté? Si oui, dans quelle mesure l'est-elle ou l'était-elle ?
Peut-être, mais indépendamment de ce mouvement, le Maroc devrait être fier de ses concitoyens qui ont réussi à le présenter dignement dans ce pays du globe qui est Israël.
Propos recueillis par Houda BELABD
Flashback : Retour aux origines américaines des « Black Panthers »
Les Panthères noires, à l'origine « Black Panther Party for Self-Defense », est une organisation politique marxiste-léniniste prônant le « black power », fondée par les étudiants Bobby Seale et Huey P. Newton en octobre 1966 à Oakland (Californie). Le mouvement s’est distingué par son activisme virulent aux États-Unis entre 1966 et 1982, avec des sections dans de très nombreuses villes américaines, dont San Francisco, New York, Chicago, Los Angeles, Seattle et Philadelphie. Il était en outre très actif dans de multiples prisons et possédait des sections internationales au Royaume-Uni et en France. Dès ses débuts, la principale pratique du mouvement consistait à organiser des patrouilles à visage découvert, ou copwatching, comme on les appelait chez les anglo-saxons, dans l'optique de crier haro sur le recours excessif à la force et les comportements répréhensibles de la police d'Oakland. À partir de 1969, le parti a créé des programmes sociaux, dont le Free Breakfast for Children Programs, des services éducatifs et des dispensaires communautaires. Le Black Panther Party prônait la lutte des classes, affirmant représenter l'avant-garde du prolétariat.
En 1969, J. Edgar Hoover, directeur du «Federal Bureau of Investigation »(FBI), décrit le parti comme «le plus grand péril pour la sécurité intérieure des Etats-Unis». Le FBI entendait, donc, lutter contre l’activisme du mouvement, jugé subversif. Des membres du Black Panther Party ont, d'ailleurs, été impliqués dans de nombreux échanges de coups de feu mortels avec la police, lit-on dans les archives du Washington Post. Huey Newton notamment aurait eu un lien avec l’assassinat de l'officier John Frey en 1967. Pour sa part, Eldridge Cleaver a dressé une embuscade en 1968 contre des officiers de police d'Oakland, au cours de laquelle deux officiers ont été blessés et le trésorier des Panthères, Bobby Hutton, a été tué. De plus, de nombreux différends internes ont eu lieu au sein du parti, prenant un tour dramatique avec les meurtres d'Alex Rackley et de Betty Van Patter.
Les orientations radicales dans la lutte contre le gouvernement ont d'abord contribué à la popularité du parti auprès des Afro-Américains et de la gauche politique, qui considéraient le groupe comme une force puissante contre la ségrégation de facto et la mobilisation dans l'armée américaine pendant la guerre du Viêt-Nam. Les adhésions au parti ont atteint leur maximum en 1970 avant de décliner peu à peu au cours de la décennie suivante. Le succès du parti s'est encore réduit après que des rapports ont fait état d'activités criminelles présumées du parti, tels que le trafic de drogue et l'extorsion de fonds.
L'histoire du parti est controversée. Des spécialistes ont qualifié le Black Panther Party d'organisation du pouvoir noir la plus influente de la fin des années 1960, mais n’en épinglent pas moins ses dérives de violence.
En 1969, J. Edgar Hoover, directeur du «Federal Bureau of Investigation »(FBI), décrit le parti comme «le plus grand péril pour la sécurité intérieure des Etats-Unis». Le FBI entendait, donc, lutter contre l’activisme du mouvement, jugé subversif. Des membres du Black Panther Party ont, d'ailleurs, été impliqués dans de nombreux échanges de coups de feu mortels avec la police, lit-on dans les archives du Washington Post. Huey Newton notamment aurait eu un lien avec l’assassinat de l'officier John Frey en 1967. Pour sa part, Eldridge Cleaver a dressé une embuscade en 1968 contre des officiers de police d'Oakland, au cours de laquelle deux officiers ont été blessés et le trésorier des Panthères, Bobby Hutton, a été tué. De plus, de nombreux différends internes ont eu lieu au sein du parti, prenant un tour dramatique avec les meurtres d'Alex Rackley et de Betty Van Patter.
Les orientations radicales dans la lutte contre le gouvernement ont d'abord contribué à la popularité du parti auprès des Afro-Américains et de la gauche politique, qui considéraient le groupe comme une force puissante contre la ségrégation de facto et la mobilisation dans l'armée américaine pendant la guerre du Viêt-Nam. Les adhésions au parti ont atteint leur maximum en 1970 avant de décliner peu à peu au cours de la décennie suivante. Le succès du parti s'est encore réduit après que des rapports ont fait état d'activités criminelles présumées du parti, tels que le trafic de drogue et l'extorsion de fonds.
L'histoire du parti est controversée. Des spécialistes ont qualifié le Black Panther Party d'organisation du pouvoir noir la plus influente de la fin des années 1960, mais n’en épinglent pas moins ses dérives de violence.
Les Panthères «Rock the Casbah »
Israël et les Etats-Unis ne sont pas les seuls pays à avoir connu le fait social des Black Panthers. L'Algérie, durant sa lutte de libération, a également été traversée par le vent révolutionnaire de ce courant. Ainsi, le psychiatre et militant martiniquais Frantz Fanon, l'un des initiateurs de la pensée tiers-mondiste et figure de proue de la lutte contre les discriminations de classe, avait posé ses valises à Alger pour défendre les marginaux et les sans-voix depuis ce pays, alors en lutte contre la colonisation française. Fanon s’était fait connaître par son engagement contre les exactions du colonialisme, en approchant et en soignant les victimes des tortures policières. Après d’être engagé dans les Forces françaises libres et sorti diplômé en psychiatrie, il découvre une classe algérienne affaiblie et brisée, au fil de son exercice en tant que médecin dans un hôpital algérien au début des années 1950. «Rock the Casbah » ou «révolutionner la Casbah », a été un des slogans de ses compères. En 1952, il publie Peau noire, masques blancs, une réflexion sur le racisme de classe et le colonialisme. Pendant la guerre d'indépendance algérienne, il rejoint le FLN, en devient l'ambassadeur et choisit de renoncer à sa nationalité française. Il a été un modèle intellectuel pour certains leaders des Black Panthers, par sa manière de lier la question raciale et l'anticolonialisme, et par son implication contre son propre gouvernement, au nom de la solidarité anti-impérialiste. Son parcours révèle une première cohérence entre l'Algérie de la résistance anti-coloniale et les combats des peuples de couleur. Il représente le GPRA (Gouvernement provisoire de la République algérienne) au Congrès panafricain d'Accra en 1959.
Les panthères israéliennes
« Hapanterim Hachkhorim » est la traduction hébraïque des Black Panthers. C'est aussi et surtout le nom du mouvement de protestation israélien composé d'immigrants juifs de deuxième génération originaires d'Afrique du Nord et du Moyen-Orient. Né, bien évidemment, de la volonté de reproduire le modèle du parti des Panthères Noires américain, ce mouvement est l'un des premiers, en Israël, dont la raison d'être a été d'œuvrer en faveur de la justice sociale pour les Juifs sépharades (nord-africains) et mizrahim (orientaux). Dans les récits historiques, nous rencontrons alors l'appellation «les panthères noires israéliennes » pour les distinguer du groupe américain dont ils ont emprunté le nom.
Le mouvement est né en 1971 à Mosrara, dans les environs de Jérusalem, en réponse aux pratiques de discrimination dont les Juifs mizrahim se plaignaient et dont ils rendaient responsables les gouvernements israéliens, en particulier ceux de la gauche, depuis la création de l'État hébreu en 1948. Des dizaines de milliers de personnes étaient descendues dans la rue en mai 1971 pour réagir à la réforme policière ; 170 militants ont été arrêtés ; les heurts ont fait 35 blessés du côté des manifestants et plus de 70 du côté des forces de l'ordre, lit-on dans les archives de la presse israélienne.
Selon moult versions concordantes, la politique beaucoup plus souple de l'establishment ashkénaze (dirigé par les juifs venus d’Europe) à l'égard des immigrants (olim) de provenance européenne, par exemple de l'Union soviétique, a rendu plus criantes les iniquités ressenties par les juifs d’Orient. Les initiateurs du mouvement protestaient, donc, contre le refus de l'establishment de reconnaître le caractère ethnique de certaines formes d'inégalités sociales qui se ressentaient davantage sur les juifs sépharades.
Le mouvement est né en 1971 à Mosrara, dans les environs de Jérusalem, en réponse aux pratiques de discrimination dont les Juifs mizrahim se plaignaient et dont ils rendaient responsables les gouvernements israéliens, en particulier ceux de la gauche, depuis la création de l'État hébreu en 1948. Des dizaines de milliers de personnes étaient descendues dans la rue en mai 1971 pour réagir à la réforme policière ; 170 militants ont été arrêtés ; les heurts ont fait 35 blessés du côté des manifestants et plus de 70 du côté des forces de l'ordre, lit-on dans les archives de la presse israélienne.
Selon moult versions concordantes, la politique beaucoup plus souple de l'establishment ashkénaze (dirigé par les juifs venus d’Europe) à l'égard des immigrants (olim) de provenance européenne, par exemple de l'Union soviétique, a rendu plus criantes les iniquités ressenties par les juifs d’Orient. Les initiateurs du mouvement protestaient, donc, contre le refus de l'establishment de reconnaître le caractère ethnique de certaines formes d'inégalités sociales qui se ressentaient davantage sur les juifs sépharades.