Il y a exactement 20 ans, les attentats terroristes de Casablanca ont eu lieu. Le bilan en a été très lourd : 33 âmes ont péri et environ cent personnes ont été blessées. Il ne s’agissait pas d‘un seul attentat suicidaire ou deux, mais cinq actes terroristes successifs qui ont été perpétrés ce jour-là par une dizaine de kamikazes originaires du bidonville Sidi Moumen, membres phares de Assalafia Al Jihadia. Dans le collimateur, ces néophytes, sommairement endoctrinés par des gourous de l’extrémisme, ont visé un hôtel et un restaurant à la clientèle supposément occidentale, une pizzeria tenue par un judéo-marocain, le bâtiment social de l'Alliance israélite, le cimetière juif de Casablanca ainsi que le consulat de Belgique.
Les coulisses du drame
Les noms « Assirat Al Moustakim » et « Assalafia Al Jihadia » revenaient comme une triste ritournelle dans les médias nationaux, ce mai-là. Pour sa part, la Direction générale de la Sûreté nationale a eu plus d’un tour dans son sac pour désigner A. C.
Connu sous le nom d'Abou Obeida, il est originaire de Casablanca. Commerçant, membre connu et l'un des théoriciens de l'islamisme radical, il a donné des cours auxquels ont pris part plusieurs jeunes, au sein de maisons situées dans les quartiers les plus fragiles de Casablanca à l'instar de Douar Skouila, Carrières Thomas, Sidi Moumen et Derb El Mitr.
Seulement voilà, son rôle dans le procès dit du 16 mai a été décisif pour le Maroc. Et pour cause, il a fait tomber Z. M. devant le tribunal quelques mois plus tard en clamant haut et fort : « Le groupe Assirat al Moustakim existe et Z. M est son émir ». Ce fut le début de la fin pour la nébuleuse terroriste. Un joug radical s’est défait ouvrant la voie à une nouvelle approche sécuritaire, saine et salvatrice pour le Maroc ainsi que pour ses frontières.
«Les groupes Assirat al Moustakim et Salafiya Jihadiya sont des khawarij qui s'écartent du véritable islam », se sont accordés à dire tous les prédicateurs malékites qui ont suivi de près ce scénario lugubre.
Une lutte à bras le corps
A plus forte raison, la démarche antiterroriste, appuyée par un travail de déconstruction de l’idéologie radicale, a pu porter rapidement ses fruits, en prenant en compte les aspects sociaux, religieux et économiques et en priorisant l'anticipation autour de son action. Aujourd'hui, le Royaume est un cas d'école au plan mondial et continental dans ce dossier, et ce n'est pas anodin. Après les attentats terroristes de Casablanca du 16 mai 2003, le pays a adopté une réelle stratégie de lutte contre le terrorisme et l'extrémisme radical.
De plus, l’expertise marocaine est fortement sollicitée dans des opérations communes menées par le Maroc avec ses partenaires européens, et plus globalement mondiaux.
D'ailleurs, pas moins de 210 cellules terroristes ont été démantelées par le Maroc depuis cette date. En 2015, la mise en place du Bureau Central d'Investigations Judiciaires (BCIJ) a enrichi la riposte marocaine. Grâce à l'expertise et au sens du renseignement de la DGST (Direction générale de la surveillance du territoire) et à la veille et à l'intervention du BCIJ, la sécurité et la stabilité du pays sont globalement assurées. Leur veille ne faiblit guère. Car ils savent pertinemment que la pépinière terroriste à dans le viseur le Maroc du fait de sa position géopolitique unique sur l'échiquier international en tant que porte de l'Afrique.
Le tourisme, point névralgique
Depuis 2003, trois attentats terroristes significatifs au Maroc ont tous pris pour cible le tourisme, ce dernier étant visé pour être l’un des principaux secteurs de l'économie nationale.
Grande destination touristique aux confins de l'Europe, le Royaume a vu affluer plus de 11 millions de touristes en 2017, rapportant plus de 45 milliards de dirhams de recettes en devises.
Le 12 mars 2007, à Casablanca, une attaque dans un cybercafé a fait un mort et quatre blessés. Quelque 30 personnes ont été interpellées et déférées devant les tribunaux de plusieurs villes marocaines.
Cette même année, le 14 avril, deux frères kamikazes ont fait détoner leurs ceintures d'explosifs aux abords d'un centre culturel américain dans le centre-ville de Casablanca.
Plus tard, le 28 avril 2011, à Marrakech, un acte connu sous le nom d'attentat du café Argana a causé la mort de 17 personnes et en a blessé 20 autres de diverses nationalités. Quant à l'auteur de cette tuerie, qui s'est déroulée à Jamaâ El Fna, centre stratégique de la ville ocre, A. A. originaire de Safi, il est issu de la mouvance salafiste marocaine. Il a donc été condamné à la peine capitale.
Houda BELABD
Portrait : Abou Hafs, le rigoriste, Abou Hafs le repenti
Abdelwahab Rafiki, connu sous le nom d'Abou Hafs, a passé une enfance rythmée par les accointances salafistes de son père et sa propre trajectoire de cheikh prédicateur, ancré dans un rigorisme pourfendeur d’autrui, lui qui a été condamné à une peine de 30 ans qu'il n'a pas entièrement purgée, avant de faire sa reconversion vers un militantisme de bon aloi, pour un islam des Lumières et la construction d'un État sécularisé.
Il met à nu à présent les mécanismes de l'embrigadement idéologique dont il avait fait l'objet dès son plus jeune âge et qui l'avait forcé à suivre son père en Afghanistan en 1990 alors qu'il était encore mineur.
Abou Hafs jette ainsi un regard sagace sur les courants politiques qui parcourent le wahhabisme et les remet dans leur cadre réel, celui en rapport avec la confrontation idéologique, avec la chute du bloc de l'Est et les guerres du Golfe.
Ses points de vue sur les défis sociétaux actuels contrastent avec les idées des courants salafistes engagés. Il entend affranchir la religion du carcan de la politique et inversement, tout en prônant la liberté de conscience, qu'il juge inscrite comme l’un des droits de l'homme, également promus par l'islam.
Pour cette même raison, il déconstruit non sans une certaine virulence la base idéologique des mouvements terroristes et takfiristes tels Al-Qaida et Daech, mais aussi tout le discours doctrinaire de ceux qui continuent de sévir dans les trois quarts de l’Afrique. De ce fait, il évoque la possibilité de revoir les fondements de l'héritage religieux islamique afin de mener une réforme au sein même du texte religieux, sous peine de devoir affronter pour longtemps les mouvances armées radicales et ultraviolentes.
H. B.
Il met à nu à présent les mécanismes de l'embrigadement idéologique dont il avait fait l'objet dès son plus jeune âge et qui l'avait forcé à suivre son père en Afghanistan en 1990 alors qu'il était encore mineur.
Abou Hafs jette ainsi un regard sagace sur les courants politiques qui parcourent le wahhabisme et les remet dans leur cadre réel, celui en rapport avec la confrontation idéologique, avec la chute du bloc de l'Est et les guerres du Golfe.
Ses points de vue sur les défis sociétaux actuels contrastent avec les idées des courants salafistes engagés. Il entend affranchir la religion du carcan de la politique et inversement, tout en prônant la liberté de conscience, qu'il juge inscrite comme l’un des droits de l'homme, également promus par l'islam.
Pour cette même raison, il déconstruit non sans une certaine virulence la base idéologique des mouvements terroristes et takfiristes tels Al-Qaida et Daech, mais aussi tout le discours doctrinaire de ceux qui continuent de sévir dans les trois quarts de l’Afrique. De ce fait, il évoque la possibilité de revoir les fondements de l'héritage religieux islamique afin de mener une réforme au sein même du texte religieux, sous peine de devoir affronter pour longtemps les mouvances armées radicales et ultraviolentes.
H. B.
Maroc / Etats-Unis : La lutte antiterroriste de chez nous
Le Département d’État américain a récemment mis en avant "le leadership" du Maroc dans la lutte contre le terrorisme et l’extrémisme violent, tout en mettant en exergue le partenariat entre le Royaume et les États-Unis qui englobe le volet sécuritaire.
En effet, selon les mots du porte-parole du département d’État, dans le sillage de l’interpellation récente d’extrémistes affiliés à Daech par les services de sécurité marocains, le Royaume a fait montre d'un leadership exemplaire dans les efforts de lutte contre le groupe État Islamique en Afrique.
"Le Maroc est un proche partenaire des États-Unis sur une série de questions de sécurité", a précisé le haut responsable américain, avant de poursuivre avec beaucoup de fierté que l'année dernière, soit 2022, les deux pays ont co-organisé la réunion ministérielle de la Coalition mondiale pour vaincre Daech, à Marrakech avec la participation de délégations de 85 pays.
La diplomatie américaine rappelle qu’il s’agit de la première fois qu'une réunion ministérielle de cette Coalition mondiale se tienne en Afrique, “démontrant notre objectif commun de lutter contre l'extrémisme violent sur le Continent et d’empêcher des organisations comme l’EI de répandre leurs idéologies haineuses".
"De par son rôle de co-président du Forum mondial de lutte contre le terrorisme et de co-président du Groupe de réflexion sur l’Afrique au sein de la Coalition mondiale contre Daech, le Maroc soutient les efforts d'autres partenaires en Afrique pour consolider leurs capacités de lutte contre le terrorisme, renforçant ainsi l'appui à la stabilité des pays du Sahel", a ajouté la même source, qui relève qu’un tel appui permet à ces pays, dans leurs efforts nationaux, d’assurer une sécurité et une justice globales.
Dans son dernier rapport sur le terrorisme, le Département d'État américain a mis en avant “la longue histoire de coopération solide” en matière de lutte anti-terroriste entre les États-Unis et le Maroc, en rappelant que le gouvernement marocain a poursuivi sa stratégie globale axée sur "des mesures de sécurité vigilantes, une coopération régionale et internationale et des politiques de lutte contre la radicalisation".
En outre, l’école marocaine de lutte contre Daech en particulier et contre le terrorisme en général continue de servir d’exemple partout au-delà des frontières marocaines, surtout aux frontières de Sebta et Mellilia où la vigilance se fait des plus intenses, comme elle l’a toujours été de par l’histoire.
En effet, selon les mots du porte-parole du département d’État, dans le sillage de l’interpellation récente d’extrémistes affiliés à Daech par les services de sécurité marocains, le Royaume a fait montre d'un leadership exemplaire dans les efforts de lutte contre le groupe État Islamique en Afrique.
"Le Maroc est un proche partenaire des États-Unis sur une série de questions de sécurité", a précisé le haut responsable américain, avant de poursuivre avec beaucoup de fierté que l'année dernière, soit 2022, les deux pays ont co-organisé la réunion ministérielle de la Coalition mondiale pour vaincre Daech, à Marrakech avec la participation de délégations de 85 pays.
La diplomatie américaine rappelle qu’il s’agit de la première fois qu'une réunion ministérielle de cette Coalition mondiale se tienne en Afrique, “démontrant notre objectif commun de lutter contre l'extrémisme violent sur le Continent et d’empêcher des organisations comme l’EI de répandre leurs idéologies haineuses".
"De par son rôle de co-président du Forum mondial de lutte contre le terrorisme et de co-président du Groupe de réflexion sur l’Afrique au sein de la Coalition mondiale contre Daech, le Maroc soutient les efforts d'autres partenaires en Afrique pour consolider leurs capacités de lutte contre le terrorisme, renforçant ainsi l'appui à la stabilité des pays du Sahel", a ajouté la même source, qui relève qu’un tel appui permet à ces pays, dans leurs efforts nationaux, d’assurer une sécurité et une justice globales.
Dans son dernier rapport sur le terrorisme, le Département d'État américain a mis en avant “la longue histoire de coopération solide” en matière de lutte anti-terroriste entre les États-Unis et le Maroc, en rappelant que le gouvernement marocain a poursuivi sa stratégie globale axée sur "des mesures de sécurité vigilantes, une coopération régionale et internationale et des politiques de lutte contre la radicalisation".
En outre, l’école marocaine de lutte contre Daech en particulier et contre le terrorisme en général continue de servir d’exemple partout au-delà des frontières marocaines, surtout aux frontières de Sebta et Mellilia où la vigilance se fait des plus intenses, comme elle l’a toujours été de par l’histoire.
Maroc / Italie : Un expert italien salue la lutte antiterroriste marocaine
Le Maroc est un “maillon clé de la lutte contre le terrorisme et l’extrémisme religieux dans la région”, a affirmé, il y a quelques mois, l’expert italien, Marco Baratto.
Dans une déclaration à la presse nationale, dans le sillage des arrestations opérées, ces temps-ci, par les services de sécurité marocains d’extrémistes affiliés à Daech, le spécialiste a mis en exergue les efforts inlassables du Royaume en matière de lutte et de prévention contre la radicalisation et le terrorisme en Afrique.
M. Baratto a évoqué, dans ce sens, l’ouverture à Rabat du Bureau du Programme des Nations Unies pour la lutte contre le terrorisme et la Formation en Afrique (ONUCT), qui s’inscrit dans la vocation et l’engagement du Maroc, sous la conduite éclairée de SM le Roi Mohammed VI, envers son continent d’appartenance.
«Le Maroc est un modèle à suivre», a assuré l'expert, relevant que la stratégie “multidimensionnelle et intégrée” du Royaume pour lutter contre la radicalisation repose sur des piliers “clairs” et introduit des concepts “novateurs”, notamment la lutte contre la radicalisation dans les prisons et l’encadrement professionnel des détenus qui, une fois libérés, seront capables de générer des revenus et de stabiliser leur situation économique, «souvent à l’origine de leur radicalisation».
L’auteur de l’ouvrage “Le défi de l’Islam en Italie entre contraintes européennes et risques de radicalisation”, publié en 2011 et dans lequel il met en avant la singularité du modèle marocain en matière de lutte contre la radicalisation, de coexistence et de dialogue interreligieux, a souligné la pertinence du chantier de restructuration du champ religieux au Maroc.
Dans une déclaration à la presse nationale, dans le sillage des arrestations opérées, ces temps-ci, par les services de sécurité marocains d’extrémistes affiliés à Daech, le spécialiste a mis en exergue les efforts inlassables du Royaume en matière de lutte et de prévention contre la radicalisation et le terrorisme en Afrique.
M. Baratto a évoqué, dans ce sens, l’ouverture à Rabat du Bureau du Programme des Nations Unies pour la lutte contre le terrorisme et la Formation en Afrique (ONUCT), qui s’inscrit dans la vocation et l’engagement du Maroc, sous la conduite éclairée de SM le Roi Mohammed VI, envers son continent d’appartenance.
«Le Maroc est un modèle à suivre», a assuré l'expert, relevant que la stratégie “multidimensionnelle et intégrée” du Royaume pour lutter contre la radicalisation repose sur des piliers “clairs” et introduit des concepts “novateurs”, notamment la lutte contre la radicalisation dans les prisons et l’encadrement professionnel des détenus qui, une fois libérés, seront capables de générer des revenus et de stabiliser leur situation économique, «souvent à l’origine de leur radicalisation».
L’auteur de l’ouvrage “Le défi de l’Islam en Italie entre contraintes européennes et risques de radicalisation”, publié en 2011 et dans lequel il met en avant la singularité du modèle marocain en matière de lutte contre la radicalisation, de coexistence et de dialogue interreligieux, a souligné la pertinence du chantier de restructuration du champ religieux au Maroc.