Leila Benali a réaffirmé, lors d’une conférence-débat organisée mercredi soir à la Fondation Fkih Tétouani, que les habitants de Mohammedia ne veulent plus vivre à proximité d’une raffinerie polluante, soulignant les risques environnementaux et sanitaires liés au raffinage.
Les propos de la ministre n'ont pas été du goût des représentants des salariés de la société en cours de liquidation judiciaire. Le Secrétaire général du Front de sauvegarde de la SAMIR, Hussein El Yamani, a déclaré que la SAMIR a longtemps été un moteur économique pour la ville, assurant des milliers d’emplois directs et indirects. Selon lui, l’origine du nuage noir affectant Mohammedia n'émane pas de la raffinerie, mais bien la centrale thermique du Bureau National de l’Électricité et de l’Eau (ONEE), relevant du ministère de la Transition énergétique.
Leila Benali s'est montré peu favobrale à la reprise de l'activité de raffinage. Lors de son allocution, elle a réitéré que la position du gouvernement n’a pas changé. L’avenir de la SAMIR dépend toujours de l’issue du recours en annulation auprès du Centre international pour le règlement des différends relatifs aux investissements (CIRDI)", a-t-elle fait savoir. Le tribunal arbitral avait condamné le Maroc à verser 150 millions de dollars au groupe suédois Corral Petroleum, actionnaire majoritaire de l’ex-raffinerie. Une décision qui fait l'objet d'une recours en annulation.
Mise en liquidation judiciaire, la société en faillite est toujours entre les mains du tribunal de commerce de Casablanca qui n'est pas parvenu à trouver un nouvel acquéreur malgré d'innombrables tentatives. Selon Leila Benali, l’absence d’investisseurs s’explique par le manque de production pétrolière nationale, qui rend le raffinage peu compétitif. Un argument que réfute Hussein El Yamani, affirmant que plusieurs délégations internationales ont manifesté leur intérêt pour un rachat. Il insiste sur le fait que plus de 80 % des créances de la SAMIR sont détenues par l’État, ce qui justifierait une intervention publique pour préserver cet actif stratégique, sans pour autant aller vers une nationalisation.
Quelles alternatives pour l’avenir ?
Si la relance de la raffinerie ne semble pas être une priorité pour le gouvernement, la ministre a néanmoins évoqué plusieurs scénarios envisageables pour l’avenir du site industriel. La première option consisterait à relancer l’activité de raffinage, à condition qu’un investisseur manifeste un intérêt réel pour le projet. Une seconde alternative reposerait sur une reconversion industrielle, impliquant un changement d’usage du site afin de le réaffecter à un autre secteur économique. Enfin, une troisième possibilité, en adéquation avec la stratégie énergétique nationale, envisagerait de transformer l’espace en un projet lié aux énergies renouvelables, contribuant ainsi aux objectifs de transition énergétique du pays.
Pour les syndicats, l’option du démantèlement de la raffinerie serait une erreur stratégique et un gaspillage des ressources publiques. EL Yamani alerte sur les pertes économiques colossales que représenterait la disparition de la SAMIR, tant sur le plan de l’emploi que de la souveraineté énergétique du pays.
Interpellée sur les bénéfices que retireraient les distributeurs privés, notamment Afriquia, propriété du chef du gouvernement Aziz Akhannouch, de l’arrêt du raffinage, la ministre a botté en touche, estimant que cette question est dépassée. Elle met en avant la digitalisation des procédures et des outils comme l’application « Mahattati », censée garantir une meilleure transparence des prix.
Toutefois, le manque de mise à jour des prix par certains distributeurs alimente les critiques sur le manque de régulation du secteur. Pour les défenseurs de la SAMIR, l’absence d’un raffinage national fragilise encore plus le marché des hydrocarbures, renforçant la dépendance aux importations et aux fluctuations des prix internationaux.