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Séisme à Ouezzane: Une secousse qui ravive les peurs du drame d’Al-Haouz


Rédigé par Mina Elkhodari Mardi 11 Février 2025

Un séisme de magnitude 5,2 a eu lieu lundi vers 23h48, près de Ouezzane. Un tremblement qui reste, toutefois, isolé et peu inquiétant, en l’absence de répliques.



La terre a de nouveau vibré sous nos pieds ou plutôt sous nos lits dans la soirée du lundi 10 février, semant la peur et la panique dans les âmes. En effet, il s’agit d’une secousse tellurique d’une magnitude de 5,2 sur l’échelle de Richter survenue vers 23h48min 43 sec au niveau de la commune de Brikcha dans la province de Ouezzane, selon le bulletin d’alerte sismique de l'Institut National de Géophysique.

Cette secousse a été surprenante, d'autant plus que la région est connue pour son activité sismique modérée, avec des secousses occasionnelles, souvent discrètes, en raison de son emplacement en tant que zone de contact entre la plaine du Gharb et la chaîne montagneuse du Rif oriental.

À une profondeur de 20 kilomètres, ce tremblement de terre qualifié de “modéré” a été fortement ressenti dans les régions avoisinantes, notamment à Taza et Fès, tandis que l'onde de choc a atteint plusieurs autres villes, dont Rabat et Casablanca. Cela est dû particulièrement à l’importance de la magnitude enregistrée qui dépend à la fois de la taille de la faille activée, de l'amplitude de son mouvement (jeu de faille) et de la profondeur du foyer (l'hypocentre), selon le directeur de l’Institut national de géophysique, Nasser Jabour.

Marqués par le souvenir du drame d'Al-Haouz de septembre 2023, de nombreux habitants sont sortis dans les rues par précaution, cherchant à éviter l'effondrement des habitations en cas de répliques plus violentes.
 
Peur d’un comeback

Cependant, la secousse enregistrée n’a pas été suivie de réponses, ce qui en fait un tremblement isolé, d’après les explications de notre interlocuteur. “Cela est dû au faible relâchement des contraintes de la pression dans la faille. Il n’y a pas eu un impact sur les failles d'à côté pour générer des répliques”, rassure le spécialiste.

D’ailleurs, la secousse n’a pas provoqué de dégâts matériels majeurs. Les autorités locales ont constaté de petites fissures dans les murs des bâtiments anciens, particulièrement dans les zones près de l’épicentre. Malgré le temps écoulé depuis cet événement, l’inquiétude demeure.

Les habitants restent préoccupés par le risque du comeback d’un drame similaire à celui survenu en 2023, lorsque la terre a tremblé sous les pieds des habitants de la province d’Al-Haouz, provoquant des milliers de morts et la destruction des habitations. Un scénario qui ne semble pas en vue pour les spécialistes au vu de l'Histoire sismique relativement calme de la région concernée. “Historiquement, la région prérifaine n'a pas connu de séismes de la même magnitude qu’Al-Haouz, malgré une légère hausse de l'activité sismique locale ces dernières années”, note Nasser Jabour.
 
Surveillance active de l’activité sismique

Cela dit, aucun signe avant-coureur d'un séisme majeur n'a été détecté, poursuit-t-il, rappelant la nécessité d'intensifier la recherche d’éventuelles failles cachées susceptibles de provoquer des tremblements de terre d'une grande ampleur, et d’étudier comment celles-ci sont et seront affectées par le rapprochement tectonique entre les plaques.

Le responsable a, par ailleurs, assuré que la surveillance continue au niveau de l’Institut de géophysique, permet de prédire et prévenir le moment et le lieu exact d’un éventuel tremblement, de dessiner les cartes d’aléas sismiques et de cartographier les zones de risques sismiques.

Dans une interview précédente accordée à “L’Opinion”, Khalid Amrouch, Géologue expérimenté et professeur en géologie à l’UM6P, a également recommandé un plus large déploiement de capteurs et de stations sismiques, sans oublier la création de modèles numériques dynamiques pour une préparation optimale aux séismes en mettant – continuellement – à jour les cartes d’aléas et de risques sismiques.

Pour rappel, le séisme d'une magnitude de 7,1 sur l'échelle de Richter qui a frappé la province d'Al-Haouz a été qualifié comme l'un des plus violents de l'Histoire du Maroc. Le dernier bilan fait état de 2.946 morts et 5.674 blessés, ainsi que des dégâts matériels estimés à près de 10 milliards de dollars.

Trois questions à Nasser Jabour: “La secousse du lundi est un tremblement isolé peu inquiétant”

Le Directeur de l’Institut National de Géophysique, Nasser Jabour, a répondu à nos questions sur la secousse ressentie dans la soirée du lundi dans plusieurs villes du Royaume.
Le Directeur de l’Institut National de Géophysique, Nasser Jabour, a répondu à nos questions sur la secousse ressentie dans la soirée du lundi dans plusieurs villes du Royaume.
  • Que sait t-on de la secousse survenue dans la soirée du lundi ?

Les secousses de magnitude 5,2 sont parfaitement en adéquation avec le contexte tectonique de la région, qui constitue une zone de contact entre la plaine du Gharb et la chaîne du Rif. Cette zone génère de temps à autre des secousses généralement de faible intensité et peu ressenties. Cependant, la secousse d'hier, ayant dépassé la magnitude 5, a été ressentie dans les environs, notamment à Ksar Lekbir, Ouazzane, et même à des distances plus éloignées comme Taza et Casablanca. Cela illustre bien la manière dont les ondes sismiques se propagent dans cette région.
 
  • Quelle est la probabilité de l’avènement de répliques sismiques dans les jours à venir ?

Nous n’avons pas remarqué de répliques après le choc, ce qui en fait un tremblement isolé et peu inquiétant. L’équipe de l’Institut reste branchée sur les écrans pour suivre l’évolution de l’activité sismique dans la région. De leur côté, nos concitoyens sont appelés à rester vigilants et à savoir comment réagir en cas de tremblement de terre, sans céder à la panique. Il faut chercher un endroit sûr pour se protéger, comme se mettre sous une table, afin de se prémunir contre la chute d'objets.
 
  • Pourquoi est-il si difficile de prédire ce type de séismes ?

Prédire les séismes demeure un défi, non pas seulement pour le Maroc, en raison de la complexité des processus géologiques. Bien que des recherches soient en cours, nous ne disposons pas encore de techniques fiables pour prévoir correctement un tremblement de terre. En attendant l’aboutissement de ces efforts, il faut veiller au respect des normes de construction et des normes parasismiques. 








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