Dans la nouvelle intitulée La Quête d’Averroès, Jorge Luis Borges décrit la difficulté que le philosophe arabe a trouvée pour traduire les deux mots clés de La poétique d’Aristote à savoir : la « tragédie » et la « comédie ». C’est en se basant sur la traduction d’un certain Matta ibn Yunus (philosophe arabe du Xe siècle) : une traduction jugée par plusieurs critiques comme étant peu fiable et non pertinente qu’Averroès a expliqué le chef-d’oeuvre d’Aristote. Il avance comme le montre Borges que le « panégyrique » signifie la tragédie ainsi que la « satire » renvoie à la comédie : «Aristû appelle tragédie les panégyriques et comédie les satires».
Ainsi cette incohérence conceptuelle empêcherait-elle l’Averroès de la nouvelle de Borges de décrypter l’énigme du jeu des enfants qu’il examinait depuis le balcon de sa maison. L’écrivain argentin représente un Averroès désarmé devant une querelle évoquant trois enfants qui étaient en train de jouer, l’un d’eux se tenait sur l’épaule de l’autre en répétant des paroles : « [...] des enfants en train de se quereller. Il les entendit discuter en dialecte grossier, c’est à dire dans l’espagnol naissant de la plèbe musulmane ».
Cette scène ne serait en quelque sorte qu’une forte insinuation au jeu théâtral, cependant l’Averroès borgésien la traitait avec une platitude et une vision superficielle en croyant qu’il est question de simples futilités enfantines. En fait, le penseur arabe avait passé, sans le savoir, tout près de l’objet de sa quête, mais sans pour autant pouvoir lever le voile sur le mystère.
Cette réalité confuse priverait-elle les arabes de l’art du théâtre pendant plusieurs siècles ? C’est pourquoi il faudrait attendre la fin du XIXe siècle et l’émergence de la traduction pour commencer à parler du théâtre comme genre littéraire fort à part.
La traduction de l’Avare de Molière par le dramaturge libanais Maroun El Nakach marque l’entrée en scène du théâtre chez les arabes. Dans Le Transfert d’Averroès figurant dans La langue d’Adam, Abdelfattah Kilito donne une autre explication de la traduction que fait Averroès de La poétique d’Aristote. Nous remarquons comme l’explique longuement l’écrivain marocain que le penseur andalou avait clairement l’esprit lucide et clair sur la complexité des théories aristotéliciennes.
En effet, l’association de ces deux concepts d’ordre dramatique à la poésie (panégyrique/satire) exprime certes une certaine ambigüité notionnelle, toutefois ce choix ne peut en aucun cas être lié à un manque cognitif ou une anomalie épistémologique parce que le théoricien arabe était conscient de ce qu’il avait avancé.
En d’autres termes, l’Averroès de Kilito avait l’ultime certitude que l’équivalent de ces deux termes ne se trouve pas dans la conception littéraire arabe où la Poésie comme genre Majeur était dominant dans la tradition littéraire de cette époque.
Ainsi cette incohérence conceptuelle empêcherait-elle l’Averroès de la nouvelle de Borges de décrypter l’énigme du jeu des enfants qu’il examinait depuis le balcon de sa maison. L’écrivain argentin représente un Averroès désarmé devant une querelle évoquant trois enfants qui étaient en train de jouer, l’un d’eux se tenait sur l’épaule de l’autre en répétant des paroles : « [...] des enfants en train de se quereller. Il les entendit discuter en dialecte grossier, c’est à dire dans l’espagnol naissant de la plèbe musulmane ».
Cette scène ne serait en quelque sorte qu’une forte insinuation au jeu théâtral, cependant l’Averroès borgésien la traitait avec une platitude et une vision superficielle en croyant qu’il est question de simples futilités enfantines. En fait, le penseur arabe avait passé, sans le savoir, tout près de l’objet de sa quête, mais sans pour autant pouvoir lever le voile sur le mystère.
Cette réalité confuse priverait-elle les arabes de l’art du théâtre pendant plusieurs siècles ? C’est pourquoi il faudrait attendre la fin du XIXe siècle et l’émergence de la traduction pour commencer à parler du théâtre comme genre littéraire fort à part.
La traduction de l’Avare de Molière par le dramaturge libanais Maroun El Nakach marque l’entrée en scène du théâtre chez les arabes. Dans Le Transfert d’Averroès figurant dans La langue d’Adam, Abdelfattah Kilito donne une autre explication de la traduction que fait Averroès de La poétique d’Aristote. Nous remarquons comme l’explique longuement l’écrivain marocain que le penseur andalou avait clairement l’esprit lucide et clair sur la complexité des théories aristotéliciennes.
En effet, l’association de ces deux concepts d’ordre dramatique à la poésie (panégyrique/satire) exprime certes une certaine ambigüité notionnelle, toutefois ce choix ne peut en aucun cas être lié à un manque cognitif ou une anomalie épistémologique parce que le théoricien arabe était conscient de ce qu’il avait avancé.
En d’autres termes, l’Averroès de Kilito avait l’ultime certitude que l’équivalent de ces deux termes ne se trouve pas dans la conception littéraire arabe où la Poésie comme genre Majeur était dominant dans la tradition littéraire de cette époque.
Hassan AÏSSA