En 2018, le Souverain invitait les acteurs de la société à la réflexion sur un nouveau modèle de développement. Face à une situation socio-économique essoufflée, le débat est maintenant lancé. À cet égard, le volet de l’éducation devrait être la clé de voûte de toute planification. On se retrouve ainsi en rupture avec les modèles de croissance usuels, pour intégrer désormais la dimension humaine du capital afin d’arriver à une croissance structurelle et durable.
A ce sujet, R. Lucas développa en 1988 un modèle de croissance qui intègre le capital humain comme facteur de production. Il arrive à deux conclusions importantes. La première stipule que le capital physique est utilisé de manière sous-optimale dans les pays en voie de développement faute de capital humain, ainsi la convergence de ces pays vers les pays développés reste conditionnée par une forte politique d’éducation. Ensuite, Lucas conclut que les connaissances d’un individu permettent d’améliorer in fine celles de ses voisins. Rendant l’éducation bénéfique pour l’individu lui-même mais aussi pour la société entière.Sur le plan budgétaire, 55 MDH ont été alloués à l’éducation en 2019, soit le premier budget de l’État avec 5,5% du PIB. Ce taux n’est pas négligeable puisqu’il se situe au-dessus de la moyenne des pays de l’OCDE (4,2% du PIB). Ce paradoxe n’est pas surprenant, puisqu’un rapport de l’OCDE (2004) montre que les dé-penses ne sont pas forcément corrélées avec le rendement éducatif, là où l’efficacité budgétaire est davantage liée à un ciblage des programmes. D’où l’importance de l’évaluation.
Dans ce sens, la littérature économique présente plusieurs cas d’études dont les résultats peuvent présenter des pistes de réformes intéressantes. Un premier groupe considère une approche par les incitations des acteurs et les équipements. Ainsi, les économistes Angrist et Lavy ont conclu à un impact positif de la formation continue des enseignants sur les élèves. De même, plusieurs travaux ont démontré que la construction d’écoles et leurs équipements étaient des déterminants conséquents de la réussite et des revenus futurs des élèves (Card et Krueger (1992) ; Esther Duflo (2000)).
Certains programmes peuvent s’avérer très onéreux. Pour éviter de tomber dans un simplisme qui peut coûter cher à l’État, toute démarche doit se mettre dans un cadre d’analyse coût-bénéfice, dans le but de généraliser les meilleurs scénarios qui minimisent le coût, et maximisent le rendement.
Pour illustrer ces arbitrages, on s’intéresse à une série de travaux de l’économiste Victor Lavy, qui a accompagné un programme gouvernemental visant l’amélioration du taux de réussite au baccalauréat.
Trois scénarios ont été étudiés. D’abord, un programme d’incitation pour les élèves, conférant un Prix aux lauréats. Ensuite, une incitation financière pour les enseignants. Et enfin, un programme de cours supplémentaires pour les élèves les moins performants. Ces études ont conclu que l’incitation aux élèves avait les meilleurs résultats. Mais son coût élevé rendait sa généralisation difficile. En revanche, le programme qui présentait le meilleur équilibre coût-bénéfice, concerne les incitations aux enseignants. Ainsi, l’expérimentation a été nécessaire pour arriver à la mesure la plus adéquate et la plus efficace sur le plan budgétaire.
Il existe par ailleurs une autre famille de mesures assimilées à des incitations de marché, où les formes d’organisation et la concurrence améliorent le rendement scolaire par les choix rationnels des personnes. Afin d’illustrer ce cas, je voudrais revenir sur la forme d’organisation de notre système éducatif qui l’empêche de jouer son rôle d’ascenseur social. En effet, il existe une stratification qui fait perdre à l’école publique ses meilleurs éléments au profit du privé où les parents, par un comportement rationnel, choisissent les écoles en fonction de la fréquentation et du taux de réussite. Ce clivage fait perdre à l’école son pou-voir de réduire les inégalités, puisqu’on arrive à des distorsions sur le plan de la distribution du public scolaire. Les poli-tiques à incitations de marché sont là pour remédier à cette situation.
Une première approche consiste à offrir aux élèves modestes une subvention, cette mesure voucher system permet d’équilibrer la composition socio-économique du public scolaire tout en per-mettant une substituabilité entre privé et public.
Cependant, une autre politique consiste à ce que l’État finance des écoles charter school tout en déléguant leur gestion à des associations de parents d’élèves qui agissent en toute autonomie. J. Angrist montre que ces dernières améliorent considérablement le rendement de leurs élèves. Mieux encore, C. Hoxby (2002) trouve que la présence de charter school améliore les résultats des écoles publiques régulières avoisinantes. Ainsi, agir sur les formes d’organisation pousse les acteurs de l’éducation à présenter les meilleures offres à un public capable de choisir librement. Enfin, je voudrais évoquer la nécessité d’intégrer le sport et la culture dans les programmes scolaires, qui ont le pouvoir d’inculquer aux élèves des valeurs tels que le respect, la rigueur et la discipline, lesquelles nous garantiront une société en bonne santé. De plus, plusieurs études montrent que ces pratiques avaient un impact positif sur le rendement scolaire (D. Southgate, 2009 ; John Bradley (2013).
Finalement, je tiens à souligner qu’il n’y a pas de bonnes ou de mauvaises réformes, il y a seulement certaines qui marchent mieux que d’autres, ou qui coûtent plus que d’autres, sans pour autant en garantir le rendement, et ce, en fonction des spécificités de chaque milieu. C’est pour cela que l’expérimentation est indispensable pour la mise en oeuvre des projets qui vont découler de ce nouveau modèle de développement, particulièrement pour l’éducation.
A ce sujet, R. Lucas développa en 1988 un modèle de croissance qui intègre le capital humain comme facteur de production. Il arrive à deux conclusions importantes. La première stipule que le capital physique est utilisé de manière sous-optimale dans les pays en voie de développement faute de capital humain, ainsi la convergence de ces pays vers les pays développés reste conditionnée par une forte politique d’éducation. Ensuite, Lucas conclut que les connaissances d’un individu permettent d’améliorer in fine celles de ses voisins. Rendant l’éducation bénéfique pour l’individu lui-même mais aussi pour la société entière.Sur le plan budgétaire, 55 MDH ont été alloués à l’éducation en 2019, soit le premier budget de l’État avec 5,5% du PIB. Ce taux n’est pas négligeable puisqu’il se situe au-dessus de la moyenne des pays de l’OCDE (4,2% du PIB). Ce paradoxe n’est pas surprenant, puisqu’un rapport de l’OCDE (2004) montre que les dé-penses ne sont pas forcément corrélées avec le rendement éducatif, là où l’efficacité budgétaire est davantage liée à un ciblage des programmes. D’où l’importance de l’évaluation.
Dans ce sens, la littérature économique présente plusieurs cas d’études dont les résultats peuvent présenter des pistes de réformes intéressantes. Un premier groupe considère une approche par les incitations des acteurs et les équipements. Ainsi, les économistes Angrist et Lavy ont conclu à un impact positif de la formation continue des enseignants sur les élèves. De même, plusieurs travaux ont démontré que la construction d’écoles et leurs équipements étaient des déterminants conséquents de la réussite et des revenus futurs des élèves (Card et Krueger (1992) ; Esther Duflo (2000)).
Certains programmes peuvent s’avérer très onéreux. Pour éviter de tomber dans un simplisme qui peut coûter cher à l’État, toute démarche doit se mettre dans un cadre d’analyse coût-bénéfice, dans le but de généraliser les meilleurs scénarios qui minimisent le coût, et maximisent le rendement.
Pour illustrer ces arbitrages, on s’intéresse à une série de travaux de l’économiste Victor Lavy, qui a accompagné un programme gouvernemental visant l’amélioration du taux de réussite au baccalauréat.
Trois scénarios ont été étudiés. D’abord, un programme d’incitation pour les élèves, conférant un Prix aux lauréats. Ensuite, une incitation financière pour les enseignants. Et enfin, un programme de cours supplémentaires pour les élèves les moins performants. Ces études ont conclu que l’incitation aux élèves avait les meilleurs résultats. Mais son coût élevé rendait sa généralisation difficile. En revanche, le programme qui présentait le meilleur équilibre coût-bénéfice, concerne les incitations aux enseignants. Ainsi, l’expérimentation a été nécessaire pour arriver à la mesure la plus adéquate et la plus efficace sur le plan budgétaire.
Il existe par ailleurs une autre famille de mesures assimilées à des incitations de marché, où les formes d’organisation et la concurrence améliorent le rendement scolaire par les choix rationnels des personnes. Afin d’illustrer ce cas, je voudrais revenir sur la forme d’organisation de notre système éducatif qui l’empêche de jouer son rôle d’ascenseur social. En effet, il existe une stratification qui fait perdre à l’école publique ses meilleurs éléments au profit du privé où les parents, par un comportement rationnel, choisissent les écoles en fonction de la fréquentation et du taux de réussite. Ce clivage fait perdre à l’école son pou-voir de réduire les inégalités, puisqu’on arrive à des distorsions sur le plan de la distribution du public scolaire. Les poli-tiques à incitations de marché sont là pour remédier à cette situation.
Une première approche consiste à offrir aux élèves modestes une subvention, cette mesure voucher system permet d’équilibrer la composition socio-économique du public scolaire tout en per-mettant une substituabilité entre privé et public.
Cependant, une autre politique consiste à ce que l’État finance des écoles charter school tout en déléguant leur gestion à des associations de parents d’élèves qui agissent en toute autonomie. J. Angrist montre que ces dernières améliorent considérablement le rendement de leurs élèves. Mieux encore, C. Hoxby (2002) trouve que la présence de charter school améliore les résultats des écoles publiques régulières avoisinantes. Ainsi, agir sur les formes d’organisation pousse les acteurs de l’éducation à présenter les meilleures offres à un public capable de choisir librement. Enfin, je voudrais évoquer la nécessité d’intégrer le sport et la culture dans les programmes scolaires, qui ont le pouvoir d’inculquer aux élèves des valeurs tels que le respect, la rigueur et la discipline, lesquelles nous garantiront une société en bonne santé. De plus, plusieurs études montrent que ces pratiques avaient un impact positif sur le rendement scolaire (D. Southgate, 2009 ; John Bradley (2013).
Finalement, je tiens à souligner qu’il n’y a pas de bonnes ou de mauvaises réformes, il y a seulement certaines qui marchent mieux que d’autres, ou qui coûtent plus que d’autres, sans pour autant en garantir le rendement, et ce, en fonction des spécificités de chaque milieu. C’est pour cela que l’expérimentation est indispensable pour la mise en oeuvre des projets qui vont découler de ce nouveau modèle de développement, particulièrement pour l’éducation.
Younès CHEBIHI