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Boualem Sansal, l’Algérie et les droits humains


Rédigé par Hubert Seillan, Avocat au barreau de Paris, auteur de l’ouvrage Le Politique contre le Droit, 2018 à La Croisée des Chemins le Dimanche 24 Novembre 2024



Boualem Sansal l’écrivain franco-algérien, lauréat du grand prix du roman de l’Académie française en 2015, a été arrêté à l’aéroport d’Alger le samedi 16 novembre. Depuis le silence règne. 

L’écrivain franco-algérien Kamel Daoud, prix Goncourt 2024 pour « Houris », a réagi à cette disparition dans une tribune publiée jeudi soir dans Le Figaro. « J’espère vivement que mon ami Boualem reviendra parmi nous très bientôt », a-t-il écrit, tout en confiant son incompréhension face à l’« imprudence » dont aurait fait preuve, selon lui, Boualem Sansal en se rendant en Algérie. Ce qui en dit long sur l’Etat de droit dans ce pays. 

Au-delà de la personnalité exceptionnelle de cet écrivain, c’est la question des droits de l’homme que pose cette arrestation clandestine, digne des heures les plus sombres du Stalinisme. Il ne s’agit pas  d’ un coup d’essai pour ce pays. 

Les courriers officiel que j’ai adressé à l’Ambassadeur d’Algérie à Paris et au Procureur général  d’Algérie en  octobre 2022 , en est l’illustration. 

Représentant les intérêts de la famille, épouse et enfants de Monsieur Ahmed EL KHAHIL arrêté à Alger le 6 janvier 2009, je suis conduit à saisir Votre Excellence du dossier qui m’a été confié. 

Ahmed El KHALIL était un haut dirigeant du Polisario jusqu’à la date du 9 janvier 2009 où il fit l’objet d’une arrestation à Alger. Son fils aîné Bechir put le rencontrer dans sa prison durant 20 minutes le 9 mars 2009. Mais depuis cette date, le détenu n’a jamais été revu par sa famille, ses amis et les membres du Polisario qui lui sont solidaires .  

Ce courrier à votre intention vient dans la suite d’un courrier du 21 mai 2019 dans lequel j’indiquais que j’avais déposé une plainte auprès de Monsieur le Procureur général d’Alger. Je n’ai eu de retour à aucun de ces deux courriers. 

Cependant, des éléments nouveaux m’étant cependant parvenus ces derniers temps, je souhaite vous en donner la teneur.  
 
Le 3 septembre 2021, l’émissaire de l’ONU pour le Sahara occidental, a effectué une visite à Tindouf. La famille a pu s’entretenir avec lui et l’a informé de la détention du mari et du père et de l’absence de toute information  de la part du Gouvernement algérien et du Polisario. 

Deux mois plus tard, début novembre 2021, l’autorité du Polisario a invité l’épouse et les fils d’AHMED KHAHIL, vivant à Tindouf à se préparer à aller à Alger pour y rencontrer leur mari et père. Cette invitation n’a toutefois connu, à cette date, aucune suite. La famille y voit donc une manœuvre fallacieuse destinée à apaiser sa révolte.

Cependant, l’unité du Polisario se délitant, certains de ses membres ont apporté les informations suivantes à la famille :

AHMED KHAHIL  serait détenu au Centre de détention 75 Terre (ARD) LABLIDA 09000 Alger.

Son N° de détention serait le 21606. 

Son nom  de détenu serait OULD MAMMOUD KHALIL AHMED.  

Aucun retour. 

Dans une décision du 27 juillet 2020, restée sans suite, le Comité des droits de l’homme des Nations Unies avait pourtant très fermement enjoint notamment à cet Etat de : 

« Mener une enquête rapide, efficace, exhaustive, indépendante, impartiale et transparente » sur cette disparition ; 
« Libérer immédiatement Ahmed El Khalil, s’il est toujours détenu au secret ».

J’appelle les autorités morales, politiques et juridiques françaises et algériennes à se mobiliser pour la libération immédiate de Boualem Sansal, sachant que depuis 2009, un silence de plomb a succédé à l’arrestation d’Ahmed El Khahil.  



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