Denrée indispensable sur la table quotidienne des familles marocaines, pour la plupart desquelles un petit déjeuner sans “zouita beldia” est impensable, l'huile d'olive devient de plus en plus précieuse. Son prix ayant grimpé depuis près de deux ans, cet aliment, jadis incontournable, est devenu de moins en moins accessible sur le marché. En effet, les années de sécheresse aiguë ont lourdement compromis la production nationale d’olives au titre de la campagne 2024/2025, atteignant environ 90.000 tonnes d’olives, soit une baisse de 15% par rapport à l’année précédente et 33% par rapport à la moyenne des trois dernières années.
Cette situation n'est d'ailleurs pas exclusive au Maroc. Au cours des deux dernières campagnes, une baisse mondiale de la production de 22% a été observée par rapport à la campagne 2021/2022.
Bien que la baisse de la production soit générale, certaines régions ont été particulièrement touchées, à l’instar de la ville de Taza. “La récolte n’a jamais été aussi faible qu’aujourd’hui. Autrefois, les rendements étaient mesurés en tonnes, mais cette année, les oliviers ne nous ont donné presque rien, et ce, en raison de la baisse des précipitations couplée à la hausse des températures”, raconte sur un ton nostalgique un oléiculteur dans une zone aride de la ville. Tout comme le reste des producteurs dont l’activité dépend de la générosité du ciel, notre interlocuteur aspire à une amélioration de la pluviométrie pour garantir la survie des oliviers et l’augmentation de la récolte nationale.
Cette situation n'est d'ailleurs pas exclusive au Maroc. Au cours des deux dernières campagnes, une baisse mondiale de la production de 22% a été observée par rapport à la campagne 2021/2022.
Bien que la baisse de la production soit générale, certaines régions ont été particulièrement touchées, à l’instar de la ville de Taza. “La récolte n’a jamais été aussi faible qu’aujourd’hui. Autrefois, les rendements étaient mesurés en tonnes, mais cette année, les oliviers ne nous ont donné presque rien, et ce, en raison de la baisse des précipitations couplée à la hausse des températures”, raconte sur un ton nostalgique un oléiculteur dans une zone aride de la ville. Tout comme le reste des producteurs dont l’activité dépend de la générosité du ciel, notre interlocuteur aspire à une amélioration de la pluviométrie pour garantir la survie des oliviers et l’augmentation de la récolte nationale.
30.000 tonnes d’huile d’olive importées
Face à cette réalité désolante et dans le souci d’assurer un équilibre entre l’offre et la demande et garantir de facto la disponibilité d’huile d’olive à des prix accessibles, le Maroc s’est tourné immédiatement vers le marché mondial pour compenser son besoin en cette denrée.
Selon les données du ministère de l'Agriculture, la consommation intérieure annuelle d'olives varie entre 130.000 et 140.000 tonnes. Ainsi, les besoins d'importation pour la campagne 2024/2025 ont été estimés à 30.000 tonnes. À cela s'ajoutent les importations régulières dans le cadre des accords commerciaux du Maroc, notamment avec l'Union Européenne, la Tunisie et la Turquie, depuis lesquels le Royaume importe environ 10.000 tonnes d'huile d'olive.
Afin de garantir le succès de cette opération exceptionnelle, le ministère a mis en place plusieurs mesures, dont la suspension des droits douaniers d'importation jusqu'au 31 décembre 2024 pour un contingent limité à 10.000 tonnes, ainsi que le maintien de la licence d'importation pour l'huile d'olive jusqu'à cette même date.
À long terme, le département d’Ahmed El Bouari a décidé de suspendre les droits d'importation et la TVA sur un contingent de 20.000 tonnes, jusqu'au 31 décembre 2025, conformément à la Loi des Finances 2025. Ces mesures visent à encourager l'importation d'huile d'olive de qualité supérieure, notamment l'huile d'olive vierge et extra-vierge de très bonne qualité, pendant l’année en cours.
Ces initiatives ont attiré l'intérêt de plus de 80 opérateurs commerciaux, qui ont activement participé à cette opération d'importation d'huile d'olive, selon le ministère.
Selon les données du ministère de l'Agriculture, la consommation intérieure annuelle d'olives varie entre 130.000 et 140.000 tonnes. Ainsi, les besoins d'importation pour la campagne 2024/2025 ont été estimés à 30.000 tonnes. À cela s'ajoutent les importations régulières dans le cadre des accords commerciaux du Maroc, notamment avec l'Union Européenne, la Tunisie et la Turquie, depuis lesquels le Royaume importe environ 10.000 tonnes d'huile d'olive.
Afin de garantir le succès de cette opération exceptionnelle, le ministère a mis en place plusieurs mesures, dont la suspension des droits douaniers d'importation jusqu'au 31 décembre 2024 pour un contingent limité à 10.000 tonnes, ainsi que le maintien de la licence d'importation pour l'huile d'olive jusqu'à cette même date.
À long terme, le département d’Ahmed El Bouari a décidé de suspendre les droits d'importation et la TVA sur un contingent de 20.000 tonnes, jusqu'au 31 décembre 2025, conformément à la Loi des Finances 2025. Ces mesures visent à encourager l'importation d'huile d'olive de qualité supérieure, notamment l'huile d'olive vierge et extra-vierge de très bonne qualité, pendant l’année en cours.
Ces initiatives ont attiré l'intérêt de plus de 80 opérateurs commerciaux, qui ont activement participé à cette opération d'importation d'huile d'olive, selon le ministère.
Un prix plutôt accessible, mais pas pour tout le monde
Cette opération a également ravivé les espoirs d'une stabilisation des prix de l'huile d'olive, devenue un véritable “or vert” après avoir atteint des niveaux record en 2024, au grand désarroi des ménages déjà fragilisés par la flambée des prix des produits alimentaires. Cela est d’autant plus crucial étant donné la popularité de l'huile d'olive au Maroc, premier consommateur de cette denrée dans le monde arabe, selon le Fonds Monétaire Arabe. (Voir repère)
A ce stade, le ministère de tutelle a affirmé que l’importation contrôlée de cette denrée a permis de garantir la disponibilité d’huile d’olive sur le marché et de stabiliser son prix, par rapport à l’année précédente, permettant au Royaume d’éviter le pire. Certes, l’ouverture à l’importation n’a pas ramené le prix d’huile d’olive au niveau des années antérieures, quand l’huile d’olive ne coûtait pas plus de 50 dirhams le litre, mais il a permis au moins de réduire la pression sur le produit local désormais rare, permettant aux ménages de s'en procurer à des prix plus accessibles allant jusqu'à 80 dhs/litre dans certaines régions.
Bien que l'impact de cette mesure ait été ressenti par une partie des ménages parvenant encore à se procurer de l'huile d'olive, d'autres sont contraints de s'en passer en raison de leur faible pouvoir d'achat. “Alors qu'on consommait une dizaine de litres par an, cette année nous n'en avons pas acheté. Le prix du litre équivaut désormais à notre panier hebdomadaire”, déplore un quadragénaire qui, comme de nombreux ménages, a dû changer ses habitudes alimentaires en raison de la situation du marché.
A ce stade, le ministère de tutelle a affirmé que l’importation contrôlée de cette denrée a permis de garantir la disponibilité d’huile d’olive sur le marché et de stabiliser son prix, par rapport à l’année précédente, permettant au Royaume d’éviter le pire. Certes, l’ouverture à l’importation n’a pas ramené le prix d’huile d’olive au niveau des années antérieures, quand l’huile d’olive ne coûtait pas plus de 50 dirhams le litre, mais il a permis au moins de réduire la pression sur le produit local désormais rare, permettant aux ménages de s'en procurer à des prix plus accessibles allant jusqu'à 80 dhs/litre dans certaines régions.
Bien que l'impact de cette mesure ait été ressenti par une partie des ménages parvenant encore à se procurer de l'huile d'olive, d'autres sont contraints de s'en passer en raison de leur faible pouvoir d'achat. “Alors qu'on consommait une dizaine de litres par an, cette année nous n'en avons pas acheté. Le prix du litre équivaut désormais à notre panier hebdomadaire”, déplore un quadragénaire qui, comme de nombreux ménages, a dû changer ses habitudes alimentaires en raison de la situation du marché.
Des marges bénéficiaires excessives ?
Abdelali Zaz, Secrétaire général de la Fédération professionnelle Interprolive, estime que la baisse des prix aurait été plus importante si des pratiques spéculatives n’avaient pas parasité l’ensemble de la chaîne de distribution, dans un marché libre et peu contrôlé, selon ses termes. "Certains acteurs ont importé de l'huile d'olive à des prix relativement bas, autour de 50 DHS, avant de la commercialiser à 80 DHS, créant ainsi des marges bénéficiaires excessives”, déplore-t-il, appelant au durcissement du contrôle pour garantir la réussite de cette opération dont l’effet devrait, selon lui, se traduire sur le prix de vente pratiqué sur le marché.
En ce qui concerne le prix du produit local, notre interlocuteur attribue son augmentation à la baisse de la production et à l'augmentation du prix du kilogramme. “Les olives ont atteint 5 dirhams/kg, sachant qu'il faut au moins 5 kilos pour produire un litre d'huile, sans compter les coûts de la main d’œuvre et de trituration”, explique Abdelali Zaz, qui se montre d’ailleurs optimiste quant à la prochaine saison oléicole.
Selon les oléiculteurs, l'avenir de la culture de l'olivier dépend largement de l'action du gouvernement, qui doit intervenir pour sauver les oliviers restants et, par conséquent, préserver l'activité de milliers d'oléiculteurs à travers le Royaume, et ce, en leur facilitant l'accès à l'eau d'irrigation, en attendant une amélioration des conditions pluviométriques.
Dans cette optique, le ministère de l'Agriculture a réaffirmé son engagement à soutenir les producteurs locaux par le biais des mesures prévues dans le contrat-programme dédié à la filière oléicole en vue de préserver leur activité et garantir une meilleure production d’olives dans le cadre de la prochaine campagne agricole.
En ce qui concerne le prix du produit local, notre interlocuteur attribue son augmentation à la baisse de la production et à l'augmentation du prix du kilogramme. “Les olives ont atteint 5 dirhams/kg, sachant qu'il faut au moins 5 kilos pour produire un litre d'huile, sans compter les coûts de la main d’œuvre et de trituration”, explique Abdelali Zaz, qui se montre d’ailleurs optimiste quant à la prochaine saison oléicole.
Selon les oléiculteurs, l'avenir de la culture de l'olivier dépend largement de l'action du gouvernement, qui doit intervenir pour sauver les oliviers restants et, par conséquent, préserver l'activité de milliers d'oléiculteurs à travers le Royaume, et ce, en leur facilitant l'accès à l'eau d'irrigation, en attendant une amélioration des conditions pluviométriques.
Dans cette optique, le ministère de l'Agriculture a réaffirmé son engagement à soutenir les producteurs locaux par le biais des mesures prévues dans le contrat-programme dédié à la filière oléicole en vue de préserver leur activité et garantir une meilleure production d’olives dans le cadre de la prochaine campagne agricole.
Explications du Ministère : « Le Maroc vise à atteindre une production 3,5 millions de tonnes d’olives à l’horizon de 2030 »
- Quels sont les critères essentiels que les importateurs doivent respecter pour introduire de l'huile d'olive sur le marché national ?
- Afin de garantir la qualité des produits, l’Office National de Sécurité Sanitaire des Produits Alimentaires (ONSSA) est chargé du contrôle des huiles d'olive importées, à l'instar des autres produits alimentaires. Ces huiles doivent impérativement respecter les exigences des textes réglementaires en vigueur, en particulier pour les catégories d’huile d’olive vierge et d’huile d’olive vierge extra. Ces conditions incluent les caractéristiques physico-chimiques et organoleptiques des huiles d’olive et des huiles de grignons d’olive commercialisées, ainsi que les limites maximales autorisées des contaminants dans les produits primaires et alimentaires.
- Malgré le recours à l’importation, le prix d’huile d’olive reste toujours inaccessible pour les ménages à faible pouvoir d’achat. Comment expliquez-vous cela ?
- L’importation a permis d’approvisionner le marché après la baisse de la production locale et, par conséquent, de maintenir la stabilité des prix. Il faut savoir que le marché mondial de l'huile d'olive a traversé une période difficile à cause des conditions climatiques défavorables dans les principaux pays producteurs, en l'occurrence l’Espagne qui a vu sa production baisser de 50%.
En référence au Conseil Oléicole International (COI), le prix moyen des exportations vers le monde de l’huile d’olive de l’Union Européenne était de 881 € les 100 kg en septembre 2023 pour l’huile d’olive vierge et 930 € les 100 kg pour l’huile d’olive vierge extra.
- Quelles sont vos perspectives concernant la prochaine saison oléicole ?
- La filière oléicole s’inscrit dans une nouvelle dynamique insufflée par la signature d’un nouveau Contrat-programme, le 4 mai 2023. Les plans d’actions à réaliser d'ici 2030 incluent principalement la réhabilitation des plantations et la pérennisation des investissements sur une superficie 200.000 ha, l’extension des superficies sur 300.000 ha et l’amélioration de la productivité. L’objectif global est d’atteindre une production de 3,5 millions de tonnes d’olives.
Contrat-programme : Les grandes ambitions de la filière à l’horizon de 2030
Un contrat-programme a été signé le 4 mai 2023 entre l'État et la Fédération Interprofessionnelle Marocaine de l'Olive (FIAM) dans le but de consolider les acquis et d'améliorer la productivité de la filière oléicole d'ici 2030, pour un budget total de 16,9 milliards de dirhams. L'État y contribue à hauteur de 8,3 milliards de dirhams, tandis que la FIAM apporte 8,6 milliards de dirhams.
Il faut savoir que la filière oléicole représente la principale culture fruitière du Maroc. Avec une superficie de 1,2 million d'hectares, les oliviers constituent 65% de l'arboriculture nationale. En plus de l'augmentation de la production, ce contrat-programme prévoit d'atteindre une production industrielle de 270.000 tonnes d'olives de table, ainsi que l'exportation de 100.000 tonnes d'huile d'olive et d'huile de grignons d'olive. Par ailleurs, il ambitionne d'exporter 150.000 tonnes d'olives de table et de renforcer les capacités de trituration de 600.000 tonnes, ainsi que d'augmenter les capacités de conserves d'olives à hauteur de 50.000 tonnes.
Il faut savoir que la filière oléicole représente la principale culture fruitière du Maroc. Avec une superficie de 1,2 million d'hectares, les oliviers constituent 65% de l'arboriculture nationale. En plus de l'augmentation de la production, ce contrat-programme prévoit d'atteindre une production industrielle de 270.000 tonnes d'olives de table, ainsi que l'exportation de 100.000 tonnes d'huile d'olive et d'huile de grignons d'olive. Par ailleurs, il ambitionne d'exporter 150.000 tonnes d'olives de table et de renforcer les capacités de trituration de 600.000 tonnes, ainsi que d'augmenter les capacités de conserves d'olives à hauteur de 50.000 tonnes.
Oléiculture : Un secteur à très grande valeur ajoutée
L’oléiculture joue un rôle central dans l’agriculture marocaine, tant sur le plan économique que social. En représentant 65 % de la surface arboricole nationale, elle est la principale culture fruitière du pays. Cette filière contribue significativement au Produit Intérieur Brut (PIB) agricole, avec environ 5 % de la valeur ajoutée du secteur, soit un chiffre d'affaires de 6,6 milliards de dirhams et une valeur ajoutée de 5,5 millions de dirhams.
Le secteur offre également une source majeure d’emplois, en générant plus de 51 millions de journées de travail par an, ce qui équivaut à environ 380 000 emplois permanents. Cela démontre son importance pour la stabilité socio-économique, notamment dans les zones rurales.
Avec une superficie cultivée de plus d'un million d’hectares, l’oléiculture couvre une grande partie du territoire marocain, à l’exception de la bande côtière Atlantique. En 2019-2020, la production d'olives a atteint 1,409 million de tonnes, bien qu'elle ait connu une baisse lors des dernières campagnes agricoles. Ce secteur se distingue par la culture de la variété "picholine marocaine", qui représente 96 % des plantations.
Les principales régions productrices sont Fès-Meknès et Marrakech-Safi, qui à elles seules couvrent 54 % de la surface totale cultivée. Le secteur de la transformation, avec près de 11 000 unités traditionnelles (Maâsras) et 948 unités modernes et semi-modernes de trituration, a une capacité de production impressionnante, dépassant 2,07 millions de tonnes par an. En outre, la présence de 75 conserveries d'olives démontre l’importance de ce secteur pour l'économie nationale.
Le secteur offre également une source majeure d’emplois, en générant plus de 51 millions de journées de travail par an, ce qui équivaut à environ 380 000 emplois permanents. Cela démontre son importance pour la stabilité socio-économique, notamment dans les zones rurales.
Avec une superficie cultivée de plus d'un million d’hectares, l’oléiculture couvre une grande partie du territoire marocain, à l’exception de la bande côtière Atlantique. En 2019-2020, la production d'olives a atteint 1,409 million de tonnes, bien qu'elle ait connu une baisse lors des dernières campagnes agricoles. Ce secteur se distingue par la culture de la variété "picholine marocaine", qui représente 96 % des plantations.
Les principales régions productrices sont Fès-Meknès et Marrakech-Safi, qui à elles seules couvrent 54 % de la surface totale cultivée. Le secteur de la transformation, avec près de 11 000 unités traditionnelles (Maâsras) et 948 unités modernes et semi-modernes de trituration, a une capacité de production impressionnante, dépassant 2,07 millions de tonnes par an. En outre, la présence de 75 conserveries d'olives démontre l’importance de ce secteur pour l'économie nationale.