
« Les entreprises ont tout à gagner à intégrer cette dimension humaine et sensible dans leur culture interne »
- Votre parcours de poétesse, plasticienne et actrice culturelle, vous a menée à créer le Centre Bishara Art Studio. Pouvez-vous revenir sur les étapes marquantes qui vous ont conduite à cette aventure ?
C’est ainsi qu’est née une communauté fidèle, à la recherche de parenthèses poétiques et créatives dans le rythme effréné de la vie urbaine. Bishara est devenu un refuge artistique, un espace de reconnexion à soi, autour d’ateliers ouverts mêlant peinture, écriture, artisanat, textile, et autres formes d’expression. Mon ambition aujourd’hui est d’ouvrir cette démarche aux entreprises, qui ont tout à gagner à intégrer cette dimension humaine et sensible dans leur culture interne.
- Pourquoi l'art a-t-il, selon vous, toute sa place dans le monde de l’entreprise ?
Les ateliers artistiques permettent aux collaborateurs de révéler leur créativité, de sortir du cadre et de cultiver leur singularité. L’expression artistique renforce la confiance en soi, l’audace, l’empathie, et libère des tensions souvent invisibles dans l’univers professionnel. C’est un outil stratégique pour améliorer la cohésion, développer l’innovation et enrichir la culture d’entreprise.
- Comment percevez-vous l’évolution de la place de l’art dans les entreprises marocaines ?
Le défi reste de sensibiliser les dirigeants à la valeur ajoutée concrète de ces pratiques : baisse du stress, stimulation de l’intelligence collective, amélioration de la communication interpersonnelle. L’entreprise marocaine est prête à franchir ce cap. Il suffit d’en montrer les bénéfices concrets.
- Quels impacts concrets les ateliers artistiques peuvent-ils avoir sur le bien-être et la performance au travail ?
Les disciplines proposées – poterie, peinture, dessin, bijouterie – permettent d’expérimenter sans pression de résultat, dans un climat de bienveillance. Cela favorise l’émergence d’un mieux-être global, personnel et professionnel. C’est une bulle de décompression, mais aussi un catalyseur de transformation.
- Quelle est votre approche concrète pour concevoir des ateliers sur mesure pour les entreprises ?
Selon les objectifs, nous proposons des formats variés : peinture d’une thématique, sculpture collective, théâtre d’entreprise, tournage de courts-métrages collaboratifs… Tout est pensé pour traduire les problématiques professionnelles en langage artistique.
- Intégrez-vous les neurosciences et les sciences cognitives dans votre démarche ?
Les ateliers mobilisent aussi des dynamiques issues de la psychologie positive, de la pleine conscience, et de la communication empathique. L’art devient ici un médium pour mieux se comprendre et mieux interagir avec les autres.
- En quoi le théâtre, le cinéma et les arts plastiques sont-ils des leviers puissants pour développer l’intelligence émotionnelle et relationnelle en entreprise ?
Le cinéma est un exercice de co-construction. C’est une métaphore parfaite du travail d’équipe : chacun a un rôle, un savoir-faire, et travaille pour une œuvre commune. De la conception du scénario au montage final, c’est une aventure créative et fédératrice.
Les arts plastiques favorisent le lâcher-prise, stimulent la pensée divergente, et offrent une liberté d’expression rarement atteinte dans le cadre professionnel. On y apprend à collaborer sans parler, à partager un espace créatif, à exprimer des émotions à travers la matière.
Ces pratiques artistiques développent des compétences clés : écoute active, adaptabilité, confiance, sensibilité interculturelle,… autant d’atouts pour une entreprise tournée vers l’avenir et l’humanité qui ne peuvent se passer de spiritualité. L’entreprise est un organisme vivant et non une machine sans âme ou identité. L’art construit le vivre-ensemble au bénéfice de toute communauté humaine. L’entreprise est évidemment une communauté humaine. Je pense à une citation de Malraux : « Le XXIème siècle sera spirituel ou ne sera pas ». L’entreprise, il me semble, doit participer de ce mouvement inéluctable.