- Selon vous, quels sont les secteurs émergents au Maroc qui offrent les opportunités les plus prometteuses pour les entreprises bavaroises ?
Tout d'abord, je dois dire que ce que nous avons observé en matière de développement au Maroc, ces 10 à 15 dernières années, est vraiment impressionnant. Le Royaume a accompli un formidable parcours et est devenu une puissance économique forte et fiable en Afrique du Nord.
Si l'on entre dans les détails, nous sommes ici avec une délégation pour discuter de l'hydrogène. C'est un domaine clé, car nous avons besoin d'hydrogène et le Maroc peut en produire. Mais au-delà de cela, nous voyons de nombreuses opportunités dans l’ingénierie mécanique, par exemple, ainsi que dans un large éventail d'autres secteurs comme l'agritech, la medtech, l'industrie automobile, l’aéronautique, entre autres. C’est une des leçons que nous retiendrons de cette visite.
Nous allons approfondir ces sujets avec nos collègues marocains afin d’identifier de nouveaux domaines de coopération.
- Quelles initiatives ont été mises en place pour sensibiliser les entreprises bavaroises au marché marocain ?
La Bavière est très active en matière d’exportations, et nous avons notre propre stratégie d’exportation, qui est très ambitieuse. Étant donné que le monde change rapidement et devient de plus en plus complexe, nous cherchons à diversifier clairement nos marchés.
En parallèle de notre stratégie d’exportation, nous avons aussi une démarche spécifique pour l’Afrique. Cela signifie que nous, ainsi que notre industrie, mettons un nouvel accent sur le continent africain et cherchons à identifier des pôles de coopération. L’un de ces pôles est, sans aucun doute, le Maroc.
Nous essayons donc de sensibiliser nos entreprises aux atouts du Royaume, aux opportunités qu'il offre et aux perspectives d’investissement dans votre pays. Tout cela s’ajoute aux actions menées par le gouvernement fédéral, par la GTAI (Agence de promotion d’investissements de la République Fédérale d'Allemagne) et par de nombreuses autres institutions.
- Quelle forme pourrait prendre le partenariat bavaro-marocain dans le domaine de l’hydrogène ?
Une forme très concrète, car cela est absolument nécessaire. Nous ne devons pas être des rêveurs de l’hydrogène – dont il y en a déjà beaucoup dans le monde. Nous voulons être des partenaires fiables et pragmatiques.
C’est précisément ce dont nous avons discuté, aujourd’hui, avec trois ministres marocains. Nous avons un besoin industriel concret en hydrogène, et nous avons des idées précises sur la manière dont nous pourrions travailler ensemble pour acheminer l’hydrogène vers la Bavière.
Nous avons aussi des partenaires solides, comme la VBW (Vereinigung der Bayerischen Wirtschaft - Association de l’Industrie Bavaroise). Laquelle a d’ailleurs réalisé sa propre étude sur un modèle d’approvisionnement en hydrogène et sur la manière dont une part importante de la chaîne de valeur pourrait être localisée au Maroc, dans le cadre d'une coopération bavaro-marocaine.
- Cela signifie-t-il des investissements et un partenariat technologique à l’avenir ?
Oui, les deux aspects. Les investissements, d’abord, car nous voyons qu’ils sont nécessaires pour garantir une situation gagnant-gagnant des deux côtés. En outre, les investissements créent des emplois, ce qui est également crucial. Nous avons aussi abordé la question d’une coopération plus étroite en matière de recherche et développement, notamment au niveau universitaire.
Mais également l’apport de technologies et d’innovations allemandes au Maroc. Car nous savons que tout le secteur de la production d’hydrogène, s’il veut être mené correctement, doit répondre à des normes de haute qualité.
Or, de nombreuses entreprises en Allemagne – qu’il s’agisse de grands groupes comme Siemens, de PME ou même de startups – ont atteint un très haut niveau d’innovation en matière d’hydrogène. C’est là notre valeur ajoutée : établir un dialogue étroit pour faire en sorte que l’hydrogène devienne une réalité au Maroc.
- La Bavière cherche à attirer des talents marocains qualifiés. Comment cette initiative peut-elle être structurée pour éviter d’être perçue comme une fuite des cerveaux et, au contraire, encourager une collaboration mutuellement bénéfique pour les deux pays ?
Le premier principe de notre stratégie bavaroise, en matière de main-d’œuvre qualifiée, est que nous ne lançons de projets de ce type qu’en coopération et en accord avec le pays d’origine des travailleurs concernés. Nous ne faisons jamais rien contre l’intérêt du pays d’origine.
C’est exactement la même approche avec le Maroc. Nous ne voulons pas provoquer une fuite des cerveaux, comme vous l’avez mentionné. Mais en écoutant vos ministres, j’ai appris que chaque année, environ 500.000 jeunes marocains obtiennent leur diplôme universitaire, alors que le pays crée actuellement environ 200.000 nouveaux emplois par an, même dans les périodes favorables.
Il y a donc un potentiel. Mais quoi qu’il en soit, si certains jeunes souhaitent venir en Allemagne, nous voulons que cela se fasse en coopération et en accord avec le gouvernement marocain. À en juger par les discussions et débats d’aujourd’hui, nous sommes sur la bonne voie.
Le secteur où nous avons le plus grand besoin de travailleurs qualifiés en Bavière est celui des ingénieurs – dans un large éventail de disciplines. Et je vois qu’il y a un fort potentiel au Maroc. Si le gouvernement est d’accord, nous sommes prêts à approfondir cette coopération pour permettre aux jeunes talents marocains de venir en Bavière.
Mais il ne s’agit pas uniquement de l’emploi. Nous souhaitons aussi offrir des opportunités d’études en Bavière, où nous avons de nombreuses Universités.
Accueillir des étudiants marocains en Bavière pourrait aussi permettre des échanges dans l’autre sens, en envoyant des étudiants bavarois au Maroc. C’est ainsi que nous pouvons créer un véritable échange mutuel et une situation gagnant-gagnant pour les deux parties. C’est cela l’approche bavaroise.
Rencontre avec le ministre de l’Industrie Ryad Mezzour
Le ministre de l’Industrie et du Commerce, Ryad Mezzour, et le secrétaire d’Etat au ministère bavarois de l’Économie, du Développement régional et de l’Énergie, Tobias Gotthardt, ont discuté, lors de cette visite, des possibilités d’une coopération stratégique entre le Maroc et la Bavière dans plusieurs domaines. Lors de ces entretiens, les deux responsables ont souligné que cette coopération profiterait aux deux parties, le Maroc bénéficiant de l’expertise bavaroise, tandis que la Bavière trouverait dans le Royaume une plateforme dynamique pour l’accès au marché africain. Ainsi, Ryad Mezzour s’est réjoui de l’intérêt de la Bavière de prospecter les opportunités de partenariats avec le Maroc, ajoutant que le Royaume pourrait bénéficier d’un transfert de technologie, puisque cette région allemande est leader en haute technologie (énergie, mobilité, numérique, etc.).
Le ministre a également souligné que la coopération dans le domaine des énergies vertes est “hautement” souhaitée avec la Bavière. De son côté, Tobias Gotthardt a mis en avant le potentiel de coopération Maroc-Bavière, en particulier dans l’hydrogène, mais aussi dans d’autres domaines industriels. Saluant les avancées réalisées par le Royaume durant ces dernières années, le secrétaire d’Etat au ministère bavarois de l’Économie, du Développement régional et de l’Énergie a fait part de son souhait d’avoir le Maroc comme un partenaire fort et able pour “renforcer davantage notre puissance industrielle”. Classée 2ème région européenne la plus innovante selon un index Eurostat, la Bavière dispose d’une excellente infrastructure et d’une forte présence de clusters industriels (17 plateformes de haute technologie).
Le ministre a également souligné que la coopération dans le domaine des énergies vertes est “hautement” souhaitée avec la Bavière. De son côté, Tobias Gotthardt a mis en avant le potentiel de coopération Maroc-Bavière, en particulier dans l’hydrogène, mais aussi dans d’autres domaines industriels. Saluant les avancées réalisées par le Royaume durant ces dernières années, le secrétaire d’Etat au ministère bavarois de l’Économie, du Développement régional et de l’Énergie a fait part de son souhait d’avoir le Maroc comme un partenaire fort et able pour “renforcer davantage notre puissance industrielle”. Classée 2ème région européenne la plus innovante selon un index Eurostat, la Bavière dispose d’une excellente infrastructure et d’une forte présence de clusters industriels (17 plateformes de haute technologie).