La chanson et la dénonciation des conditions de vie, parfois, sinon souvent de l’ordre établi, ne date pas d’hier et remonte loin dans le temps. Celle-ci peut même déborder le cadre de la vie ordinaire et s’attaquer à l’autorité, dans un sens général, à son représentant suprême, de façon certes exceptionnelle mais réelle.
Au Maroc des années 1960 à 1970, les groupes emblématiques que furent Lemchaheb et Nass Al Ghiwane, étaient les porte-étendards de cette tendance. Nass Al Ghiwane disaient le mal être d’une époque, le chant était métaphorique et le sens se dissimulait entre les paroles d’une chanson. L’emploi sur le mode « indéfini » de la dénonciation donne une facture poétique à la chanson et le sens se laisse à apprécier dans des champs sémantiques, de compréhension en somme, des plus larges.
Cette chanson représentée par Nass El Ghiwane et Lemchaheb n’a jamais été dans une confrontation directe avec l’ordre établi, comme en témoignent des titres tout en nuances comme Ghir Khoudouni, Mahamouni ou Fine Ghadi Biya Khouya, mais dans une expression où règnent l’indéfini et le comprenne qui pourra.
Dans un titre « Haydouh », Lemchaheb avait fait preuve d’audace, même s’il ne visait et nommait personne en particulier. Cette audace sera de courte durée et le titre de la chanson se transformera en Haydouss… dans les salles de spectacle nationales, sur les ondes et à la télévision.
Au Maroc des années 1960 à 1970, les groupes emblématiques que furent Lemchaheb et Nass Al Ghiwane, étaient les porte-étendards de cette tendance. Nass Al Ghiwane disaient le mal être d’une époque, le chant était métaphorique et le sens se dissimulait entre les paroles d’une chanson. L’emploi sur le mode « indéfini » de la dénonciation donne une facture poétique à la chanson et le sens se laisse à apprécier dans des champs sémantiques, de compréhension en somme, des plus larges.
Cette chanson représentée par Nass El Ghiwane et Lemchaheb n’a jamais été dans une confrontation directe avec l’ordre établi, comme en témoignent des titres tout en nuances comme Ghir Khoudouni, Mahamouni ou Fine Ghadi Biya Khouya, mais dans une expression où règnent l’indéfini et le comprenne qui pourra.
Dans un titre « Haydouh », Lemchaheb avait fait preuve d’audace, même s’il ne visait et nommait personne en particulier. Cette audace sera de courte durée et le titre de la chanson se transformera en Haydouss… dans les salles de spectacle nationales, sur les ondes et à la télévision.
Une chanson à message
La chanson des années 1970 est une chanson engagée. Elle était dans une rhétorique de la dénonciation mais métaphorique, sans proposer de solution de sortie de crise, comme a pu l’être la littérature et en particulier la poésie de Tahar Ben Jelloun, une poésie de dénonciation et de révolte loin d’être frontale.
L’engagement politique nomme les êtres et les choses. Avec Lemchaheb et Nass Al Ghiwane, les paroles ouvrent les vannes de l’imagination et de l’insinuation comme peut le faire la poésie.
L’engagement politique nomme les êtres et les choses. Avec Lemchaheb et Nass Al Ghiwane, les paroles ouvrent les vannes de l’imagination et de l’insinuation comme peut le faire la poésie.
Kharboucha chante et se rebelle
Avant Nass El Ghiwane et Lemchaheb, il y eut Kharboucha, reine de l’art de la Aïta, cette complainte rebelle venue des fins fonds des plaines de Abda. Plus résistante que chanteuse, elle galvanisait par ses chants les guerriers de sa tribu qui survécurent au massacre et prirent les armes pour se venger et résister au pouvoir sans partage du Caïd Aïssa Ben Omar, potentat local qui ordonna le pillage de sa tribu des Ouled Zaïd et le massacre de ses membres.
Emprisonnée sur son ordre, il la faisait chanter pour sa cour et Kharboucha n’hésitait pas à l’inter-peller directement, lui opposant sa résistance à la tyrannie, l’accusant de brûler les récoltes, de tuer les membres de sa tribu et affirmant au despote que « jamais elle ne cesserait de défendre son peuple et sa terre natale, Abda ». Poussant l’audace à outrance, cette passionaria du chant traditionnel commuée en Shehrazade aussi farouche qu’effrontée, se permet de surnommer son géôlier « le mangeur de charognes, le tueur de ses frères », en public et en face.
Kharboucha a payé son engagement, par l’exil intérieur, d’abord, car seule la fuite pouvait la sauver de la prison - la légende affirme qu’elle fut emmurée vivante-, car trahie et livrée au Caïd Aïssa et enfin par le sacrifice suprême, payant ainsi de sa vie la résistance qu’elle opposait à son bourreau.
Emprisonnée sur son ordre, il la faisait chanter pour sa cour et Kharboucha n’hésitait pas à l’inter-peller directement, lui opposant sa résistance à la tyrannie, l’accusant de brûler les récoltes, de tuer les membres de sa tribu et affirmant au despote que « jamais elle ne cesserait de défendre son peuple et sa terre natale, Abda ». Poussant l’audace à outrance, cette passionaria du chant traditionnel commuée en Shehrazade aussi farouche qu’effrontée, se permet de surnommer son géôlier « le mangeur de charognes, le tueur de ses frères », en public et en face.
Kharboucha a payé son engagement, par l’exil intérieur, d’abord, car seule la fuite pouvait la sauver de la prison - la légende affirme qu’elle fut emmurée vivante-, car trahie et livrée au Caïd Aïssa et enfin par le sacrifice suprême, payant ainsi de sa vie la résistance qu’elle opposait à son bourreau.
Le rap, et après ?
Depuis les années 70, la chanson de la révolte n’a pas disparu mais a changé de ton et de rythme. Elle ne s’inscrit plus dans les sonorités locales, comme ce fut le cas avec Lemchaheb et Nass Al Ghiwane, mais dans un mouvement mondial. Noble émanation du hip hop des années 1970, le rap appartient à la culture urbaine. Il parle de misère, de jeunes sans emploi, d’humiliation, dans un langage vrai et suivant un flow où la musicalité primait aux débuts de la vogue du Rap sur l’engagement politique devenu plus prononcé actuellement.
Chanson de son temps, le rap qui se joue quasiment sans orchestre, appartient à l’univers d’internet où il se partage sans limite et peut atteindre, en un temps record, des millions de vues pour les vidéos.
Dans cet univers, nul besoin de studio d’enregistrement. Un micro branché à un ordinateur pour le son agrémenté ou non d’un clip saccadé filmé avec une simple caméra HD, le tout monté avec des logiciels pi-ratés, suffisent pour la gloire. D’où sa redoutable capacité de propagation.
Chanson de son temps, le rap qui se joue quasiment sans orchestre, appartient à l’univers d’internet où il se partage sans limite et peut atteindre, en un temps record, des millions de vues pour les vidéos.
Dans cet univers, nul besoin de studio d’enregistrement. Un micro branché à un ordinateur pour le son agrémenté ou non d’un clip saccadé filmé avec une simple caméra HD, le tout monté avec des logiciels pi-ratés, suffisent pour la gloire. D’où sa redoutable capacité de propagation.