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Abdelkader Bourhim : « Les Marocains veulent un sport qui crée de l’emploi et de la richesse »

Entretien avec Abdelkader Bourhim, auteur du rapport intitulé : “Le sport que nous voulons”


Rédigé par Safaa KSAANI Mercredi 6 Janvier 2021

Le premier rapport sectoriel de la Commission Spéciale sur le nouveau Modèle de Développement
(CSMD) voit le jour. Un rapport qui place le sport comme levier de développement au Royaume.



- Vous êtes le premier à présenter votre rapport à la Commission Spéciale sur le nouveau Modèle de Développement (CSMD). L’état des lieux du domaine du sport vous a facilité la tâche ?
- Oui, sans doute. Dans les faits, je ne me suis pas focalisé sur les failles du sport marocain, je me suis plus fixé sur ses forces. Le sport au Maroc s’incarne au quotidien par un ensemble d’acteurs dévoués et passionnés qui souhaitent permettre à des millions de citoyens marocains de vivre des émotions fortes, de pratiquer une activité sportive, de s’épanouir et de se réaliser. Il faut, par ailleurs, rappeler à quel point le Maroc est une nation de sport. Dans notre Histoire récente, les performances et les exploits de très haut niveau de nos athlètes ont fait la fierté de notre pays. Le Maroc dispose, enfin, d’atouts considérables, notamment pour ce qui est des infrastructures d’envergure, en particulier les stades qui se sont multipliés un peu partout à travers le Royaume.

Cependant, tout cela n’est malheureusement pas suffisant pour faire du sport un vecteur de développement économique. En effet, tant qu’il ne sera pas réellement structuré, le sport marocain ne pourra pas exploiter tout son potentiel économique et social. Pour ce faire, une des priorités est d’assurer la bonne gouvernance des institutions sportives par l’instauration d’organes de régulation et de contrôle capables de veiller à la bonne application de la politique sportive nationale. De plus, il conviendrait de régler le manque de garanties juridiques afin de libérer les acteurs privés et ainsi les encourager à investir dans le sport. Rétablir la confiance est un préalable indispensable à l’essor du secteur. Je pense, pour finir, que je ne suis pas le premier à avoir remis un rapport à la commission. Néanmoins, je pense, effectivement, que je suis un des premiers à avoir porté cette thématique auprès de la CSMD avec ce rapport.

- Comment vous êtes-vous organisé pour y parvenir ?
- J’ai entamé cette démarche suite à une véritable introspection et l’envie de contribuer positivement au développement de mon pays. J’étais animé par cette intime conviction que le sport est en capacité de tout changer, de changer des destins, de changer une nation. L’annonce du lancement de la CSMD puis la crise du Covid-19 ont agi comme de réels déclencheurs. J’ai eu l’opportunité de rencontrer les membres de la commission pour échanger sur la question du sport et de son importance en tant que levier de développement pour le Maroc. Pour réaliser le rapport, j’ai constitué une équipe de travail et de réflexion afin de structurer et établir les recommandations portées par ce projet. J’ai également fait appel à un cabinet spécialisé en recherche d’information et en intelligence économique ainsi que des consultants dans le domaine du digital pour m’assurer que le rapport apporte la contribution la plus pertinente et la plus qualitative possible. 

- Quelles suites seront données à vos recommandations ?
- J’espère que la CSMD prendra en considération l’importance d’inscrire le sport dans son rapport final comme secteur stratégique et essentiel dans le développement du Maroc. J’ai tenté, à travers ce rapport, d’apporter des recommandations claires adaptées aux problématiques que rencontre le secteur du sport. Leur mise en œuvre est à la portée des acteurs concernés et pourra apporter sans aucun doute la réponse nécessaire à la restructuration du sport marocain.

- Par ailleurs, quel est le modèle du sport que veulent les Marocains ?
- Il est important de souligner que Sa Majesté le Roi Mohamed VI apporte une attention toute particulière au sport en lui témoignant de la bienveillance. Mais le sport n’est certainement pas à l’heure actuelle à la hauteur de ses attentes. La lettre royale de 2008 aux Assises du Sport à Skhirat suffit à mettre en lumière l’importance qu’accorde le Souverain au sport marocain avec la volonté d’en faire un sport performant et organisé. Dans le prolongement de cette volonté, les Marocains veulent un sport qui crée de l’emploi et de la richesse, un sport vecteur d’inclusion sociale, un sport facteur de bien-être physique et mental surtout en cette période de pandémie. Le sport, c’est aussi l’école de la deuxième chance pour bon nombre de nos jeunes en proie au décrochage scolaire. Il ne faut pas minorer le pouvoir d’identification du sport pour notre jeunesse et la manière dont il fédère les Marocains et renforce leur sentiment d’appartenance à une même nation. C’est ce sport que les Marocains veulent, un sport capable de rayonner à l’international dont ils souhaitent être fiers. La pandémie de Covid-19 a évidemment mis à mal le sport marocain comme partout dans le monde, mais cette crise est l’occasion de réfléchir et de prendre le temps nécessaire pour préparer son avenir.

Recueillis par Safaa KSAANI 

Portrait

Lorsque l’expertise répond aux contraintes
Ancien cadre dans plusieurs agences de conseil en marketing sportif, Abdelkader Bourhim cumule une bonne expérience stratégique et opérationnelle multisports, en particulier avec les clubs sportifs de haut niveau, au Maroc, en France et dans d’autres pays.

Sa parfaite connaissance du milieu sportif, de ses pratiques, de ses coûts et de ses opportunités lui permet d’apporter des réponses efficaces aux problématiques et aux besoins des clubs et des institutions sportives pour renforcer leur structure commerciale et marketing, tant au niveau des moyens opérationnels que stratégiques. Ses contacts permanents avec les dirigeants des clubs, des institutions sportives et des partenaires commerciaux lui ont permis de construire un réseau solide dans le monde du sport.

“Cela fait aujourd’hui plus de 20 ans que j’accompagne les clubs et les institutions sportives dans leur management opérationnel et stratégique. J’ai accumulé une expérience conséquente en étant aux prises avec un grand nombre d’acteurs sportifs et institutionnels tout au long de ma carrière”. Une carrière qui lui a valu de chapeauter l’équipe de travail et de réflexion qui a structuré et établi les recommandations présentées à la Commission Spéciale sur le nouveau Modèle de Développement (CSMD), sous forme du rapport intitulé : “Le sport que nous voulons : le pouvoir économique, social et stratégique du sport dans le nouveau développement du Maroc”.

Par ailleurs, ledit rapport, construit et imaginé par Abdelkader Bourhim, a été produit avec la collaboration et le conseil stratégique du cabinet PLVS ULTRA Consulting ainsi que l’appui opérationnel de WEELITE.

S. K. 

Repères

L’industrie du sport participe à 1,1% du PIB marocain
Le Maroc n’est pas parvenu à faire une industrie du sport suffisamment performante et créatrice de valeur pour les Marocains, malgré ses atouts indéniables. L’un des principaux obstacles auxquels fait face le sport au Maroc est la manière dont il est perçu. “Pour une grande majorité des Marocains, le sport ne revêt que des aspects ludiques et divertissants. Il n’est pas considéré à sa juste valeur et surtout il n’est pas suffisamment envisagé comme une industrie à part entière, alors qu’il représente selon les dernières estimations près de 1,1% du PIB marocain et qu’il pourrait être porté à 3% d’après l’Agence Française de Développement (AFD) au Maroc grâce à la mobilisation des investissements privés”, détaille Abdelkader Bourhim.
Des solutions existent
Pour remédier au déficit d’image porté sur l’industrie du sport au Maroc, une des solutions réside dans l’accompagnement au changement par la pédagogie et l’expertise en matière sportive. En d’autres termes, “il faut favoriser la connaissance et l’apprentissage et aussi donner les outils aux futurs managers afin qu’ils puissent gérer efficacement les organisations sportives. De plus, il est essentiel d’activer l’outil juridique de la nouvelle loi 30-09 de la Jeunesse et des Sports dans le but d’accompagner les associations sportives à but non lucratif dans leur transformation vers la société sportive et donc garantir l’émergence d’un marché performant et productif sur le plan sportif et économique”, tient à souligner Abdelkader Bourhim.








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