![Accès aux financements : Enfin le «vrai» boost pour les TPE ? [INTÉGRAL] Accès aux financements : Enfin le «vrai» boost pour les TPE ? [INTÉGRAL]](https://www.lopinion.ma/photo/art/default/87368972-61990652.jpg?v=1742639725)
Les très petites, petites et moyennes entreprises (TPME) auront-elles enfin un accès adéquat aux financements bancaires, véritable talon d’Achille de notre tissu entrepreneurial ? Même si elles représentent 88 % du total des entreprises marocaines, les TPME ont longtemps été perçues avec méfiance par les banques, qui leur imposaient des conditions draconiennes pour obtenir les crédits indispensables à leur survie et à leur développement.
Cette situation anormale avait même été soulevée par Sa Majesté le Roi Mohammed VI qui, lors du discours du 11 octobre 2019 à l’occasion de la rentrée parlementaire, avait regretté que les banques marocaines ne soutiennent pas suffisamment certaines catégories, comme les jeunes entrepreneurs et les TPME, et avait appelé à “simplifier et faciliter les procédures d’accès au crédit, s’ouvrir davantage aux autoentrepreneurs, financer les petites et moyennes entreprises”.
Cette situation anormale avait même été soulevée par Sa Majesté le Roi Mohammed VI qui, lors du discours du 11 octobre 2019 à l’occasion de la rentrée parlementaire, avait regretté que les banques marocaines ne soutiennent pas suffisamment certaines catégories, comme les jeunes entrepreneurs et les TPME, et avait appelé à “simplifier et faciliter les procédures d’accès au crédit, s’ouvrir davantage aux autoentrepreneurs, financer les petites et moyennes entreprises”.
Programme dédié
Suite à ces directives Royales, des initiatives ont été mises en place pour dynamiser ces catégories, notamment à travers le programme Intelaka, destiné en priorité aux porteurs de projets. Bien qu'il ait permis de mobiliser 8,6 milliards de dirhams au profit de 32.000 bénéficiaires, ce programme n’a pas apporté une réponse de fond à la problématique du financement des TPME, qui demeure un défi structurel nécessitant un cadre adapté et un accompagnement sur le long terme de ces entreprises.
Alors que tous les indicateurs économiques et financiers du pays sont au vert, le Conseil de la banque centrale, réuni lors de sa session trimestrielle du 18 mars, a décidé de donner un nouvel élan aux TPME à travers une initiative inédite. En parallèle à la baisse du taux directeur de 25 points de base, le ramenant à 2,25% pour dynamiser l’activité économique et soutenir l’emploi, le Wali de Bank Al-Maghrib, Abdellatif Jouahri, a annoncé la mise en place d’un programme dédié au financement des très petites entreprises (TPE).
Ce programme prévoit un mécanisme de refinancement des banques participantes à des conditions avantageuses, avec un taux préférentiel équivalent au taux directeur réduit de 25 points de base. L’enjeu est d’élargir l’accès au crédit pour ces entreprises, et de renforcer leur contribution à la création d’emplois.
Dans cette perspective, le Wali de BAM a annoncé qu’une première réunion avec les banques s’était tenue le 6 mars, au cours de laquelle ces dernières ont réaffirmé leur engagement en faveur des TPE, mettant en avant leur volonté de renforcer leur accompagnement et de faciliter l’accès au crédit pour ces entreprises.
Nouvelle vie pour Intelaka
Une nouvelle rencontre est également prévue avec Tamwilcom afin d’optimiser les dispositifs de garantie, notamment en ajustant la quotité et la commission de garantie. Cette initiative vise à renforcer la couverture des risques et à encourager les banques à accroître leur soutien aux TPE en assouplissant les conditions d’octroi des financements.
Par ailleurs, BAM prévoit d’ici juin une réunion tripartite avec la CGEM et les banques pour identifier les obstacles qui freinent le financement des TPME et élaborer des solutions adaptées. L’objectif est d’améliorer l’accès au crédit, de fluidifier les mécanismes de financement et d’accompagner ces entreprises dans leur croissance, avec un impact direct sur la dynamique économique et la création d’emplois.
Le Wali a également annoncé une refonte du programme Intelaka afin de l’ajuster aux nouvelles réalités économiques, en insistant sur l’importance d’un suivi renforcé des TPE, aussi bien avant leur lancement qu’au cours de leur développement.
Dispositif d’investissement
Si ces initiatives de financement des TPME tombent à point nommé, un autre projet d’envergure se profile en parallèle pour les accompagner dans leurs démarches d’investissement à travers des dispositifs sur mesure. En effet, le ministre délégué auprès du Chef du Gouvernement chargé de l’Investissement, de la Convergence et de l’Évaluation des politiques publiques, Karim Zidane, a annoncé la mise en place d’un nouveau dispositif dans le cadre de la Charte de l’investissement, spécialement conçu pour répondre aux besoins des TPME et faciliter leur accès aux opportunités de financement et de développement.
Ce dispositif cible les entreprises dont le chiffre d’affaires se situe entre 1 et 200 millions de dirhams. Pour être éligible à cet accompagnement, le projet d’investissement doit quant à lui s’inscrire dans une fourchette allant de 1 à 50 millions de dirhams.
Soufiane CHAHID
3 questions à Mehdi Fakir “Il ne faudrait pas verser les financements en une seule fois, mais les étaler sur une période définie, avec des paliers de validation”
- Pourquoi, selon vous, les TPME ont-elles du mal à accéder au financement bancaire ?
Je pense qu’il ne s’agit pas tant d’un manque de financement que d’un problème d’éligibilité des TPME aux crédits bancaires. Les banques imposent à ces entreprises des conditions strictes et exigent des garanties réelles que la plupart d’entre elles ne sont pas en mesure de fournir. Faute d’actifs à nantir ou de bilans suffisamment solides, de nombreuses TPME se retrouvent exclues du circuit du crédit, limitant ainsi leur capacité à investir, à se développer et à créer de l’emploi.
- En quoi le dispositif annoncé par BAM sera-t-il différent des précédents ?
Il ne faut surtout pas répéter les échecs du passé, à l’image du crédit Jeunes Entrepreneurs, qui a enregistré un taux de défaillance élevé, laissant des séquelles aussi bien chez les bénéficiaires que dans le secteur bancaire. Pour éviter ce scénario, il est crucial d’encadrer rigoureusement ces financements en instaurant un suivi régulier et en adaptant les modalités d’octroi aux réalités des TPME. Une piste à explorer serait de ne pas verser les financements en une seule fois, mais de les étaler sur une période définie, avec des paliers de validation conditionnés à l’atteinte de certains objectifs. Cela permettrait d’assurer une meilleure utilisation des fonds et d’éviter des erreurs de gestion précipitées qui compromettent la viabilité des projets. Par ailleurs, l’instauration d’une formation obligatoire pour les entrepreneurs avant l’octroi du financement pourrait être un levier efficace. Cette formation leur permettrait d’acquérir des compétences en gestion financière, en stratégie de développement et en management, réduisant ainsi les risques d’échec et augmentant les chances de réussite de leurs entreprises.
- Comment, selon vous, leur donner un meilleur accès à ces financements ?
Il ne suffit pas d’ouvrir les vannes du financement, encore faut-il offrir aux entrepreneurs un accompagnement adapté pour sécuriser et optimiser l’usage des fonds. Un soutien en gestion, en stratégie et en structuration financière est essentiel pour renforcer la viabilité des projets. Sans cet encadrement, le risque de défaillance reste élevé, limitant l’impact des financements accordés. L’enjeu est donc double : faciliter l’accès au crédit tout en assurant un suivi efficace pour garantir la pérennité des TPME.
Radioscopie : Ces multiples freins à surmonter
Une étude publiée en janvier par l'Association marocaine de sciences économiques dresse un état des lieux des principaux freins au développement des TPME, qui représentent 93% du tissu économique marocain.
La concurrence déloyale du secteur informel nuit fortement à leur compétitivité, créant un déséquilibre face aux entreprises respectant les normes légales. Le manque de ressources humaines qualifiées limite leur capacité d’innovation et de croissance. La corruption, en augmentant les coûts et l’incertitude, constitue une entrave supplémentaire.
Le cadre fiscal, jugé complexe et contraignant, décourage l’investissement et la formalisation des petites structures. L’accès au financement, souvent difficile, reste un défi majeur en raison des garanties élevées exigées par les banques et des taux d’intérêt peu avantageux.
L’étude préconise une meilleure régulation du secteur informel, une réforme de la formation professionnelle, une simplification fiscale et un accès facilité au crédit pour permettre aux TPME de jouer pleinement leur rôle dans l’économie marocaine.
La concurrence déloyale du secteur informel nuit fortement à leur compétitivité, créant un déséquilibre face aux entreprises respectant les normes légales. Le manque de ressources humaines qualifiées limite leur capacité d’innovation et de croissance. La corruption, en augmentant les coûts et l’incertitude, constitue une entrave supplémentaire.
Le cadre fiscal, jugé complexe et contraignant, décourage l’investissement et la formalisation des petites structures. L’accès au financement, souvent difficile, reste un défi majeur en raison des garanties élevées exigées par les banques et des taux d’intérêt peu avantageux.
L’étude préconise une meilleure régulation du secteur informel, une réforme de la formation professionnelle, une simplification fiscale et un accès facilité au crédit pour permettre aux TPME de jouer pleinement leur rôle dans l’économie marocaine.
Restructuration des TPME : Un fonds garanti par Tamwilcom
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BAM, le Groupement Professionnel des Banques du Maroc (GPBM) et Tamwilcom ont mis en place un fonds de soutien destiné à cofinancer, en partenariat avec les banques, des projets de restructuration des TPME.
Ce mécanisme s’adresse aux entreprises viables confrontées à des difficultés passagères, telles que des tensions de trésorerie, une baisse d’activité, un déséquilibre financier, une perte de clients ou encore des arriérés envers des organismes publics ou privés. Pour être éligibles, les entreprises ne doivent pas être classées comme débiteurs douteux ou compromis auprès des établissements de crédit et leur chiffre d’affaires ne doit pas excéder 175 millions de dirhams.
Le dispositif cible en priorité les entreprises industrielles et celles orientées vers l’export. Il couvre plusieurs types de besoins, notamment les investissements, la restructuration financière et les crédits d’exploitation, qu’ils soient amortissables ou sous forme de crédit revolving.
La part du Fonds de soutien aux TPME prend la forme d’un prêt subordonné, plafonné à 50 millions de dirhams. De son côté, la banque peut accorder des concours pour financer les investissements, l’exploitation ou encore la restructuration de créances existantes. La part bancaire peut également bénéficier de la garantie de Tamwilcom.
Le prêt accordé par le Fonds a une durée maximale de 10 ans, incluant une éventuelle période de différé. Son remboursement intervient après celui des concours bancaires. Le taux d’intérêt appliqué à la part du Fonds est fixe et correspond au taux moyen pondéré des émissions des bons du Trésor à 5 ans, tel que publié par BAM. La part bancaire est librement négociable, mais ne peut dépasser le taux appliqué à la part du Fonds, majoré de 150 points de base.
Ce mécanisme s’adresse aux entreprises viables confrontées à des difficultés passagères, telles que des tensions de trésorerie, une baisse d’activité, un déséquilibre financier, une perte de clients ou encore des arriérés envers des organismes publics ou privés. Pour être éligibles, les entreprises ne doivent pas être classées comme débiteurs douteux ou compromis auprès des établissements de crédit et leur chiffre d’affaires ne doit pas excéder 175 millions de dirhams.
Le dispositif cible en priorité les entreprises industrielles et celles orientées vers l’export. Il couvre plusieurs types de besoins, notamment les investissements, la restructuration financière et les crédits d’exploitation, qu’ils soient amortissables ou sous forme de crédit revolving.
La part du Fonds de soutien aux TPME prend la forme d’un prêt subordonné, plafonné à 50 millions de dirhams. De son côté, la banque peut accorder des concours pour financer les investissements, l’exploitation ou encore la restructuration de créances existantes. La part bancaire peut également bénéficier de la garantie de Tamwilcom.
Le prêt accordé par le Fonds a une durée maximale de 10 ans, incluant une éventuelle période de différé. Son remboursement intervient après celui des concours bancaires. Le taux d’intérêt appliqué à la part du Fonds est fixe et correspond au taux moyen pondéré des émissions des bons du Trésor à 5 ans, tel que publié par BAM. La part bancaire est librement négociable, mais ne peut dépasser le taux appliqué à la part du Fonds, majoré de 150 points de base.