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International

Arsène Kadoupe Fado : Coronavirus va impacter durablement l’industrialisation continentale


Rédigé par Wolondouka SIDIBE Mardi 8 Septembre 2020

Un tissu industriel peu développé, absence d’une vraie politique en la matière, Covid-19 est venu s’ajouter aux multiples maux dont souffre le secteur industriel du continent et risque de ralentir la révolution industrielle africaine tant souhaitée, si rien n’est fait. Arsène Kadoupe Fado, Manager des projets industriels, Groupe Menara Holding Marrakech-Maroc, analyse cette épineuse question.



Arsène Kadoupe Fado : Coronavirus va impacter durablement l’industrialisation continentale
La Covid-19 a fortement impacté l’industrie africaine déjà mal en point. Fallait-il s’y attendre ?
Comme le reste du monde l’Afrique a subi et continue de subir les conséquences de la Covid-19. Tous les secteurs sont impactés et encore plus l’industrie africaine déjà mal en point. Il ne pouvait en être autrement pour l’industrie en Afrique en réveil. Toutefois, cette situation exceptionnelle qui contracte toutes les économies du monde peut s’avérer une opportunité pour l’Afrique de rattraper son retard industriel, notamment grâce au protectionnisme mondial, au retour plus accru à la souveraineté, à la révolution numérique et à la coopération intracontinentale. Ce choc était prévisible car on voit bien que les Etats ou continents les plus résilients sont ceux dont les capacités de production locale sont robustes. D’où le besoin de structurer l’économie africaine autour du développement de son industrie pour amortir les chocs à venir.

- Quelle analyse faites-vous de l’industrialisation africaine durant les 60 années d’indépendance ?
Depuis les indépendances, l’industrialisation de l’Afrique en général, et de l’Afrique subsaharienne en particulier, préoccupe les gouvernants des Etats africains, des institutions (CEDEAO, BAD, Banque Mondiale, FMI, UA, ONUDI, etc…). Car la stabilité politico-économique, l’environnement des affaires et l’investissement jouent un rôle prépondérant dans les processus d’implantation des industries. Bien que des politiques industrielles furent mises en place dans beaucoup de pays, malheureusement, les résultats restent en deçà des attentes. Ce constat appelle de notre part une approche nouvelle impliquant davantage d’acteurs africains au nombre desquels les jeunes formés parfois aux frais des « Etats » et qui n’attendent que l’opportunité de s’exprimer.

Pourtant, un réveil industriel du continent semblait redonner espoir grâce notamment aux nouvelles initiatives. Qu’en est-il ?
C’est une réalité mais les conséquences de Coronavirus risquent de ralentir ces initiatives. Ce réveil est porté par la vision « HIGH 5 » de la BAD, Busan 2018) : « Industrialiser l’Afrique » et l’Union Africaine à travers le programme DDIA3 (3ème Décennie du Développement Industriel de l’Afrique 2016-2025). Enfin, il y a l’instauration d’une « Journée de l’Industrialisation de l’Afrique », célébrée le 20 novembre de chaque année. Celle de 2019 avait pour thème : « Positionner l’Industrie Africaine afin de soutenir le marché de la Zone de Libre-échange Continentale Africaine (ZLECA) » (Déclaration conjointe de la CUA, l’ONUDI et la CEA, Journée de l’industrialisation de l’Afrique du 20 novembre 2019).

Quelle politique industrielle faut-il mettre en place pour faire de ce secteur le moteur de l’économie des pays africains ?
Contrairement aux entreprises du secteur tertiaire (commerce, négoce, etc…) les activités industrielles manufacturières reposent essentiellement sur des matières premières et l’énergie, fortement dépendantes des pouvoirs publics. Il faut une clairvoyance manifeste des autorités au plus haut niveau à travers des mécanismes de promotion, de valorisation et de protection des « investissements industriels » à quelque échelle que ce soit. Cela exige d’y consacrer un véritable département ministériel doté de compétences, le renforcement et la valorisation des recherches & explorations, l’adaptation de la fiscalité et bien d’autres mécanismes de manière soutenue sur du très long terme. Une forte valorisation de l’entrepreneuriat industriel au détriment de toute autre reste un signal fort et un levier puissant. A cela s’ajoute la formation de cadres, techniciens et ouvriers qualifiés dans les différents métiers de base de l’industrie.

Quel pourrait être l’apport du Maroc dans la formation et la transformation industrielle du continent ?
La diversité des richesses du continent africain et leur répartition sur l’ensemble du continent permet d’entrevoir une spécialisation industrielle par région afin de concrétiser le « marché continentale » Zone de Libre-Echange Continentale Africaine (ZLECA) prôné par les dirigeants africains. Le Maroc joue déjà un rôle incommensurable dans la formation des cadres et techniciens supérieurs pour l’industrie depuis plusieurs décennies. Aussi, le niveau technologique atteint par le Maroc peut être moteur pour le reste de l’Afrique à l’ère de la 4ème Révolution industrielle (Industrie 4.0) afin de faciliter l’accès des industries africaines à plus d’outils de performance.
 
Propos recueillis
par Wolondouka SIDIBE
 








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