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BAM tire ses dernières cartouches : Pari sur l’effet combiné du taux directeur et de la réserve obligatoire pour doper la liquidité


Rédigé par N. BATIJE Jeudi 18 Juin 2020

Le Conseil de Bank Al-Maghrib mise gros sur l’effet combiné d’une réduction du taux directeur et
d’une libération intégrale de la réserve monétaire obligatoire pour booster le financement l’économie.



Suite à l’analyse de l’évolution de la conjoncture économique et sociale tant nationale qu’internationale conjuguée à l’évaluation des réponses apportées par les autorités du pays pour atténuer les effets de la pandémie du Covid-19, le Conseil de Bank Al-Maghrib, réuni mardi dans le cadre de sa seconde réunion trimestrielle 2020, table sur l’effet combiné d’un certain nombre de mesures pour booster l’économie.

Partant du fait que les projections macroéconomiques établies dans le contexte actuel demeurent imprégnées de très grandes incertitudes et font état d’une forte contraction de l’économie nationale, ledit Conseil a décidé de procéder à une réduction du taux directeur de 50 points de base, le ramenant à 1,5%, et de libérer intégralement le compte de réserve monétaire au profit des banques. Cette libération se traduirait par une injection de liquidités de 10 milliards de DH dans le système bancaire.

 Le but escompté de ces nouvelles décisions, ajoutées aux différentes mesures d’assouplissement déjà mises en œuvre dont, entre autres le renforcement de programmes non conventionnels ainsi que l’allègement temporaire des règles prudentielles, consiste à contribuer, avec celles prises par le Comité de Veille Economique, à atténuer l’impact de la pandémie , à soutenir la relance de l’économie et de l’emploi, faciliter le financement de l’économie et renforcer la capacité du système bancaire à répondre aux besoins tant des entreprises que des ménages.

D’autant plus que, suite à la hausse exceptionnelle de la monnaie fiduciaire due à la distribution des aides aux ménages dans le cadre de l’atténuation des effets du Covid-19, les dernières données disponibles font état d’un creusement important du déficit de la liquidité bancaire à 93,8 milliards en moyenne mensuelle en avril et mai .

De sombres perspectives en vue

Face à cette grande problématique de financement et de refinancement, la Banque centrale compte énormément sur une mise au point régulière avec le top management du système bancaire pour s’assurer que la transmission de ses décisions à l’économie réelle se fasse convenablement et mieux que par le passé. D’autant plus que, suite aux restrictions mises en place par les autorités à partir de la mi-mars pour contenir la propagation du virus, traduites par un arrêt total ou partiel de plusieurs activités, plusieurs indicateurs ont déjà viré au rouge. En témoigne, à cet effet, l’état des finances publiques, des comptes extérieurs, des recettes de voyage, des transferts des MRE, des IDE…

Globalement, la Balance des risques, telle que dégagée par la Banque centrale, évoque des perspectives de l’économie nationale entourées d’incertitudes qualifiées d’exceptionnellement élevées, en lien avec les retombées sans précédent et difficiles à quantifier de la pandémie du Covid-19.  

Une balance des risques orientée à la baisse

A ce titre, la Banque centrale est on ne peut plus claire : la balance des risques ressort orientée à la baisse aussi bien pour la croissance que pour l’inflation. Et en dépit du redressement attendu de l’activité dans plusieurs secteurs, la période du confinement pourrait être plus dommageable que prévu. 

A cela s’ajoutent les incertitudes élevées et les répercussions négatives de la récession sur les capacités de production, la confiance et le comportement des agents économiques.

Il en est de même sur le plan externe où cette pandémie pourrait également avoir des effets plus importants et persistants, ce qui se traduirait par une reprise plus lente que retenue dans le scénario de base de la demande étrangère et par ricochet de la croissance nationale.

Et c’est sans nul doute cette balance des risques qui fait dire à M. Abdellatif Jouahri, Wali de Bank Al-Maghrib, que, si les circonstances ou les scénarios d’évolution probables l’exigent, la Banque centrale n’hésitera nullement à appeler à une réunion exceptionnelle de son Conseil avant celle normalement prévue le 22 septembre prochain. 

N. BATIJE

Repères

Une forte contraction
Selon les projections de Bank AlMaghrib, l’économie nationale, sous l’effet conjugué de la sécheresse et des restrictions pour limiter la propagation du Covid-19, accuserait la contraction la plus forte depuis 1996. Avec une récolte céréalière estimée par le Département de l’Agriculture à 30 millions de quintaux, la valeur ajoutée agricole connaîtrait un recul de 4,6% et celle des activités non agricoles diminuerait de 5,3%. En 2021, et sous certaines hypothèses, la croissance marquerait un rebond à 4,2%, avec une augmentation de la valeur ajoutée agricole de 12,4%.
Surendettement du Trésor
L’exécution du budget à fin mai fait ressortir un déficit de 25,5 milliards de dirhams, et ce, compte tenu du solde positif de 18,1 milliards du nouveau compte d’affectation spéciale pour la gestion de la pandémie du Coronavirus. A moyen terme, sur la base des estimations de Bank Al Maghrib, le déficit budgétaire, hors privatisation, devrait s’aggraver de 4,1% du PIB en 2019 à 7,6% en 2020 avant de s’atténuer à 5% en 2021. Dans ces conditions, l’endettement du Trésor devrait augmenter, passant de 65,0% du PIB en 2019 à 75,3% en 2020 et à 75,4% en 2021.
Des chiffres à retenir 
A en juger par des chiffres livrés par la Banque centrale, le nombre de dossiers de crédit «Damane Oxygène» garantis par l’État a atteint, au 12 juin, 27.551 entreprises pour un montant de 13,8 MMDH. En termes de report d’échéances de crédit, près de 491.500 demandes ont été approuvées à fin mai, dont 94% au profit des particuliers et 6% des entreprises. Parallèlement, ce sont plus de 2,8 millions de ménages «Ramedistes» et près de 2,6 millions «Non Ramedistes» qui ont bénéficié du soutien financier dans le cadre de l’opération «Tadamoun».








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