Le syndrome d’épuisement professionnel, plus connu sous le nom burnout, est aujourd’hui perçu comme le mal du siècle. Jusqu’aujourd’hui, aucune définition n’explique clairement ce qu’est le burnout, mais plusieurs recherches ont permis d’en identifier les symptômes. C’est ainsi que l’Organisation mondiale de la santé (OMS), qui l’a reconnu comme maladie professionnel en 2019, a estimé que l’épuisement professionnel résulte d’un stress chronique au travail qui n’a pas été géré avec succès et qui se caractérise par trois éléments, à savoir « un sentiment d’épuisement », « du cynisme ou des sentiments négatifs liés à son travail » et « une efficacité professionnelle réduite ».
Ce sujet, toujours d’actualité, a dernièrement refait surface sur les réseaux sociaux, précisément sur Twitter. Plusieurs internautes marocains en parlent, notamment à cause du télétravail qui fait exploser les cas du burnout. Ce mode de travail, devenu monnaie courante durant la pandémie, n’est pas sans conséquences sur la santé psychique, en témoigne un rapport sur le télétravail publié récemment par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et l’Organisation internationale du travail (OIT).
Au cours des deux années écoulées depuis le début de la pandémie, il est devenu très clair que le télétravail peut facilement apporter des bienfaits pour la santé mais qu’il peut aussi avoir des effets désastreux », a indiqué Maria Neira, Directrice du département Environnement, changement climatique et santé de l’OMS. Un constat souligné également par Nada Azzouzi, psychiatre psychothérapeute, qui a indiqué que « le télétravail a rendu difficile la séparation entre la vie professionnelle et la vie personnelle », précisant que « l’un des plus grands facteurs de l’épuisement professionnel est le fait de surinvestir professionnellement au point de ne plus réussir à se détacher de son travail ou à trouver le juste milieu dans sa vie ».
Tout en déplorant la non reconnaissance au Maroc de ce syndrome comme maladie professionnelle, notre interlocuteur s’est attardé sur les moyens de prévention contre le burnout, notamment durant le télétravail qui peut conduire à l’isolement, à la dépression et au stresse chronique, d’où l’importance de l’organisation et surtout l’aménagement d’un coin bureau. « Il faut que la personne comprenne que sa santé est sa responsabilité, ce n’est pas la responsabilité de l’employeur ni du médecin », a-t-elle fait observer.
Une prise en charge timide
Le système de santé marocain n’a pas, selon Mme Azzouzi, évolué de manière suffisante pour prendre en charge les patients en psychiatrie, ceux qui sont atteints de troubles psychiques ou encore moins ceux qui souffrent du burnout. « Il n’existe pas vraiment de prise en charge particulière pour le syndrome de l’épuisement professionnel », a-t-elle dit, précisant que « l’offre de soins au Maroc en termes de santé mentale reste vraiment insuffisante, voire défectueuse ».
Plusieurs personnes n’osent pas franchir le tabou du psychiatre, a-t-elle dit, ce qui retarde encore plus la prise en charge du burnout, rappelant que « dans la société marocaine, de nombreuses personnes qui en souffrent ne demandent pas un avis médical ou ne font pas l’objet de consultation, à cause des idées véhiculées sur le psychiatre ou sur les traitements qui peuvent être prescrits, et cela ne fait qu’aggraver la situation ».
Quid du cadre juridique
De son côté, Saïd Lamani, consultant en droit du travail et relations professionnelles et ex-inspecteur du travail, a fait savoir que le burnout peut être la conséquence d’un harcèlement moral et d’autres risques qui contribuent à la détérioration de la santé physique et mentale des collaborateurs.
M. Lamani a estimé que le Code du travail, qui ne s’attarde pas sur ce phénomène, s’inscrit dans une logique générale de prévention de toute pratique pouvant porter atteinte à la santé des salariés, signalant que les risques psychosociaux (RPS) au Maroc restent insuffisamment pris en considération que cela soit au niveau législatif ou réglementaire.
Par ailleurs, l’employeur et l’employé s’engagent, selon ledit Code, à améliorer le bien-être et la qualité de vie au travail, tel que prévu par la loi n°65-99 relative au code de travail, article 24 et article 287.
Ce sujet, toujours d’actualité, a dernièrement refait surface sur les réseaux sociaux, précisément sur Twitter. Plusieurs internautes marocains en parlent, notamment à cause du télétravail qui fait exploser les cas du burnout. Ce mode de travail, devenu monnaie courante durant la pandémie, n’est pas sans conséquences sur la santé psychique, en témoigne un rapport sur le télétravail publié récemment par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et l’Organisation internationale du travail (OIT).
Au cours des deux années écoulées depuis le début de la pandémie, il est devenu très clair que le télétravail peut facilement apporter des bienfaits pour la santé mais qu’il peut aussi avoir des effets désastreux », a indiqué Maria Neira, Directrice du département Environnement, changement climatique et santé de l’OMS. Un constat souligné également par Nada Azzouzi, psychiatre psychothérapeute, qui a indiqué que « le télétravail a rendu difficile la séparation entre la vie professionnelle et la vie personnelle », précisant que « l’un des plus grands facteurs de l’épuisement professionnel est le fait de surinvestir professionnellement au point de ne plus réussir à se détacher de son travail ou à trouver le juste milieu dans sa vie ».
Tout en déplorant la non reconnaissance au Maroc de ce syndrome comme maladie professionnelle, notre interlocuteur s’est attardé sur les moyens de prévention contre le burnout, notamment durant le télétravail qui peut conduire à l’isolement, à la dépression et au stresse chronique, d’où l’importance de l’organisation et surtout l’aménagement d’un coin bureau. « Il faut que la personne comprenne que sa santé est sa responsabilité, ce n’est pas la responsabilité de l’employeur ni du médecin », a-t-elle fait observer.
Une prise en charge timide
Le système de santé marocain n’a pas, selon Mme Azzouzi, évolué de manière suffisante pour prendre en charge les patients en psychiatrie, ceux qui sont atteints de troubles psychiques ou encore moins ceux qui souffrent du burnout. « Il n’existe pas vraiment de prise en charge particulière pour le syndrome de l’épuisement professionnel », a-t-elle dit, précisant que « l’offre de soins au Maroc en termes de santé mentale reste vraiment insuffisante, voire défectueuse ».
Plusieurs personnes n’osent pas franchir le tabou du psychiatre, a-t-elle dit, ce qui retarde encore plus la prise en charge du burnout, rappelant que « dans la société marocaine, de nombreuses personnes qui en souffrent ne demandent pas un avis médical ou ne font pas l’objet de consultation, à cause des idées véhiculées sur le psychiatre ou sur les traitements qui peuvent être prescrits, et cela ne fait qu’aggraver la situation ».
Quid du cadre juridique
De son côté, Saïd Lamani, consultant en droit du travail et relations professionnelles et ex-inspecteur du travail, a fait savoir que le burnout peut être la conséquence d’un harcèlement moral et d’autres risques qui contribuent à la détérioration de la santé physique et mentale des collaborateurs.
M. Lamani a estimé que le Code du travail, qui ne s’attarde pas sur ce phénomène, s’inscrit dans une logique générale de prévention de toute pratique pouvant porter atteinte à la santé des salariés, signalant que les risques psychosociaux (RPS) au Maroc restent insuffisamment pris en considération que cela soit au niveau législatif ou réglementaire.
Par ailleurs, l’employeur et l’employé s’engagent, selon ledit Code, à améliorer le bien-être et la qualité de vie au travail, tel que prévu par la loi n°65-99 relative au code de travail, article 24 et article 287.
Siham MDIJI
3 questions à Saïd Lamani
« La plupart des personnes victimes de harcèlement moral ne lancent une procédure juridique qu’après leur démission »
Le consultant en droit du travail et relations professionnelles et ex-inspecteur du travail a accepté de répondre à nos questions sur le harcèlement moral qui peut engendrer un burnout.
- A quel point le burnout est répandu dans le milieu professionnel marocain ?
-Durant mes 30 ans d’exercice en tant qu’inspecteur de travail, je n’ai jamais rencontré un cas de burnout. Les médecins inspecteur de travail sont plus souvent appelés à traiter des pathologies psychologiques liés au harcèlement moral.
Ce dernier est plus courant au Maroc et peut même provoquer un burnout suite à un stress chronique, à l’isolement ou à l’exclusion du lieu de travail. Il survient lorsqu’on dégrade un salarié ou lorsqu’on touche à ses attributions avec pour objectif de porter atteinte à ses droits, à sa dignité, et à sa santé physique ou mentale.
- Est-ce que les victimes de harcèlement moral passent à l’action au niveau juridique ?
-La plupart des personnes victimes de harcèlement moral lancent une procédure juridique qu’après leur démission. Sans exceptions, les femmes que j’ai coachées et que j’ai suivies dans les conflits qui les opposent aux entreprises finissent toujours par tomber dans la dépression. Ces dernières choisissent la voix la plus facile qui est la démission.
Or, le législateur marocain pénalise ce genre de violence et puni de l’emprisonnement de plus d’un 1 an et demi toute personne qui abuse de son autorité. Le tribunal estime qu’il ne faut jamais toucher aux salaires, aux avantages et aux acquis du salarié.
- Dans une situation pareille, que doit-on faire ?
-En cas de harcèlement moral, l’employé doit faire d’abord un appel au médecin du travail qui peut même conduire à la consultation du médecin inspecteur du travail. Le salarié ne doit pas hésiter à saisir la justice puisque nous disposons d’un arsenal juridique qui protège contre ce fléau qui impacte également l’entreprise.
Une fois la responsabilité de l’employeur serait prouvée et engagée, le juge pourra statuer et décider de l’octroi de dommages-intérêts au profit du salarié victime de harcèlement moral.
- A quel point le burnout est répandu dans le milieu professionnel marocain ?
-Durant mes 30 ans d’exercice en tant qu’inspecteur de travail, je n’ai jamais rencontré un cas de burnout. Les médecins inspecteur de travail sont plus souvent appelés à traiter des pathologies psychologiques liés au harcèlement moral.
Ce dernier est plus courant au Maroc et peut même provoquer un burnout suite à un stress chronique, à l’isolement ou à l’exclusion du lieu de travail. Il survient lorsqu’on dégrade un salarié ou lorsqu’on touche à ses attributions avec pour objectif de porter atteinte à ses droits, à sa dignité, et à sa santé physique ou mentale.
- Est-ce que les victimes de harcèlement moral passent à l’action au niveau juridique ?
-La plupart des personnes victimes de harcèlement moral lancent une procédure juridique qu’après leur démission. Sans exceptions, les femmes que j’ai coachées et que j’ai suivies dans les conflits qui les opposent aux entreprises finissent toujours par tomber dans la dépression. Ces dernières choisissent la voix la plus facile qui est la démission.
Or, le législateur marocain pénalise ce genre de violence et puni de l’emprisonnement de plus d’un 1 an et demi toute personne qui abuse de son autorité. Le tribunal estime qu’il ne faut jamais toucher aux salaires, aux avantages et aux acquis du salarié.
- Dans une situation pareille, que doit-on faire ?
-En cas de harcèlement moral, l’employé doit faire d’abord un appel au médecin du travail qui peut même conduire à la consultation du médecin inspecteur du travail. Le salarié ne doit pas hésiter à saisir la justice puisque nous disposons d’un arsenal juridique qui protège contre ce fléau qui impacte également l’entreprise.
Une fois la responsabilité de l’employeur serait prouvée et engagée, le juge pourra statuer et décider de l’octroi de dommages-intérêts au profit du salarié victime de harcèlement moral.
Propos recueillis par Siham MDIJI
L'info...Graphie
OMS
Le burnout est désormais reconnu comme maladie professionnelle
Lors de sa 72ème Assemblée mondiale de la santé, tenue en 2019, le burnout a fait son entrée dans la Classification internationale des maladies de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), qui sert de base pour établir les tendances et les statistiques sanitaires.
« L’inclusion dans ce chapitre signifie précisément que le burnout n’est pas conceptualisé comme une condition médicale mais plutôt comme un phénomène lié au travail », a précisé un porte-parole de l’agence spécialisée de l’ONU.
En effet, la Classification des maladies de l’OMS fournit un langage commun grâce auquel les professionnels de la santé peuvent échanger des informations sanitaires partout dans le monde. Le burnout, qui fait son entrée dans la section consacrée aux « problèmes associés » à l’emploi ou au chômage, porte ainsi désormais le nom de code QD85.
Le registre de l’OMS précise que le burnout « fait spécifiquement référence à des phénomènes relatifs au contexte professionnel et ne doit pas être utilisé pour décrire des expériences dans d’autres domaines de la vie ».
« L’inclusion dans ce chapitre signifie précisément que le burnout n’est pas conceptualisé comme une condition médicale mais plutôt comme un phénomène lié au travail », a précisé un porte-parole de l’agence spécialisée de l’ONU.
En effet, la Classification des maladies de l’OMS fournit un langage commun grâce auquel les professionnels de la santé peuvent échanger des informations sanitaires partout dans le monde. Le burnout, qui fait son entrée dans la section consacrée aux « problèmes associés » à l’emploi ou au chômage, porte ainsi désormais le nom de code QD85.
Le registre de l’OMS précise que le burnout « fait spécifiquement référence à des phénomènes relatifs au contexte professionnel et ne doit pas être utilisé pour décrire des expériences dans d’autres domaines de la vie ».
OIT-OMS
Avantages et inconvénients du télétravail
L’Organisation mondiale de la santé (OMS) et l’Organisation internationale du Travail (OIT) ont demandé que des mesures soient mises en place pour protéger la santé des travailleurs lors du télétravail. Une nouvelle note de synthèse pour un télétravail sûr et sain, publiée par les deux institutions des Nations Unies, décrit les avantages et les risques du télétravail pour la santé, ainsi que les changements nécessaires pour s’adapter à l’évolution vers différentes formes de travail à distance causée par la pandémie de Covid-19 et la transformation numérique du travail.
Selon le rapport, parmi les avantages figurent l’amélioration de l’équilibre entre travail et vie personnelle, la possibilité d’effectuer des horaires de travail flexibles et de l’activité physique, la réduction du trafic routier et des temps de trajet pour se rendre au travail, et une diminution de la pollution atmosphérique – qui tous peuvent améliorer la santé physique et mentale et le bien-être social. Le télétravail peut aussi favoriser l’augmentation de la productivité et la réduction des coûts de fonctionnement pour de nombreuses entreprises.
Le rapport prévient que, sans une planification, une organisation et un soutien en matière de santé et de sécurité appropriés, l’impact du télétravail sur la santé physique et mentale et le bien-être social des travailleurs peut être considérable. Il peut conduire à l’isolement, à l’épuisement professionnel, à la dépression, à la violence domestique, à des lésions musculo-squelettiques et autres, à la fatigue oculaire, à une augmentation de la consommation de tabac et d’alcool, à l’allongement du temps passé en position assise et devant un écran, ainsi qu’à une prise de poids malsaine.
Selon le rapport, parmi les avantages figurent l’amélioration de l’équilibre entre travail et vie personnelle, la possibilité d’effectuer des horaires de travail flexibles et de l’activité physique, la réduction du trafic routier et des temps de trajet pour se rendre au travail, et une diminution de la pollution atmosphérique – qui tous peuvent améliorer la santé physique et mentale et le bien-être social. Le télétravail peut aussi favoriser l’augmentation de la productivité et la réduction des coûts de fonctionnement pour de nombreuses entreprises.
Le rapport prévient que, sans une planification, une organisation et un soutien en matière de santé et de sécurité appropriés, l’impact du télétravail sur la santé physique et mentale et le bien-être social des travailleurs peut être considérable. Il peut conduire à l’isolement, à l’épuisement professionnel, à la dépression, à la violence domestique, à des lésions musculo-squelettiques et autres, à la fatigue oculaire, à une augmentation de la consommation de tabac et d’alcool, à l’allongement du temps passé en position assise et devant un écran, ainsi qu’à une prise de poids malsaine.