« Il importe de tenir compte des critères économiques, sociaux et environnementaux dans la mise en œuvre des politiques de mobilité pour assurer un accès pour tous les citoyennes et citoyens tout en réduisant l’impact environnemental des déplacements », a souligné M. Chami lors de ladite rencontre virtuelle.
Le transport des personnes et de leurs biens, en milieu urbain et rural, connaît une demande exponentielle, alors que son modèle d’organisation demeure complexe, ayant atteint "ses limites", a-t-il fait observer à cet égard, notant que celles-ci sont notamment liées à des politiques nationales et territoriales centrées principalement sur l’infrastructure routière et la voiture individuelle, au lieu d’être "centrées sur l’individu".
Malgré les progrès, le Maroc a toujours du pain sur la planche ...
Le Maroc, a-t-il dit, a réalisé des progrès indéniables en matière de développement d’infrastructures modernes, ainsi qu’au niveau des modes de transports, y compris durables, comme peuvent en témoigner certains chantiers (LGV/TGV Maroc, tramways et BHNS électriques), relevant que ces progrès sont rendus possibles grâce, notamment, aux dispositifs législatifs, réglementaires et aux nouvelles formes de gouvernance territoriale, mis en place dans le cadre du processus de la régionalisation avancée.
Le président du Conseil a, en outre, fait remarquer que l’offre disponible en matière de transport en commun s’avère être insuffisante, inadéquate et peu accessible, par rapport aux besoins de la population (en particulier les femmes, les personnes âgées, les personnes en situation de handicap et les personnes à faible revenu), aussi bien dans les aires urbaines denses que dans les aires rurales dispersées ou enclavées.
M. Chami a aussi fait savoir que le diagnostic réalisé dans le cadre de l'avis du CESE, ainsi que les recommandations proposées, sont le résultat d'une démarche participative impliquant les différentes parties prenantes.
Une mobilité durable qui vise le bien-être de la population
De son côté, le président de la Commission chargée de l’environnement et du développement durable du CESE, Abderrahim Ksiri, a mis en avant l'importance du secteur de la mobilité durable, relevant que celui-ci impacte directement la vie des citoyens, mais également l'ensemble des volets économiques, sociaux, environnementaux et sanitaires du pays.
"C'est un secteur stratégique vu le nombre des citoyens qui y travaillent et les industries qui y adhèrent", a-t-il dit, faisant remarquer que le taux d'énergie consommé dans ce secteur est à hauteur de 40%.
Le CESE, grâce à un diagnostic fait au niveau national, a pu montrer que le potentiel de développement et d'amélioration est "énorme", a noté M. Ksiri, soulignant l'impératif d'aller vers des systèmes de transport moins consommateurs d'énergie.
Il a aussi mis en avant la nécessité d'opter pour des systèmes de mobilité moins impactants sur la santé, et ceux permettant de garantir l'accessibilité à tous les citoyens et de renforcer l'attractivité des territoires.
Présentant les conclusions de l'avis sur la mobilité durable, Idriss Ilali, rapporteur du thème, a indiqué que le CESE entend, dans cette étude, inverser le paradigme en préconisant une approche holistique qui transforme les externalités négatives des transports en externalités positives.
La Mobilité durable, pivot de l’avis du CESE
A travers cet avis, qui intervient dans un contexte mondial marqué par l’urgence climatique, le CESE préconise de développer un système intégré de mobilité durable. Pour ce faire, celui-ci a listé une serie de recommandations, dont voici les plus saillantes :
- Intégrer les besoins en mobilité durable (accès à l’emploi, à l’habitat et aux services publics…) aux exigences urbanistiques, d’aménagement du territoire et de planification.
- Améliorer l’accessibilité pour tous les citoyennes et citoyens à des moyens de transport en commun durables et développer des infrastructures rurales durables, limitant ainsi la dépendance au véhicule particulier et réduisant les fractures spatiales et sociales.
- Accélérer l’exécution du contrat-programme de développement des plateformes logistiques routières à la périphérie des villes, tout en assurant leur connexion au rail.
- Mettre à niveau le Code de la route et de la sécurité routière, d’une manière compatible aux principes de la mobilité durable, améliorant l’accessibilité et limitant le risque pour les usagers et l’environnement.
- Déployer progressivement des solutions techniques et technologiques durables, compatibles avec les besoins de toutes les catégories d’usagers et adaptées aux différentes échelles territoriales.
- Mettre progressivement en place un modèle économique de la mobilité durable, intégrant la condition sociale, la qualité de l’air, l’état de santé et le bien-être des populations.
- Élaborer des programmes de formation initiale et continue, dans tous les domaines et métiers de la mobilité durable, destinés à tous les acteurs, afin d’améliorer et de renforcer les compétences des ressources humaines, y compris des élus, à l’échelle des territoires.
- Adopter une stratégie de communication et de sensibilisation des citoyennes et citoyens à la mobilité durable à travers des contenus pédagogiques portant sur l’environnement, l’état de santé et les progrès technologiques, des programmes audiovisuels et sur les réseaux sociaux, impliquant l’ensemble des partenaires sociaux.
- Le système proposé requiert notamment la nécessité de mettre en place une Commission interministérielle, dotée d’extensions régionales, en charge de la mobilité durable, pour remédier aux risques de chevauchement des compétences, de dilution des responsabilités et d’éparpillement des moyens.