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Commerce : Les «moul hanout» ou le retour ravageur des restrictions


Rédigé par Nabil LAAROUSSI le Mercredi 6 Janvier 2021

En plus des hôteliers, des restaurateurs, des propriétaires de cafés touchés de plein fouet par les répercussions sanitaires de la pandémie, les commerçants de proximité se retrouvent durement affectés par les restrictions



Commerce : Les «moul hanout» ou le retour ravageur des restrictions
Les commerçants de proximité, ces moteurs de la consommation au Maroc, communément appelés « moul hanout », s’ajoutent aux catégories qui peinent à retrouver l’éclat de leurs affaires, en raison de la mesure portant fermeture des commerces à partir de 20h. Une décision prise quelques jours avant le réveillon du nouvel an, et qui « s’étend sur trois longues semaines », déplore Houcine, modeste commerçant du quartier Hassan à Rabat.

« Nous commencions à nous remettre debout des séquelles du confinement, mais ces restrictions ont porté le coup de grâce », nous confie-t-il, « et je ne suis pas le seul à en souffrir, certains de mes confrères ont du mal à payer le loyer du local ». Un loyer qui atteint 10.000 dirhams à Hassan et 20.000 dans certains quartiers de la capitale, notamment à l’Agdal, à en croire Houcine. 

En effet, les propos d’Abdallah, commerçant au quartier Agdal, confirment la situation désastreuse que vivent ces « moul hanout », sans qui les Marocains ne sauraient subvenir aux plus élémentaires de leurs besoins.  

D’après un jeune entrepreneur, la fermeture des commerces à 20h ne prend en considération aucun aspect de son métier, « c’est la période la plus fructueuse de la journée, voire la seule période vraiment rentable», nous explique-t-il, ajoutant qu’il aurait préféré que ces restrictions soient appliquées dans la matinée au lieu du soir. « Toutefois, cela me surprend de moins en moins que le gouvernement néglige les revendications et les besoins de plusieurs catégories de la population », souligne-t-il.

Un avis appuyé par Houcine qui avance que « le matin, les gens ne sont pas d’humeur à manger ou à acheter quoi que ce soit, ils sont pressés et stressés et ne pensent qu’à arriver à leur travail ». Pour argumenter, le jeune commerçant de Hassan souligne que « c’est en début de l’après-midi que les choses commencent à bouger, et c’est le soir après le travail que les gens sortent, bougent, pensent ce qu’ils veulent consommer et achètent les produits dont ils ont besoin ».

Abdallah qualifie la décision du gouvernement « d’altérée et d’illogique » et fait remarquer : « Les gens passent la journée à se serrer la main, à se pousser dans les transports publics et à se rassembler dans des lieux bondés, et on vient nous demander de fermer pour endiguer la propagation du virus ». « C’est à croire que le Corona commence à se propager à partir de 20h », avance-t-il dans un ton sarcastique qui déguise ses griefs.

Toutefois, malgré leur rareté, quelques-uns des commerçants de proximité que nous avons interrogés ont tout de même pu relever un aspect positif dans l’adversité. Celui de pouvoir passer plus de temps avec leurs familles.

Peut-on se passer des « moul hanout » ?
En cette période pandémique marquée par les restrictions et afin d’éviter des rassemblements et des déplacements inutiles, plusieurs citoyens se sont tournés vers les grandes et moyennes structures pour effectuer leurs achats avec une fréquence hebdomadaire. Toutefois, l’épicier du coin subsiste comme un indispensable du quotidien des Marocains, et ce, pour des raisons factuelles. En effet, la proximité permanente avec la population du quartier permet au commerçant en question d’être considéré comme un voisin et d’établir des liens de confiance et d’amitié avec ses clients, de bien identifier leurs besoins et d’y adapter son offre. Il lui arrive également de leur faire des crédits sans intérêts ou même de leur prêter de l’argent et de leur rendre des services inédits.
Nabil LAAROUSSI







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