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Contrat intérimaire et Coronavirus ne font pas bon ménage


Rédigé par Saâd JAFRI Mardi 7 Juillet 2020

Avec la baisse de l’activité économique, les intérimaires ont été les premiers à être mis sur les bancs de touche… Une situation qui risque de durer même après le déconfinement.



Contrat intérimaire et Coronavirus ne font pas bon ménage
«Cela faisait cinq ans que je travaillais comme intérimaire dans une entreprise de restauration rapide… suite à l’arrivée du Coronavirus au Maroc, j’ai été mis à la porte, sans aucune considération !», les éternels invisibles du marché du travail que sont les intérimaires, dont Hamid fait partie, payent au prix fort les conséquences économiques de la crise provoquée par le Coronavirus. Dans un contexte marqué par la chute drastique de l’activité économique au niveau de tous les secteurs, les travailleurs intérimaires sont les premiers touchés. Le fait qu’ils ne bénéficient pas du statut de salarié «en bonne et due forme», ils sont les premiers à être remerciés lorsque les entreprises se mettent dans une logique de réduction d’effectif.

Intérimaires…les victimes du marché de l’emploi 

Les entreprises doivent recourir à l’intérim généralement pour la réalisation d’une tâche précise et temporaire, dans les cas prévus par la loi. Selon l’article 496 du code du travail marocain, l’utilisateur a recours aux salariés de l’entreprise d’emploi temporaire après consultation des organisations représentatives des salariés dans l’entreprise, en vue d’effectuer des travaux non permanents appelés «tâches» , uniquement dans les cas de remplacement d’un salarié, etc. 

Cependant, ces types de contrats se propagent et se transforment en règle sur le marché de l’emploi. Les employeurs favorisent cette catégorie de travailleurs, du fait qu’elle est facilement substituable et peut être virée sans conséquences juridiques. Dans ce sens, et suite à l’arrêt forcé des secteurs, comme le tourisme, l’hôtellerie ou la restauration, qui sont les plus grands employeurs des intérimaires, la Fédération Nationale des Entreprises de Travail Temporaire (FNETT), avait estimé en avril dernier que la réduction du personnel était dans les environs de 45%. 

Post-confinement, rien de rassurant ! 

Durant la phase post-confinement, rien ne dit que l’activité économique se remettra sur les rails. Le calvaire des intérimaires est donc loin d’être terminé. Les secteurs du tourisme et de l’hôtellerie pâtissent grandement de la fermeture des frontières et du confinement sanitaire. En l’absence de touristes internationaux et suite à la faiblesse du tourisme domestique, les opérateurs se retrouvent en difficulté. Le recrutement est donc le dernier de leurs soucis. 

Selon une étude menée par le cabinet Mazars, sur l’impact de la Covid-19 sur les entreprises, il est indiqué que les préoccupations des dirigeants d’entreprises portent principalement sur la gestion des problèmes de trésorerie.

«Cette crise a révélé le fonctionnement de beaucoup d’entreprises à flux tendus qui disposent d’un fond de roulement ne pouvant pas forcément tenir1 à 2 mois. Avec plus de 50% de l’activité réduite ou gelée, une baisse et annulation de commandes, un recouvrement difficile et charges salariales, fiscales et autres, les entreprises marocaines ne peuvent que se préoccuper de la solidité de la trésorerie pour dépasser cette période», précise l’étude. Le secteur industriel, qui emploie également une grande partie d’ouvriers intérimaires, présente des perspectives qui ne prêtent pas à l’optimisme, à l’exclusion de quelques industries comme celles de l’agriculture/agroalimentaire, de la pêche ou de celles qui se sont rapidement reconverties pour répondre aux besoins du moment, équipements ou matériaux médicaux comme les masques et gels hydroalcooliques, créant ainsi quelques milliers d’emplois, en passant principalement par les boites d’intérim. «Plusieurs de nos collaborateurs ont été mis à la porte durant cette période de confinement, par contre nous avons redirigé ceux qui disposent d’un savoir faire en textile vers les unités industrielles qui produisent les masques de protection», nous indique un responsable de recrutement d’une des plus grandes boites d’intérim à Casablanca. 

Par ailleurs, ceux qui n’ont pas pu être redirigés vers d’autres postes, «nous les avons déclarés à la CNSS, avec les personnes en arrêt provisoire de travail suite à la Covid-19, pour bénéficier des indemnités forfaitaires mensuelles nette de 2.000 DH», ajoute notre interlocuteur. 

Ceci dit, des milliers d’autres intérimaires demeurent sans emplois, sans indemnités, du fait de l’absence d’un cadre législatif adéquat, surtout en ces temps de crise…ainsi, au moment où le gouvernement réfléchit au plan de relance économique, il devrait faire de la question de l’emploi une priorité, notamment en termes de législation pour protéger la classe laborieuse.

Saâd JAFRI 








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