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Coronavirus et emploi : La situation inquiétante des stagiaires


Rédigé par Saad Jafri Mardi 9 Juin 2020

Depuis le début de l’état d’urgence sanitaire, plusieurs employés ont été réduits au chômage, total ou partiel, suite à la baisse de l’activité économique. Quid des stagiaires ?



La crise sanitaire provoquée par la pandémie de Covid-19 a contrarié les plans de nombreux employés. En mars, 716.061 salariés ont été déclarés en arrêt d’activité, en avril, ce ne sont pas moins de 892.711 personnes qui ont subi le même sort, selon la CNSS. La peine a également été lourde pour les stagiaires, qui étaient engagés dans des pré-embauches, rêvant d’intégrer le monde du travail, mais qui ont vu leurs espoirs déçus par le Coronavirus.

«Je suis en train de vivre le pire moment de ma vie. J’ai passé quatre mois de stage pré-embauche pour finalement être mis à la porte. Pire, depuis trois, les opportunités se font de plus en plus rares», nous confie Ismaïl, titulaire d’un diplôme en communication des organisations, sur un ton pessimiste. En effet, vu le manque de visibilité sur l’activité économique, les entreprises sont fixées sur des stratégies à moindres risques, surtout en termes de ressources humaines.

«Même si nous sommes en manque de ressources humaines, nous n’avons pas décidé de renforcer notre équipe, pour ne pas puiser davantage sur les fonds de l’entreprise, en ces temps difficiles», précise le responsable RH, d’une PME à Casablanca, ajoutant qu’ «au début, nous avons gardé un stagiaire, mais après la prolongation du confinement, il n’y avait plus moyen de le retenir avec nous (…) enfin pas en lui promettant un poste pour le futur». Rappelons que le maintien des emplois, se présente aujourd’hui comme un grand défi pour les entreprises, spécialement les PME, selon la CGEM, «plus de 63% des entreprises ont demandé le report des échéances bancaires» et environ 23% ont eu recours aux 3 reports à la fois, soit le report des échéances bancaires, fiscales et des cotisations CNSS. Cette situation exceptionnelle, fait que seulement 21% des employeurs comptent recruter dans les prochains mois, nous indique Philippe Montant, DG du jobboard ReKrute.com.

Les nouveaux diplômés n’auront pas une grande place dans ce taux, puisque les entreprises seront en priorité à la recherche de profils expérimentés (41%) et seniors (21%), afin de les accompagner dans la sortie de crise. Seuls 38% visent des novices.

Certains arrivent à tirer leur épingle du jeu

Néanmoins, les étudiants relevant des business schools des écoles privées parviennent à s’en sortir malgré la conjoncture défavorable. La proximité de ces dernières avec le monde professionnel leur donne un grand avantage. Ainsi, nombre de directrices et directeurs ont appelé les organismes dans lesquels les étudiants réalisent actuellement leur stage à ne pas rompre les conventions. Pour les entreprises qui connaissent une baisse d’activité, il est difficile pour eux de garder les étudiants, soit, mais le message que font passer les responsables pédagogiques est de ne pas rompre les conventions de stage, surtout que les étudiants ont déjà réalisé la moitié de leur expérience en entreprise, et si les stages venaient à être interrompus, les pertes seraient conséquentes.

Ceci dit, il est important de noter que, dans plusieurs des cas, les entreprises ne mettent pas fin aux stages, principalement les grands groupes, principale cible des étudiants, car ça leur fait un plus sur leur CV. En effet, ces entreprises ne trouvent pas de difficulté de permettre à leurs stagiaires de rester en télétravail, néanmoins, sans engager sur une quelconque promesse d’embauche. En revanche, certaines entreprises prennent la décision de casser les conventions des étudiants, même si les stagiaires n’ont aucun effet sur leurs trésoreries. «Notre management a viré tous les stagiaires, pas pour une question de trésorerie, mais plutôt d’organisation», nous affirme un responsable au sein d’une grande franchise de restauration rapide.

A l’ère de la Covid-19, la question de l’insertion sur le marché du travail constitue une autre source d’incertitude, pour les jeunes diplômés, surtout que le stage est l’un de nos premiers vecteurs de recrutement. Ainsi, dans ce contexte marqué par la réflexion sur la relance de l’économie nationale, les pouvoirs publics, doivent trouver des moyens pour réparer les dégâts. Aides exceptionnelles pour les diplômés, plan d’accompagnement et d’insertion professionnelle…ce ne sont pas les pistes qui manquent.
 
Saâd JAFRI
 
Encadré 

Le chômage explose
La Confédération Générale des Entreprises du Maroc (CGEM) a signalé dans une étude, publiée en avril que les entreprises craignent la perte de 165.586 emplois, soit 55,11% de leurs effectifs. S’agissant des activités ayant enregistré une baisse de plus 50% de CA (notamment, tourisme, immobilier, artisanat, domaine culturel, textiles, médias, etc.), ils craignent de perdre 100.000 emplois. Par ailleurs, le tiers du nombre total des salariés déclarés du secteur privé, ont été inscrits par leurs employeurs pour bénéficier de l’indemnité que servira le Fonds spécial. Tous ces travailleurs qui ont perdu/ou qui vont perdre «temporairement» leurs emplois, vont s’ajouter au 1,1 million de chômeurs que comptait le Maroc à fin 2019. Le prochain bilan du HCP sur la situation du marché du travail, sera sans précédent.








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