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Couvre-feu : Quid des journalistes ?

Ramadan /Coronavirus


Rédigé par Hajar LEBABI Lundi 27 Avril 2020

La mesure du couvre-feu nocturne instauré par le ministère de l’Intérieur, la veilledu Ramadan, n’a pas été du goût de tous. Le corps médiatique n’a pas manqué de réagir.



Couvre-feu : Quid des journalistes ?
Le ministère de l’Intérieur a défini dans un communiqué, publié le 24 avril, les personnes autorisées à se déplacer la nuit malgré la mesure de « couvre-feu nocturne » édictée la veille. Il s’agit du personnel du secteur de la santé (médical, paramédical, transport sanitaire et cadres pharmaceutiques), les agents d’autorité et les services sécuritaires, les membres des FAR, de la protection civile, le personnel de l’administration pénitentiaire, les agents de la Douane et finalement les personnes dans une situation d’urgence médicale.

Le ministère de l’Intérieur rappelle que les autorités locales et les services sécuritaires veilleront à l’application des mesures du contrôle strict à l’endroit de quiconque se trouvant sur la voie publique en dehors des restrictions annoncées dans le communiqué. Le même communiqué ne fait aucunement référence aux journalistes, ainsi qu’aux autres travailleurs dans le secteur de la presse écrite ou électronique privées, qui semblent avoir été exclus de la liste des personnes autorisées à sortir après 19 heures.

Le corps médiatique conteste Les organes médiatiques ont été surpris par cette décision, qui empêche les journalistes d’exercer leurs fonctions pendant certaines périodes de la journée. Le Syndicat National de la Presse Marocaine (SNPM), a également contesté dans un communiqué, cette mesure.

«Dans sa restriction de ces secteurs de base, le ministère de l’Intérieur a traité d’une sélectivité incompréhensible la presse et les journalistes et a utilisé les expressions «cadres des institutions publiques de médias et des diffuseurs privés», en distinction et restriction qui n’a rien à voir avec la réalité de l’organe marocain des médias», déclare le SNPM. En effet, la presse nationale a été présente au premier rang pour faire face à cette pandémie. Cette décision va à l’encontre des principes constitutionnels du pays et de la situation mondiale qui a fait du secteur des médias, l’un des secteurs principaux et concernés pour lutter contre cette pandémie.

Cette réaction a eu lieu en tenant compte du caractère rétrograde de cette décision sur l’approche choisie par le gouvernement, de garantir la continuité de l’exercice d’une partie des médias nationaux. Le SNPM considère que cette mesure est une violation constitutionnelle, en cette période de pandémie, notamment de la presse écrite et électronique et de ses missions. Le corps médiatique appelle donc à garantir son droit d’informer les citoyens, sans aucune restriction.

Hajar LEBABI

3 questions à Nourredine Miftah

Nourredine Miftah
Nourredine Miftah
«La réussite de l’état d’urgence n’aurait pas été possible sans la contribution des médias»
 
L’une des réactions les plus rapides et les plus virulentes contre la décision du ministère de l’intérieur d’exclure les journalistes de la presse écrite et en ligne des secteurs dispensés de couvre-feu nocturne est venue de notre confrère Noureddine Miftah, directeur fondateur d’Al Ayyam et ancien président de la Fédération marocaine des éditeurs de journaux (FMEJ). Il nous explique les raisons de sa colère.

- Quelle est la légitimité de cette décision ?
- Aucune. Le Ministère n’a pas le droit de limiter les mouvements des journalistes dans l’exercice de leurs fonctions. C’est une décision anti-constitutionnelle. Il est vrai que nous sommes en période de pandémie, mais ceci ne devrait pas se transformer à un outil politique. Nous considérons que notre pays a établi des mesures draconiennes pour lutter contre cette pandémie, mais ceci ne devrait pas donner lieu à une dérive autoritaire. Si nous vivons bien dans un pays démocratique, il faut respecter la constitution.

- Quel est l’impact de cette mesure sur le corps médiatique ?
- C’est une forme de répression à l’encontre des journalistes et une limitation de leur droit d’exercer un contrôle sur les instances responsables de gérer la guerre contre le coronavirus. Ceci a un impact psychologique, puisque cette décision donne le sentiment que le ministère ne reconnait pas leur rôle dans la gestion de cette pandémie. Dès le début de cette crise, l’impression des journaux a été arrêtée, alors que dans d’autres pays, beaucoup plus touchés par la pandémie, elle a continué. La presse papier ne s’est pourtant pas opposée à cette décision et a continué à publier ses éditions sur internet. C’est ainsi qu’elle est remerciée !

- Comment évaluez-vous le rôle des médias en cette période de pandémie ?
- Les médias ont joué un rôle héroïque qu’il ne faut pas négliger. S’il n’y avait pas de médias, comment mobiliser et sensibiliser les gens ? La réussite de l’état d’urgence n’aurait pas été possible si les médias n’avaient pas joué un rôle dans l’information et la sensibilisation des citoyens. Cette information a permis de rapprocher et d’expliquer aux Marocains les mesures établies par le gouvernement. En plus de cela, les journalistes ont salué les efforts des autorités et ont fait de certains des leurs agents des vedettes. Le journaliste n’est pas un scénariste. On ne peut pas l’empêcher de travailler sur le terrain.

Recueillis par H. L








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